Cela fait maintenant trois jours que Seungsik est revenu de son week-end à Busan, mais il s'inquiète toujours autant de sa capacité à gérer des concepts sexy. Alors qu'il discutait de ce problème avec Jaehan dans son open space l'autre matin, Sehun qui a surpris leur conversation lui a proposé de l'aider. Hier déjà il a passé une bonne partie de sa matinée avec lui aux studios photos et dans sa loge accolée à son dressing.

Il reçoit un message de Sehun alors qu'il est en train de se préparer avant de rejoindre Doy dans son bureau.

Il sait que Sehun a beaucoup de travail et qu'il est constamment demandé partout. Seungsik se sent reconnaissant qu'il prenne le temps de l'aider à apprendre le métier. Il a déjà songé à demander de l'aide à Junji, mais il ne semble pas lui-même savoir comment il parvient à dégager cette aura de séduction à chaque fois. Il est encore plus novice que lui dans le métier mais se débrouille déjà comme un habitué.

Seungsik termine d'enfiler ses habits et quitte son logement. En entrant dans l'ascenseur, il prend une grande inspiration et tente de réfléchir calmement à ce qu'il s'apprête à dire. Il ne veut pas se mettre son manager à dos, c'est tout de même le fils d'un ami qui lui est cher. Mais il ne peut pas non plus laisser les choses se passer ainsi.

Comme à son habitude, Doy est encore en train de râler sur quelqu'un lorsque Seungsik arrive vers son bureau. Il toque à sa porte et voit Doy lui faire signe de rentrer tout en raccrochant au nez à la personne qu'il était en train de réprimander.

-Salut Seungsik, tu vas bien ? demande Doy en invitant Seungsik à s'asseoir en face de son bureau. Alors comment s'est passé ton week-end ? Tu es satisfait de tes shootings photo ?

-Bonjour Doy, justement j'ai demandé à passer te voir aujourd'hui pour qu'on parle de ça.

Il voit que Doy ne l'écoute qu'à moitié, affalé sur son fauteuil, sûrement en train de s'amuser sur un jeu mobile, mais Seungsik ne se démonte pas et continue de parler.

-Concernant le shooting, je dois avouer que je n'étais pas à l'aise quand il a fallu montrer un peu de mon corps. J'ai encore du mal avec ce concept là mais je suis en train de travailler là-dessus, explique-t-il calmement. Sehun m'a gentiment proposé son aide donc je pense pouvoir régler ça très vite.

-Tant mieux Seungsik, tant mieux. C'est ton boulot à présent, ça serait bête de bloquer sur un truc si basique, dit-il l'air condescendant.

-Oui, je tâcherais de faire mon travail et d'être le plus professionnel possible. Mais il serait temps que tu en fasses autant Doy, avertit Seungsik d'un ton plus froid qu'à son habitude. Je ne tolère pas qu'on s'en prenne ouvertement aux gens que j'apprécie.

Il observe Doy quitter des yeux son téléphone et se redresser lentement sur son fauteuil.

-Ah oui ? Et on peut savoir de quoi tu parles ? demande Doy avec son air hautain habituel.

-Je te parle de ta manière de t'acharner sur Hanse, sans aucune raison valable, s'emporte Seungsik. Le fait que tu sois misogyne, raciste et homophobe ne doit pas avoir d'impact sur tes employés. Si tu veux être quelqu'un de détestable personne ne t'en empêche Doy, mais au travail, tu dois te montrer digne de ce que ton père t'a légué.

-Tu me déçois Seungsik, dit-il un air dégoûté sur son visage. Je pensais qu'on se comprenait toi et moi. C'est bête de ne pas être capable de bien choisir son camp, tu sais pourtant que je suis ami avec le vice-président Minhyuk maintenant. Tu es prêt à te mettre ta hiérarchie à dos, à cause d'un pauvre gars qui veut juste ton cul.

La colère ne cesse de monter et Seungsik décide de couper court à cette conversation. Il se lève de son fauteuil et quitte le bureau de Doy, avant de partir il se retourne une dernière fois vers lui.

-Si tu as de réelles preuves à fournir à ma hiérarchie que je ne fais pas bien mon travail, alors fais-le, ne te gène pas. Mais je ne plierais pas devant tes menaces Doy, et je ne te laisserais plus t'en prendre à Hanse comme tu l'as fait ces derniers jours.

Il referme derrière lui la porte du bureau de Doy et se dirige d'un pas décidé vers l'ascenseur. Encore sous l'effet de la colère et de l'adrénaline, il décide sur un coup de tête de descendre au cinquième étage et de se rendre à la salle de sport.

En arrivant devant les machines de musculation, il n'est pas du tout étonné d'y croiser Junji, une serviette enroulée sur sa nuque et d'énormes haltères dans chaque main.

-Tiens salut Seungsik, je ne m'attendais pas à te voir ici, s'étonne Junji. Tu cherches quelqu'un en particulier ? Ou tu viens vraiment pour faire du sport ?

-Je cherche surtout à faire sortir une colère que j'ai en moi, avoue péniblement Seungsik, les sourcils toujours froncés. Je n'aime pas me sentir énervé, ça ne me ressemble pas.

-Non c'est sûr ça ne te ressemble pas. Mais je pense que tu es au bon endroit ici. Pour évacuer ta colère efficacement, je te conseille le sac de frappe qui est là-bas, dit-il en pointant du doigt un endroit reculé au fond de la salle de sport.

Seungsik remercie son ami d'un geste de la main et se rend devant le sac de frappe. Il enfile les gants de boxe mis à disposition, et commence à frapper. Doucement d'abord en pensant aux menaces de Doy, puis il frappe un peu plus fort en repensant aux propos que ce dernier a tenu envers Hanse. Lorsqu'il se met à penser aux paroles de son père l'autre soir, ses coups deviennent encore plus violents. Il pense aussi à son petit frère en fauteuil roulant, à ce chauffeur ivre qui lui a enlevé sa mère en un fragment de seconde, et soudain Seungsik sent des larmes couler en même temps qu'il frappe. Il frappe aussi fort qu'il peut jusqu'à se sentir vidé de toutes ses forces, vidé de toutes émotions.

Il repose les gants sur le banc de musculation situé à côté du sac de frappe, et quitte la pièce pour se diriger vers les douches communes sans même prendre le temps de sécher ses larmes. Tandis qu'il commence à se laver, il voit Junji couvert de sueur, le rejoindre quelques instants après.

-Tu te sens mieux alors ? demande Junji en se glissant sous le jet d'eau.

-Ça m'a fait du bien oui, merci de m'avoir conseillé la boxe Junji, répond Seungsik sans plus de précisions.

Tandis qu'ils se douchent côte à côte, Seungsik songe qu'il ne se sent ni gêné, ni intimidé devant la nuditié de Junji. Il le trouve pourtant beau et musclé, c'est un fait, mais il se souvient de l'état dans lequel il était quand il a croisé quelques secondes à peine, Hanse à moitié nu après sa douche l'autre jour. Il sent bien que c'était différent mais n'arrive pas à se l'expliquer, il devrait pourtant se sentir tout autant intrigué par le corps de Junji.

Ce dernier le sort de ses réflexions lorsqu'il lui propose de manger tous ensemble à la cafétéria.

Seungsik termine sa douche en essayant de se débarrasser de ses dernières émotions négatives puis il retourne rapidement à son logement pour se changer avant de rejoindre les autres en bas.

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Lorsqu'il dépose son plateau sur la table centrale, il remarque que Byungchan et Hanse ont déjà pratiquement fini leur repas. Il s'installe à côté de Kibum et Junji arrivés en même temps que lui, les salue et tend l'oreille en direction d'Hanse pour entendre leur conversation.

-Donc elle va chercher un appartement à côté de chez tes parents ? demande Hanse.

-Oui l'idée c'est que je puisse la voir souvent, mais sans m'éloigner de ma famille pour autant, explique Byungchan. C'est une idée de ma mère.

-Tu feras gaffe je crois qu'elle la préfère à toi, dit Hanse en se moquant.

Seungsik sourit en les voyant se taquiner de la sorte. Il tourne discrètement la tête et se retrouve intrigué par les confidences de Kibum à Junji.

-J'aimerais bien le revoir, mais pas de nouvelles depuis la soirée de Noël, explique Kibum. Je suis persuadé qu'il travaille ici, il avait un badge autour du cou, mais tu sais bien, j'étais un peu bourré et on s'est surtout retrouvés pour se tripoter à l'abri des regards et des lumières.

-Reste attentif, tu le croiseras peut-être sans t'y attendre un beau jour dans l'ascenseur, romantisme assuré, ajoute Junji.

Seungsik voit Sehun et Chanyeol les rejoindre à la tablée.

-Au fait Seungsik, j'ai un shooting à faire tout à l'heure, mais tu peux me rejoindre en fin d'après-midi si ça te convient ? demande Sehun en s'asseyant à côté de Seungsik.

Au même moment Seungsik voit Hanse se lever et quitter la table, il le fixe, comme s'il attendait de croiser son regard. Hanse lève timidement les yeux sur lui et lui adresse un sourire discret.

-On se voit ce soir Seungsik, murmure Hanse en effleurant Seungsik lorsqu'il passe de l'autre côté de la table pour ranger son plateau.

Seungsik semble ailleurs et ne remarque pas que Sehun attend toujours une réponse.

-Tu m'écoutes Seungsik ? ajoute Sehun, visiblement agacé.

-Oui oui, pardon, s'excuse Seungsik. En fin d'après-midi ça me va.

En quittant la table, il salue ses collègues et adresse un signe de la main à Sehun qui semble toujours vexé.

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En approchant du dressing de Sehun, il se demande si ce dernier sera ou non encore contrarié. En travaillant avec lui ces derniers jours, Seungsik a remarqué certains aspects désagréables de sa personnalité, notamment le fait qu'il n'accepte pas qu'on lui refuse quoi que ce soit. Évidemment, quand il lui a proposé son aide, Seungsik a trouvé ça gentil de sa part, mais il a surtout eu la sensation de ne pas pouvoir lui dire non.

Le charisme naturel de Sehun est vraiment impressionnant et Seungsik se sent très facilement intimidé par lui. Cependant il reconnaît que ses conseils sont bons à prendre et Seungsik a déjà l'impression d'avoir amélioré ses points faibles.

-Te voilà enfin, dit Sehun en le voyant arriver. Suis-moi, on va aller dans le cinquième studio.

-Bien sûr je te suis. Par contre, je n'ai que deux heures devant moi aujourd'hui, précise Seungsik en l'accompagnant dans l'autre pièce.

Ce studio est plus intimiste que les autres, il est souvent utilisé pour des photos dans la pénombre et dispose de tous les supports possibles pour poser de manière sexy.

-Très bien, alors tu vas d'abord t'installer sur ce tabouret là et je te guiderais.

Seungsik s'assoit et remarque que Sehun grimace tandis qu'il le voit s'approcher de lui.

-Laisse-toi faire, dit Sehun en se positionnant derrière Seungsik. Il faut que tu te cambres légèrement, et ta main, pose-la sur le haut de ta cuisse, juste là.

Seungsik se laisse guider pour un maximum de professionnalisme, mais il se sent particulièrement gêné et dérangé quand Sehun pose ses mains sur lui. Il sent le souffle chaud de Sehun dans sa nuque et n'apprécie vraiment pas cette sensation. Il trouve aussi son parfum bien trop fort. Seungsik a du mal à se sentir à l'aise, parce qu'il estime que Sehun n'a pas à toucher sa cuisse de la sorte.

Cependant Seungsik s'efforce de rester concentré sur son objectif, surtout après son altercation avec Doy ce matin. Il sait pertinemment qu'il va devenir sa nouvelle cible, et ne veut surtout pas lui donner le moyen de l'attaquer sur son travail.

Après plusieurs minutes à essayer diverses positions, Sehun lui propose de changer d'exercice.

-Super, maintenant on va travailler sur les expressions faciales, explique Sehun. C'est très important de faire ressentir le désir simplement avec un regard.

Il voit Sehun se lever, fermer la porte du studio et descendre la luminosité. Il invite Seungsik à le rejoindre face à lui sur le canapé situé au fond de la pièce.

-Laisse-moi d'abord te montrer, dit Sehun en prenant une expression sérieuse. Il existe plusieurs méthodes, la mienne consiste à avoir l'air impassible et froid. Regarde mes yeux, je fronce les sourcils, mais en même temps je laisse apparaître un léger sourire en coin.

Seungsik prend exemple sur son mentor et tente de reproduire la même chose. Soudain il voit Sehun s'approcher doucement de lui et poser un doigt au niveau de ses lèvres, le forçant à entrouvrir la bouche. Il fronce alors les sourcils à cause du choc mais il voit Sehun sourire.

-C'est bien oui, se réjouit Sehun. Quand tu fronce les sourcils comme ça, ton regard se charge en intensité et ça devient sexy.

-Non, je, je, bafouille Seungsik perdu entre la gêne et l'agacement. Non Sehun, stop. Ça me gêne vraiment que tu me touches comme ça sans me demander. Je ne trouve pas ça professionnel.

-Je te demande pardon, j'essayais juste de te donner de mon expérience, dit-il en posant sa main sur la cuisse de Seungsik.

Seungsik se recule, retire la main de Sehun et cherche à récupérer son téléphone dans la poche de son jean.

-Comment ça il est dix-neuf heures ? s'écrie Seungsik sous le choc. Je t'avais prévenu que je devais partir pour dix-huit heures, pourquoi l'horloge numérique affiche dix-sept heures trente ?

-J'ai coupé l'horloge tout à l'heure, explique-t-il en se levant du canapé. Tu avais l'air distrait et je voulais que tu te concentres uniquement sur ce qu'on faisait. J'ai pensé que ton travail avait plus d'importance qu'un stupide rencard.

Seungsik se lève brusquement, récupère sa veste et part en direction de la porte. Mais il est retenu de force par Sehun qui l'attrape au niveau du poignet. Il est brutalement retourné et plaqué contre le mur. Sehun place une main de chaque côté de sa tête et s'approche dangereusement de son visage.

-Écoute-moi bien, chuchote-t-il à l'oreille de Seungsik. Je n'ai pas l'habitude qu'on me dise non ou qu'on me résiste. Tu crois vraiment que tu peux venir me voir, avec ton soi-disant problème de confiance en toi, me chauffer et t'en tirer comme ça ?

Seungsik reste figé contre ce mur, totalement apeuré, et incapable de faire quoi que ce soit d'autre. Il sent la main de Sehun se poser sur sa hanche tandis qu'il continue de murmurer à son oreille.

-Je suis le meilleur ici, dit-il sensuellement le visage toujours enfoui dans le cou de Seungsik. Je suis le meilleur mannequin, le meilleur mentor, et le meilleur amant. J'ai bien vu comment Hanse te dévore du regard, mais crois-moi tu perdrais au change si tu me disais non maintenant.

Sehun relâche son étreinte et laisse Seungsik lui échapper volontairement.

-Réfléchis bien aux conséquences Seungsik, le menace-t-il.

Sortant du studio en courant, Seungsik se précipite vers l'ascenseur pour quitter au plus vite le bâtiment. Il a la sensation qu'il va étouffer s'il reste une seconde de plus ici. Sa journée a été un véritable tourbillon d'émotions bien trop négatives et cette agression lui donne la nausée.

Enfin en sécurité en entrant dans sa voiture, il s'empresse d'envoyer un message à Hanse, pour le prévenir de son retard. 

Il ne sait même pas si Hanse sera encore là, s'il l'aura attendu ou quand bien même c'est le cas, s'il lui pardonnera son retard. Mais Seungsik s'en fiche, il roule juste en direction du restaurant pour rejoindre Hanse.

Quand il arrive devant le parking du Momoyama, il reconnaît la moto d'Hanse garée non loin. Il prend alors un instant pour calmer ses émotions. Il ne veut pas inquiéter Hanse, alors il respire un grand coup, se recoiffe rapidement en regardant dans le miroir au-dessus de son volant, et se décide à rejoindre Hanse à l'intérieur.

En entrant dans le restaurant, il repère Hanse en une demie seconde, installé à l'une des tables du fond les plus à l'abri des regards. Tandis qu'il s'approche de lui, il le voit en train de griffonner sur un vieux calepin usé. Il s'installe sur la chaise en face de lui.

-Je suis tellement désolé Hanse si tu savais ! dit-il le visage incliné vers la table. J'étais avec Sehun on travaillait, et puis j'ai compris qu'il avait volontairement arrêté l'horloge. Il voulait que je reste plus longtemps, mais je lui avais pourtant dit que je devais partir, et puis tu sais je ne suis jamais en retard normalement.

Il relève la tête et voit Hanse en train de rire. Il ne comprend pas pourquoi il le prend comme ça, mais il est soulagé de le voir rire.

-Pourquoi tu rigoles Hanse ? Tu sais, je suis vraiment désolé et terriblement gêné, assure-t-il.

Seungsik regarde la serveuse arriver pour prendre leur commande.

-Je sais bien, c'est pour ça que je souris. Comment je pourrais t'en vouloir alors que tu es aussi mignon quand tu t'excuses ? dit-il en souriant, pendant qu'il referme son calepin. Je ne suis pas le président tu sais, et puis les retards ça arrive. J'espère surtout que tu ne t'es pas mis Sehun à dos pour si peu, on aurait pu reporter.

-Non, bien sûr que non, hors de question de reporter, déclare-t-il. Tu dois savoir que je tiens toujours mes engagements. Pour ce qu'il en est de Sehun, étant donné mon opposition à ses méthodes de travail, je m'attends sûrement à avoir des représailles, mais ça m'est bien égal. J'ai décidé de ne plus me laisser marcher sur les pieds. Ta manière de t'affirmer face aux gens toxiques m'a impressionné et j'ai eu envie de faire pareil, dit-t-il en mangeant ses sushis.

Seungsik remarque qu'Hanse continue de le fixer silencieusement en se contentant de sourire, alors il lui sourit à son tour et c'est comme si toute la pression de cette journée retombait enfin.

-Tu écrivais quelque chose dans ton calepin avant que j'arrive ? Je ne t'ai pas coupé j'espère ? demande-t-il.

-Ho, oui c'est vrai, dit-il un peu gêné. Quand je ne sais plus trop où j'en suis j'ai tendance à écrire des paroles, pour moi-même. Mon père faisait la même chose, d'ailleurs ce carnet est l'un des siens.

Il observe Hanse pousser son assiette sur le côté et se gratter nerveusement l'arrière de la tête.

-Je dois t'avouer quelque chose Seungsik, murmure-t-il en jouant avec les bagues sur ses doigts. C'est juste que je ne sais pas trop par où commencer.

-Commence par le début alors, propose joyeusement Seungsik pour tenter de le détendre.

-Tu as raison, je vais reprendre depuis le début.

Il voit Hanse se redresser et affronter son regard avec un air sérieux et sincère sur le visage.

-Il y a trois ans, je crois que je suis tombé amoureux de toi, avoue Hanse sans détour. Je t'ai vu sur scène pendant un festival d'été et je suis complètement tombé sous ton charme. J'ai commencé à m'intéresser de plus près à ta carrière et j'écoutais toutes tes chansons. Et puis tu as malheureusement dû quitter la scène. A l'époque, j'étais vraiment triste de ne plus avoir de nouvelles de toi. J'ai été tellement surpris quand je t'ai reconnu pendant la première réunion avec l'équipe.

Seungsik reste muet devant cet aveux, il cesse de manger et regarde simplement Hanse lui parler.

-On en a déjà parlé tous les deux, ajoute-t-il la voix tremblante. Tu sais bien que je suis novice quand il s'agit de sentiments. C'est la première fois que je ressens ça et je ne savais pas trop comment réagir. J'ai d'abord essayé de garder mes sentiments pour moi, mais tu es si sincère avec moi que je ne supporte plus l'idée de te mentir, ni de me mentir à moi-même.

Seungsik s'apprête à lui répondre mais Hanse lui fait signe de ne rien dire.

-Avant que tu ne dises quoi que ce soit Seungsik, permet moi d'ajouter encore quelque chose.

Il l'observe passer nerveusement la main dans ses cheveux, chacun des gestes d'Hanse le fascine.

-Quand je t'ai proposé mon amitié j'étais sincère, assure-t-il. Ça ne changera jamais peu importe ta réponse. Tu mérites une vraie amitié et je saurai m'en montrer digne. Je ne te demande rien d'ailleurs. Je ne t'ai pas invité ici dans le but de te demander quoi que ce soit. Je voulais juste que tu le saches. Tu me plais Seungsik, et ce depuis longtemps. Mais encore plus maintenant que j'apprends à te connaître.

Seungsik sourit tendrement à Hanse qu'il voit complètement désarmé et fragile. Il approche son torse du bord de la table et attrape la main d'Hanse qui pose alors ses yeux sur sa main, un peu choqué.

-Ne panique pas Hanse, tout va bien, dit-il pour le rassurer. Pour te dire la vérité, je ne savais pas vraiment quelle était cette sensation, mais depuis que je t'ai rencontré, mes pensées sont complètement chamboulées. Je pense souvent à toi et je ressens des choses que je n'avais jamais ressenties avant. Comme tu l'as souligné, je suis comme toi novice en matière de sentiments. Je n'ai aucune idée de ce qu'il m'arrive, mais je sais qu'il se passe quelque chose.

Il se sent léger, et apaisé d'avoir dit à voix haute ses émotions.

-Dans ce cas, tu crois qu'on devrait essayer de se lancer ? Ça me terrifie vraiment Seungsik. Je sais, c'est idiot, c'est moi qui lance cette bombe et qui prend peur au final.

-Je pense qu'on devrait essayer à notre rythme, répond Seungsik d'une voix calme. Peu importe le temps que ça prendra, tant qu'aucun de nous ne se sent d'aller plus loin ou plus vite.

Il relâche la main d'Hanse et se redresse en se recoiffant, comme si soudainement il avait peur de ne plus être assez beau pour lui.

-Ça te dirait qu'on sortent ensemble quelque part ce week-end ? propose Seungsik en souriant.

-Evidemment oui, mais je dois t'avouer quelque chose avant.

Seungsik commence alors à paniquer.

-J'ai peur d'être un peu jaloux, parce que tu es terriblement mignon et-

La sonnerie du téléphone d'Hanse le coupe dans sa déclaration. Seungsik remarque son visage inquiet et cesse alors de sourire bêtement. Lorsqu'il raccroche Seungsik observe qu'Hanse récupère sa veste et s'apprête à quitter la table.

-Je suis vraiment désolé, c'est ma petite sœur, je ne sais pas ce qu'il se passe mais elle m'a demandé de venir en urgence, dit-il paniqué. Tiens, prends ma carte pour régler l'addition. Je dois y aller, je suis vraiment désolé.

-Arrête de t'excuser et file la rejoindre, ajoute Seungsik. Soit prudent sur la route, on se voit demain, dit-il en lui souriant.

Il observe Hanse quitter le restaurant à la hâte et prend le temps de manger encore un ou deux de ces délicieux sushis en repensant le sourire aux lèvres à ce qu'il vient de se passer. Il ne sait pas comment il se comportera avec Hanse demain quand il le croisera au travail. Mais il a déjà hâte de le revoir.