11
Je monte dans la chambre de Matthew, les larmes aux yeux. Quel con ! Bien sûr que si tout était aussi simple, je partirais ! Mais rien ne l'est. Je n'ai pas envie d'être en foyer, dans une famille où on est considérée comme un porte-monnaie, où je ne pourrais même pas respirer sans demander la permission. Puis je certaine que Nicole a dû parler à mon père. Okay je ne l'aime pas mais je ne la crois pas capable de cautionner cette violence. Je ne veux pas croire cela d'une mère qui vit pratiquement que pour le bonheur de son gosse. Je tire ma valise et la referme. Mes sentiments pour lui m'embrouillent le cerveau, je le sais et c'est mal. J'aime sa présence, sa compagnie mais je n'ai rien à foutre avec lui alors que dans le fond, il est comme les autres : il me juge.
Alors que j'enfile mes sandales, Matthew entre dans la chambre.
-Qu'est-ce que tu fous ?
-Je pars.
Il prend ma valise, l'ouvre et vide son contenu au sol. Je pousse un cri avant de me lever et lui balance mon autre sandale. Elle atterrit sur son torse et il me regarde, un sourcil haussé.
-Tu ne pars pas et ne commences pas à me balancer tes trucs à la gueule !
Il m'énerve tellement que j'en pleure.
-Tu t'en fous je te rappelle, dis-je la gorge nouée. Putain je le déteste. Je l'aime aussi et ça me fait mal.
-J'ai menti.
Il se rapproche de moi, marchant sur mon linge.
-Ouai ben tant pis. De toute façon...
Je m'arrête de parler sinon je vais aller trop loin dans mes paroles. Je voudrais tant lui dire que je suis amoureuse de lui mais que je sais que cela ne sert à rien comme il va partir pour New-York.
Il s'assied dans son lit et prend son visage entre ses mains.
-Laure depuis le début je te mens.
J'arrête de respirer et le fixe, bouche bée. Lui ? Mentir ?
J'ai les mains qui deviennent moites et mon sang qui pulse à tout rompre dans mes tempes.
Il relève son visage vers moi et je pense voir que ses mains tremblent.
-Viens t'asseoir près de moi, s'il te plait.
-Non. Sur quoi me mens-tu ?
Il rougit et si je n'étais pas aussi énervée contre lui, je le prendrais dans mes bras tellement il est mignon. Il laisse un silence de plomb s'éterniser entre nous et je m'impatiente.
-Bon, je me casse comme tu n'es pas décidé à parler.
Je me penche et remets mes habits en boule dans ma valise en pestant.
-Je... je suis amoureux de toi.
Je me fige, lâchant le tas de vêtements que je tenais. Quoi ? Il se fout de ma gueule ?
-Arrête... S'il te plait.
Je laisse échapper mes larmes parce qu'il est cruel. Il dit ça juste pour que je reste, que je ne retourne pas chez moi.
-Je suis désolé, murmure-t'-il. Je sais qu'on avait dit pas d'amour mais...
-Tu avais dit, le coupé-je.
-J'avais dit, oui. Mais c'est trop tard. Je t'aime et je n'arrive pas à revenir là-dessus. On ne commande pas son cœur à ce qu'il parait.
Je ne le regarde toujours pas parce qu'en cet instant, j'ai aussi mal que s'il me poignardait. Pourquoi m'aurait-il dit que les sentiments devaient absolument être exclus si lui-même en avait ?
-Arrête, répété-je.
-Il y a des trois ans d'ici... Mes parents se sont mis dans une merde financière pas possible. Les huissiers allaient venir tout saisir, on n'avait même plus l'eau ni le courant. Mon père a un ami à New-York. Un homme riche.
Il se tait et je m'agenouille, l'écoutant. Je n'ose pas le regarder parce que je n'aime pas les trémolos dans sa voix.
-Il ne voulait pas les aider... Putain. Mon père nous avait payé un billet d'avion juste pour aller trouver ce mec et celui-ci refusait de nous aider. Tu sais, sa fille...Ben elle est moche. Vraiment mais ça va, elle est sympa.
Encore un long moment de silence. Je pleure en entendant les propres larmes de Matthew. Je sens que ce qu'il va me dire ne va pas me plaire et je m'accroche à mes habits comme pour ne pas faillir.
-Il n'arrêtait pas de me dire que je ferais le gendre idéal, qu'il me voulait pour sa fille. Qu'elle était amoureuse de moi... Alors... (Il prend une longue inspiration et retient son souffle) Je lui ai dit que s'il filait du fric à mes parents, que j'épouserais sa fille si elle en avait envie.
J'écarquille les yeux et me retourne brutalement vers lui.
-Quoi ? je m'écrie. Tu plaisantes ?
Il secoue tristement la tête avant de l'enfouir dans ses mains. Je ne sais pas quoi dire, ni quoi faire parce que cette histoire me parait dingue.
-Je suis désolé Laure. Je ne savais pas que j'allais te rencontrer, je ne savais pas que...j'allais t'aimer.
Je bondis sur mes pieds et tombe à genoux près de lui. Je l'attire dans mes bras et il se laisse faire tel un enfant ayant besoin de réconfort.
-Pourquoi tu as fait ça ?
-Ils avaient vraiment besoin de ce fric bébé. Je sais que ce sont mes études qui ont bouffées toutes leurs économies.
Je suis sidérée. Comment un homme peut se forcer à se marier avec une fille qu'il n'aime pas ?
-Ne l'épouse pas alors.
-C'est le directeur de l'hôpital le plus influent des Etats-Unis Laure. Si je ne tiens pas ma promesse, je dis adieu à mon métier, à mon rêve.
Je me crispe alors que tous les éléments s'emboitent dans ma tête. Putain de merde. Matthew va vraiment avoir un mariage forcé... Je resserre mes bras autour de lui, pose ma tête sur son épaule. Mes larmes humidifient sa chemise mais il ne dit rien. Je sens son corps qui tremble doucement contre le mien et j'ai envie de hurler. La vie est dégueulasse. Moi qui était certaine que ce mec avait une vie parfaite où il manquait juste un peu de fantaisie, je me trompais. Sa vie est encore pire que la mienne.
-Je t'aime aussi Matthew...
-Tu ne peux pas te faire ça...
Je plisse les yeux alors que mes larmes redoublent d'intensité. Son interdiction d'aimer prend tout son sens maintenant.
-Je ne veux pas que tu souffres. Je vais partir Laure. Je ne reviendrais pas ici... Seul.
-On peut juste profiter alors... Avant ta vie... D'homme marié.
Le dire a été comme si j'avalais un acide. Ca m'a brûlé la langue, j'ai le cœur en miettes.
-Laure...
Je me recule et l'embrasse. Je l'aime. Et il ne sera jamais pour moi, il est déjà destiné à une autre femme alors tant qu'il est là, je veux profiter de lui, de ses baisers, de ses caresses, de tout ce qui fait qu'il me rend folle.
-Tu me rends fou...
Je me presse contre lui, ma langue s'insinue dans sa bouche et il me rend mon baiser avec la même intensité. Il nous allonge dans le lit et je le regarde. Ses yeux rougis me crèvent le cœur. Je passe mes doigts dans sa barbe naissante.
-Laisse-nous au moins ça, chuchoté-je. Laisse-nous au moins ces trois mois. Je t'en supplie. J'en ai besoin. Après...
-D'accord, murmure-t'-il en replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Toi et moi mais fin août, tout sera finit et je partirais.
J'acquiesce, retenant mes sanglots. C'est affreux. Affreux de se dire qu'on s'aime mais qu'on ne pourra plus être ensemble à la rentrée, plus jamais. Matthew ferme les yeux et je l'observe. Comment ses parents ont-ils pu le laisser faire ça ? Je préfèrerais encore vivre dans un carton que de pourrir l'avenir de mon fils.
-Laure ?
-Mmh-Mmh..
-Ta musique c'est de la merde.
Je glousse et lui assène une tape sur le torse.
-Tu n'as pas de goût c'est pour ça, dis-je en riant.
Son sourire s'agrandit ce qui détend l'ambiance.
-Ben je te trouve très jolie donc je pense avoir un minimum de gout.
-Un minimum ? Là tu devrais plutôt dire que tu as les meilleurs goûts du monde.
-Putain... Si tu savais comme je regrette...
Sa reprise de sérieux cesse mon rire. Il me regarde avec des yeux emplis d'amour et mon cœur s'emballe.
-Moi aussi je regrette.
-Tu veux être ma sexfriend jusqu'à la fin août ?
Je ris en secouant la tête par la négative. Matthew arque les sourcils avant de me retourner sous lui.
-Tu ne veux plus de moi ?
Je sais qu'il plaisante parce que son sourire est revenu. Ses doigts me chatouillent et je crie en riant.
-Non, arrête. Pas les chatouilles...Ahhhhahhahhhahaa !
Matthew rit à son tour alors que je me débats. Je ne sais pas comment se fait-il qu'avec lui, je passe du rire aux larmes en cinq minutes seulement.
-Pourquoi non ?
-On n'est pas amoureux entre sexfriends...
-Dis-moi ce que tu veux alors, susurre-t'-il avant de m'embrasser le cou.
Merde. Si jamais je lui disais vraiment ce que je voulais, il me prendrait pour une dingue mais tant pis. Je lui dois bien mon honnêteté. Tandis qu'il fixe ses yeux aux miens, je prends une grande goulée d'aire et lui dis ce que je désire vraiment.
-Je veux que tu sois à moi jusqu'en août. Je veux que tu m'aimes jusque-là, qu'on s'aime. Qu'on termine la liste, qu'on rajoute des choses dessus juste pour se donner l'excuse de se voir. Je veux me réveiller avec toi chaque matin jusqu'à ton départ. Je te veux Matthew. Je sais que ce ne sera jamais éternel entre nous mais je veux partager le plus de choses possibles avec toi.
Il sourit, ses joues rosies me font encore une fois craquer. Je les caresse avant d'attirer son visage contre le mien.
-Je suis tellement désolé de te faire ça...
-Tu ne me fais rien, je réponds. Tu seras mon premier amour et ma première peine de cœur. C'est tout.
Il ferme les yeux et soupire. Je sais qu'il n'aime pas que je dise cela mais si ce n'est pas lui qui me fait souffrir, ce sera un autre.
-Je t'aime Matthew.
-Je t'aime aussi Laure.
Matthew m'embrasse, doucement au début mais notre baiser s'intensifie rapidement. Il me déshabille et j'en fais de mêmes. Cette fois-ci, il me fait l'amour. C'est différent, doux, lent. Nos larmes se mélangent alors que nos corps crient leur amour, se le prouvent. On se fait souffrir, on souffrira quand même au final, mais nous allons profiter de chaque instant ensemble avant que la fin des vacances nous sépare.
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