Part two
De @MEdAboutYou
A @TommoTheTease
Samedi 6 juillet, 20h. Je t'attendrai.
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Ça y est, on y est.
Enfin, j'y suis pour être plus précis. Les vacances, enfin.
Cette fin d'année a été riche en rebondissement, entre les températures qui ont grimpé en flèche, rendant nos conditions d'accueil des élèves très difficiles, et multipliant du coup les absences, le spectacle qu'il a fallu décalé à cause d'une panne de climatisation qui nous aurait été fatale, les jeux qu'il a fallu sortir des armoires, les batailles d'eau qu'il a fallu faire pour occuper et rafraîchir toutes ces petites têtes, et les parents mécontents des résultats de leur chers bambins comme chaque année, nous n'avons pas eu le temps de nous ennuyer.
Mais depuis hier soir, je suis officiellement en vacances. Même si, comme d'habitude, je ne m'en rendrai vraiment compte que dans 2 ou 3 jours, le temps pour mon corps de comprendre que ce n'est pas juste un week-end...
Et en ce premier jour des vacances, j'ai rendez-vous avec Edward. En pleine lumière, cette fois.
Je n'en ai pas reparlé avec Harry depuis notre conversation dans ma classe, le jour où je lui ai tout raconté, mais il n'a pas cessé de me faire comprendre son point de vue, m'abreuvant de citation et proverbe en tout genre pour me pousser à « saisir ma chance » selon ses termes... Et l'année s'est terminé en nous voyant plus proche que des collègues. Je crois qu'il s'apparente plus à un ami qu'à une relation de travail dorénavant, et même si j'en suis encore à m'empêcher de baver dès que je le vois, j'ai décidé de l'écouter - et de m'écouter aussi - en acceptant cette vraie rencontre. Peut-être Edward réussira-t-il à me faire oublier mon crush de boulot.
Alors me voilà, m'apprêtant à entrer dans ce bâtiment que je connais bien, pour me rendre dans la salle n°7, celle qui a accueilli notre première nuit. Je n'ai rien d'un grand romantique, mais j'y verrais bien un signe quand même...
Je parcours ces couloirs que je connais par coeur, pousse la porte que l'on m'indique, et me retrouve enfin seul dans le sas qui précède cette fameuse chambre n°7. J'ai beau essuyer mes mains sur mon jean, ma tentative reste vaine : elles sont moites, de même que mon coeur bat trop vite et que je me mords la lèvre sans pouvoir m'en empêcher. Je ne sais pas ce qui m'attend derrière cette porte et ça me fout la trouille !
Je ne sais même pas s'il sera là, vraiment. Peut-être qu'au dernier moment il aura eu peur, lui aussi, et que je vais me retrouver seul dans cette pièce sombre, comme un con...
La diode bleue s'allume enfin, me permettant d'avancer vers la porte qui se refermera bientôt sur moi, et mon stress.
Je la pousse doucement, comme m'attendant à ce que le ciel me tombe sur la tête de l'autre côté, et j'avoue que c'est un peu le cas, puisqu'il fait nuit noire dans la pièce dans laquelle j'arrive. Et lorsque la porte se referme presque sans un bruit derrière moi, je suis encore un peu plus perdu. Je croyais qu'on devait se « voir » ?!
- Viens.
J'ai l'impression d'être devenu un grand sportif à son contact : ma respiration est tellement lourde que je n'ai pas entendu la sienne, mais il est bien là, assis sur le matelas, comme je le constate en m'avançant vers l'endroit d'où me semble provenir sa voix, que j'entends vraiment pour la première fois, et qui me semble étrangement familière.
Alors même que je n'ai fais que quelques pas, je sens sa main attraper mon poignet dénudé et me tirer lentement à lui, jusqu'à me placer entre ses jambes que je sens écartées autour de moi.
Mes mains remontent ses bras pour trouver son visage et je le prends en coupe : je l'ai deviné grand, et à en juger par sa tête qui est à hauteur de mes épaules, alors même qu'il est assis et moi debout, je ne me suis pas trompé.
Ses mains se posent sur ma taille comme mes doigts redessinent les traits de son visage dans le noir, et je ferme les yeux pour m'en faire une image plus précise derrière mes paupières. Mais inlassablement, tous les petits détails que je sens sous la pulpe de mes doigts, comme tous ceux que j'enregistre inconsciemment à chacune de nos rencontres, me dévoilent une silhouette qui ne m'est pas si inconnue que ça.
- Je te laisse le choix, Louis...
Sa voix est chaude, rauque, magnifique. Et je ne tique même pas sur l'utilisation de mon prénom, que je ne lui ai pourtant jamais donné, parce que commence à naître en moi un espoir un peu fou, voire même complètement dingue, que j'ai beaucoup de mal à endiguer.
- Soit on passe la nuit ensemble, comme ça, comme d'habitude, mais ce sera la dernière...
Je souris tout en enfouissant mes mains dans ses cheveux, les tirant quelque peu pour lui faire relever le visage vers moi.
- Soit on allume la lumière, maintenant.
- Et ?, demandé-je, joueur, en me penchant un peu pour qu'il cueille la question au bord de mes lèvres.
- Et on avise... répond-il difficilement, la respiration un peu plus chaotique alors que je raffermis ma prise dans ses cheveux.
Je ris en fondant sur ses lèvres et ses bras m'enlacent enfin, me serrant fort contre son corps tendu par l'attente. Nos langues se retrouvent enfin, après plus de dix jours sans contact, et j'en suis heureux, même si cette distance c'est moi qui l'ait imposée.
J'ai mis du temps à accepter de le rencontrer à nouveau, et pour de vrai, parce que je voulais avoir l'esprit tranquille, être libéré des élèves, de leurs parents, de leurs bulletins et du boulot en général. Cette date est la meilleure qu'il pouvait me proposer : je n'aurais pas pu tourner en rond tout seul chez moi - puisque Freddie a été embarqué par ma mère pour une semaine au bord de la mer, avec ma sœur - pendant des jours avant de savoir avec qui je couche depuis trois mois.
Et ce que découvrent, ou ont découvert, mes autres sens me conforte dans l'idée que j'ai fait le bon choix en acceptant de le voir. Et que le nouveau choix qu'il me laisse est inutile, parce que sitôt posé mes mains sur lui, j'étais déjà perdu...
Je sens ses doigts se faufiler sous mon tee-shirt et redécouvrir les muscles de mon dos, qu'ils connaissent pourtant par coeur, et des frissons remontent le long de ma colonne vertébrale tandis que je me détache un peu de lui, essoufflé mais le sourire aux lèvres.
- Allume cette putain de lumière Harry...
Je souris, mon front appuyé contre le sien, les doigts toujours intimement enfouis dans ses boucles, que je sais brunes, apaisé comme jamais depuis que toute cette histoire a commencé.
- Louis... ouvre les yeux, s'il te plaît...
Sa voix n'est pas aussi ferme que d'habitude, ou même qu'il y a cinq minutes, alors je lui obéis. Et je tombe immédiatement sur les deux billes vertes que j'adore, qui me dévisagent avec incertitude.
- Putain, je voulais tellement que ce soit toi...
Je n'ai fait que murmurer, mais un soupir de soulagement passe ses lèvres avant qu'il ne me serre un peu plus fort contre lui, me forçant à m'asseoir à califourchon au-dessus de lui, et nichant sa tête dans mon cou dans un geste de soulagement évident.
- Qu'est-ce qui t'a mis sur la voie ?
Je pouffe en jouant avec les mèches sur sa nuque, faisant glisser mes doigts sous le col de sa chemise et prenant plaisir à voir sa peau se couvrir de chair-de-poule.
- Tout...
Il se redresse doucement, sourcils froncés et une profonde incompréhension au fond de ses beaux yeux.
- Ton corps, tes cheveux, ton odeur... ta voix ! Je ne comprends même pas comment j'ai fait pour ne pas m'en rendre compte avant... Je m'attendais pas à toi, en fait..., avoué-je en ramenant mes mains sur ses joues, les caressant de mes pouces doucement, comme pour l'apprendre un peu plus, mais je ne voulais que toi.
Et sa main qui remonte empoigner ma nuque avant qu'il ne m'embrasse m'empêche de continuer. Mais après tout, que dire de plus ?
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- Tu veux dire que tu m'as laissé te raconter toute l'histoire – notre histoire, ajouté-je en nous désignant du doigt tour à tour, après avoir avalé un morceau de ma pizza, alors que tu savais déjà que c'était toi, mon « plan cul »... ?
Harry repose son verre et m'offre un sourire mutin pour lequel je pourrai mettre à mal toutes mes résolutions et lui sauter dessus sur le champ, à la terrasse de ce resto dans lequel nous avons décidé de manger, avant de passer la soirée ensemble.
- Mmmmmm... Ouais !
Je prends un air offusqué en lui lançant ma serviette à la figure et son éclat de rire me fait exploser à mon tour.
Je ne me suis pas senti aussi bien, aussi à l'aise avec un « rencard » depuis longtemps... Et le dernier rendez-vous, en public j'entends, que j'ai eu, c'était avec une femme, avec laquelle j'étais moins détendu que maintenant.
C'est tellement facile avec Harry, on a accroché tout de suite à l'école, on a jamais eu de difficulté à discuter, même si ça restait toujours des discussions de boulot, ou des conneries de salle des maîtres... et j'ai pas à m'en faire pour les gens qui passent, les potentiels témoins de notre complicité qui gravitent autour de nous sur cette place en plein centre ville, parce que nous travaillons ensemble, et il n'est pas censé y avoir d'ambiguïté entre nous... Même s'il me regarde avec la même lueur d'envie que celle que j'essaye de camoufler depuis que nous avons finalement quitter la chambre n°7, sans avoir à nous rhabiller.
- J'y ai tellement pas cru quand j'ai compris que c'était toi « TommoTheTease », m'explique-t-il en mimant les guillemets, une fois son fou rire calmé... J'ai traqué le moindre petit indice, j'ai remonté toutes nos conversations, et tout concordait tellement...
- Qu'est-ce qui m'a trahi, alors ? m'enquis-je avec curiosité, délaissant ma pizza pour me concentrer sur lui.
- Le fait que tu galères à te rendre disponible, le jour où tu as demandé à Aurélie de te garder Freddie...
Je fronce les sourcils en essayant de me remémorer cette demande, et si je me souviens très bien de mon angoisse ce jour-là et de la proposition de notre collègue, j'ai un peu plus de mal à me remémorer les faits et gestes d'Harry...
- Oh putain ! Le jour où tu as failli te viander en te balançant sur ta chaise ?
- Celui-là même ! Y avait cette histoire de disponibilité de la salle, toi qui n'arrivais pas à te libérer... tu m'avais écrit que tu pouvais pas le mercredi et que c'était compliqué pour la fin de la semaine... tu demandes devant moi à Aurélie de te garder Freddie le vendredi... j'ai vraiment failli tomber tant j'étais surpris. Et, pour confirmer,je reçois aussitôt un mail disant que t'es libre le vendredi...
Tu m'étonnes ! Je ne sais pas du tout comment j'aurais réagi moi, si je m'étais rendu compte que MEdAboutYou, « Edward », c'était lui. Surtout qu'il était aussi discret sur sa vie privée que moi, donc je n'imaginais pas une seconde qu'il puisse être intéressé par moi...
- Et c'était une bonne surprise ?
Ma question pourrait paraître prétentieuse, mais je m'interroge vraiment : est-ce que je lui plais autant que lui me plaît ? Est-ce que tout ça a autant d'importance pour lui que pour moi ? Quoique je ne sois pas sûr de savoir moi-même à quel point c'est important pour moi...
Harry me sourit, toujours aussi beau, et ancre ses yeux dans les miens, avant de me répondre, presque en chuchotant :
- La meilleure.
Et la bouffée de chaleur qui m'envahit suite à ces mots n'est absolument pas la raison pour laquelle j'attrape mon verre pour le finir cul sec, les joues rouges et des images obscènes plein la tête...
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Je pousse la porte de mon appartement doucement, comme pour ne pas briser la magie de l'instant, mais mon compagnon ne semble pas si précautionneux. Aussitôt passé le pas de la porte, je le sens dans mon dos tandis que j'entends claquer cette dernière, et je me retrouve plaquer contre le mur de l'entrée.
- Tu ne veux pas que je te fasse visiter d'abord ?, m'enquis-je en savourant la chaleur de son corps qui enveloppe le mien comme il se rapproche, m'emprisonnant entre ses bras qui maintiennent mes hanches contre la cloison.
Il sourit contre mon cou en déposant des baisers chauds et doux jusqu'à mon oreille.
- Avec plaisir... et si on commençait par ta chambre ?
J'avoue que l'idée de perdre plus de temps encore avant de nous retrouver ne me plaît pas plus que ça, alors je le repousse quelque peu en m'accrochant à ses hanches à mon tour pour nous faire traverser le couloir. On ne se quitte pas du regard tout le temps que dure notre petit trajet et je ne me lasse pas de l'observer sous toutes les coutures.
Je ferme la porte de ma chambre derrière nous, même si mon fils est absent, c'est devenu une habitude, et ça lui fait hausser un sourcil d'étonnement.
- Dois-je en conclure que tu as prévu des activités que la morale réprouve ?
Le clin d'oeil que je lui adresse doit le renseigner suffisamment pour qu'il revienne se coller contre moi, et je m'empresse de l'embrasser pour lancer les hostilités.
C'est fou comme le fait de se voir en pleine lumière change la donne. Si jusqu'à présent c'était avec ma peau que je l'apprenais, maintenant, c'est avec les yeux, et je sais déjà que le voir prendre du plaisir va me rendre dingue.
Nos vêtements ne tardent pas à disparaître et nos mains retrouvent bientôt des chemins qu'elles ont déjà parcourus maintes fois. J'ai la sensation de retrouver un vieil amant, alors même que je n'ai jamais su que c'était lui, mais à part mes yeux, tout mon corps le connaît déjà par coeur. J'ai ses gémissements gravés au creux de l'oreille, le goût de sa peau tatoué sur les lèvres, le poids de son sexe imprimé dans ma paume... et maintenant son image incrustée sur les rétines.
Harry est sublime, je le savais déjà, pour l'avoir maté, et sans me gêner toutes l'année, mais le voir abandonné au plaisir c'est carrément autre chose. Et bien que j'adore l'embrasser, je ne peux pas m'empêcher de délaisser ses lèvres pour pouvoir l'admirer, ce qui ne semble pas lui poser de problème puisqu'il fait exactement la même chose. Nous nous en rendons compte en même temps et ça nous fait rire.
- Désolé... j'ai tellement imaginé à quoi tu pouvais ressembler...
Sa confession me touche, et je me sens coupable, l'espace d'une minute, d'avoir eu son image en tête à chaque fois que je pensais à Edward...
- Dis-toi qu'à partir de maintenant, tu n'auras plus à l'imaginer...
Son souffle devient plus chaud dans mon cou et sa voix chaude se fait plus rauque à mon oreille.
- C'est une proposition ?
Je souris en fermant les yeux, ce mec me rend dingue, à tel point que j'en suis déjà à vouloir plus que tout ce que je m'étais toujours autorisé...
- C'est tout ce que tu veux...
Sa bouche revient sur la mienne, non sans laisser son empreinte sur ma peau au passage et je ne réprime pas les frissons qui me gagnent alors que je crochète sa nuque pour ne pas qu'il s'échappe.
- Ce que je veux c'est toi...
Wow ! On n'a encore jamais fonctionné comme ça lui et moi... Mais qui suis-je pour lui refuser ce dont il a envie ?
- Alors.. prends-moi...
Harry relève la tête et ancre ses yeux verts brûlants dans les miens. L'une de ses mains emprisonne mon cou, son pouce à la lisière de mes lèvres qu'il caresse doucement, rendant l'instant un peu plus tendre encore, bien loin de tous les moments que nous avons partagés jusqu'à maintenant, frénétiques et brûlants. Ses yeux m'observent, cherchant sans doute la confirmation que je lui donne mon corps cette nuit, après avoir usé du sien ces dernières semaines.
Le baiser qui suit est tout sauf chaste et la tension suffocante de nos débuts nous enveloppe de nouveau, nos mains repartant à l'assaut de la peau qui s'offre à nous.
Nous tombons sur le matelas et le poids de son corps sur le mien me fait haleter de désir. Ses mouvements de hanches et le frottement de nos sexes pourraient bien m'envoyer loin, très loin, mais hors de question de terminer comme ça : je le veux en moi, je veux qu'il me prenne, je veux qu'il m'aime.
Et je le lui dis, alors qu'il s'amuse de mon impatience : apparemment il n'en a pas fini avec moi.
Et sa bouche qui se referme sur mon gland me le confirme quelques instants plus tard. Mes doigts se referment sur ses boucles brunes alors qu'il joue de sa langue autour de ma queue, alternant succions et effleurements et faisant monter un peu plus la pression. Harry est doué, que ce soit avec ses mains que je sens toujours plus proche de mon entrée, qu'avec sa bouche, et même si j'ai hâte qu'il me montre ce qu'il sait faire du reste de son corps, je savoure pleinement l'intrusion de son doigt entre mes fesses.
Ça fait bien longtemps que je n'ai pas été passif avec un homme, ça doit même dater d'avant Briana... mais ses gestes sont tellement doux malgré l'envie et l'urgence que nous ressentons que la douleur ne m'effraie pas. Et sa bouche fait des miracles quand le troisième doigts se fraye un chemin en moi en m'arrachant un petit gémissement, pourtant je sais que cette brûlure n'a rien a voir avec celle que je ressentirai à l'introduction de son sexe...
Je l'enjoins à cesser ses caresses lorsque je considère que je suis assez préparé pour la suite et il remonte le long de mon corps en posant des baisers humides sur ma peau brûlante. Ses lèvres sont rouges et gonflées de sa précédente activité et je ne résiste pas à leur appel, passant ma langue sur leur courbe pour apaiser la chaleur qui s'en dégage.
- Tu as des préservatifs ?, me chuchote-t-il d'une voix rendue rauque par l'excitation, alors que son sexe se fraye un chemin entre mes jambes écartées.
Oh, bon sang ! Sentir sa queue entre mes fesses me ferait presque dérailler et le supplier de me prendre comme ça, sans protection. Mais même si je le connais, même si nous avons été testé tous les deux pour notre inscription sur le site, même si je lui fais confiance, il ne m'a pas dit qu'il n'avait rencontré que moi depuis son adhésion à IntoTheDark... Alors nous attendrons pour nous passer de capote, parce qu'un test HIV n'est rien en comparaison de tout ce que nous pourrions perdre si nous nous laissions aller par excès de confiance.
Je l'embrasse une dernière fois avant de me dégager pour attraper ce qu'il nous faut dans ma table de nuit. Son corps se colle de nouveau à moi alors que je tente de sortir un des carrés d'aluminium de la boîte. Ses mains sont partout encore une fois, ses bras m'enserrent rendant mes mouvements difficiles et les battements de mon coeur parfaitement audibles.
- Putain, Harry, tu vas me tuer...
Sa bouche glisse de ma nuque à mon cou, semant des frissons sur son passage et son sexe reprend naturellement sa place entre mes fesses, avant qu'il ne reprenne ses mouvements de bassin contre moi.
- J'ai tellement envie de toi !
Je rigole au ton désespéré de sa voix, mais je ne suis pas en meilleur état. Je trouve quand même la force – ou le courage – de le repousser un peu en l'encourageant à me laisser faire, et je l'oblige à s'asseoir alors que je prends place sur ses cuisses, prêt à dérouler le préservatif sur sa verge. J'apprécie le grondement qu'il laisse échapper lorsque mes doigts font descendre le latex doucement autour de lui tandis qu'il rejette la tête en arrière en se mordant les lèvres, je ne suis pas sûr que notre étreinte dure longtemps quand je constate à quel point nous sommes proches de l'orgasme lui et moi... mais ça nous donnera une bonne excuse pour recommencer, après tout !
Je ne tarde pas à me positionner correctement sur ses cuisses, guidant son sexe d'une main alors que je m'empale doucement sur lui. Il redresse la tête dès que son gland butte contre mon entrée et ses yeux brûlants me dévorent alors que j'accepte peu à peu son intrusion, le souffle bloqué et le coeur en vrac. Il est magnifique, exactement comme je l'imaginais lorsque je fantasmais sur lui, à la différence que je sens réellement ses mains sur moi, comme j'entends sa respiration saccadée et comme je vois la retenue qu'il s'impose pour ne pas appuyer sur mes hanches et forcer son passage pour être complètement en moi plus vite.
- Louis...
- Je sais...
Oui, je sais. Je sais à quel point c'est bon, je sais à quel point on voudrait que ça ne s'arrête jamais, je sais à quel point il a envie de me clouer sur ce matelas pour quitter mon corps et y revenir toujours plus fort, toujours plus vite... mais je ne le laisse pas faire, je préfère nous laisser reprendre quelque peu nos esprits et m'habituer à sa présence, les mains enserrant sa nuque, la langue quémandant l'entrée de sa bouche pour le ramener à moi, alors qu'il semble complètement ruiné.
Je ressens toute sa frustration et son envie à travers le baiser qu'il m'accorde, et je me mets à onduler doucement contre lui, sans jamais lâcher sa bouche. Bientôt, je lui demanderai de me prendre, exactement comme il en a envie, lui laissant carte blanche pour nous faire atteindre le nirvana. Mais d'abord, je veux profiter de ces quelques instants de calme, de douceur, entre ses bras qui m'enlacent comme si j'étais la chose la plus importante de son monde. Et c'est sans doute le cas à ce moment-là, comme il l'est pour moi.
L'atmosphère de la chambre se fait suffocante alors que je m'empale toujours plus sur lui, nos gémissements se confondant dans une cacophonie qui rajoute à notre excitation, à notre besoin d'en avoir plus, et Harry me fait soudain basculer en arrière sur le lit. Une main sous chacune de mes cuisses, il me positionne correctement pour, enfin, laisser libre cours à ses envies.
- Impatient ?, m'enquis-je en me moquant gentiment de lui.
- A bout, plutôt, me répond-il en s'insérant de nouveau entre mes fesses. Je suis désolé mais ça ne va pas être doux, Louis, me confie-t-il, son torse se collant de nouveau au mien, et je cueille ses prochains mots au creux de ses lèvres alors qu'une chaleur incendiaire m'inonde sous le feu de sa prochaine confidence.
- J'ai besoin de te prendre, fort...
- Vas-y, Haz.
Ma supplique se perd dans son premier mouvement de bassin et bientôt j'en oublie même que je ne suis pas le seul locataire de l'immeuble, mes soupirs de plaisirs se perdant parmi le bruit des hanches d'Harry claquant contre mes cuisses, ou les bruissements de mon lit sous ses assauts.
Je sens monter son plaisir à mesure que ses ondulations se font plus désordonnées et lorsque j'empoigne mon érection sous ses yeux, ses râles s'intensifient, me signifiant qu'il est proche de l'orgasme. Il referme vivement sa main sur mes testicules me faisant crier alors que la stimulation simultanée de ma prostate, de mon sexe et de mes bourses m'envoie au septième ciel. Mon orgasme est si intense et long que je ne comprends qu'il a joui que lorsqu'il se laisse tomber sur moi, aussi précautionneusement que possible, le souffle haché, la respiration courte, les cheveux en bordel et un sourire repu aux lèvres.
La chaleur est accablante dans ma chambre, nos corps sont moites de transpiration et nous respirons encore difficilement, mais ça ne semble pas lui poser de problème puisqu'il referme ses bras autour de moi une énième fois et se blotti contre moi, nichant sa tête dans mon cou et mêlant ses jambes aux miennes.
- Tu préférerais pas qu'on aille se laver avant ?, lui demandé-je en le serrant contre moi à mon tour, bien conscient que mes draps sont ruinés et que mon torse porte encore les marques de ma jouissance.
- Mmm, dès que je pourrai bouger à nouveau.
- A ce point ?, ris-je alors que je ne suis pas en meilleur état et que je vais certainement me taper de jolies courbatures dans les jours à venir.
- Oui. Alors ça attendra que je sois sûr de tenir sur mes jambes... surtout si c'est pour remettre ça contre le cloison de ta douche...
- J'avais pas forcément l'intention de remettre ça dans la douche, tu sais... précisé-je en fermant les yeux pour savourer la caresse de ses mains sur ma peau qui frissonne sous son toucher.
- Toi, peut-être pas...
Le sourire que je sens contre ma clavicule fait écho à celui qui s'inscrit sur mes lèvres, et je me surprends à prier pour que mes voisins n'aient pas l'ouïe aussi fine que moi, parce qu'ils ne sont pas prêts de dormir cette nuit, si c'est le cas.
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- Monsieur Tomlinson ?
- Oui, réponds-je en calant mon portable entre mon épaule et ma joue pour terminer de préparer le cartable de Freddie tout en répondant à mon interlocuteur.
- Bonjour, monsieur. Jack, administrateur du site IntoTheDark, auriez-vous quelques minutes à m'accorder s'il vous plaît ?
La curiosité me pousse à remettre l'inspection du sac de mon fils à plus tard et je récupère convenablement mon portable pour savoir ce que me veut « Jack ».
- Euh, oui... à condition que ça ne dure pas trop longtemps, je dois bientôt partir.
- Pas de soucis, ça ne prendra que quelques minutes, je me dois cependant de vous informer que notre conversation est enregistrée à des fins juridiques.
- Oui, pas de problème pour moi.
Je traverse la chambre de Freddie pour me poser sur son lit.
- Nous avons constaté que, suite à une période très active dans nos locaux, et par le biais de notre service de messagerie, vos connexions sur nos serveurs avaient complètement cessé... Je me permets de vous contacter aujourd'hui pour en connaître les raisons, si vous consentez à m'en faire part, et pour pouvoir éventuellement adapter ou modifier certains détails qui pourraient en être la cause...
Je ne réponds pas directement, trop abasourdi par ce que je comprends. Ça fait environ... non, pas environ, c'est facile à calculer en fait, puisque c'était le premier jour de mes vacances. Ça fait deux mois donc, que je n'ai pas remis les pieds, oui bon, le curseur de ma souris plutôt, sur le site qui m'a permis de « rencontrer » Harry, mais ça n'a rien à voir avec un possible problème relatif au site...
- Euh... oui, effectivement je ne me suis pas connecté depuis deux mois... depuis le 6 juillet pour être exact. Mais ça n'a rien avoir avec vous. Enfin, je veux dire avec le site...
- Puis-je vous demander pourquoi, dans ce cas-là ?
Sa voix est douce à l'autre bout du fil, je le sens prendre mille précautions pour me faire parler et je suis mal à l'aise pour lui : j'imagine aisément qu'il a dû se faire remballer par bien moins sympathique que moi s'il est obligé de s'enquérir de choses aussi personnelles sur les utilisateurs du site.
- A vrai dire, j'ai rencontré quelqu'un. C'est grâce à votre site d'ailleurs, et nous sommes ensemble depuis... Donc je n'ai plus l'utilité de vos services...
Je réprime un sourire comme il me semble entendre un soupir soulagé, et ça confirme ce que je pensais de son job : je n'en voudrai pas pour tout l'or du monde... Même s'il est un peu une marieuse des temps modernes, dans mon cas du moins.
- Ah ! Eh bien je suis ravi de l'apprendre... On peut donc dire que vous êtes satisfait de nos services ?
- Très satisfait, lui réponds-je en souriant alors qu'une cavalcade se fait entendre dans le couloir, avant que la porte s'ouvre brusquement sur ma terreur blonde, les joues rouges et le souffle court.
Je porte un doigt devant mes lèvres pour signifier à Freddie de ne pas faire de bruit et reprends le fil de ma conversation alors qu'Harry arrive à son tour, et s'appuie au chambranle de la porte, les bras croisés, un sourire au coin des lèvres en observant mon fils qui tente de se cacher dans mon dos pour le fuir.
- Bien, j'aurais une dernière question indiscrète avant de vous laisser tranquille monsieur Tomlinson.
- Je vous écoute.
- Pourriez-vous me donner l'identifiant, ou le nom, de la personne que vous avez rencontrée par l'intermédiaire de notre site, afin que j'évite de l'appeler à son tour si, elle aussi, a déserté le site.
Le blanc qui suit sa demande doit lui faire prendre conscience de sa maladresse puisque je l'entends tenter de reformuler en s'empêtrant dans les mots... Mais le fait est que je ne sais effectivement pas si Harry s'est reconnecté au site, ou pas. Je n'ai même jamais pensé à le lui demander...
- Je vais même, faire mieux que ça, je vais vous le passer, comme ça vous pourrez en parler directement avec lui.
Harry se redresse un peu contre la porte en haussant un sourcil, preuve que mes propos l'intriguent. Il doit se demander qui pourrait bien appeler sur mon portable pour vouloir lui parler à lui aussi. A part pour nos familles et amis, notre relation n'a pas été rendue publique, bien que nous ayons peu d'espoir qu'avec la rentrée scolaire notre secret le reste encore longtemps...
- Très bien, excusez-moi si j'ai été maladroit...
- Il n'y a pas de mal, ne vous en faites pas, quoi qu'il vous réponde, ce n'est pas à vous que j'en voudrais... Le regard perdu de mon compagnon me fait sourire un peu plus, et le hoquet de surprise de mon interlocuteur m'aura fait ma journée. Je vous le passe, précisé-je en tendant mon téléphone à Harry qui m'interroge du regard.
Je lui réponds d'un simple clin d'oeil avant de récupérer le petit monstre qui a entrepris de me monter sur le dos. Je dois encore m'assurer qu'il se brosse les dents et qu'il change de tee-shirt avant que nous ne partions pour l'école.
Je n'entends plus les questions de Jack, mais seulement les réponses d'Harry, et même si je n'écoute pas particulièrement, je m'amuse de l'entendre décliner son identité pour que Jack puisse renseigner sa base de données. Après un rapide passage par la salle de bain, nous entrons de nouveau dans la chambre de mon fils, tous les deux pour récupérer le cartable, et le fameux tee-shirt qui remplacera celui sur lequel s'étale une splendide tâche de confiture de framboise, quand Harry remercie son interlocuteur et raccroche en soufflant.
- Si je m'attendais à ça, ce matin...
Je termine d'aider Freddie à enfiler la seconde bretelle de son cartable en pouffant.
- Moi je trouve ça plutôt sympa, qu'il assure une sorte de « service après vente » comme ça...
H me sourit à son tour en s'approchant pour me voler un baiser, faisant grimacer mon fils alors que retentit un sonore « Beurk » comme il quitte sa chambre en courant.
Dès qu'il a été clair pour nous deux que nous voulions construire une relation ensemble, nous avons expliqué à Freddie que son papa était amoureux de son maître d'école... et ça nous a valu de belles grimaces ! Pas de savoir son père amoureux d'un homme, non, ce qui l'a le plus embêté, comme il nous l'a exprimé de toutes les manières possibles, c'est de se dire que maintenant, il aurait deux maîtres sur le dos à la maison, en plus de l'école...
Mais il adore H, qui le lui rend bien, et malgré tout ce que peut en dire ma tornade blonde, je sais qu'il est heureux quand Harry passe du temps à la maison.
- Tu as eu peur ?, me demande-t-il, joueur, en entourant mon cou de sa main pour m'empêcher de me soustraire à sa prise, tandis qu'il fait courir ses lèvres sur ma nuque, me faisant frissonner de bien-être.
- Pas le moins du monde... J'aurais dû ?
Ma déclaration le surprend et il relève la tête, indigné.
- Même pas un petit soupçon d'inquiétude ? J'aurais pu rester connecté !
Son air bougon me fait rire, et je ne peux pas m'empêcher de le provoquer.
- Tu l'as fait ?
Un sourire en coin étire ses lèvres et chasse son expression boudeuse comme il se rapproche de moi pour murmurer tout contre mes lèvres :
- Bien sûr que non... Il n'y a eu que toi depuis notre toute première nuit... et il n'y aura que toi pour autant de temps que tu voudras bien de moi...
Sa déclaration me touche, même si ce n'est pas la première fois qu'il me confie n'avoir rencontré personne par l'intermédiaire du site à part moi, et je l'embrasse délicatement pour lui montrer l'effet que me font ses mots.
- Fais gaffe à ce que tu dis... Tu risques de rester coincé avec moi pour longtemps...
Cette fois c'est lui qui m'embrasse, avec un peu plus de passion, tout en me serrant étroitement contre lui.
- Roh, mais c'est pas possib' !
Le cri de Freddie nous interrompt et nous tournons la tête tous les deux pour le découvrir sur le pas de la porte, cartable sur le dos et poings sur les hanches.
- Ça, c'est ma chambre ! C'est pas un endroit pour faire des bisous ! Et puis de toute façon, c'est l'heure d'aller à l'école !
J'éclate de rire devant la mine colérique de mon fils et Harry se joint à moi, tout en se dégageant de mon étreinte pour attraper Freddie et lui faire des chatouilles. Mon fils éclate de rire à son tour en le suppliant de le lâcher alors qu'Harry quitte la chambre avec son précieux fardeau, pour rejoindre l'entrée où nous attendent nos cartables pour ce jour de rentrée un peu spéciale. Les voir comme ça fait diminuer le stress, inhérent à ce genre de journée, que je ressentais jusque là.
Parce que, quoi qu'en diront nos collègues, quoi qu'en diront les parents d'élèves, je suis enseignant, je suis père, et même si je suis amoureux d'un homme, mon collègue, ça ne changera rien à ces états de fait. Je ne serai pas moins bon enseignant, ou moins bon père parce que j'entretiens une relation avec un homme. Par contre je risque d'être encore meilleur enseignant, et encore meilleur père, si je suis heureux. Et aujourd'hui, grâce à un simple clic sur un moteur de recherche et à une inscription sur un site encore discret, je peux dire que je le suis, heureux.
Et le sourire des deux hommes qui partagent ma vie me confirme que je ne suis pas le seul, alors que nous fermons la porte de mon appartement pour affronter, ensemble, une nouvelle année scolaire.
J'espère que cette petite histoire vous aura plu, n'hésitez pas à laisser une petite étoile, et si le coeur vous en dit, un petit commentaire 😉
Merci de m'avoir lue
Seviasol
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