Nous sortons du restaurant, deux heures après y être entrés. Nous avons bien rigolé. J'ai évoqué mes souvenirs d'enfance, et il a fait de même. Nous en avons appris plus l'un sur l'autre, et je dois dire, qu'il est vraiment sympathique, même si ça ne fait qu'un jour que je le connais. A présent, il doit aller travailler dans un bar, près du campus. Moi, je dois rentrer, il faut que j'aille voir si Emilie est réveillée.

- Bon, on se voit bientôt, dis-je en souriant.

- Mon coloc' et moi, on va au cinéma demain, ça te dit de venir avec nous ? Tu emmènes ta coloc' si tu veux, dit-il en passant sa main dans ses cheveux brun en bataille.

Je réfléchis un instant, je ne sais pas si Emilie voudra bien sortir demain, mais comme elle m'a réveillée ce matin, elle viendra, je ne lui laisserai pas le choix.

- C'est d'accord, à demain.

Je lui fais la bise et m'éloigne en direction du campus. Je vais essayer de bosser sur mes futurs cours, voir de quoi ils parlent. Je ne suis pas le genre de fille bonne élève, mais, m'ennuyant, je n'ai pas d'autres choix.

Je franchis les grilles et marche, les mains dans les poches, vers mon dortoir. Il y a déjà plusieurs groupes de formés, assis sur les bancs et l'herbe. Andgel me salue de la main, je lui rends ce salut avec un sourire. Je remarque que plusieurs professeurs parlent, dans la cafétéria, devant laquelle je dois passer pour monter dans ma chambre. L'un d'eux m'observe, ses yeux bleus fixant mon visage. Mr Stones, mon professeur de littérature. Il sourit, dévoilant des magnifiques dents blanches, et détourne le regard, pour parler avec un collègue. Je croise un groupe de filles qui me scrute de la tête aux pieds.

Je continue de marcher, le rouge aux joues, un sourire niais collé sur les lèvres. Je grimpe les marches de l'escalier quatre à quatre, et atteins le premier étage, là où se trouve la chambre que je partage avec Emilie. J'avance jusqu'à la porte et ouvre cette dernière à l'aide de ma clé. Je découvre Emilie, assise sur son lit, l'air complètement fatiguée. Elle serait passée sous un bus que je ne verrais pas la différence.

Je m'assieds en face d'elle et la regarde. Son maquillage a entièrement coulé sur ses joues, et, ne cessant pas de se frotter le visage, ça n'arrange pas les choses.

- Qu'est-ce que tu as ? Demandé-je en posant mon téléphone sur ma table de nuit en bois.

- Je suis fatiguée, et j'ai faim, dit-elle en se levant.

Je remarque sa maigreur, presque cadavérique. Elle est si fine. Elle pourrait se briser un os rien qu'en se cognant. J'exagère un peu, mais, sa maigreur fait peur à voir.

- Tu es sûre que tu manges ? Demandé-je les yeux ouverts en grand.

- Oui. J'ai été anorexique, depuis, je ne prends plus de poids, explique-t-elle en attrapant son démaquillant et des cotons.

Elle se rassied sur son lit, et commence son travail pour ne plus ressembler à un clown triste.

Pendant ce temps, j'attrape mes bouquins, et regarde nos futurs leçons, et les futurs livres que nous devrons lire : Roméo et Juliette, Hamlet, Les Misérables, Orgueil et Préjugés,...

J'ai lu la plupart de ces livres, mais il faudrait que je les achète à la librairie. J'irai demain matin, j'ai assez bougé pour la journée. Je referme mes livres, et regarde Emilie. Elle est bien plus jolie sans son maquillage.

- Tu étais où ? Demande-t-elle en souriant.

- J'étais partie mangé avec Adam, tu sais, le garçon brun contre lequel je me suis cognée hier, en sortant du bar.

- Oh, je vois, et, il te plait ?

- Il est très gentil, mais je n'ai pas vraiment la tête à ça, répondis-je perdue dans mes pensées.

Mes pensées qui se dirigent vers une seule personne, bien entendu, le professeur Stones. Je soupire, et essaye d'oublier le sourire qu'il m'a lancé. A moins que ce dernier était destiné aux filles qui se trouvaient dans les couloirs. Sûrement.

-Je suppose que tu as dû croiser le professeur Stones, dit-elle en souriant.

- Oui, je l'ai vu, rapidement.

Elle hausse un sourcil, le regard interrogateur. Je ne flanche pas, et maintiens son regard, afin de lui prouver que ce que je dis est vrai, même si ce n'est pas le cas. Elle finit par détourner le regard vers son téléphone. Elle sourit, et me regarde.

- C'est vrai qu'on va au cinéma demain ? Demande-t-elle soudainement.

- Et bien, j'y vais avec Adam et son coloc', et je comptais t'inviter à venir avec nous. Mais, comment le sais-tu ? Rétorqué-je.

- Mon copain, c'est le coloc' d'Adam, dit-elle avec un sourire rêveur. Bon, ça te dit d'aller à la cafétéria, j'ai vraiment la dalle, là !

J'acquiesce, après tout, autant être aimable, ça m'évitera des disputes. J'attends qu'elle termine de s'habiller et sors de la chambre, Emilie sur mes talons. Elle ferme la porte à clé, et me fait signe de marcher.

- T'as de la chance, dit-elle en souriant.

- Pourquoi ? Demandé-je déconcertée.

- Tu as le prof le plus sexy de l'université, dit-elle comme si c'était une évidence.

Je descends les marches de l'escalier, et avance dans le couloir qui mène à la porte de la cafétéria. J'y rentre, et regarde Emilie se servir. Elle me prend une pomme. Malgré le fait que j'ai déjà mangé, je ne la refuse pas. Elle termine de se servir et me désigne une table, près de la sortie, près de la table où mange le professeur le plus sexy de l'université, comme dirait Emilie.

Je m'assieds au bout de la table, et pose la pomme devant moi. Au bout de quelques minutes, les sourcils d'Emilie se haussent, signe qu'elle va me poser une question.

- Kaya ? Pourquoi le prof ne fait que te regarder ? Demande-t-elle en jetant de rapides coups d'oeil vers la table où mangent les profs.

- Je n'en sais rien, il sait que je suis une de ses élèves, il essaye peut-être de se rappeler de mon visage, dis-je en me rendant compte de l'excuse pourrie que je viens de sortir.

- C'est ça. Il vient vers nous ! Chuchote-t-elle en croyant être discrète.

Je tourne la tête au moment même où le prof s'appuie sur notre table. Il a revêtu une chemise noire, dans les manches sont relevées jusqu'aux coudes, ainsi qu'un jean noir, et des chaussures vernies.

- Kaya, j'ai oublié de te donner ceci hier, dit-il en me tendant un petit carnet rose. Ce sont des chèques livres, tu pourras acheter les livres dont tu auras besoin pour mon cours avec ce chéquier.

J'attrape le chéquier qu'il me tend. Je frôle sa main, et pour la première fois depuis qu'il me parle, je le regarde dans les yeux. Ces derniers semblent... différents. Il sourit et retourne à sa table. Je tourne la tête vers Emilie, qui me regarde, les yeux brillants, comme si elle venait de voir un mariage touchant.

- Waouh ! Dit-elle simplement. Ce regard était bien plus que celui d'un professeur.

- Ne dis pas de bêtises, ce n'est qu'un regard, dis-je avant de croquer dans la pomme rouge qui est posée devant moi.

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Ps: j'ai changé la couverture de mon livre ! Vous aimez ?

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