Ysaïne (Chapitre 177)
Ideadolis, nom suggéré par claire_drc
L'action va toujours trop vite mais je reviendrais en arrière pour corriger...;)
-Tu as tort. La ville d'Ideadolis n'est pas fiable. Ils étaient bénéficiaires du régime d'Edilyn et la plupart des habitants étaient liés à un garde noir, qu'il soit fils, cousin, oncle, ami... Il ne faut surtout pas les armer pour le moment, même s'ils réclament leur propre police. Envoie plutôt des hommes d'Ivy, même si cela fera des mécontents...
Je n'ai jamais aimé être contredite aussi fermement. Encore moins en public. Dans une réunion officielle du conseil. Argh.
Je regarde Esteban droit dans les yeux, inspire, expire, me redresse sur mon siège et m'arrache un sourire crispé. Je jurerais que Camille à ma gauche vient d'échanger un coup d'œil avec Denis derrière moi. Si elle fait comme la semaine derrière, elle est en train de parier que je vais encore me disputer avec Esteban... sans supporter ensuite son absence.
-C'est... Heu...
Esteban hausse les épaules et ses yeux font le tour de la table. Il interroge l'un des hommes présents sans me laisser poursuivre :
-Hardin ?
-Vous avez raison quoique je déplore de devoir le dire. Majesté, nous devrions écouter son conseil, c'est le plus judicieux.
Mon dragon vient de cracher en direction de Chat et la bestiole poilue s'enfuit entre mes jambes, m'effleurant au passage les chevilles de sa fourrure soyeuse. Mais je ne me laisse pas déconcentrer et me force à mettre ma fierté de côté pour réfléchir à ce que je viens d'entendre.
Ideadolis... L'une des dernières villes à s'être rendue à mon autorité. Et je suis obligée de me rendre à l'évidence : la moitié de la garde noire d'Edilyn au moins a été recrutée là-bas.
Je me décide donc à incliner la tête et à répondre d'une voix ferme :
-Le maire d'Ivy a raison... Esteban c'est possible d'envoyer une partie de ta police là bas ?
Ses yeux brillent d'amusement lorsque je me tourne vers lui et il réplique avec un sourire ironique :
-Un plaisir majesté.
Aïe. Juste revanche pour le "monsieur le maire".
Je me lève alors de mon siège, et tous font de même avant que j'annonce calmement :
-La réunion est terminée pour aujourd'hui, merci à tous...!
Je serre quelques poignées de main, souris beaucoup, et quelques minutes plus tard je peux enfin souffler, seule dans la grande salle en compagnie d'Esteban toujours assis, de Camille et de Denis.
J'évite scrupuleusement leur regard à tous et le silence s'éternise avant que Camille ne pouffe de rire. Je laisse échapper :
-Quoi ?
Denis réplique dans mon dos :
-Vous devez être très amoureuse pour ne pas avoir remis en place Esteban... Pour n'importe qui d'autre vous auriez tenu compte de l'avis après une réponse bien cinglante...
Je me retourne vers lui et observe en tâchant de cacher mes sentiments :
-Tu refuses de me tutoyer et de m'appeler Ysa mais me critiquer sans aucun respect ça c'est possible ?
Je m'apprête à ajouter quelque chose mais Esteban me prend soudain la main et je me retourne vers lui, affrontant son regard que j'adore maintenant, ses yeux si noirs, mais animés d'un reflet mordoré superbe.
Camille esquisse un sourire plein d'espièglerie et sort de la pièce sans rien dire. En revanche, il faut que je fusille du regard Denis pour qu'il fasse la même chose.
Un fois la porte refermée, je plonge de nouveau mes yeux dans les prunelles d'Esteban. Celui-ci se lève alors, s'approche de moi tandis que je fais de même, et nous restons un instant là sans rien dire l'un en face de l'autre, profitant de l'instant, nos souffles se confondant presque tant nous sommes proches.
Il murmure enfin :
-Merci d'avoir tenu compte de notre dernière... discussion.
Au souvenir de nos cris de la veille, je redresse un peu la tête, avant de corriger avec un léger sourire aux reflets plein d'hésitation :
-De notre dispute tu veux dire. J'ai essayé disons de...
Il me prend les mains doucement et complète :
-D'être sociable. Et d'écouter ce que je peux te dire. Je t'adore individualiste toujours Ysa...
Mon sourire s'agrandit sur mes lèvres, devenant malicieux, et c'est moi cette fois-ci qui termine :
-... Mais c'est dur alors d'être deux.
Esteban sourit à son tour et veut me prendre dans ses bras mais je m'échappe d'un saut sur le côté en riant cette fois-ci, avant de demander en allant m'assoir sur la table :
-Je vais parler à ma mère. Et toi à tes parents ?
Il s'assombrit.
-Oh, eux ! C'est urgent ?
Mes yeux brillent d'un éclat amusé et je réplique :
-Si on se mariait ?...
Cette fois-ci il ne me laisse pas le temps de m'enfuir et de toute façon je n'en ai pas l'intention. En un pas il m'a rejointe et nous nous embrassons tandis que je me relaisse tomber sur mes pieds. La main dans son dos, les yeux brillants, je demande alors lorsque nous nous détachons l'un de l'autre :
-Dans un mois ou dans deux ?
Il éclate d'un rire franc, joyeux, et enroule doucement autour de son doigt d'un mouvement vif l'une de mes mèches de cheveux bleus.
-Tu ne me laisseras jamais prendre l'initiative alors !
-Ah si ! Je t'ai donné raison devant tout le conseil alors que tu m'avais clairement contredite sans la moindre précaution oratoire !
-Voyez-vous ça... Précaution oratoire ? Tu parles en mots savants maintenant ? Depuis quand ?
Je riposte avec un nouveau rire :
-Depuis que j'ai comme livre de chevet un bouquin de protocole ! Ça apprend des trucs mine de rien...
-Comment se comporter face à un maire très troublant et pour qui on perd totalement la tête par exemple ?
Je réponds d'une traite, faussement sérieuse :
-Je n'ai pas encore lu de chapitre là-dessus mais je n'ai pas du tout terminé alors peut-être...
Mais je cesse bientôt de plaisanter pour demander plus sérieusement :
-Alors ce mariage ?
Il se rapproche de moi, et murmure en se penchant à mon oreille :
-D'accord... À condition que tu me laisses acheter la bague.
Je hausse un sourcil.
-Tu en doutais ?
-Je te voyais bien me la voler avant que j'ai pu te l'offrir...
Je ne réponds rien mais me contente de poser ma tête sur son épaule. Je songe fugitivement à Idwin pour qui mon cœur a tant balancé. Mais je n'ai pas une seconde de regret ni d'hésitation et mon sourire achève de grandir sur mes lèvres, tandis que je sens mon cœur accélérer sa course sans raison apparente si ce n'est l'émotion.
J'ai hâte de partager tout cela avec ma mère... Et de voir cette future bague...!
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