23
Matthew
Avez-vous déjà vécu cette situation ? Celle de faire semblant d'être content de voir quelqu'un alors que vous avez envie de vous barrer loin de la-dite personne ? C'est exactement ce que je vis pour le moment et j'avoue que toute cette situation me gonfle. Je voudrais tant me casser de cet aéroport, me réfugier chez Laure et m'endormir avec ses bras enroulés autour de ma taille.
A la place, je suis coincé à attendre cette fille qui veut passer du temps avec moi. Elle doit elle-même annuler tout ce cirque, c'est la seule façon de ne pas foutre mes parents dans la merde si je veux rester avec Laure. Et c'est ce que je veux : Elle. Laure est la seule qui a réussi me faire réellement craquer. J'aime tout chez cette fille. Que ce soit sa façon d'être avec son franc parler, sa manière de rire à gorge déployée ou encore ses longs cheveux bruns que j'aime entortiller autour de mes doigts... J'adore chaque parcelle d'elle, les bonnes comme les mauvaises.
Elle fait de moi celui que je suis aujourd'hui et m'est nécessaire autant que l'air.
Quand les passagers du vol de New-York débarquent, je soupire en me levant. Je repère directement Sophie dans le flot et me dirige vers elle. Il faut dire qu'elle ne passe pas inaperçue. Ses longues jambes hâlées sont mises en valeur dans un micro short blanc et son décolleté est si plongeant que la dentelle de son soutif dépasse de sa blouse.
Elle esquisse un grand sourire quand elle me voit et trottine comme elle le peut sur ses talons roses flashy. Je déglutis quand elle me prend dans ses bras en s'écriant un « Matty ». Ses airbags s'écrasent sur mon torse et je passe un bras maladroit sur son épaule pour la saluer.
-Euh salut.
Je recule vite d'elle et elle me reluque de la tête aux pieds en arquant un sourcil.
-Sérieux je ne te voyais pas en survêt' ?
Je hausse les épaules d'un geste nonchalant et prends sa valise. J'ai fait exprès de mettre ce jogging. Elle est bien trop apprêtée pour un mec décoiffé, pas rasé et en survêt.
-Bah c'est les vacances. Tu as bien voyagé ?
-Bien sûr, glousse-t'-elle, tu sais on voyage toujours bien en première.
Evidemment... Qu'avais-je osé imaginer ? Comme si la fille de ce bourge de Jamo allait voyager en classe éco...
Je traverse le hall, pressé de retrouver Laure et soupire quand ses talons claquent sur le carrelage immaculé du terminal. Même si pour le moment on n'a pas spécialement échangé quoique ce soit, cette fille m'exaspère déjà. Faut qu'elle abandonne. Vraiment. Je ne pourrais pas vivre avec ce genre de pintades alors que j'ai trouvé la fille qu'il me faut.
Sur le trajet qui nous a menés jusqu'à chez moi, nous n'avons échangé que peu de mots. Je suis mal à l'aise, je n'ai pas l'habitude de parler avec des filles en dehors du boulot et avec Laure, c'est différent, naturel. Sophie sort de la voiture et je l'imite. Après avoir pris ses valises dans mon coffre, nous entrons dans la maison. Evidemment ma mère est sur son trente et un et l'accueille avec beaucoup trop d'entrain à mon goût.
-Bonjour ma chérie ! Tu es magnifique !
Les deux femmes s'embrassent comme si elles étaient les meilleures amies du monde et je dépose la valise de Sophie au pied de l'escalier. Mon père, appuyé dans l'embrassure de la porte, ne semble avoir d'yeux que pour la blonde. Il la dévore des yeux et honnêtement, ça me fait bien rire.
-Votre ville a l'air tellement charmante, pinaille Sophie.
Je soupire et vais m'asseoir dans le salon. Je ne suis pas d'humeur à ces bavardages de faux-culs alors que la seule fille que j'ai en tête n'est pas présente. Je voudrais tant sentir les lèvres de Laure sur les miennes, avoir son corps lové contre le mien. Elle me manque et ne pas l'avoir vue hier était dur. Depuis que nous sommes ensemble, on est inséparable alors avoir dormi une nuit sans elle était vraiment une torture à laquelle il est impossible que je m'habitue.
*****
Quand j'aperçois le sourire de Laure à travers le parebrise, mon cœur s'emballe. C'est dingue l'effet que cette fille me fait. Je souris en coin quand elle se dépêche de grimper dans la voiture. J'ai pensé les emmener dans un centre commercial. Tout simplement parce que je me doute que Sophie va essayer des tonnes de tenues et pendant ce temps, je pourrais profiter de Laure. Quand je leur propose, Sophie est enthousiaste. Elle saute tellement sur son siège que la voiture remue dans tous les sens. Quant à Laure, elle reste silencieuse, le regard rivé à la vitre. L'ambiance est tendue et je n'aime pas ça. Je sais que Laure doit être hors d'elle. Elle est jalouse de Sophie, de son physique comme elle me l'a déjà dit. Pourtant elle n'a absolument rien à lui envier. Sophie a déjà subi quelques chirurgies, lesquelles exactement je n'en sais rien mais j'ai déjà vu quelques-uns de ses statuts sur le net. Laure est plus naturelle et je l'adore telle qu'elle est.
Je m'arrête devant la porte du centre commercial comme il pleut énormément. Sophie sort de la voiture et court se réfugier à l'intérieur tandis que Laure fixe son regard au mien dans le rétroviseur.
-Je t'aime bébé.
Elle soupire, fait un sourire forcé.
-Je vais aller rejoindre ma « nouvelle copine » dit-elle en mimant les guillemets. Elle sort aussitôt de la voiture, me laissant seul comme un con. Putain j'espère qu'elle n'a pas changé d'avis, qu'elle veuille toujours de moi.
Quand je les rejoins, elles sont assises sur un banc et je suis étonné de les voir papoter. Enfin, je n'avais pas envie non plus qu'elles s'arrachent les cheveux mais je n'aime pas trop l'idée que Laure soit copine avec Sophie.
C'est vrai que ce n'est pas la faute de Sophie tout ça, mais j'ai mis une grande partie de ma vie entre parenthèse pour ne rien ressentir, pour que rien ne puisse me manquer une fois que je serais avec elle. Sauf que maintenant que Laure est entrée dans ma vie, je ne peux plus faire sans.
Nous suivons Sophie à travers les magasins. J'hallucine carrément sur le nombres de fringues qu'elle peut acheter. Malheureusement pour moi, elle ne les essaye pas avant et je commence sérieusement à en avoir marre. Laure ne cesse de rouler des yeux et moi de soupirer.
-Oh my god ! Cette robe est sublime !
-Tu devrais l'essayer, dit Laure, elle me semble trop étroite... Euh au niveau de la poitrine.
Sophie la plaque sur son buste, faisant la moue devant le grand miroir du magasin.
-T'as raison. Je vais essayer ça.
Elle entre dans la cabine, tire la tenture. Le bruit des cintres qu'elle dépose sur le portant me donne le signal tant attendu. Je pousse Laure dans la cabine derrière elle, lâchant le pull que je tenais et presse ma bouche sur la sienne. Elle me rend rapidement mon baiser et je dois me retenir de ne pas grogner quand sa langue vient titiller la mienne. Elle s'agrippe à moi, passant ses doigts dans mes cheveux. Mes doigts s'enfoncent dans ses hanches comme ma langue envahit sa bouche. Elle me rend fou de désir.
-Tu ne m'as pas dit que tu m'aimais, chuchoté-je à son oreille.
-Je t'aime l'intello.
Je frémis, lui donne encore un baiser avant de la relâcher. Ses joues sont rouges, les miennes sont brûlantes et je voudrais encore sentir ses lèvres rosées et gonflées contre les miennes. Elle remarque mon regard ardent et je souris tout en sortant de la cabine. Elle me balance le pull que j'oubliais de reprendre et nous rions.
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