10
Matthew
-Votre bébé va bien et aucune séquelle n'a été détectée.
La maman du nourrisson me saute presque dans les bras tandis que le père essuie une larme au coin de ses yeux.
-Merci docteur, merci infiniment.
Je ne relève pas le « docteur » et sors de la pièce en leur adressant un sourire. J'adore ce boulot, vraiment. Travailler en pédiatrie est une chose dont j'ai toujours rêvé et de savoir que si je réussis, en septembre je serais pédiatre à New-York est une sublime récompense. Ce travail est dur, nous n'avons pas toujours de bonnes nouvelles à annoncer aux parents et nous devons nous armer d'une solide armure dans certains cas. Mais soigner ces enfants, soulager leur douleur, entendre leurs rires dans les couloirs sont les côtés magnifiques de ce métier, notre réconfort, ce pourquoi nous passons des heures éveillés, ce pourquoi nous sacrifions bons nombres de choses dans nos vies personnelles.
J'annote deux trois choses sur le dossier du petit patient avant de le déposer dans le casier de la néphrologue qui le suit depuis maintenant bien longtemps. Il est seize heures trente et j'ai finis ma journée. J'ai hâte de rentrer chez moi. Jamais encore je n'avais ressenti un tel empressement mais rien qu'à savoir que Laure y est, j'en ai envie.
Je vais dans les vestiaires, enlève ma blouse et prends mon sac.
-Salut Matt.
Je me retourne sur Nathalie qui vient d'entrer dans la pièce. Elle aussi est étudiante mais en chirurgie.
-Salut, tu vas bien ?
Elle me rend mon sourire en enlevant sa blouse. Je me retourne directement vers la porte métallique de mon casier. Putain mais pourquoi les filles de nos jours ne sont pas pudiques ?
-Ca va moyen, soupire-t'-elle. Je suis en dispute avec Evan.
Tu m'étonnes... Je n'aimerais pas que ma femme se désape devant d'autres mecs déjà.
-Ah... Ben bon courage alors.
Je sors, les yeux rivés sur la pointe de mes pompes et ne respire qu'une fois dans le couloir.
Nathalie me tourne clairement autour, je le sens mais elle ne m'intéresse pas. Il n'y en a qu'une et... Je n'ai pas le droit. Coucher avec Laure était la chose la plus fantastique, la plus merveilleuse que j'ai faite mais... C'est la chose la plus stupide aussi. Alors que j'arrive à l'arrêt du bus devant l'hôpital, je mets mes écouteurs et me décide enfin à écouter ce que Laure m'a mis dessus hier soir. Son groupe fétiche, les Twenty machin... Je ne suis pas vraiment étonné quand j'entends le genre de musique que c'est. Du punk rock. Pfff... J'éteins la musique parce que ce n'est pas du tout mon style. Moi je suis plus piano, chanteur classique. De belles mélodies qui ne t'agressent pas les tympans.
Je n'aurais pas dû m'approcher d'elle. Dès que je l'ai vue, je savais qu'elle avait un truc qui la différenciait des autres nanas. Elle est belle, marrante, gentille et je sais qu'elle a besoin de moi. Mais je n'ai pas su garder mes distances avec elle, cette fille attire l'empathie. J'ai eu envie de savoir pourquoi même dans le coma, elle avait les sourcils froncés. Maintenant que je sais pourquoi, je suis encore plus déstabilisé par elle. Je voudrais la protéger chaque jour mais c'est perdu d'avance.
Depuis que nous avons couché ensemble, je ne pense qu'à elle. Elle m'obsède carrément. Me réveiller avec elle deux matins de suite est une chose que j'aime, à laquelle je pourrais bien vite m'habituer et j'aimerais que cela se produise chaque jour. Mais cela ne se produira pas même si je sais pertinemment que je suis en train de tomber amoureux d'elle. Parce que ouai, même ma propre règle, je ne la respecte pas. Cette fille me rend dingue.
Je repense à mon mensonge... Putain j'arrive toujours pas à croire qu'elle ait cru que je ne voulais pas d'amour à cause de mes études. C'est mal de mentir je sais mais je ne pouvais pas lui dire la vérité. Pas de suite du moins. Elle n'a pas l'air si attachée à moi donc ça me va, elle ne souffrira pas trop quand je lui dirais. Et c'est malheureux mais c'est à cause de cette vérité que je ne veux pas qu'elle m'aime. C'est plus simple pour elle, pour moi aussi. Mes sentiments, je ferais une croix dessus quand je serais dans l'avion et voilà.
******
-Te voilà enfin l'intello !
Je ris en entrant dans la cuisine où je dépose mon sac sur une chaise. J'adore quand elle m'appelle comme ça. C'est assez bizarre de l'avoir ici, en train de me faire à manger.
-Salut, dis-je en déposant un baiser sur son épaule nue. Elle frissonne et j'adore ça. Son corps réagit tellement à mon contact que ça me plait. Je sais que je ne suis pas moche, je plais à beaucoup de femmes sans vouloir me vanter mais Laure est la seule que j'ai envie de voir frémir sous mes baisers. Putain. Je suis dans la merde.
-Tu fais quoi de bon ?
-Des pâtes, pouffe-t'-elle. Je ne suis pas une grande cuisinière.
Elle se retourne vers moi et j'observe sa joue. Le bleu qu'elle arbore est impressionnant mais tire déjà sur le jaune. J'effleure sa joue du bout des doigts avant de presser mes lèvres sur les siennes. C'est débile à dire mais elle m'a manqué. Elle me rend rapidement mon baiser, entoure mon cou de ses bras.
-Je suis content que tu sois là, souffle-t'-elle.
Elle mord sa lèvre inférieure en me fixant et je sais très bien qu'elle pense avoir fait une connerie en disant cela.
-Moi aussi je suis content d'être rentré bébé, lui dis-je.
Elle cligne des yeux et je l'embrasse encore. C'est trop tentant. Elle m'a rendu accro à elle avec un rire, une parole, un surnom débile, une liste et du sexe. Pendant que sa langue joue avec la mienne, je pense à m'enfouir de ce monde avec elle. On partirait juste elle et moi sur une île et on s'en taperait de tout le reste.
Je la soulève et la pose sur l'îlot central de la cuisine. Je me place entre ses jambes qu'elle s'empresse de refermer autour de ma taille. Ses mains dénouent la cravate que je porte et je bande déjà rien qu'en imaginant baiser Laure ici.
Mes mains caressent ses cuisses nues, remontent vers le short en jeans qu'elle a sur elle. Elle a la chair de poule et ça me fait sourire contre sa bouche.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
Sa voix est sensuelle, sexy. Elle pourrait me faire perdre la tête seulement en prononçant mon nom.
-Tu me rends dingue.
Elle sourit à son tour et s'attaque dorénavant aux boutons de ma chemise. Je l'interromps afin de lui enlever son débardeur. Son soutien-gorge en dentelle blanche met divinement bien ses seins en valeurs. Je lèche le renflement de ceux-ci tandis que Laure se bat avec ma ceinture maintenant. Elle moule ses lèvres pulpeuses aux miennes et je gémis. Je détache l'agrafe de son soutif juste quand on sonne à la porte.
-Putain.
Je grogne de frustration. J'ai pensé à elle toute la journée, ai rêvé de la prendre encore et encore et voilà qu'au moment venu, on est interrompu. Laure me lance son soutif en riant devant ma tête de râleur avant de remettre son débardeur. Je sens mes joues s'empourprer alors que je cache son sous-vêtement dans le placard de la cuisine avant d'aller ouvrir en reboutonnant ma chemise.
-Est-ce que je pourrais parler à Laure s'il vous plait ?
C'est sa belle-mère. Je ne sais pas comment elle s'appelle mais sa tête ne m'inspire pas confiance.
-Elle dort.
-Ah... Euh... Demain je serais seule de dix à onze heures. Pouvez-vous lui dire de venir ? Je voudrais lui parler.
-Je lui dirais, je réponds froidement.
Elle hoche la tête et je referme la porte aussitôt. Putain si jamais j'apprends que cette bonne femme a menti et que son père est là je vais péter un câble.
-C'était...
-Ouai, Nicole. J'ai entendu.
Elle remue la sauce dans la casserole alors que je m'installe autour de la table.
-Tu vas y aller ?
Je n'en ai pas envie. Je ne veux pas qu'elle retourne là-bas.
-Oui, soupire-t'-elle. Je ne suis pas majeure je te rappelle.
Je croise les bras, énervé. Putain fait chier.
-En plus, peut-être qu'elle va être sympa avec moi, qu'elle va m'aider vis-à-vis de mon père.
Je ris doucement.
-Mais bien sûr. Elle ne t'a jamais aidé et là elle le ferait ?
Laure se retourne vers moi, sa cuillère en bois en main.
-C'est quoi ce sarcasme ? Elle n'a jamais rien su, mon père était un ange devant elle et je ne lui ai jamais rien dit.
-Elle a dû s'en douter.
-Non, répond-t'-elle en secouant la tête.
-Tu es trop naïve Laure. Cette femme a l'air mauvaise, ça se voit. Enfin, vas-y c'est rien. Je n'ai rien à dire et après tout je m'en fout.
Je me lève et quitte la pièce sous le regard incompréhensif de Laure. Putain fait chier !
Je sors dans le jardin pour tenter de calmer la colère qui gronde en moi. Je ne croirais jamais que cette Nicole n'a jamais rien vu ou entendu. C'est impossible. Je prends une brève inspiration en m'installant sur une chaise et ferme les yeux. Calme-toi Matt, calme-toi. J'ai beau me répéter cela, je n'y arrive pas. Je sais qu'elle va essayer d'amadouer Laure pour que celle-ci ne dise rien aux flics. Et moi, je voudrais qu'elle porte plainte. Ce connard doit être puni pour ce qu'il a fait et je ne vois pas pourquoi il s'en tirait comme ça.
La porte qui grince m'annonce l'arrivée de Laure. Elle s'assoit face à moi et me foudroie du regard.
-C'est bon ? Tu as fini de bouder comme un gamin ?
Je lui rends son regard noir.
-Non.
Elle pince ses lèvres entre son pouce et son index et baisse les yeux.
-Matthew... Il faut que tu me comprennes.
Elle se tait un long moment, réfléchissant à ce qu'elle va me dire.
-Quand tu ne seras plus là, faudra bien que je me débrouille avec lui tu sais. Plus qu'un an, une seule année à le supporter lui et... ses coups. Ce sera finit après.
Elle tremble et je sens mes yeux s'embuer. Comment peut-elle accepter de se faire frapper ?
-Tais-toi, craché-je. Tu déblatères des conneries.
-C'est ça ma vie Matthew ! Tu croyais quoi ? Que tu me sauvais tel un prince sur son cheval blanc ? Et bien non ! Ma seule solution est de patienter ! De fermer ma gueule !
Mes poings se serrent tellement que j'en ai mal. Je déteste l'entendre dire ça.
-Arrêtes. Il existe des foyers, des aides pour les gosses battus. Tu n'es pas obligée de supporter ça.
Elle rit faussement et je me crispe.
-Ouai, les foyers. Je vais aller d'office m'y inscrire comme ça je serais une gosse tellement plus heureuse.
Elle se lève en évitant le bras que je tends pour la retenir. C'est seulement quand elle rentre quand je m'autorise à craquer. Imaginer la fille qu'on aime se faire battre, c'est terrible. Elle n'a pas l'air de le comprendre et sachant le pourquoi, je décide de tout lui révéler. Tant pis.
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