*Chapitre 8*
【𝓣𝓦】· ʜᴀʀᴄÈʟᴇᴍᴇɴᴛ ·
Alice
J'aurais dû prévoir ce retour à la réalité. Prévoir que cette amitié naissante qui me rend enfin heureuse ne peut tout de même pas effacer ma réputation. Au contraire, c'est elle qui affecte Cassandre et la détruira comme elle m'a détruite au début de mon adolescence. Je dois rester comme à mon habitude et les ignorer. Ce serait leur faire une fleur que de paraître touchée. Je tourne vers la file de personnes attendant pour prendre leur petit déjeuner alors que Cassandre me suit de près. Ils ont arrêté de me regarder pour l'observer et la jauger. Alors que j'attrape un plateau, elle se retourne vers moi :
« Pourquoi est-ce qu'ils nous ont regardées comme ça ?
— Parce qu'ils me détestent et que tu es nouvelle.
Elle ne répond pas. Que répondre à ce genre de phrase ? Enfin, c'est ce que je croyais.
— Moi, je ne te déteste pas.
Je la regarde, ses cheveux bruns masquant son visage alors qu'elle s'avance pour attraper une brique de jus de fruit. Elle me remarque et un léger sourire se dessine sur ses lèvres. C'est plutôt moi qui reste bouche bée. Je m'approche de ma table de prédilection près de la fenêtre, toujours vide. Je m'y installe, Cassandre toujours sur les talons. Elle me pose plusieurs questions à propos des cours, sur les différentes matières et les thèmes que nous étudions pendant le repas. Je la rassure qu'à ce propos les professeurs seront indulgents avec elle. Puis vient une autre question, bien moins facile à répondre.
— Pourquoi est-ce que les autres te détestent ?
Elle a certainement senti que cette interrogation ne me plaisait pas. Elle demande des excuses à la seconde d'après, mais il est trop tard. Je lui réponds à contre cœur :
— Je n'en sais rien. Ça a toujours été comme ça.
— Je suis désolée, c'était maladroit, je n'aurais pas dû...
Bien sûr que je le sais. Mes pouvoirs, ou ce qui y ressemble leur fait peur. Et comme tous les autres elle me craindra quand elle comprendra ma malédiction. Une boule se forme dans mon estomac. Il vaut mieux ne rien créer pour que rien ne soit détruit, comme il me l'a toujours affirmé. Ce n'est pas l'aboutissement qu'on me réserve ici. Je me lève.
— Ce n'est pas grave. Ne t'en fais pas pour moi, de tout ça. Je fais un signe de main vers les autres élèves. J'ai vécu bien pire. Ce n'est pas des remarques ou des insultes qui me blesseront.
Je prends mon plateau pour m'éloigner. Elle m'appelle. Je me retourne. Pourquoi ? Qu'est-ce que tu m'as fait pour m'affaiblir ainsi ? Pour me faire croire au bonheur ?
— Attends ! Laisse-moi t'aider.
Je serre les dents. Pourquoi est-ce qu'avec toi tout est plus compliqué ?
— Ecoute, éloignes-toi de moi d'accord ? Laisse-moi tranquille. Je n'ai pas besoin d'aide, pas besoin d'une quelconque pitié. Rester seule me va très bien. Je suis capable de tenir tête à ces abrutis, mais toi, est-ce que tu en seras capable ? »
Le ton de ma voix est bien plus froid et cassant que je ne l'aurais voulu. Il est trop tard maintenant. Il a toujours été trop tard. Elle ne dit rien, sans doute choquée de mes paroles. Je n'attends pas sa réponse et marche d'un pas rapide vers la file d'élèves qui déposent leurs plateaux vides. C'est sans me retourner que je sors quelques secondes plus tard.
Cassandre
Je n'y crois pas. Après tout ce qu'il s'est passé, les rêves, l'enlèvement, la soirée d'hier, et même ce qu'il s'est passé ce matin, elle décide de me laisser en plan comme ça ? Ça ne peut pas être vrai. Je refuse de la croire. Je termine mon repas avant de la chercher. Elle a déjà disparu. Mince ! Je suis vraiment stupide, je n'aurais jamais dû dire ça. Je sors à mon tour vers la sortie, je suppose que les salles de classes se trouvent de ce côté, puisque plusieurs personnes s'y dirigent. Nous sortons dans un jardin aux différentes teintes de vert et de quelques bosquets encore en fleurs. Je marche un instant. Pourtant un problème se pose après quelques pas sur le gravier. Dans quelle salle dois-je aller ? Alice m'aurait aidé, c'est certain. Bon sang, pourquoi il a fallu que je casse tout alors que nous étions... Qu'est-ce que nous étions au juste ? Des amies ? Ça fait à peine deux jours que l'on se connaît. Qu'est-ce que je croyais ? J'ai voulu m'immiscer dans un problème qui n'était pas le mien. Elle a eu raison de me rejeter dans un sens. Je n'allais pas changer sa situation d'un coût de baguette magique. Je rentre dans un autre bâtiment, celui avec les dessins aux murs et des porte-manteaux. Je suppose que je suis au bon endroit. Il ne manque plus qu'à regarder à quel étage je dois me diriger. Je tente le premier, mais les élèves n'ont pas le même uniforme que moi. J'opte alors pour le deuxième étage. Les garçons semblent déjà plus grands et les filles plus âgées que celles de l'étage précédent. Je remarque au loin un groupe de personnes à l'uniforme clair, ce qui tranche avec celui foncé de tous les autres. Tous les lycéens n'ont pas un uniforme blanc ? Je l'avais vu avec les collégiens dans la cantine, mais très rapidement. Ils n'avaient pas l'air d'apprécier ma présence...
Une silhouette blanche me bouscule sans crier gare. Je me rattrape à quelqu'un par réflexe et m'excuse avant de suivre ce chauffard. C'est un garçon aux cheveux blonds en brosse courte. Je l'interpelle :
« Eh toi ! »
Il ne se retourne même pas. Il va me faire rager à n'avoir aucune once de respect. Je le suis et me retrouve face au groupe que j'avais repéré. Certains entrent dans la salle alors que d'autres restent à l'extérieur à discuter. Le blond fait partie de ce groupe. Lui et ses amis me remarquent et ceux dos à moi se retournent. Il se retourne aussi et me regarde comme pour m'analyser. Sa chemise est ouverte de deux boutons en haut et il ne porte pas de cravate, ce qui laisse saillir ses clavicules. Je suis déjà enervée, cet idiot ne va pas s'ajouter à la liste des causes.
« Qu'est-ce que tu me veux ?
Il remarque mon uniforme et poursuit, plus calme et avec sourire :
— Tu es la nouvelle toi.
J'acquiesce sans un mot.
— Tu peux rester avec nous si tu veux. Je sais comme ça peut être dur de se retrouver dans un monde tout nouveau.
L'un de ses amis continue :
— C'est clair que se retrouver dans ce bahut n'est pas forcément évident. Le cursus est complexe. D'ailleurs, comment t'as fait pour te retrouver ici en plein milieu d'année ? T'as été viré de ton lycée ?
Je me tourne vers lui et l'observe. Contrairement au blond, son uniforme est parfaitement droit et sans un pli. Ses cheveux bruns sont relevés en arrière. Je ne peux pas leur dire que j'ai été enlevée. Ils me prendraient pour une folle.
— Oui... Mais à tort. Ils voulaient me faire taire des choses que j'avais vues. Je n'y étais pour rien.
— Ah, merde, fait le blond. Ne t'en fais pas, on ne va pas te juger pour ça. Beaucoup de gens sont ici pour avoir fait les mauvais choix. Mais heureusement on nous donne une deuxième chance. »
J'acquiesce une nouvelle fois d'un hochement de tête et il me propose de rentrer dans la salle. Cependant de nombreuses tables sont déjà prises et je suppose qu'ils ont déjà des places attitrées. Celles au dernier rang sont vides et proches de la fenêtre aussi alors qu'il fait un temps magnifique. Malgré mes craintes, ils arrivent à me laisser une place dans le groupe et je m'assois avec eux. Nous nous présentons et après plusieurs minutes à les avoir écoutés, je pense avoir retenu leurs prénoms. Hector pour le blond, Basile pour le brun. D'autres ont aussi évoqué le leur, comme quelques filles ; Blanche, Emma et Hélène. La sonnerie retentit. Une autre ombre claire se dessine dans l'encadrement de la porte et passe sans même nous regarder. Mes yeux eux, au contraire, se figent quand je reconnais qui passe près de moi. Les pupilles d'Alice semblent former des lignes bleues, un sillage qui s'efface après quelques secondes. Mon cœur se serre quand elle m'ignore. Est-ce vraiment ce qu'elle veut ?
L'ambiance change même avec les autres élèves. Les voix se feutrent et se taisent. Les regards se tournent et l'air devient lourd. On pourrait entendre les mouches voler. Seuls les pas d'Alice raisonnent dans le silence. Elle s'assoit dans le fond, près de la fenêtre, dans un calme presque irréel. Elle semble ailleurs. Un sourire carnassier se dessine sur le visage du blond et il regarde ses amis. Certains lui sourient en retour, d'autres gardent leur air neutre. Il se tourne vers moi pour me murmurer :
« Regarde bien cette fille. C'est une sorcière. Elle voit des choses qu'on ne voit pas. Peut-être bien des démons. Si ça se trouve elle a fait un pacte avec eux pour avoir des pouvoirs.
Je hausse les sourcils. Il est sérieux là ou il veut me tester ? Et puis qu'est-ce qu'il lui veut ? Ils la détestent vraiment à cause de rumeurs comme ça ?
— Qu'est-ce que tu me racontes ? Ca n'existe pas les sorcières, et encore moins les démons. Arrête d'inventer des trucs, je ne suis pas stupide.
— Oh, mais si tu ne me crois pas je peux te le prouver. »
Il garde son sourire stupide et prend son agenda pour en arracher une page déjà utilisée. Il en fait une boule de papier pour s'asseoir, retourné vers le fond de la salle de façon à avoir le dossier de la chaise au niveau du buste. Il cherche à viser quelques secondes quand je comprends ce qu'il veut faire. Il lance la balle de papier vers le visage d'Alice. Je tente de la rattraper mais trop tard. Elle atteint déjà la hauteur du dernier rang. Elle regarde vers l'extérieur, ne tente même pas de se retourner. Ne la touche pas, ne la touche pas. Cette stupide boule de papier ne doit pas l'atteindre. Ce garçon est un gamin. Qui perd encore son temps à jeter des choses aux autres à notre âge ?
Je pensais qu'elle toucherait quand même sa tête. Mais au dernier moment sa main droite l'attrape. Le moment d'un instant. Elle daigne ensuite nous jeter un regard. Hector s'est déjà retourné vers ses amis, les poings serrés sur la table. Je suis la seule qui regarde Alice, et elle est la seule qui me regarde. Ses yeux sont différents, aussi froids qu'un glacier. Ils avaient toujours l'apparence de petites flammes bleues. Elle sert le papier froissé de son poing sans rien dire, toujours en me fixant. Elle croit que je l'ai lancée ? Je cherche à faire des excuses silencieuses mais j'entends à mes côtés le blond qui bougonne dans son coin. Je comprends des bribes quand je me retourne vers lui :
« Espèce de sorcière. C'est impossible qu'elle ait pu la voir seule. Tu vas voir si tu fais la maligne... »
Les articulations de ses doigts semblent presque blanches au fur et à mesure qu'il sert les poings. Sans prévenir, un pressentiment me saisit la gorge. Mes yeux sont fixés sur ses mains alors que je sens mon cœur me faire mal. Il accélère bien trop vite. Ma vue périphérique se brouille, mes oreilles bourdonnent. Je ne vois plus rien. Je n'entends plus rien. Pourtant mes yeux sont bien ouverts ! Mes poumons me brûlent, où est l'air ? De l'air ! Puis les sons reviennent. Entrecoupés, aigus à en faire saigner les tympans. Je vois enfin. Un flash blanc m'aveugle pour laisser apparaître les couleurs. Celles des murs unis du bâtiment. Les bruits étaient en réalité des cris. Des cris de douleur, de peur, de mort. Chaque once de ma peau en tremble. Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que je fais ici ? Je n'étais pas dans la classe ? Une migraine vive, fulgurante me frappe à la tête. Par réflexe je la tiens dans mes mains et ferme brièvement les paupières. Quand je les rouvre, mes poumons brûlent toujours. Où est l'air ?! Donnez-moi de l'air ! J'entrevoie des silhouettes blanches. Des élèves de la classe ? A l'aide ! Venez m'aider ! Ils sont autour, en cercle et me regardent de haut. Depuis quand je suis par terre ? Pourquoi j'ai mal partout ? J'ai l'impression d'avoir été passée sous un rouleau compresseur. Pourquoi vous ne m'aidez pas ? Les sons deviennent plus distinctifs. Est-ce la voix d'Hector que j'entends ?
« Crève espèce de parasite !
Une douleur me frappe le ventre. Je me tords de douleur. Puis le dos. Je crie. Puis les tibias. Puis les épaules. Je protège mon visage par réflexe, tente de me recroqueviller. Puis mes bras. Encore. Encore et encore. Des poings et des pieds me torpillent de toutes parts.
— Tu as voulu te prendre pour qui à te défendre comme ça ? Tu te crois la meilleure ? Tu n'es rien tu m'entends ? TU N'ES RIEN ! RIEN DU TOUT ! DISPARAÎT ! DISPARAÎT SANS LAISSER DE TRACES ! ESPÈCE DE POUSSIÈRE, DE PARASITE ! TU N'ES RIEN DU TOUT ! PLEURE LES LARMES DE TON CORPS SI CA TE CHANTE, CA NE CHANGERA RIEN ESPÈCE DE SORCIÈRE ! »
Combien de temps dure encore ce calvaire ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Arrêtez. Arrêtez !
Je me retrouve dans la salle de classe. Tout est encore calme sinon les chuchotements des bavardages des autres élèves. Les mains du blond ont disparu et il me fixe étrangement.
« Il y a un problème ? Tu es toute pâle. Je suis désolé si je t'ai fait peur. Je peux être colérique parfois... J'essaye de faire de mon mieux pour ne pas l'être.
Je mets plusieurs secondes à comprendre ce qu'il me raconte. Sa voix est exactement la même. J'entends encore ses cris. Je sens encore ses coups. Une excuse. Il me faut une excuse.
— Désolée. Je commence à avoir une migraine. Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit, c'est peut-être la fatigue.
Il veut poser sa main sur mon épaule pour me rassurer mais dès son contact mon corps se fige. Ne. Me. Touche. Pas. Je m'écarte lentement.
— Ne t'en fais pas, je vais bien. J'ai juste besoin de sommeil.
— D'accord, si tu le dis. N'hésite pas à aller à l'infirmerie pour te reposer. »
Je n'ai pas le temps de le remercier pour son conseil que le premier professeur entre dans la salle. Tous se retournent vers lui et sortent leurs affaires. Je reste interdite encore un instant. Est-ce que c'était une vision ? Je n'en ai jamais eu éveillée. Les images commencent à s'effacer de mon esprit mais les sensations, elles, restent. Quand le professeur m'appelle pour que je me lève et me présente, la douleur dans mes muscles me fait presque grimacer. Ce n'était qu'une vision. Ce n'était pas moi. La seule personne que Hector peut appeler « Sorcière » est Alice. Je ne sais pas quand, ni pourquoi, mais elle est en danger. Je dois absolument trouver un moyen de lui en parler. J'ai peut-être pendant quelques secondes entrevu un moment du futur, de son futur. Je ne sais pas comment, mais je l'ai vu.
Alice
Il est vraiment idiot ce gars. Il doit encore penser que j'ai des pouvoirs ou quelque chose du genre. Enfin, ce n'est pas faux dans un sens. Si je n'avais pas entendu Alberto m'avertir que Hector parlait avec elle, je n'aurais pas regardé ses faits et gestes dans le reflet de la vitre. Après avoir rattrapé la boulette de papier et l'avoir cachée dans mon sac, une violente migraine m'oblige à me tenir les tempes. Je pose mon front sur la table pour tenter de me concentrer à calmer la douleur. Elle s'efface en quelques secondes aussi vite qu'elle était venue. Qu'est-ce qu'il vient de m'arriver ? La question reste en suspens alors que je cherche des réponses rationnelles. Alberto, qui me suit depuis que j'ai quitté la cantine et n'a cessé de me sermonner sur le chemin, ne me réprimande plus. Il me demande, maintenant inquiet :
« Tu es sûre que ça va ? Essaye peut-être d'aller voir s'il y a quelqu'un à l'infirmerie.
Je lui chuchote :
— Non. Personne n'a rien vu. Si je sors, ils se douteront de quelque chose. Et puis c'était sûrement passager.
— Hum... Si tu le dis. Je te laisse, ton professeur est là.
En effet, notre professeur d'anglais entre dans la salle. Il pose sa sacoche sur le bureau avant de s'exprimer :
— Bonjour tout le monde. Comme vous avez pu le remarquer, nous avons un nouvel élève. S'il te plaît, lève-toi pour te présenter. »
Il se tourne vers Cassandre et elle obéit. Tous l'écoutent prononcer son nom, son âge et la ville d'où elle vient. Elle ne donne pas plus d'informations sur son arrivée ici mais demande aux autres de pouvoir l'aider à rattraper les cours et leçons que nous avons commencés. Qu'est-ce qu'elle est drôle à être innocente comme ça. Bienvenue dans le bassin aux requins ma chère. Elle part se rasseoir près de la bande de populaires. Je la suis du regard mais quand je m'apprête à le détourner, c'est elle qui tourne le sien vers moi. Elle ne prononce aucun mot mais semble effrayée par quelque chose. Elle se tourne vers le blond, occupé à parler avec ses amis et le pointe du doigt discrètement. Je dois faire attention à Hector ? Elle se fiche de moi ? Je fronce les sourcils. Je suis déjà au courant, merci du conseil. Ce garçon est une ordure. Il piétine ceux en dessous de lui et cherche à faire tomber ceux au-dessus. La personne qui devrait faire attention, c'est toi.
Le professeur commence son cours et comme à notre habitude, le calme est palpable pendant que nous prenons nos notes jusqu'à la récréation. Ils sortent tous dans des rires. Pendant que j'ouvre l'une des fenêtres pour aérer la salle, j'entends d'une oreille Cassandre leur indiquer qu'elle les rejoindra après avoir complété ses notes. Ils ne l'attendent pas et sortent en trombe. Après quelques instants à attendre, elle se lève pour se diriger de mon côté. Bon sang. N'as-tu pas compris que c'était inutile ? Qu'il serait impossible pour nous d'être amies ?
« On doit parler. Dit-elle.
— Je n'ai plus rien à te dire.
Je tente de sortir du rang de tables mais elle me bloque le passage, puis essaye du côté de la fenêtre où un petit espace pourrait me laisser passer. Elle fait le tour pour me bloquer, identique à mon reflet.
— Moi, j'ai quelque chose à te dire.
— Comme quoi Hector est dangereux ? Merci, j'étais au courant. Ça fait dix ans qu'il me fait les pires crasses.
— Quoi ? Et tu te laisses faire ?
Ses yeux lancent des éclairs.
— Je ne me rabaisserai pas à leur niveau. Je leur ferais plaisir.
— Mais-
— Il n'y a pas de « mais » ou je ne sais quoi. Tu ne les connais pas et moi si. Fais plutôt attention à toi en les côtoyant. Un jour tu verras et tu comprendras.
J'arrive à la pousser pour m'écarter d'elle et cherche à sortir mais elle me rattrape par le bras. Je l'observe. Son expression a changé, elle est bien plus préoccupée que je ne le pensais. Sa colère est tombée en quelques secondes.
— Je t'assure que j'ai vu. Je ne peux peut-être pas changer les choses dans cette classe et la relation que tu as avec ces gens, mais s'il te plaît, sois prudente avec lui.
Elle lâche enfin mon bras et je m'écarte.
— Ouais. Ne t'en fais pas, je le suis depuis longtemps. »
Je la laisse une nouvelle fois seule dans la salle alors que des dizaines de questions se bousculent dans ma tête, dont une criante : Qu'est-ce que tu as vu Cassandre ?
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