Chapitre XXXII

Clara se trouvait devant la maison dans laquelle elle allait faire son stage du Lundi matin au Vendredi soir. Elle sentait son corps trembler et sa respiration ne se stabilisait pas, elle appréhendait réellement ce qui allait pouvoir se passer dans cette maison. Allait-elle réellement aimer ce métier ? Allait-on être aimable avec elle ? Elle respira un bon coup, s'assura que son sac tenait bien sur son dos et avança. Son cœur tremblait dans sa poitrine. La porte coulissante passée, elle se dirigea à l'accueil et se présenta. La dame fut fort aimable et lui demanda d'attendre dans la petite salle qui se trouvait juste à gauche de l'accueil, ce qu'elle fit. Eut-elle le temps de rester assise cinq minutes sur une des chaises présentes dans la salle d'attente que la dame qui s'occupait de cette maison spécialisée qu'elle avait vu quelques jours auparavant se présenta à elle. Madame Rosenfield était en toute occasion souriante et possédait une belle chevelure noire qui lui tombait sur les épaules. Elle expliqua qu'elle n'avait jamais encore eu de stagiaires dans ce lieu et qu'en réalité elle ne savait pas comment lui faire occuper tout son temps durant la semaine. Elle proposa à Clara de se familiariser avec les lieux pendant qu'elle-même devait filer en réunion, ce qu'elle fit après avoir décrit a peu près les couloirs ainsi que les parties composants cette grande maison.

Les couloirs étaient de couleur bleu pâle, un peu comme celui du ciel à certain moment de la journée, lorsqu'on ne peut dire qu'il est clair, ni qu'il est foncé. Elle marchait le long des couloirs. La maison était immense. Il y avait une grande salle de divertissements où les personnes habitant ici pouvaient venir jouer aux cartes, regarder la télé, parler, dessiner, jouer à des jeux de sociétés, aller sur l'ordinateur, jouer à la wii. Tout était mis en place pour que les personnes puissent s'y sentir bien dans cette jolie maison. Il y avait une douche dans chaque chambre, une grande fenêtre pour laisser passer la luminosité et un grand lit semblant fort confortable.

Clara prit place sur un canapé en cuir une place face à la télé. Celle-ci était collée en hauteur au mur et une fenêtre se trouvait juste à sa droite. La vue était réellement magnifique.

-C'est mon canapé.

La jeune-fille sursauta de surprise et se retourna. Un jeune homme âgé d'environ seize ans se trouvait derrière le canapé, debout. Les cheveux assez courts, châtains, de taille d'un mètre soixante a peu près et les yeux marrons, il ne la quittait pas du regard. En tant normal, elle aurait considéré ce regard empli de haine, mais en s'y attardant plus, elle se rendit surtout compte qu'il semblait surprit de la voir ici, et quelque peu perdu.

Il tapota sur le canapé et répéta.

-C'est mon canapé.

Elle se releva rapidement et s'écarta sur la droite de celui-ci, gênée. Il la fixa durant un instant, sans broncher, et tourna les talons pour disparaître dans le couloir. Elle posa alors son regard sur le canapé, voyant qu'elle n'avait pas rêvé et qu'il était bien vide. La fenêtre l'attirant du regard, elle se plaça en face et admira l'extérieur.

Une petite clochette se fit entendre dans la totalité de la maison. Le peu de personnes qui se trouvaient dans la grande salle sortirent. Clara les regarda s'éloigner et se décida enfin à les suivre, peut-être était-ce une alarme incendie. Elle suivit un grand garçon avec des lunettes sur le nez, de taille d'environ un mètre soixante-dix et tourna après lui à gauche. C'était l'heure du repas. Elle leva la manche de son bras rapidement, il était déjà midi.

Sa cuillère dans son bol, elle tournait la soupe se trouvant à l'intérieur pour que tout puisse se mélanger convenablement. Madame Rosenfield prit place sur la chaise près d'elle, remarquant que la jeune stagiaire se trouvait seule à cette table ronde et posa son plateau avant de boire une gorgée de sa soupe, assoiffée.

-Alors, comment s'est passée votre matinée ? Demanda t-elle.

-Bien, j'ai été voir comment étaient les salles. La matinée est passée plutôt vite.

La dame apporta sa cuillère dans sa bouche en souriant.

-Le temps passe vite lorsque l'on aime ce que l'on fait. Et, est-ce qu'il y a eu le moindre problème avec quelqu'un ? Car j'ai oublié de vous le mentionner, mais au moindre problème vous devez venir m'en parler, que cela soit grave ou non.

-Je ne considère pas ça comme un problème, mais un jeune garçon est venu me dire que le canapé où j'étais assise est le sien. Je lui ai laissé la place mais il est parti.

La dame chercha du regard le garçon dont elle pouvait bien parler dans la cantine et fit un signe de tête en l'ayant repéré. Il s'asseyait tout juste à sa place, puis il se releva et alla chercher un dessert qu'il croyait avoir oublié de prendre alors qu'il venait tout juste de le poser sur la table devant son plateau.

-C'est lui n'est-ce pas ?

-Oui.

-Il n'est pas bien méchant ne vous en faites-pas, reprit-elle. Il est très tête en l'air, ça lui arrive d'oublier ce qu'il vient de faire auparavant. Ce qui m'étonne le plus c'est qu'il vous ait adressé la parole. Elle regarda Clara. Il ne parle habituellement jamais avec les nouvelles personnes, il a énormément de mal à créer un contact avec quiconque. Et malheureusement lorsqu'il s'adresse à quelqu'un, c'est souvent pour créer des problèmes.

-Peut-être est-ce parce que j'étais sur son canapé ?

La dame hocha la tête que non.

-Ce n'est pas son canapé. Il y est même très rarement. Il a du mal à faire des activités avec quelqu'un, il a du mal à discuter avec les autres donc c'est presque impossible pour lui de partager son avis.

Clara l'observait désormais. Il venait de s'asseoir à sa table une seconde fois, mais remarquant qu'il venait de poser son dessert à côté de son autre dessert, il fronça les sourcils et s'énerva. Il prit un dessert à chaque main et se dirigea vers la poubelle. Une dame qui travaillait de même dans cette maison spécialisée se leva pour lui interdire de faire cela, mais il lâcha tout dans la première poubelle qu'il vit avant de se faire gentiment gronder par la dame. Énervé, il est aller récupérer sa veste sur sa chaise et est sorti de la cantine sans avoir touché à son repas.

La jeune-fille se promenait désormais dans les couloirs, cherchant à voir si quelqu'un avait besoin de son aide, mais il semblait que non. Elle alla alors de nouveau dans la grande salle et s'arrêta en face de la grande fenêtre près de la télévision. Le ciel était d'un bleu extraordinaire et peu de nuages étaient présents. Ça allait être une belle journée. Elle entendit la télévision émettre un son, elle se tourna alors et vit le jeune-homme à lunettes qu'elle avait suivit pour aller à la cantine assis sur le canapé à côté du canapé du jeune garçon âgé de seize ans environ. Il semblait que personne ne voulait s'asseoir sur son canapé. Lorsqu'elle tourna la tête pour voir si quelqu'un jouait sur la table de jeux, elle vit une dame de dos, les cheveux grisonnants. Elle se déplaça alors jusqu'à elle et vit qu'elle avait a peu près une quarantaine d'année, que sa tête semblait toujours penchée sur la droite et un sourire ne disparaissait jamais de son visage. La dame semblait vouloir empiler des cartes pour pouvoir faire une sorte de pyramide, mais tout s'écroulait à tout bout de champs alors elle respira fort, déçue, et tenta une nouvelle fois d'empiler les cartes pour faire la pyramide, mais celle-ci s'écroulait encore et encore. Clara décida alors, lentement pour ne pas la brusquer, de rassembler les cartes au milieu de la table, sous les yeux attentifs de la dame, et de faire une pile qu'elle prit dans sa main.

-Est-ce que tu veux jouer avec moi ? Demanda Clara. On pourrait faire une bataille si tu veux. Tu sais ce que c'est ? Reprit-elle lentement.

-Heuuu, humm, non.

-Je vais t'expliquer les règles au fur et à mesure. Tu le veux ? On peut jouer ensemble si tu veux.

La dame tournait sa tête, réfléchissant.

-C'est très facile, crois-moi.

-Hmmm oui je...

-Tu veux bien ?

La dame hocha la tête lentement positivement sans la quitter des yeux. C'était la première fois qu'elle voyait cette jeune fille en ce lieu, ce qui la déstabilisait.

Clara, tout en souriant, mélangea les cartes et fit deux tas l'un à côté de l'autre avant d'en donner un à la dame.

-Tu ne dois pas regarder tes cartes. Tu vois la première carte de ton tas, continua t-elle en touchant avec son doigt la première carte sur le tas, tu vas la prendre dans ta main et la poser sur la table en même temps que moi. Et en fonction de ce qu'est ta carte, soit tu gagnes ma carte, soit je gagne ta carte.

-Mais... Mhhh... C'est ma carte... Je...

-Non mais tu gagneras aussi mes cartes ne t'en fais pas. Tu as compris ?

La dame hocha la tête que non.

-Regarde.

Clara prit la première carte sur son tas et la posa sur la table en la retournant. Huit noir de trèfle.

-C'est à toi de faire la même chose.

La dame se remémora ce que venait de faire Clara et l'imita. Elle prit lentement la première carte de son paquet et la posa sur la table en la retournant. As rouge de cœur. Clara rassembla alors les deux cartes et les posa près du tas de la dame.

-Tu vois, tu viens de gagner ma carte. La carte as, que tu avais, gagne contre n'importe quelle carte. Sauf si il y a un joker, mais là il n'y en a pas.

La dame hocha alors la tête que oui sans quitter son sourire. La plupart du temps lorsque quelqu'un lui expliquait quelque chose, elle ne comprenait pas et la personne abandonnait en la laissant seule à son jeu, mais là, Clara jouait avec elle et lui expliquait lentement les règles, c'est ce qu'appréciait la dame sans s'en rendre compte.

Le jeu continua, et le temps passa. La dame riait par moment et son sourire s'agrandissait lorsqu'elle gagnait une carte, et son sourire se faisait discret lorsqu'elle perdait sa carte.

-Là, pour toi, qui gagne ?

La dame se mit à réfléchir un moment, son doigt posé sur l'une de ses lèvres.

-Reine.

Clara hocha la tête que non en souriant.

-Roi ?

-Oui, reprit Clara en souriant. C'est le roi qui gagne contre toutes les autres cartes, sauf contre l'as.

La partie ne termina que deux heures après. Clara regarda discrètement sa montre, il était déjà six-heures. Elle se leva alors de sa chaise lentement pour ne pas brusquer la dame et rassembla les cartes au milieu de la table pour ne faire qu'un seul et même tas.

-Je dois partir. Mais si tu veux tu peux t'entrainer. Tu prends deux cartes et tu regardes qui gagne.

La dame la regarda en souriant mais resta les bras le long du corps. Clara prit alors les deux premières cartes du tas et les retourna sur la table.

-Sept noir de trèfle et deux rouge de cœur. Qui gagne ?

-Hmmm, heu... Sept...

-C'est ça, répondit Clara sans quitter son sourire. C'est tout à fait ça.

La jeune-fille lui fit coucou de la main puis sortit de la maison spécialisée. Ça avait été une bonne journée.

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