Chapitre XXXIX

Malgré les conseils proférés par Jordi de rester au lit le lendemain, Clara se leva, mangea un biscuit sans pour autant avoir faim et alla se préparer. Devant le miroir de la salle de bain, elle prit sa brosse à cheveux et la passa dans ses longs cheveux bruns. Même si elle se maquillait peu, elle aimait prendre soin d'elle, et par dessus tout de ses cheveux. Sa mère avait la même chevelure. Ceci fini, elle reposa la brosse et était sur le point de se maquiller les yeux lorsque son regard se posa sur son cou. Elle revoyait les mains d'Anthony, elle revoyait son expression faciale. Jamais elle n'oublierait son visage, il avait les yeux plissés et un sourire en coin, comme si il aimait faire du mal, faire souffrir. Cette scène la répugnait. Elle lâcha soudainement son maquillage sur le sol et se jeta sur la cuvette avant de vider le peu de choses qui se dirigeaient dans son estomac. Les cheveux dans la cuvette, le visage pâle, elle respira lentement, et se pencha de nouveau dans la cuvette pour sortir ce qui restait encore dans son organisme.

-Clara ça va ?

Elle se laissa tomber près de la cuvette, la tête en arrière. Elle avait si honte. Jordi se dirigea vers elle, lui apporta un papier pour s'essuyer la bouche et s'est accroupi à ses côtés.

-Ce n'est plus un choix maintenant. Je veux que tu restes ici pour te reposer.

-Je vais devoir rattraper pleins de cours et...

-Je trouverai quelqu'un de ta classe pour qu'il puisse te prendre le nécessaire.

Elle baissa son regard vers le papier avec lequel elle s'était essuyée la bouche. Elle était revenue heureuse au lycée, et l'enfer continuait désormais. Ça n'allait donc jamais finir. Jordi posa un baiser sur le front de la jeune fille et se releva pour se placer face à elle.

-Je te promets que je n'irais pas voir Anthony, je vais l'ignorer, tu as ma parole. Et toi, tu dois me promettre que tu vas te reposer d'accord ?

Elle hocha la tête affirmativement. Jordi se dirigea vers la sortie de la salle de bain, et avant de passer le seuil de la porte, il se retourna, gêné, un petit sourire en coin.

-Je t'aime Clara.

La jeune fille haussa son regard vers lui, se forçant à sourire en retour.

-Je t'aime aussi Jordi.

Il passa alors la porte et se pressa d'enfiler sa veste avant de sortir pour prendre le bus qui allait bientôt arriver à son arrêt. Si il le loupait, c'était foutu, il allait devoir attendre le prochain dans le froid, et il détestait le froid. Il le haïssait même.

La journée de Jordi fut composée de regards entre lui et Anthony, et de Lola à chaque instant derrière lui. Il avait beau lui répondre sèchement ou ne lui répondre que par un simple oui ou un simple non, elle ne semblait vouloir comprendre qu'il en avait totalement rien à faire d'elle. Lola croyait avoir le feu vert lorsqu'il n'était avec Clara. Elle persistait à croire qu'elle lui faisait de l'effet, mais cette catégorie de fille dégouttait maintenant entièrement Jordi. Plus il se trouvait loin des filles artificielles et mieux il se sentait. Trouver une personne pour pouvoir prendre les devoirs de Clara ne fut non plus une chose facile. Même en faisant du charme aux filles de sa classe, elles se sentaient obligés de dire non, ou elles se feraient humiliés à leur tour par Anthony et sa bande. Au final, il demanda, gentiment à Lola de les lui prendre. Elle refusa au départ, puis sous le regard séducteur du jeune homme, elle accepta. Jordi reçu de même de nombreux messages d'Anthony. Tous étaient emplis d'excuses et il voulait absolument lui parler, lui expliquer, mais Jordi les ignora tous, autant les uns que les autres, finissant même par ne plus les lire.

A dix-huit heures dix précise Jordi passa la porte d'entrée. Il posa son sac dans le salon, alluma la télévision et accrocha sa veste sur le porte-manteau. Lorsqu'il tendit l'oreille, il remarqua qu'aucun bruit ne se faisait entendre, ce qu'il trouva fort bizarre puisque Clara était censée être, elle aussi, dans l'appartement. Il marcha alors lentement vers la chambre, sur ses gardes, et ouvrit doucement la porte de la chambre. Il était clair qu'il aurait pu s'attendre à tout sauf à ça. Clara se trouvait debout, devant le lit, les cheveux attachés mais tombant tout de même légèrement sur la longue et merveilleuse robe qu'elle portait. Il resta les yeux grands ouverts, brillants, et la bouche entre-ouverte. Jamais il n'avait vu une fille aussi belle, sincèrement. La robe était de couleur noir brillante.

Il bégaya.

-Tu... Tu es juste, ouah, tu es magnifique Clara.

Elle répondit d'un sourire et tourna sur elle même pour faire voler la dentelle au bas de la robe. Jordi resta stupéfait, n'arrivait à cligner des yeux, ayant peur qu'une telle beauté puisse disparaître et que tout cela n'était qu'un rêve.

-Que me vaux cette honneur ?

-Elle te plaît ?

-C'est toi qui me plais.

Elle s'assura en passant sa main sur ses cheveux que sa coupe tenait encore en place puis elle marcha vers Jordi, tenant chaque côté de la robe dans ses mains pour qu'elle puisse marcher sans se prendre les pieds dedans.

-C'est pour la fête.

Il haussa les sourcils.

-La fête ? Il se racla la gorge. Je ne pense pas que ça soit une bonne idée. En réalité je préfère te payer un restaurant plutôt que d'y aller. Je le sens très mal, reprit-il gêné.

-Pourquoi tu ne veux plus ? Je ne te plais plus ?

-Bien sur que si ! Rétorqua t-il subitement. Tu me plais d'avantage de jours en jours. Mais je croyais que tu ne voudrais y aller depuis ce qu'il s'est passé.

Elle s'arrêta en face de lui.

-Je le pensais aussi. Mais le fait de ne pas y aller montrerait que je suis lâche, que je n'ai aucun courage. Alors je veux y aller. Je veux montrer que peu importe ce qu'il se passe, je me relève, et je continue à vivre.

-Ce n'est pas une question de courage. J'ai même envie de te dire qu'on s'en fiche de ce que pense les autres, c'est surtout à toi que je pense.

-Eh bien moi je veux y aller.

Il hocha la tête que c'était décidé, qu'ils allaient y aller, coute que coute.

-Je viendrais te chercher après les cours. La fête commence à dix-neuf heures. On y sera normalement avant, puis tu ne me quitteras pas d'une semelle, d'accord ?

-C'est d'accord.

Il s'empressa de cacher sa déception d'y aller et posa ses lèvres sur celles de sa petite amie qui sentait merveilleusement bon et qui était magnifiquement belle. Si cela lui faisait plaisir d'y aller, alors ils allaient y aller. Tout ce qu'il voulait, c'était le bonheur de sa petite amie, c'était tout.


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