Chapitre 2
Depuis l'incident des quinze ans de Milla, Chan ne lui était pas apparu mais en revanche, il déplaçait régulièrement des petits objets qui se trouvaient dans la chambre de la jeune fille pour lui montrer qu'il était toujours présent à ses côtés. Si au début, elle avait été effrayée, croyant qu'il s'agissait là d'un fantôme ou d'autre chose du genre, elle avait fini par comprendre qu'il s'agissait de Chan lorsqu'un matin, elle retrouva sur sa table de chevet, un papier avec une sorte de petit dinosaure dessiné dessus. Il s'agissait du dessin « signature » de l'ange qu'il réalisait lorsqu'elle était petite et qu'elle se sentait triste. Alors, Milla avait cessé d'avoir peur, souriant même lorsqu'elle s'apercevait que quelque chose avait changé de place.
Trois ans plus tard, alors qu'elle se réveilla un matin d'automne, Milla s'habilla d'un jean bleu, d'un t-shirt blanc et d'un large hoodie bleu ciel. Elle portait également à ses pieds des Vans de la même couleur ainsi qu'un sac à dos gris. Alors qu'elle s'avançait vers son bureau pour prendre son cahier de notes, elle s'aperçut qu'il était ouvert à la page sur laquelle était collée un des dessins de Chan sauf qu'en plus du dinosaure, un petit cœur y était également dessiné avec, écrit en tout petit en bas de la feuille « Joyeux dix-huitième anniversaire. Channie ». Milla ne put réprimer un sourire et referma le carnet pour le serrer contre elle avant de le ranger dans son sac de cours.
Lorsqu'elle arriva au lycée – en retard, comme d'habitude –, elle se précipita dans sa classe et s'installa à sa place sous l'œil lassé de sa professeure d'histoire. Milla n'y prêta pas attention et ouvrit simplement son carnet de note pour écrire ce qu'il y avait d'important à retenir. Le dessin qui s'y trouvait n'échappa pas à sa voisine, qui n'était autre que la jeune fille qui l'avait traînée dans la boîte de nuit, le soir où Chan avait dû intervenir. Depuis ce jour-là, l'ange avait fait promettre à Milla de ne plus la côtoyer et à son grand étonnement, elle l'avait écouté. Pourtant, l'autre n'en avait strictement rien à faire et passait désormais son temps à la harceler pour « passer le temps », comme elle le disait si bien. Et si Milla tenait le coup, c'était uniquement grâce à la présence de son gardien qu'elle n'observait que lorsqu'il bougeait quelque chose. Sans lui, elle aurait continué ses bêtises, elle en était sûre. Mais comme elle savait qu'il était là, elle n'avait pas envie de le décevoir.
Lorsque la sonnerie annonçant la pause retentit, Milla rangea ses affaires et sorti de la salle de classe pour rejoindre son casier qui se trouvait non loin de là. Elle l'ouvrit et alors qu'elle prenait son cahier de notes pour le ranger à l'intérieur, quelqu'un le lui arracha des mains. La jeune fille se tourna pour faire face à son ancienne amie qui jetait un œil au dessin de Chan, un air moqueur sur le visage.
_ Ben alors, Mimi, on laisse son petit frère t'écrire des mots d'amour ?!
_ Donne-moi ça. Demanda calmement Milla en tendant la main.
_ Sinon quoi ?
Milla ne répondit pas, sachant parfaitement que peu importe ce qu'elle dirait, l'autre se moquerait d'elle et ne la prendrait pas au sérieux. D'ailleurs, c'est avec un regard emplit de méchanceté que celle-ci arracha brusquement la feuille et la déchira en mille morceaux qui se répandirent aux pieds de la petite blonde qui dût faire preuve de tout le self control donc elle était capable pour ne pas pleurer devant l'autre fille, qui finit par tourner les talons, satisfaite de ce qu'elle venait de faire.
Chan, un peu plus loin, avait assisté à la triste scène et soupira. Il n'avait pas le droit de s'approcher de sa protégée pour la réconforter et pourtant, ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Alors, il s'approcha doucement d'elle, invisible comme d'habitude, et passa un bras devant son nez pour bouger quelque chose dans son casier. Milla s'en aperçut et ne put retenir un petit sourire malgré les larmes qui embuaient son regard. Puis, soudainement, elle sentit une douce chaleur émaner à un endroit précis sur sa joue là où Chan avait doucement posé ses lèvres. Ce contact, cette chaleur, n'avait duré qu'un cours instant, mais cela avait suffi à ce que Milla se sente mieux.
_ Merci, Channie. Avait-elle chuchoté, en espérant que le concerné de l'entende.
Le reste de la journée se déroula sans accrocs pour la petite blonde qui avait suivi le reste de ses cours sans pour autant être attentive. Ce fut lorsque la sonnerie annonçant la fin des cours retentit qu'elle se leva dans la précipitation pour rentrer chez elle. Pourtant, lorsqu'elle se retrouva devant chez elle, la main sur la poignée de la porte, elle fut prise d'un violent frisson et un mauvais pressentiment fit son apparition dans un coin de sa tête sans qu'elle ne sache pour quoi. Elle regarda autour d'elle, histoire de voir si quelque chose clochait mais rien. Rien n'attira son attention.
_ Channie... Souffla-t-elle. T'es là ?
Pas de réponse. Habituellement, lorsqu'elle posait la question, soit quelque chose bougeait soit, comme plus tôt, elle avait la sensation que quelqu'un posait une main sur son épaule, par exemple. Mais là, rien, ce qui eut le don de l'angoisser encore davantage. Une petite voix dans sa tête lui disait de ne pas entrer et de faire demi-tour mais si elle l'écoutait, où irait-elle ? Alors elle souffla et, prenant son courage à deux mains, actionna la poignée pour rentrer chez elle. Tout semblait calme, peut-être même un peu trop. Milla ne traîna pas et se hâta de monter les escaliers jusqu'à sa chambre. Une fois dans celle-ci, elle ferma vivement la porte derrière elle sans se rendre compte qu'elle n'était pas seule.
_ Enfin !
La jeune femme sursauta et se retourna pour faire face à son père. Elle fronça les sourcils, décidément pas habituée ni à le voir là, ni même à l'entendre lui parler.
_ Il- Il y a un souci ? Demanda-t-elle en se craquant nerveusement les doigts.
_ Ouais j'en ai un. Maintenant que t'as 18 ans, il est temps que tu rembourses tout ce qu'on a dû payer pour ta petite personne !
Et sur ces mots, l'homme l'empoigna par le bras et la jeta littéralement sur le lit avant de grimper par-dessus la petite blonde qui tentait de se débattre comme elle pouvait. Mais son agresseur était bien plus grand et plus musclé qu'elle et ne semblait avoir aucun mal à la maîtriser. Il tenta de l'embrasser mais Milla lui mordit la lèvre inférieure tellement fort que du sang s'en écoula. Furieux, l'homme la gifla avec force avant de plonger dans son cou. De grosses larmes salées dévalèrent le long de ses joues et alors que son supposé « père » glissait une main sous son t-shirt, une main lui empoigna le sien et le tira vers l'arrière avec une force qui le projeta contre le mur, le faisant grogner de douleur. Il se releva, faisant désormais face à un Chan en colère comme il ne l'avait jamais été. Il s'approcha une nouvelle fois de l'autre homme, et le saisit par le col pour le plaquer contre le mur. Ses yeux d'un bleu profond lançaient des éclairs, effrayant tout de même un peu l'agresseur de sa protégée. Il le laissa tomber au sol comme une vulgaire poupée de chiffon avant de se tourner avec Milla qui se précipita dans ses bras.
_ Je suis là, petit ange. Murmura-t-il en lui frictionnant le dos pour la rassurer. Prends tes affaires, on s'en va d'ici. Lui demanda-t-il, la voix douce mais ferme.
Milla acquiesça et, tremblante telle une feuille malmenée par le vent, elle mit le peu d'affaires qu'elle possédait dans un grand sac de sport et suivit Chan qui lui avait pris la main pour l'emmener à l'extérieur.
_ Tu t'en sortiras pas comme ça ! Avait crié le père de la blonde.
_ Ferme-là ! Gronda Chan en faisant volte-face. Sois heureux que je ne te tue pas sur le champ.
Et avec ça, il s'enfuit avec Milla sans regarder derrière lui. La jeune femme le suivait en silence, sa main toujours dans celle de l'ange qui ne prétendait pas la lâcher, à son plus grand soulagement. Ils marchèrent une bonne heure avant que Chan ne s'arrête finalement devant un grand immeuble relativement moderne. Il soupira et s'engouffra à l'intérieur sans même sonner à l'un des appartements. Après avoir pris l'ascenseur, ils s'arrêtèrent au quatrième étage devant la porte qui portait le numéro 408. Chan se tourna vers Milla et d'un geste tendre, prit son visage entre ses mains pour poser son front contre le sien.
_ Je suis désolé, Milla, je ne voulais pas en arriver là...
Milla n'eut pas le temps de demander quoi que ce soit que Chan posa ses lèvres sur son front et immédiatement, la jeune femme s'effondra, inconsciente. L'ange soupira tristement et la prit dans ses bras, un bras entourant sa taille et l'autre sous ses jambes. Il donna un coup de pied dans la porte pour indiquer à ses occupants qu'il était là, et elle s'ouvrit à peine quelques secondes plus tard sur deux jeunes hommes, deux bruns, dont un plus petit que l'autre.
_ Chan ?!
_ Salut Jisung, salut Minho.
_ T'es dans une sacré merde là, mon vieux. Dit Minho, les sourcils froncés.
_ Je sais. Soupira Chan. Je sais.
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