Ysaïne (Chapitre 142)
Je crois que je peux comprendre la fascination de ma mère pour les aéronefs spatio-temporel... Là, tout de suite, je ne peux qu'admirer la superbe machine qui se matérialise sous mes yeux dans une superbe spirale de lumière.
Mais je ne peux aussi m'empêcher de pousser un profond soupir de soulagement tandis que Maly s'exclame à mes côtés :
-Incroyable tout de même qu'elle soit encore capable de chercher les pires ennuis ! Et sans moi !
Mais on dirait bien qu'elle est admirative... Je me tourne sur ma gauche et Camille me lance un étincelant sourire, carnet et stylo en main, en ajoutant à haute voix :
-Option A, interdire à partir d'aujourd'hui les voyages temporels pour être tranquille à l'avenir, option B, mettre ta mère entre quatre murs pour être certaine de ne plus t'inquiéter également, option C...
J'éclate franchement de rire en remettant mes cheveux bleus d'un mouvement vif dans mon dos et demande en l'interrompant :
-Combien d'options Camille ?
Elle baisse les yeux d'un air sérieux sur son papier avant de redresser la tête, le stylo à projecteur toujours en main.
-Seulement dix Ysa !
Je n'ai pas le temps de répliquer car la machine est maintenant parfaitement stabilisée sur la plateforme et la porte coulisse pour s'ouvrir. Azylis est devant moi deux minutes plus tard, mais pas seule. Elle s'avance vers moi avec un grand sourire, suivie d'un homme et d'une femme qui ne me rappellent rien et de deux adolescents.
-Ysaïne... Je te présente mon frère Tugdual, sa femme Marguerite, celle qui a permis que ton père et moi nous rencontrions, ainsi que tes cousins Tristan et Meredith...
Camille en lâche son stylo mais je ne suis personnellement pas si surprise que ça et j'esquisse un petit sourire amusé.
-Les voyageurs du temps ne sont-ils pas interdits ?
Azylis me répond d'une jolie grimace en rétorquant :
-Et les voleuses promises à la prison à vie ?
Je fais mine d'être outragée avant de tendre une main... à mon oncle. Il me la serre avec force, me regardant droit dans les yeux, et je ne peux m'empêcher de ressentir alors une drôle d'émotion en songeant que ma famille est aujourd'hui presque réunie... Si, je suis émue au plus profond de mon être.
Lorsque je m'immobilise devant Marguerite, celle-ci ne serre pas tout de suite la main que je lui tends. Elle prend calmement la parole pour dire :
-Nous ne resterons pas dans ton époque Ysaïne, quoi que ta mère espère. Nous ne sommes là que pour le couronnement...
Je la dévisage quelques secondes sans mots dire avant de me décider à répondre :
-Ça ne m'étonne pas plus que cela. Merci d'être venus...
Elle serre alors ma main avec un léger sourire avant de se retourner vers les deux adolescents. Le plus jeune, Tristan, m'adresse de loin un hochement de tête, et Meredith demande sans s'approcher non plus :
-Alors, tu seras réellement reine ?
Ses yeux brillent d'un curieux éclat lorsque je hoche fermement la tête. Elle se tourne ensuite vers son père et prend la parole un peu froidement :
-Je n'ai pas tes scrupules. Durant notre séjour, je veux suivre un cours d'histoire en accéléré de notre époque...
Camille et Maly, restées jusque là toutes deux en retrait, réagissent au même instant mais pas de la même façon. Le robot répond :
-Je suis un excellent professeur, sans vouloir me vanter.
Tandis que Camille crie :
-C'est interdit ! Et cela peut se comprendre, toute l'histoire va se trouver modifiée et...
Mais ma mère et Marguerite échangent un regard. Devinant ce qu'elles vont dire, je me tourne vers l'une de mes amies les plus chères et observe :
-Peut-être que l'histoire c'est justement ça ? Que ce voyage temporel en fait partie...
***
Maly et Camille nous ont laissé seuls dans le salon, en famille. Tout le monde est assis, sauf moi qui m'obstine à rester debout près de la fenêtre.
Je n'arrive toujours pas à intégrer que j'ai là sous les yeux mon oncle, ma tante et mes cousins... Je dévisage alors plus attentivement Meredith.
Assise sur un canapé vert, elle paraît à la fois subjuguée par tout ce qui l'entoure et mal à l'aise, pas exactement à sa place. Ses vêtements, usés et poussiéreux, renforcés par endroit pour soutenir visiblement des conditions de vie difficiles, sont opposés à la fine tunique que je porte, à mon pantalon clair et mes fines sandales hautes.
Je n'écoute pas vraiment la conversation... Jusqu'au moment où je me décide à intervenir, assez abruptement.
-Tugdual, qu'est devenue Meredith ? Votre sœur ?
Ma mère me lance un coup d'œil difficile à interpréter. Il me semble qu'elle a pâlit soudain et ses doigts se crispent sur les accoudoirs de son siège. Mais la connaissant, je suis certaine qu'une part d'elle-même m'est reconnaissante d'avoir posé la question.
Étonnamment, ce n'est pas mon oncle qui répond mais mon cousin Tristan. En me fixant de son regard dur, il articule calmement :
-Elle a disparu en mer... Une mission qui a mal tournée.
Disparition en mer ? Même à l'époque d'Azylis, il me semble que cela n'arrivait plus. J'ai soudain envie de demander des détails sur cette guerre dont ils viennent de tous parler, sur ce qui leur est arrivé...
Mais je devine que ce n'est pas forcément la meilleure chose à faire. Mes yeux reviennent se poser sur ma cousine et je murmure avec sincérité en évitant de regarder ma mère :
-Je suis désolée...
La plus mal à l'aise semble être justement Meredith puisqu'elle se lève brusquement de son siège et se dirige vers la porte. J'hésite un instant puis m'élance à sa suite en ne voyant personne bouger après un coup d'œil à ma mère. Azylis ne pleure pas, ne fais pas un geste.
Sans en avoir parlé, je suppose qu'elle avait deviné la vérité... Mon cœur se serre pour elle tandis que je rattrape dans le couloir ma cousine.
Il n'y a personne et elle s'immobilise tandis que je lui demande doucement et que nous nous asseyons par terre sans nous être concertées :
-Qu'as-tu ?
-Je l'aimais beaucoup... Elle était toujours tellement présente ! Je l'ai connue, contrairement à ce que croient généralement les gens. Elle me manque... Nous n'en parlons jamais entre nous, c'est un peu un sujet tabou... Mais chaque fois que quelqu'un prononce mon prénom, je pense à elle...
D'où me vient alors ce geste ? Je serre son bras fraternellement et la force à me regarder :
-C'est normal d'être triste. J'espère juste qu'un jour tu pourras simplement sourire en songeant aux bons moments passés...
Meredith sourit avant de me fixer soudain d'un regard plus neutre.
-Demain tu seras reine...
-Tu me l'as déjà dit. C'est pour ce couronnement que vous êtes venus, non ?
Elle incline la tête avec hésitation, et, l'espace d'un instant, il me semble me voir devant le miroir tant elle fait une petite moue qui me ressemble. Un tic de ma mère ? Elle murmure enfin :
-D'après l'histoire, qui était le premier roi d'Astra ?
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