Hayden Collins

En raison de quelques professeurs absents, je me réveillai aux alentours des dix-heures. La première chose que je fis était envoyer un message à Logan, une chose dont j'avais pris l'habitude avec ses petits messages du soir. C'était comme ça, et pas autrement.

  Une nouvelle semaine qui commence, encore. C'est presque la fin, me motivais-je, bientôt les exams, et après à moi la liberté, la majorité, mon envol. Après cette petite discussion avec moi même, je sortis du lit pour aller prendre un petit déjeuner.

Pendant toute la matinée, je m'étais préparée, comme à mon habitude. J'attendais patiemment qu'Ellie, une amie de classe, vienne me chercher pour aller en cours. Oui j'avais récupéré ma voiture mais on s'arrangeait toujours comme ça, c'était assez pratique, et écologique selon Ellie.

J'ai donc attendue qu'Ellie arrive, et comme à son habitude elle était là pile à l'heure, soit une heure moins vingt. Les cours commençaient à une heure et il nous fallait seulement dix minutes pour nous rendre au lycée, nous avions donc dix minutes de battement. Ellie préférait avoir ces dix minutes, elle était toujours la première en classe.

Nous avons discuté du dernier épisode de Sherlock sorti la veille dans la voiture sur le chemin du lycée. Ellie m'avait faite connaitre cette série il y a quelques semaines et maintenant, j'étais une vraie fan. Nous arrivâmes au lycée alors qu'Ellie était en pleine explication dans sa théorie.

A peine sorties du véhicule, elle m'abandonna pour aller en classe, s'excusant et me promettant de me raconter la suite de sa théorie sur le chemin du retour. J'avais l'habitude.

Je resserrais mon sac sur mes épaules avant d'avancer vers les marches de l'établissement, dans l'optique d'aller récupérer quelques cahiers à mon casier avant d'aller en classe.

Tous les regards étaient braqués sur moi, on aurait dit que j'étais nouvelle ou que j'avais une tache sur mon t-shirt. Dans le doute, j'avais vérifié, mais rien. Je voyais des petits groupes de filles parler entre elles et rire en me regardant. Je tentais de ne pas y prêter attention et continuais ma route, essayant de ne pas me faire remarquer.

Ce n'est qu'en entrant dans le hall que je compris pourquoi ils riaient tous.  Les casiers et murs étaient recouverts d'une photo de moi. Une photo dont j'ignorais l'existence. J'étais dénudée dans ce qui semblait être l'arrière d'une voiture. Je ne cherchais même pas à savoir qui avait fait ça, et dans quel but. Mon cœur battait à 100 km/h, il allait presque sortir de ma poitrine. Plus mes yeux parcouraient les couloirs, plus les larmes montaient. Il n'y avait pas une dizaine de photos, non, bien une centaine. Les gens riaient, me fixaient avec un sourire moqueur, tandis que mes pieds étaient englués à ce foutu sol.  J'étais presque sure de faire un malaise à ce moment là, à la limite j'aurais préféré, mais non, j'étais bien consciente et témoin de tout ce qui se passait autour de moi, sur moi.

Un groupe de filles passa a mes côtés et me tendit une de ces foutues photos, me demandant un autographe. Je ne comprenais pas. Qu'avais-je fais pour mériter ça ?

Quelqu'un arriva et me prit par les épaules, me tirant dans le couloir. Je tournais les yeux pour voir mon frère, une mine énervée et prêt à défoncer tout ce qui pouvait se mettre sur son chemin. Je ne dis rien, je me laissais me tirer à travers le couloir. Seule, je n'aurais pas été capable de faire un seul pas.

- Où va notre future star du porno ? Ricana une voix, cette voix.

Je ne voulais pas me retourner pour donner la satisfaction à Kim de me voir pleurer. Elle faisait de ma vie un enfer, après m'avoir piqué mon copain, j'étais presque sure qu'elle était à l'origine de tout ça.

Enzo ne répondit rien, seulement un joli geste de son majeur qui sembla clouer le bec de la bécasse.

Nous entrâmes dans les toilettes où des filles hurlèrent en voyant Enzo entrer dans cette pièce normalement destinée aux personnes de sexe féminin. Il leur fit comprendre de dégager, ce quelles firent non sans ronchonner. Je n'avais jamais vu Enzo dans cet état, il fulminait.

A présent seule avec mon frère, je pouvais enfin craquer. Mon dos contre le mur, je me laissais tomber contre celui ci, incapable de tenir sur mes jambes plus longtemps. Mon frère ne dit rien, ce qui était sans doute mieux, et s'accroupit à mes côtés pour tenter de me rassurer avec ses gestes. Rien ne pouvait changer ce qui venait de se passer. Je devais sortir de cet enfer.

- Appelle Ava ou Lucy, je reviens d'accord ? dit Enzo avant de déposer un baiser sur mon front et de partir aussi vite

Je sortis mon téléphone et appelais Ava, elle allait pouvoir me sortir de là, je le savais.

Chose faite, j'attendais. Les secondes me paraissaient être des heures, et j'avais l'impression que d'une minute à l'autre, j'allais exploser intérieurement. Après une attente interminable, la porte s'ouvrit sur mon amie. On aurait pu se demander laquelle d'entre nous était la plus soulagée de voir l'autre. Elle s'approcha directement de moi, se mettant à genoux à mes côtes.

- Hayden, chérie, je suis là, c'est fini, murmura t-elle en me prenant dans ses bras.

Je la regardais, tentant au mieux de ne pas pleurer à nouveau et la serrait fort dans mes bras. Ava était une vraie amie, malgré tout ce qui pouvait bien nous séparer, je savais que je pouvais compter sur elle. Elle m'aida à me relever pour me sortir d'ici quand la porte s'ouvrit.

Kim se tenait là, dans l'entrée des toilettes, son fidèle sourire hautain et moqueur aux lèvres. Si seulement je n'avais pas été dans cet état, je lui aurait refait le portrait, et pourtant Dieu sait que je ne suis pas de nature violente.

Elle s'adressa à Ava, toujours de manière supérieure, mais quand cette dernière lui répondit, elle ferma son clapet. Elle pouvait dire ce qu'elle voulait, personne ne battait Ava verbalement, elle pouvait vous enchaîner pendant des heures et vous réduire à néant rien qu'avec des mots.

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J'émergeais d'un sommeil profond, toujours chez Ava, mes yeux me piquant du au fait que j'ai surement trop pleuré. Tout dans ma tête était un bazar monstre, mes pensées étaient embuées, nous n'avions pas parlé de ce qui s'était passé avec Ava, et c'était peut-être mieux comme ça. En y repensant, j'avais juste envie de fondre en larmes à nouveau, mais c'est comme si j'avais épuisé mon stock, comme si je ne pouvais plus pleurer. La douleur était bien présente, je me demandais encore pourquoi on m'avait fait ça, dans quel but, et surtout combien de temps ça allait durer. Pleurer n'arrangeait rien je le savais, et je l'avais bien compris depuis la disparition de ma mère. La seule chose que je voulais à ce moment précis était de m'enfermer dans une grotte et de disparaître de la circulation jusqu'à ce que tout ça se tasse, histoire qu'on m'oublie un peu.

Pourquoi lorsque vous parvenez à gagner un minimum de confiance en vous, quelque chose arrive et réduit à néant vos efforts et votre progression ? Aucune réponse, on dira que c'est le destin, que c'était comme ça que ça devait se passer, que si c'est arrivé, c'est que je le méritais, en quelques sortes.

Absorbée dans ma réflexion, je n'avais pas remarqué que ma meilleure amie se tenait à quelques mètres, dans la cuisine, au téléphone.

- elle te le dira elle même, c'est surement mieux, dit elle à son interlocuteur en me regardant

Je lui fit les gros yeux, me demandant dans quoi elle me foutait encore, tandis qu'elle s'approcha de moi en me faisant signe de prendre le téléphone qui soit dit en passant était le mien. Un bref coup d'œil sur l'écran me fit savoir que c'était Logan au bout du fil. Je l'avais oublié avec tout ça. Peut-être que d'entendre un peu sa voix, lui qui est loin de tout ces problèmes, m'aiderait un peu à penser à autre chose. Je ne pouvais pas faire marche arrière et lui raccrocher au nez, j'allais lui parler.

- Logan ? C'est moi, dis-je doucement, la voix tremblante, je.. je vais bien, juste.. Je sentais ma voix se briser, les larmes remontant, c'est une longue histoire, t'as du temps là ?

- Oui bien sur, répondit-il à la hâte, j'ai tout le temps qu'il faut, tu vas bien, tu.. tu pleures là ? Quelqu'un t'a fait quelque chose ? Il débita toutes ces questions à une vitesse déconcertante.

Ma meilleure amie me fit un rapide geste de main avant de prendre son téléphone et ses cigarettes et de quitter l'appartement, me laissant seule avec Logan au bout du fil.

Que lui dire ? Par où commencer? Pour qui me prendra t-il en sachant qu'une photo de moi en sous-vêtements traîne dans mon lycée ? Me prendra t-il pour une fille facile? Ce serait compréhensible, après tout on ne se connait pas ...

- Laisse moi t'expliquer Logan, soufflai-je doucement, mais ne m'interromps pas s'il te plait..

- C'est promis princesse, je t'écoute, répondit-il d'une voix calme..

Il fallait que j'en parle à quelqu'un. C'était le moment ou jamais. Je pris une grande inspiration avant de commencer ce récit au bout du quel j'allais à coup surs finir en larmes.

- Ça faisait presque un an que nous étions ensemble lorsqu'il m'a quittée..

***
Quatorzième chapitre ! Nous n'apprenons rien de bien intéressant ici, c'est un autre pdv! Promis dans le prochain chapitre vous aurez (enfin!) la discussion Logan/Hayden. Laissez vos avis! Dédié à Obrichlin ! :)