Chapitre XXXVI - Partie 2

Se reprenant petit à petit, Oliver desserra l'étreinte, passa sa main sur son visage pour essuyer les larmes qui avaient été nombreuses à couler et il recula des bras de la jeune stagiaire qui le regardait, le cœur battant. Et sans comprendre sa réaction, elle le vit tourner les talons et sortir de la salle en courant. Elle expira silencieusement par la bouche pour essayer de se reprendre, sentant son cœur battre encore à pleine vitesse, et elle se dirigea vers son professeur de littérature.

-Tu vas bien ?

Elle hocha la tête positivement, sans oser le regarder droit dans les yeux. Cette scène lui avait fait tant de peine.

-Je vais aller voir madame Rosenfield pour qu'elle remplisse un papier en rapport avec ton stage. Tu veux venir avec moi ?

-Non, dit-elle enfin à voix basse, je vais vous attendre sur le canapé. J'ai besoin d'être seule.

Monsieur Hantz acquiesça de la tête, la feuille de stage en main.

-Ça ne sera pas long. Si tu changes d'avis, n'hésite pas à venir dans le bureau.

Elle hocha la tête que oui et lorsqu'il tourna les talons pour se diriger vers le bureau de madame Rosenfield, elle se pressa d'aller s'asseoir sur un canapé mais non celui d'Oliver. Une sueur chaude lui traversait le corps.

Clara s'était tant attachée à ce lieu, aux personnes qui rendaient ce lieu ce qu'il était, aux personnes qui rendaient cet endroit vivant et attachant. Jamais elle n'aurait imaginé en faisant ce stage qu'elle serait autant bouleversée. Adeline avait tellement progressé depuis Lundi, Oliver s'était tant confié comparé au début, et madame Rosenfield n'avait jamais vu ses ''patients'' s'améliorer autant en si peu de temps. Clara avait su s'y prendre, elle avait su comment s'adresser à eux, comment les mettre en confiance, et tout cela inconsciemment, elle qui avait tant peur de ne pas être à la hauteur. La tête entre les mains, la jeune fille pensait. Cette vie d'une semaine, presque idéale, allait se terminer dans peu de temps, et la routine allait de nouveau surgir, elle allait de nouveau pleurer, se faire humilier et se détester. Pourtant ici, on lui avait appris à s'aimer, à lui faire rendre compte de ses capacités et de ses qualités. Oliver, ce jeune homme qui avait bouleversé sa vie, Adeline, cette femme qui lui avait tant appris sur elle même, tous allaient lui manquer. Elle voudrait rester ici, ne plus jamais devoir retourner au lycée, mais tout avait une fin comme l'avait si bien dit madame Rosenfield en début de journée. En effet, tout avait une fin, et c'est ce qui était le plus décevant. N'avait-elle pas le droit d'être heureuse ? Si Jordi n'était pas apparu et n'avait pas pris une place considérable dans sa vie elle ne serait surement plus de ce monde. Elle avait tant de mal à s'adapter à la terre, aux humains qui l'occupaient. Elle se sentait si différente, si éloignée des autres. Elle n'avait jamais gardé d'amies près d'elle, tous s'en étaient allés et elle se retrouvait toujours seule. Mais maintenant Jordi était là, monsieur Hantz essayait de l'aider et elle espérait au fond d'elle que tout cela suffirait, même si elle en doutait fortement.

La porte du bureau s'ouvrit trente-cinq minutes plus tard. Clara se leva du canapé et contourna celui-ci pour rejoindre madame Rosenfield et monsieur Hantz arrêtés devant la porte du bureau lui même. Ils s'échangèrent tous deux un sourire avant de se tourner vers la jeune fille qui venait de se placer face à eux.

-Étant donné que votre professeur est venu, je vais vous épargner la discussion prévue à dix-sept heures. Je lui ai expliqué tout ce que vous aviez fait pendant la semaine et j'espère réellement que vous reviendrez nous voir de temps à autre Clara.

Clara serra la main que lui tendait la dame qui l'avait engagé pour la semaine.

-Je ferais vraiment tout mon possible pour revenir. Merci de m'avoir engagé pour la semaine, je ne me doutais pas que ça me plairait autant et je vous en suis très reconnaissante.

-C'est plutôt à moi de vous remercier, vous laissez une trace de votre passage si considérable. Vous avez fait du bien dans cette maison.

-Je vous remercie.

Monsieur Hantz tendit sa main que madame Rosenfield serra en souriant.

-Je vous remercie une dixième fois, dit-il en souriant. Il se tourna vers Clara. Souhaites-tu faire quelques chose avant de t'en aller ?

Clara se tourna et vit la chaise habituellement occupée par Adeline inoccupée. La salle était totalement vide. Elle se retourna vers madame Rosenfield.

-Où est Adeline ?

-Comme chaque vendredi ils sont tous parti dans un chalet à vingt minutes de là pour changer d'air. Ça leur fait toujours du bien.

-Je n'ai pas dit au revoir à Adeline et à Oliver.

-Ne vous en faites pas, Adeline a compris que vous deviez vous en aller, et je lui dirais que vous l'embrassez fort si vous le souhaitez. Quant à Oliver, je pense que votre enlacement de tout à l'heure était pour lui un au revoir.

Remarquant le regard déçu de la jeune fille, madame Rosenfield posa sa main sur l'une des épaules de Clara.

-Je leur expliquerais tout, ne vous tracassez pas pour cela. Et vous reviendrez, alors ils vous pardonneront.

Clara hocha la tête, l'espérant au plus profond d'elle. Monsieur Hantz salua madame Rosenfield, suivit de Clara, puis ils sortirent tous deux de la maison spécialisée. Cette maison qui avait tant changé la jeune fille et ceux qui occupaient ce lieu. Arrivés près de la voiture de monsieur Hantz, celui-ci tendit un dossier à Clara qu'il tenait dans ses mains depuis sa sortie du bureau.

-Tout ce dont nous avons parlés, madame Rosenfield et moi, est dedans.

Elle le prit soigneusement et le colla contre son ventre à l'aide de ses deux bras.

-Tu as fait un travail formidable, madame Rosenfield est plus que satisfaite de toi. Quant à moi, je suis vraiment très fier de toi.

-Merci. C'est surtout grâce à vous et votre idée de stage, sans ça, je n'aurais pas pu accomplir ce que j'ai apparemment accomplis durant la semaine.

Le ciel gris virant au noir gronda fortement. La pluie n'allait pas tarder à tomber. Monsieur Hantz observa le ciel un moment avant de reporter son regard sur son élève.

-Tu veux que je raccompagne ?

Elle hocha la tête que non en serrant le dossier contre elle.

-J'ai besoin de marcher.

-Tu es sûre ? Je peux te ramener chez ta tante si tu le souhaites, ça ne me dérange pas, d'autant plus qu'il va pleuvoir et que le dossier sera surement trempé.

-Je n'habite plus chez ma tante. Je suis parti de chez elle.

-Tu es parti ? Mais tu habites où maintenant ? Demanda t-il en fronçant les sourcils.

-Je suis chez Jordi pour le moment.

Le professeur de littérature hocha la tête. Il semblait rassuré.

-On se voit lundi alors. Passe une bonne soirée Clara.

-A vous aussi monsieur.

Il ouvrit la portière de la voiture en acquiesçant de la tête et s'installa devant le volant. Il démarra et Clara regarda la voiture s'éloigner avant de rentrer, à son tour. Mais comme son professeur lui avait dit, la pluie se mit à tomber de façon violente. Elle plaça alors le dossier entre son t-shirt et sa veste, ferma les boutons de celle-ci et se mit à courir à travers les rues. Le temps était sombre et les voitures roulaient prudemment.

Lorsqu'elle arriva dans l'appartement de Jordi, dégoulinant de partout, elle le vit allongé sur le canapé du salon, endormi profondément, les cheveux en bataille. Clara se déplaça silencieusement jusque dans la chambre, posa le dossier sur le lit qui était, par chance, intact, et elle alla prendre sa douche. Cela fait, elle prit place sur le lit, en tailleur et ouvrit le dossier. Il comportait plusieurs pages. Une attira son attention en particulier.

Clara fut une stagiaire particulièrement intéressante. Auparavant, je n'acceptais les stagiaires, ayant peur que ceux-ci ne savent s'y prendre, mais Clara m'a démontrer le contraire. Sa persévérance, sa patience et sa gentillesse ont changés bien des choses. Une des ''patientes'' qui n'avait plus goût à rien a trouvé grâce à Clara, une activité et ne s'arrête plus. Le sourire est en permanence scotché à son visage. Un autre ''patient'' qui ne s'adressait à personne et qui s'emportait si vite s'est transformé. Dorénavant il est calme et malgré le fait de ne toujours s'adresser à quiconque, il a montré, en s'attachant à Clara, qu'il pouvait s'attacher à autrui. Clara a eu une importance majeure au sein de cet établissement, et en aucun cas je regrette de l'avoir eu comme stagiaire du lundi matin au vendredi soir. Elle a su nous démontrer que rien n'était perdu et qu'avec de la persévérance et de la patience, on peut arriver à faire de grande chose ! Je ne saurais que dire de plus, a part dire que Clara est une jeune fille extraordinaire et qui a changé tant de choses en si peu de temps. Jamais elle ne doit oublier qu'elle est capable d'accomplir de grandes choses, tout lui est à portée de mains ! Il ne faut jamais l'oublier !

-Madame Rosenfield.

Clara tourna la page et vit une petite enveloppe blanche entre deux feuilles. Elle la prit entre ses mains, l'ouvrit, et retourna l'enveloppe pour que son contenu puisse tomber sur le lit. Un papier rectangulaire lui attira l'attention. Lorsqu'elle le retourna, elle resta la bouche entrouverte. Madame Rosenfield lui avait adressé un chèque de deux cent euros alors que le stage ne devait être fait en échange d'une quelconque somme.


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