I : Iris Bâtard

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Je me rappelle de notre arrivée dans l'internat du lycée Louloudi. Fin août, le ciel était dégagé et je voyais quelques larmes couler lentement sur les joues de ma mère. C'était la première fois que j'allais quitter le cocon familial et elle stressait plus que moi. Nous avions poussé ensemble la grande porte en bois de l'internat et étions tombées sur le directeur, Mr Montgomery, que l'on a rapidement surnommé Mr Burns. Il ressemblait en tout point de vu au personnage de fiction. Il avait un long nez crochu, le teint blafard et le haut de son crâne était dégarni. Il aimait porter des costumes de couleur sobre et intimider ses élèves avec son regard menaçant.

Mais, ce jour-là il était de bonne humeur. Il m'avait aidé à porter ma valise et m'avait montré où se situait la chambre que j'allais partager avec une fille prénommée Lara. J'avais ouvert la porte et avait fait sa rencontre. Ses grands yeux verts teintés de gris avaient rencontré les miens, d'un bleu profond, et en un instant je su que l'on allait bien s'entendre.

Notre chambre était tellement grande. Elle était décorée de manière assez ancienne, rappelant aisément le style Louis XVI sous l'influence de Marie-Antoinette. On avait chacune un grand lit double à baldaquin avec de beaux tissus émeraudes. Les murs étaient d'une couleur pastel, mais le plus impressionnant était le haut plafond orné de moulures dorées et de dizaines de compositions florales.

Le long du mur face à nous se trouvaient de grandes bibliothèques dorées avec de beaux livres et quelques bougeoirs. Je me souviens avoir longuement regardé le sol, un magnifique parquet ancien avec par-dessus un grand tapis bordeaux et doré au motif floral rappelant le plafond. On se serait cru dans une pièce de château à l'époque des nobles et de la royauté. « Et ce n'est pas tout ! » m'avait dit Lara avec un regard espiègle face à mon air ébahi. « Tu n'as pas vu la salle de bain... ».

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Cela fait un an et trois mois maintenant que je suis ici, entourée de mes amies. On a entamé notre deuxième année de BTS et même si l'on est qu'en Novembre, on a déjà vécu plein de moments forts, mais pas comme celui que l'on est en train de vivre. J'ai un mauvais pressentiment...et mon instinct ne me trompe jamais.

Je regarde les filles une à une avant d'enfin poser mes yeux sur Manon. Elle s'apprête à nous expliquer la cause de tout ce remue-ménage. 

Des perles de sueurs roulent de son front jusque sur ses joues, ses fins cheveux blonds lui collent au visage et de fines poches rouges se sont formées sous ses beaux yeux bleus, tranchant avec son teint pâle, pourtant si joli.

Elle semble regarder quelque chose que je ne vois pas jusqu'au moment où ses yeux se posent sur nous. Elle ouvre la bouche, puis la referme, ne sachant pas par où commencer, et cela plusieurs fois. Je m'approche d'elle, m'assied à ses côtés et l'enlace afin de lui donner du courage.

 Merci Julie, dit-elle avec un regard plein de tendresse. Elle prend une grande inspiration puis commence. Quand je suis partie chercher ma voiture avec Sam, au moment de la garer sur le parking des professeurs, j'ai coupé le moteur, et un garçon est apparu comme par magie sur la banquette arrière.

— QUOI ? nous écrions nous d'une même voix.

 Avec Sam on a sursauté...et on a hurlé...et...et... il a disparu, continue-t-elle en bégayant. On en est sorti toutes tremblantes. Et là il se tenait derrière la voiture, face à nous.

Comment c'est possible ? Un humain ne peut pas apparaître puis disparaître comme ça.... surtout pour réapparaître un peu plus loin ? Il n'y a que dans les films que ce genre de chose arrive.

 Il était comment ? demande Camille.

On est pendues à ses lèvres, attendant la suite des explications. Et c'est alors que Sam qui n'avait pas pris la parole depuis son réveil, relève la tête.

 Il avait un regard sombre, plus sombre que la nuit...et des cheveux couleurs de Jais. Il avait une cicatrice sur la joue, et l'expression sur son visage...il était effrayant.

Alors que je regarde distraitement par la fenêtre, mes yeux rencontrent les siens...ce n'est pas possible... il esquisse un sourire. Mon sang ne fait qu'un tour.

 Seigneur, Jésus, Mary Poppins...ce ne serait pas lui ? dis-je en montrant la fenêtre d'un signe de tête sans quitter son regard un instant alors que les filles se retournent.

Je me lève du fauteuil sur lequel j'étais assise et les filles se mettent derrière moi. Son sourire s'élargit mais il ne détache pas son regard du mien. Je relève un sourcil interrogateur. Il se met à rire. Il résonne dans mes oreilles, il est rauque, puissant, moqueur.

Je sens des mains serrer mes bras, les filles ont peur, c'est évident. Je rassemble le peu de courage qu'il me reste et je m'approche de la fenêtre. Cette fois-ci c'est à son tour de relever un sourcil. Je lève un bras et commence à attraper le rideau, mais je me stoppe net.

Il vient de me faire un clin d'œil, et maintenant nous fait une brève révérence. Je le regarde s'éloigner dans la nuit mais en un instant il disparut. Je tire le rideau et me retourne. Je me trouve face aux yeux écarquillés de mes copines à moitié tremblantes.

 On est d'accord que c'était flippant ? commence Safira.

 Ah mais carrément ! Non mais c'est qui ce gars ? continue Chloé.

 Je ne sais pas mais il me fait bien flipper. Euh par contre Ju, il t'est arrivé quoi là ? s'exclame Camille surprise.

 Eh beh Julie ce n'est pas pour rien qu'on t'appelle Maman, tu nous as défendu comme une vraie louve ! enchaîne Lara.

 N'abusez pas, dis-je mal à l'aise. Je me suis juste levée pour aller fermer le rideau.

 Par contre je l'ai bien vu de mes propres yeux ou j'ai rêvé, il t'a fait un clin d'œil ! insinue Chloé.

 Oui et c'était bizarre...réponds-je en me passant une main nerveusement dans les cheveux.

 Il était super flippant. Il doit avoir quoi... 22 ans à tout casser ? dit Safira d'un air songeur.

 Je pense oui, avec son regard de psychopathe, lance Camille.

Je ne peux m'empêcher de grimacer en repensant à son regard sombre, presque meurtrier. Manon se lève et commence à marcher en direction de la porte de la chambre. Bizarrement lorsqu'il est question de manger, son comportement n'est plus le même, changeant du tout au tout. Comme à son habitude, elle a toujours faim, et bien heureusement pour elle, c'est l'heure de dîner.

~

Le ventre bien rempli, chaque binôme se dirige vers sa chambre respective. J'entre dans celle que je partage avec Lara. On jette nos sacs dans un coin de la pièce. Ils sont rapidement suivis de nos chaussures qui nous ont fait un mal de chien toute la journée.

— Tu veux bien fermer la fenêtre ? Il fait un froid de canard ici ! s'exclame Lara en frottant frénétiquement ses bras.

— Oui. Par contre c'est toi qui avait oublié de la fermer quand on est parties ?

— Sûrement, je ne sais plus.

— C'est bizarre, parce que je ne me souviens pas l'avoir vu ouverte en partant...

Elle allait me répondre avant que ses yeux ne se posent sur son lit. Je descends mon regard jusque-là où le sien est fixé et vois quelque chose qui n'y était pas avant que nous partions manger. Nos yeux vont ensuite en direction de mon lit où il y a également quelque chose.

Une petite feuille de parchemin y est pliée en deux alors qu'il n'y a qu'un simple papier blanc sur celui de Lara. Mais, il y a quelque chose en plus sur le mien, une Iris de couleur violette, elle est magnifique.

On échange un regard surpris et interrogateur avant de nous précipiter sur les bouts de papier.

— J'espère que ce sont des invitations des garçons pour la super fête de demain soir ! s'exclame-elle rieuse.

 Moi aussi !! dis-je toute excitée à cette idée. Ça fait trop longtemps qu'on n'est pas sorties pour s'amuser.

 C'est clair ! lance-t-elle d'un air espiègle avec un sourire démesuré.

Je sais qu'elle fait allusion à la dernière soirée à laquelle nous étions allées avec les filles. Après coup on en rigole, mais sur le moment c'était ultra gênant. 

On avait fait notre première virée en boite. On avait choisi d'aller dans le Thermotita, du grec qui veut dire « chaleur ». C'est une boite de nuit célèbre pour ses représentations de danse un peu caliente. Sauf que ce que l'on ne savait pas, c'était que ce soir-là, était à thème.

C'est alors que nous étions entrées, abasourdies, dans la salle principale. On pensait s'amuser entre filles, sans prise de tête, mais mes yeux s'étaient posés sur une affiche mal collée au mur. Le thème de ce soir était sur les fantasmes. J'avais aussitôt écarquillé les yeux et m'étais retournée pour le dire aux filles, mais entre-temps elles s'étaient éloignées. La musique était forte et j'avais essayé tant bien que mal de les appeler mais elles s'étaient faufilées dans une pièce à l'écart de la piste.

J'avais essayé de les rejoindre, essuyant au passage quelques coups de coude, mais mon regard s'était posé sur le podium. Il n'y avait pas un garçon faisant de la Street dance, bien au contraire, il y avait plusieurs garçons effectuant des danses suggestives sur Talk dirty de Jason Derulo. Ils étaient torse nu et portaient différentes tenues assez sexy. Il y avait presque tous les corps de métier qui font fantasmer les femmes : le policier avec sa paire de menottes accrochées à sa ceinture, le militaire avec ses plaques autour du cou, le chirurgien avec son stéthoscope.... Il y en avait pour tous les goûts ! Néanmoins j'avais été déçue de constater qu'il n'y avait pas de pompier, car c'est mon fantasme. Un homme portant l'uniforme avec de la suie sur le visage...on m'aurait perdu.

Des filles étaient agglutinées devant les danseurs. Elles étaient collées les unes aux autres criants leurs prénoms. Elles avaient fait des allusions un peu coquines et avaient soupiré d'extase quand il y en avait un qui les avaient regardés dans les yeux...elles m'avaient gêné. Je n'avais pas compris comment on pouvait à ce point mâter quelqu'un sans aucune pudeur.

Me coupant dans mes pensées, des mains avaient fermement saisies mes épaules et sans que je sache à qui elles appartenaient, m'avaient dirigées vers la porte par laquelle les filles étaient passées. Je m'étais retrouvée plongée dans le noir et on m'avait assise sur un fauteuil. Il n'y avait aucun bruit avant que j'entende petit à petit Pour some sugar on me de Def Leppard.

J'avais senti des mains fermes caresser mes épaules avant de sentir un souffle chaud dans mon cou. Ses lèvres s'étaient rapprochées de mon oreille et avaient prononcé ce simple mot :

« Surprise »

La lumière s'était progressivement allumée mais il y avait une ambiance tamisée dans la pièce. J'étais face à mes amies qui avaient tentées de garder leurs sourires aux coins de leurs lèvres mais leurs yeux rieurs ne trompaient pas. Elles avaient manigancé quelque chose que je n'avais pas tardé à voir.

Il s'était déplacé afin de se retrouver face à moi et ses mains qui étaient posées sur mes épaules quelques minutes auparavant s'étaient maintenant retrouvées posées sur mes cuisses. J'avais relevé la tête, mes yeux suivant la courbure de ses bras musclés, et étais tombée nez à nez avec un homme en uniforme de pompier, à un détail près, il ne portait pas de t-shirt....

Les filles l'avaient choisi pour son physique c'est certain, car il faut l'avouer, il ressemble beaucoup à un des acteurs de The 100, Bob Morley. J'aime énormément cet acteur parce que je le trouve sexy, et ça les filles le savaient. Alors quand elles l'avaient vu, elles n'avaient pas hésité une seule seconde.

Ses cheveux étaient bruns, épais, et tous bouclés, j'avais envie d'y glisser mes doigts. Ses yeux étaient d'un vert persan et son teint hâlé. Il avait mis de la suie sur son visage et sur son torse, comme pour donner l'impression qu'il sortait d'une maison en flammes. Mais ce qui me faisait craquer, c'était bien ses jolies tâches de rousseurs qu'il avait sur ses pommettes.

Ma bouche était restée ouverte, je devais avoir l'air idiote mais sur le moment je n'y avais pas pensé une seule seconde, j'étais bien trop occupée à le contempler. Il m'avait délicatement refermé la bouche en posant deux doigts sous mon menton, m'avais fait un clin d'œil et avait ensuite commencé son show.

Je me souviens avoir été super gênée, que mes joues me brûlaient et que je me demandais bien pourquoi j'avais droit à un tel spectacle. Ce n'était ni mon anniversaire, ni ma fête et il n'y avait aucun évènement spécial dans ma vie en ce moment...

Il s'était assis à califourchon sur mes jambes et avait rapproché son visage du mien. Il m'avait murmuré à l'oreille que mes amies lui avaient dit que j'étais trop stressée en ce moment et qu'il fallait que je me détende...mes joues avaient viré au cramoisie. Il avait continué à bouger son bassin au-dessus de moi et m'avait lancé des regards en coins afin de voir ma réaction. J'étais extrêmement gênée qu'il danse ainsi...sur moi...devant mes copines.

Une fois sa danse terminée, il était parti se changer mais était quand même revenu me voir. Il s'appelle Amadeo, les filles l'avaient également choisi pour son prénom ressemblant au logiciel de réservation de services de voyage Amadeus que l'on utilise en cours. J'avoue qu'après avoir su son prénom, l'avoir beaucoup charrié.

Il m'avait avoué que mes copines lui avaient montré une photo de moi, qu'il m'avait trouvé mignonne, et que c'est pour ça qu'il avait accepté. De base, il n'est pas danseur mais réellement pompier. L'idée de danser pour une fille qui fantasme sur des pompiers l'avait bien fait rire. Il s'était alors entraîné chez lui pour me faire un show digne de ce nom.

Il m'avait ensuite demandé tout penaud si je voulais bien qu'on se revoit pour faire plus ample connaissance et depuis ce soir-là j'ai son numéro dans mon téléphone. On se voit de temps en temps car il n'habite pas très loin de Louloudi. Il est adorable et au final je suis contente de l'avoir rencontré, même si cela aurait pu être dans des circonstances moins gênantes...

Soudain, je sens un poids à côté de moi qui me sort de mes pensées. Lara vient de se jeter sur mon lit, le mot à la main. Et finalement bien calées, nous nous décidons à déplier ces fichus morceaux de papier.

On commence par ouvrir celui que Lara a reçu. Et là tout l'internat a pu entendre un cri strident à deux voix. C'est bien l'invitation tant attendu ! On va pouvoir passer une super soirée ! Mais mes yeux qui parcourent les quelques lignes rédigées sur ordinateur, s'arrêtent brusquement sur les derniers mots :

Pour Lara & Julie :

Les filles, nous avons le plaisir de vous inviter à notre petite soirée qui se passera demain soir à la tombée de la nuit.

Venez seules ou accompagnées mais respectez notre thème :

« Anges & Démons masqués »

— Une soirée déguisée ? m'étranglé-je.

— C'est trop génial ! On va pouvoir faire du shopping pour aller chercher nos tenues ! Et tu pourrais demander à Amadeo de venir ! Comme ils ont mis que l'on pouvait venir accompagnées !! s'enflamme Lara.

— Oula oula, calmes toi ! Déjà que je ne sais même pas comment je vais m'habiller, en plus tu veux que je ramène Amadeo ? manqué-je de m'étouffer. Je ne sais même pas s'il voudrait venir, s'il serait libre, si ça lui ferait plaisir...

— Mais Julie... dit-elle en levant les yeux, bien sûr qu'il serait heureux de venir avec toi ! Il n'attend que ça, crois-moi !

— Tu penses ? demandé-je sceptique.

— Mais oui !! Vous passez beaucoup de temps ensemble, et il te dévore toujours du regard... insiste-t-elle.

— Ok, je lui enverrais un sms, dis-je avec un air faussement exaspéré, je sais qu'elle ne lâchera jamais l'affaire si je ne lui dis pas que je le ferais.

— Bon et sinon il y a quoi d'écrit sur ton mot ? s'impatiente Lara.

— Je ne sais pas, attend je vais voir, dis-je tout en dépliant le morceau de parchemin.

Je ne sais même pas à quoi je m'attendais, mais certainement pas à ça. Les quelques mots présents sur le papier sont écrits à la main et les courbures sont grossières, pourtant c'est une très jolie écriture. Elle est masculine, j'en suis certaine.

— Alors ? Dis-moi ! s'impatiente-t-elle une nouvelle fois.

Je lis alors les quelques mots à haute voix :

« Rêve ta vie et vis ton rêve. »

Ce n'est que le commencement...

— Hein ? s'exclame-t-elle en fronçant les sourcils. Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Je ne sais pas, comment ça ce n'est que le commencement ? m'interrogé-je.

— Ça me fait penser à ce que Manon avait dit tout à l'heure, lâche Lara.

— Mais oui c'est vrai ! Comme quoi le mec flippant aurait dit que ce n'était que le commencement... Tu penses que ce serait lui qui m'aurait écrit ce mot ? Comment il serait entré dans l'internat ?

Elle écarquille les yeux d'un coup, elle vient de comprendre.

— Par la fenêtre ! s'écrie-t-elle.

— Admettons, mais pourquoi il aurait mis une fleur à côté du mot si c'était lui ?

— Je ne sais pas, mais chaque fleur doit avoir une signification ?

Déterminée à savoir ce que tout ça veut dire, je pousse les coussins qui sont éparpillés autour de moi et prends mon ordinateur. Lara m'imite et va chercher le sien.

— Ok alors si j'en crois un blog spécialisé sur les Iris... elle pouffe de rire, celle que tu as reçu est une Iris Bâtard... comme le psychopathe non ?

Mes yeux sont rieurs mais je tente de rester sérieuse.

— D'après certains sites, enchainé-je, l'Iris est une fleur royale, rare et sauvage. Ils disent même que le message de l'Iris violette est très explicite, que le message est intense. Ecoutes ça :

« L'Iris violette s'offre pour exprimer les sentiments intenses que procurent pour celui qui l'offre, les yeux de la personne destinataire de cette fleur. Lorsqu'une personne offre cette fleur de couleur violette, le langage des fleurs est explicite, c'est le signe d'un choc sentimental ! »

— Un choc sentimental ? dit Lara un peu trop fort à mon goût.

— Shhhhhht pas si fort ! Tout Louloudi va nous entendre !!

— Désolée, marmonne-t-elle plus bas avec un demi sourire. Mais il faut avouer que tout ça, le mot, la fleur, c'est carrément bizarre...

Au moment où elle dit ces mots, quelqu'un toque à la fenêtre, nous faisant sursauter.

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