E : Epine du Christ
https://youtu.be/BnSkt6V3qF0
— Ah oui ? Je suis « enfin désirable » ? Mais je ne cherche pas à te plaire, m'énervé-je.
— Pourtant tu t'es changée, et tu as mis une robe plus sexy que celle d'avant, argumente-t-il.
Il prend ma main, la place sur son épaule et m'attrape la taille. Il me maintient fermement contre lui, je n'ai plus la possibilité de fuir... La panique est présente.
— Si tu penses un seul instant que c'était pour toi, tu es bien prétenti...
Je suis coupée dans ma remarque. Il colle son bassin au mien et bascule le haut de mon corps en arrière. Il me fait pivoter lentement de gauche à droite, ses jambes entre croisés aux miennes. Il me remonte d'un geste sec, mes cheveux camouflant nos visages. Ils tombent lentement, comme un rideau de pluie, et il écarte les dernières mèches cachant mes yeux, laissant ses doigts frôler ma joue. Son souffle sur mes lèvres, je suis estomaquée.
Je m'écarte vivement mais il me retient, un sourire au coin, dévoilant ses fossettes. Mes pommettes sont en feux, la température de la salle a dû monter d'au moins quarante degrés en l'espace de dix secondes, ce n'est pas possible. Il rit légèrement face à ma perte subite de confiance en moi.
— Seigneur, Jésus, Mary Poppins, c'était quoi ça !? ne peux-je retenir.
Il se contente de me répondre par un haussement d'épaules nonchalant.
— Très bien. Donc dis-moi Aedan, que veux-tu ? questionné-je.
Il prend ma main et me fait tournoyer. Je me retrouve dos à lui. Il replace sa main sur ma taille, et la fait glisser sur mon ventre.
— Je te veux toi, susurre-t-il. C'est pour toi que je suis venu.
Mes yeux sont écarquillés et mon souffle saccadé. Sa bouche est tellement près de mon oreille que je sens son sourire s'élargir face à ma réaction gênée.
On est au milieu de la piste. Je lève les yeux, qui étaient fixés sur le sol, et vois un Amadeo furieux. Mon cœur loupe un battement. Il est encerclé par mes copines, qui suivant son regard, se retournent dans ma direction. Elles restent bouche bée. J'attrape sa main, encore sur mon ventre, la retire, et me retourne, afin d'être de nouveau face à lui.
— P-Pourquoi moi ? Pourquoi avoir effrayé mes copines ? Pourquoi... paniqué-je.
— Pour commencer, une question à la fois ma belle, ricane-t-il.
Je le fusille une nouvelle fois du regard, ce qui semble l'amuser.
— Ne m'appelle pas ma belle, pour commencer, m'énervé-je.
Il baisse la tête et sourit... Il m'agace. Je place un doigt sous son menton et relève sa tête, plantant mes yeux dans les siens.
— Tu me regardes quand je te parle, dis-je fermement.
Il relève un sourcil, visiblement étonné par ma réaction.
— Oui Madame, réplique-t-il avec un bref salut militaire.
— Pourquoi avoir effrayé mes amies ? demandé-je.
— Je voulais voir si elles étaient dignes de toi, capables de te protéger de ce qu'il va se passer, mais ce n'est pas gagné visiblement...
— Je te demandes pardon !? Depuis quand mes amies doivent être dignes de moi !? m'indigné-je.
— Depuis que tu es ce que tu es, insinue-t-il.
— C'est-à-dire ? dis-je avec un haussement de sourcil.
— Tu t'en rendra compte bien assez tôt.
Il place sa main sur ma cuisse droite et remontre ma robe, dévoilant ma jambe nue, marquée de cicatrices. Une fois le tissu à mi-cuisse, il empoigne mon mollet et place ma jambe autour de lui. Il me soulève, et tourne sur lui-même, me faisant tourner par la même occasion. Je m'accroche à son cou, pantoise.
Des chuchotements se font entendre autour de nous. Je me sens incroyablement gênée face à tout ça. Cette manière de danser, surtout en public, et avec un inconnu, c'est trop, cela ne me ressemble pas. Il me repose après deux tours et je me détache de lui. Je rassemble mon courage afin de lui poser la question qui me trotte dans la tête.
— J'ai rêvé de toi la nuit dernière...bafouillé-je.
— Continue, cela commence à être intéressant, m'encourage Aedan.
— Et tu avais un loup, qui m'avait mordu à la cuisse. Quand je me suis réveillée j'avais cette morsure, comment est-ce possible ? questionné-je.
— Ça c'est parce que tu es spéciale ma belle. Tu as réussi à débloquer cette chose en toi qui t'as permis de réellement entrer dans le pays des Oneiros, lâche-t-il.
— Oneiros ? répété-je.
— Le pays des Songes, lieux où s'affrontent rêves et cauchemars, explique-t-il.
Il regarde quelque chose du coin de l'œil, le faisant sourire, puis repose son regard dans le mien, songeur. Ses yeux descendent plus bas, vers ma bouche, et il passe lentement sa langue sur sa lèvre inférieure.
— Quand tu y retourneras, nous pourrons discuter... à l'écart des yeux indiscrets, dit-il en empoignant mes fesses.
— Tu m'as prise pour qui !? m'emporté-je après lui avoir mis une baffe.
— Tu es une Bernadette, j'adore ça, me titille-t-il en passant sa main sur sa joue.
— Je suis une quoi ? vociféré-je.
Il me fait tourner une nouvelle fois sur moi-même.
— Une femme de caractère. C'est une expression de ce monde, tu ne connais pas ? se vante-t-il.
— Non je ne l'ai jamais entendu.
Il hausse les épaules avec une bouille enfantine me signifiant « tant pis pour toi ». Comment peut-il se comporter ainsi alors qu'hier soir il nous terrorisait en nous épiant par la fenêtre ? Je ne comprends pas son changement de comportement, quand soudain, quelque chose me fait tilt.
— Comment as-tu fait pour disparaître de la voiture de Manon et réapparaître derrière ? demandé-je avec les yeux plissés, accusateurs.
Il approche son visage du mien et regarde une nouvelle fois mes lèvres. Il inspire dans mon cou, puis, sourit de manière démoniaque.
— Ça, c'est parce que je suis puissant, et dangereux... As-tu peur de moi ? souffle-t-il.
Je plante mon regard dans le sien et lance un sourire de garce, un comme Jane sait si bien faire.
— Pas du tout, un chiot me ferais plus peur que toi, mens-je.
Piqué dans son ego, il attrape fermement ma taille et me soulève avec une facilité déconcertante. Il me fait tourner et scrute mon visage, comme s'il essayait de lire dans mes pensées.
— Tu mens, finit-il par dire. Tu me trouves attirant ?
— Non, tu n'es pas du tout mon style. Par contre, je te qualifierais bien de mystérieux, fuyant, et super lourdingue, mais certainement pas attirant, le titillé-je à mon tour.
— Tu mens encore, ta mère ne t'as jamais appris que mentir c'était mal ? Il va falloir que je te corrige, dit-il en reprenant son air démoniaque.
— Tu... commencé-je, le feu des Enfers aux joues.
Une main attrape fermement celle d'Aedan, posée sur ma taille.
— Ça suffit, j'ai été assez patient, intervient Amadeo. La chanson est finie, tu te casses maintenant.
Aedan relâche l'emprise qu'il avait sur moi et recule d'un pas, amusé.
— Cette beauté sent le Paradis du bout du monde, tu devrais faire attention à elle... Elle pourrait vite s'éloigner de toi, lance-t-il à Amadeo. Ce fut un réel plaisir de danser avec toi ma belle, on se refait ça quand tu veux, me dit-il par-dessus son épaule en s'éloignant. Dans la piscine peut-être ?
— Je vais le tuer, s'énerve Amadeo. De quel droit il te parle comme ça !?
Je le retiens, ça ne sert à rien d'attirer l'attention plus qu'on ne le fait déjà.
— Si tu le tue, ma petite marmotte, je ne pourrais pas avoir les réponses aux centaines de questions qu'il faut encore que je lui pose, remarqué-je.
Il se radoucit à l'évocation de ce surnom que je lui ai donné ce matin. Je prends sa main et enlace mes doigts aux siens, il me répond par un clin d'œil, ravi. Rah les hommes... De vrais gamins.
~
On passe la porte de ma chambre sans un mot. On enfile nos maillots de bain pour la deuxième partie de la soirée qui se passe dans la salle à côté de celle où il y a la fête. Avec les filles on était très loin de se douter qu'il y avait une piscine dans Louloudi...
Nos bikinis nous ressemblent, ils correspondent à notre personnalité. Par exemple, celui de Sam est noir avec des clous sur les bords, rappelant son côté Rock'n'roll, ou encore celui de Manon avec le bas noir taille haute et le haut à pois, évoquant son penchant pour le look pin-up.
Personnellement, je n'ai rien trouvé d'autre dans mon dressing qu'un une pièce rouge, au décolleté affreusement plongeant... Encore un moyen de me sentir à l'aise en public, Amen. J'agrémente le tout avec un anneau doré qui se porte au niveau du haut du bras. Avec un peu de chance, il va empêcher les gens de se focaliser sur mon décolleté... C'est beau d'espérer non ?
~
Je trempe un orteil dans l'eau. Elle est bouillante. J'avance lentement dans la nappe de vapeur qu'elle dégage, afin d'habituer mon corps à la chaleur. Après quelques secondes, je plonge et ressors de l'eau, quelques mètres plus loin, telle une sirène. Je me retourne et me fige. Amadeo entre à son tour dans la piscine, vêtu d'un sublime maillot de bain rouge comme le mien.
— Tu es super sexy, comme toujours Princesse. Le rouge c'est ta couleur, dit-il en s'approchant de moi.
— Toi aussi apparemment. À nous deux on pourrait reproduire Alerte à Malibu répliqué-je taquine. Mais je ne suis pas sexy...
— Pourquoi tu penses ça ? grogne-t-il.
— Je trouve que j'ai de trop grosses fesses, avoué-je.
— Elles sont parfaites, répond-il.
— Et de trop gros seins... enchaîné-je.
— Est-ce réellement un problème ? ironise-t-il.
Je ris légèrement, il sait comment parler aux filles.
— C'est que... hésité-je, je ne suis pas à l'aise avec mon corps.
— Tu semblais l'être tout à l'heure pourtant, se renfrogne-t-il d'un coup.
— Hein ? De quoi tu parles ? m'exclamé-je.
— Quand tu étais avec l'autre gigolo, tu étais bien dans ses bras ? En tout cas lui il a adoré ça, il n'arrêtait pas de regarder tes lèvres, et puis il a mis ses mains sur tes fesses... C'était pour me provoquer, je l'ai vu dans ses yeux quand il m'a regardé pendant que vous dansiez, enfin, que vous vous frottiez l'un à l'autre plutôt, m'incendie-t-il.
— Pardon ? m'offensé-je. Je faisais la même chose avec toi pourtant. Et puis lui...
— Mais nous deux c'est différent... marmonne-t-il en se collant à moi.
— Ah oui ? frémis-je.
— Bien sûr, et tu le sais, souffle-t-il sur mes lèvres.
C'en est trop, je ne peux plus retenir les émotions que ce garçon remue en moi. Je plonge mes mains dans ses cheveux et l'embrasse fougueusement. Il répond immédiatement à mon baiser, comme s'il l'attendait depuis une éternité.
Je descends ma main dans sa nuque et le rapproche un plus de moi. J'ai besoin de sentir son souffle, sa bouche, ses mains sur moi. Il grogne contre ma bouche, demande que je comprends parfaitement, et j'entre ouvre mes lèvres. Nos langues se touchent enfin, entamant une danse des plus chaudes.
En parlant de chaleur, je ne sais pas si c'est l'eau de la piscine ou le corps d'Amadeo, mais il fait plus chaud que dans un sauna. Il reprend son souffle, et alors que je m'apprête à reprendre sa bouche, quelqu'un racle sa gorge dans son dos. Comme si je reprenais conscience de l'endroit où nous sommes, je m'écarte vivement de lui.
— Trouvez-vous une chambre, ce n'est pas ce qui manque ici, grommelle Felipe.
— Euh... bafouillé-je.
Peppe entre dans le bassin à son tour, dans son maillot de bain bleu marine, celui que je lui ai offert quand on était en Italie.
— Pardon mec, dit Amadeo en passant sa main dans sa nuque.
— Je ferais mieux de rejoindre mes copines, je ne leur aie pas vraiment parlé de la soirée... bredouillé-je.
Je ne leur laisse pas le temps de dire quoi que ce soit que je plonge. Après quelques brasses, j'atteins mes copines. Mon arrivée coupe court à leur discussion et elles me regardent intensément, attendant que je parle.
— Coucou...
— Dis-nous tout, s'empresse Manon.
— Oui, tu n'imagines même pas comment c'était long d'attendre que tu ais fini de roucouler avec Mad, piaille Jane.
Un sourire gêné se dessine sur mon visage. Lara me donne un coup d'épaule et me fait un clin d'œil. Elle aussi a visiblement tout vu de mon rapprochement avec Amadeo. Depuis le temps qu'elle voulait que ça se produise...
— Je suis super conteeeeente, chantonne-t-elle.
— Moi aussi, dis-je timidement.
— Allez ! On attend je te rappel, s'impatiente Chloé.
— Le garçon que Manon et Sam ont vu et qui était aussi de l'autre côté de la fenêtre hier soir...
— Oui, lui, montre Jane.
Elle pointe du doigt ce mystérieux garçon avec qui j'ai dansé il y a moins d'une heure. Il rentre dans l'eau vêtu d'un maillot de bain noir. Son corps semble être taillé dans du marbre. Je n'arrive pas à détourner mon regard de lui. Il a l'air puissant avec son dos large et ses bras musclés. Il avait raison, j'ai menti quand je lui ai dit qu'il ne m'attirait pas. Il est beau, très beau, mais aussi dangereux, il ne faut pas l'oublier.
— Allo la Lune ici la Terre ! cri Camille en claquant ses doigts devant mon visage pour attirer mon attention.
— Euh oui, pardon. Donc qu'est-ce que je disais ? demandé-je, coupée dans mes pensées.
— Le mec qui nous espionnait, c'était lui, reprend Sam en pointant son pouce par-dessus son épaule.
— Pitié les filles soyez plus discrètes, dis-je en cachant mon visage de ma main.
— Pardon, s'exclament-elles en cœur.
Je soupire bruyamment. Mes amies ne connaissent pas la discrétion c'est dingue.
— Bref. Il s'appelle Aedan et apparemment il est venu pour moi. Il a dit que cette nuit quand j'ai rêvé de lui que j'étais allée dans le pays des Oneiros, c'est là où il y a les rêves et les cauchemars, expliqué-je devant leurs yeux confus. Vous avez déjà entendu l'expression « être une Bernadette ? ».
Elles secouent toutes la tête.
— Non pourquoi ? m'interroge Chloé.
— Parce qu'il l'a évoqué pour me dire que j'ai du caractère. Apparemment c'est une expression connue...
— Elle est bizarre cette expression, remarque Lara.
— En tout cas il ne perd pas le Nord ce garçon, clame Jane.
Je suis son regard qui est fixé sur Aedan et Marie. Ils discutent à l'autre bout de la piscine, presque face à nous. Les yeux sombres d'Aedan rencontrent les miens, et comme s'il attendait que je le regarde pour agir, il plaque violement ses lèvres sur celles de Marie. Ils s'embrassent vigoureusement. Les filles poussent un léger cri d'étonnement, mais pour ma part, je reste sans voix.
Je suis piquée au cœur par un sentiment que je ne pensais pas ressentir, surtout pas pour lui. J'ai toujours été de nature possessive et jalouse, mais de là à ressentir ça envers un inconnu, c'est stupide, carrément stupide.
Marie avec son bikini violet et ses cheveux lissés tombant dans l'eau, est le stéréotype parfait de la blondasse américaine, de la fille populaire, qui se tape tous les mecs et qu'au final tout le monde déteste. Je fais partie de ces gens-là, je la déteste ouvertement, et c'est clairement réciproque.
Aedan me regarde à nouveau et me sourit avant de reprendre pleinement sa bouche. Il me provoque. Soudain, une voix grave résonne dans mes pensées : « Tu m'as menti, je te le fais payer ».
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