Ysaïne (Chapitre 100)

-Merci Satan ! De m'avoir prévenue que tu entendais les cris de Rebelle...

Le gigantesque dragon bleu se contente de répondre d'une voix qui résonne comme un murmure dans mon esprit :

-Je serais venu de toute façon, avec ou sans ton accord alors...

-Merci quand même...

Camille s'accroche un peu plus fort à moi et prend la parole :

-Et oh, en tant qu'assistante technique je devrais avoir accès à toutes les conversations !

Je réplique avec un demi-sourire :

-Espionne !

Mais je me rembrunis et redeviens rapidement sérieuse la avant de lui expliquer la situation tandis que Satan commence à cercler autour du toit ou j'aperçois ma mère, le robot et le garçon que je crois reconnaître...

-Je vais me laisser tomber pour les rejoindre. Il faut absolument qu'on fasse le point et...

Camille desserre un peu ses mains crispées autour de ma taille (décidément elle n'aime pas beaucoup les dragons) et répond d'une voix forte pour couvrir le vent :

-Alors vas-y ! Mais sans moi... Je t'attends sur Satan, je crois que c'est une discussion qui ne me regarde pas...

Je résiste à l'envie de lui demander si elle a perçu les regards brûlants que je pose sur le jeune homme que je ne peux voir nettement de loin, si c'est la raison pour laquelle elle reste plus longtemps que nécessaire sur le dragon, et me contente de dire :

-D'accord ! À tout de suite API...

-API ? Qu'est-ce que c'est ?

Un nouveau sourire affleure à mes lèvres tandis que Satan entame un mouvement de descente :

-Assistante Personnalisable Inutile...

Et je me laisse glisser rapidement sur le côté pour atteindre plus vite la surface que je vise. La voix offusquée de Camille retentit derrière moi tandis que je tombe sur le toit plat juste et que mon pied émet un bruit inquiétant en heurtant le sol.

-Pas inutile ! Ysa tu exagères ! Tu es la pire princesse que j'ai jamais eu à coacher !

Je n'ai heureusement pas trop mal à ma cheville lorsque je me redresse brusquement et tente d'ignorer les cris furieux de Camille. Au moins, elle gagne des points dans la catégorie "réussir à me détendre".

Mais je n'ai pas le temps de réfléchir plus qu'une personne accourt vers moi brusquement et me serre très fort contre elle.

-Maman...

Elle recule et nos yeux bleus se croisent un trop bref instant avant qu'elle ne se tourne déjà pour repartir à l'autre bout du toit en lâchant :

-On n'a pas beaucoup de temps mais je suis vraiment heureuse que tu sois en bonne santé... Et tu vas pouvoir me dire ou en sont nos armées puisque ton émetteur doit toujours fonctionner. Mais je ne peux pas laisser notre prisonnier plus longtemps avec Maly...

Je me mets à courir derrière me mère sans rien répondre. Je ne sais pas ce qui se passerait si je prenais seulement le risque d'ouvrir la bouche. Le jeune homme sur le dragon, le combat que je devine... Est-ce vraiment possible que ce soit celui là même qui m'empêche de dormir sereinement le soir et avec lequel je me réveille si souvent, ses yeux en tête et son fin visage ?

Lorsque je rejoins le groupe formé par Maly qui tient en joue le cavalier et ma mère à ma gauche, le doute n'est hélas plus possible. Je jette un coup d'œil en arrière pour me laisser un peu plus de temps avant de réagir et aperçois les deux dragons qui atterrissent à leur tour. Rebelle pose son long cou épineux sur celui de Satan qui porte toujours sur son dos ma jolie assistante qui m'adresse un signe de la main.

Alors seulement je me retourne pour faire face à celui qui a sciemment attaqué ma mère -c'est en tout cas ce que je crois deviner-. Je lâche dans un murmure lorsque nos yeux se croisent :

-Idwin...

Ma mère se retourne brusquement vers moi et ses cheveux dorés semblent pendant quelques instants danser autour de son visage en renvoyant l'éclat des rayon de soleil qui viennent les effleurer.

-Tu le connais ?

Idwin se relève alors et ne me laisse pas le temps de répondre.

-Bien sûr ! Nous nous connaissons maintenant depuis quelques temps pas vrai Ysa ? Ysaïne devrais-je dire ?

Même avec ses bleus, son visage tuméfié et ses cheveux en bataille, il trouve encore la force d'utiliser son ton arrogant. Je détourne les yeux en évitant Maly qui me scrute et rétorque :

-Non. Je ne te connais plus.

Azylis murmure :

-Ysaïne, ce n'est pas parce qu'il m'a attaqué que...

Mes yeux jettent un éclair. Je me retourne pour faire face à cet homme pour qui mon cœur balance et m'avance d'un pas pour l'affronter. On ne tourne pas le dos à l'ennemi.

-Tu es vraiment un imbécile ! Alors comme ça, tout ce que tu trouves à faire c'est de revenir en t'en prenant à ma mère ?

Maly et Azylis veulent de nouveau dire quelque chose mais Idwin est plus vif :

-Ta mère ? Mais tu la détestais quand on s'est quitté ! Mais tu te prends au sérieux maintenant c'est ça ? Tu es princesse !

-N'espère pas me blesser de nouveau de la même façon Idwin. J'aurai juste pensé que tu agirais autrement, c'est tout...

Je tourne alors les talons et termine :

-Maintenant je ne laisserai pas une minute de plus nos hommes sans aide. Allons donc mettre à terre le deuxième générateur...

C'est ma mère qui me rattrape par me bras et demande d'une voix rapide :

-Le premier est pris ?

J'acquiesce et un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Elle murmure :

-Enfin une bonne nouvelle. Et, Ysa, quoi que tu en penses, notre prisonnier peut nous être utile. C'est le fils d'Ezeor...

Je n'y avais pas réfléchis dans ma colère. Je m'immobilise complètement et prends encore quelques secondes pour me retourner de nouveau vers Idwin.

Il ne bouge pas d'un pouce mais ses yeux brillent. Il reprend alors la parole, d'une voix beaucoup plus adoucie :

-Mais qu'espérais-tu Ysaïne ? Te rappelles-tu la façon dont tu m'as rejeté ? Tu ne m'as pas laissé le moindre espoir... J'ai dû choisir seul le côté pour lequel j'étais prêt à me battre. Et tu m'avais clairement fait comprendre que tu ne voulais pas de moi...

Une envie brûlante de baisser les yeux s'empare de moi. Mais je réussis à me contenir et rétorque :

-Tu sais très bien pour quelle raison je l'ai fais. Et, à priori, comme tu viens encore de t'en prendre à quelqu'un que j'aime, je suppose que j'ai eu raison.

Mais mon cœur semble me dire le contraire en amenant dans mon âme tout un monde de regrets. Heureusement, Azylis m'empêche de replonger dans mes pensées en m'adressant son profond regard et Maly demande :

-Encore ?

Je m'éloigne d'un pas et cette fois-ci personne ne me retient. Nous savons tous que nous n'avons plus une seule minute à perdre. Mais je me décide à répondre :

-C'est l'assassin d'Eslimea et de Saldya, les filles d'Edilyn.

Idwin pousse un cri derrière moi :

-Les enfants d'un monstre !

Je continue d'avancer de deux pas vers Satan et Camille au bout du toit avant de rétorquer :

-Il y a quelques temps, tu regrettais ce que tu avais fait. Maintenant, tu ne te remets même plus en cause. Comment veux-tu que je te fasse confiance ?

Ma mère ne lui laisse pas le temps de répondre et je l'entend dire derrière moi :

-Maly, il va falloir qu'on trouve un moyen de garder ce prisonnier. Ysaïne, je suis... désolée pour tout ça.

Je baisse les yeux quelques secondes. Pas plus. Je relève ensuite la tête plus haut vers le ciel et demande :

-Je peux vous confier mon émetteur ? C'est à vous de diriger, pas à moi...

Je me retourne alors une dernière fois. Azylis me fixe et s'approche de quelques pas avant d'elle aussi s'immobiliser.

-Que feras-tu ?

-Il y a toujours un générateur qui résiste...

Je ne regarde pas Idwin. Je sais que je pourrai flancher à tout instant si j'observais pendant plus de quelques secondes ses yeux pâles. Je préfère regarder ma mère qui avance la main vers moi et décroche lentement mon émetteur.

Je ne fais pas un geste tandis qu'elle le met en place sur ses oreilles avec le micro devant sa bouche et retiens un mouvement instinctif de la main qui pourrait trahir toutes les émotions qui me traversent.

Azylis lève alors la main, me serre très fort l'épaule et murmure :

-Bon courage. Fais attention à toi, mon adorable tête brûlée !

Elle détourne ensuite la tête et je l'entends chercher à prendre contact avec Christian tandis que je cours droit devant moi sans me retourner vers Satan et Camille qui m'attend toujours sur son dos.

-Ici Azylis, j'appelle Christian, je répète...

La voix disparaît dans mon dos tandis que Camille me tend la main pour m'aider à monter sans un mot. Lorsque je suis perchée sur les écailles de Satan et que celui-ci pousse un grognement, Camille essuie une larme sur ma joue que je n'avais même pas sentie d'un mouvement furtif.

-Tu pleures ?

Un grand sourire affleure à mes lèvres lorsque je me retourne vers elle et que Satan décolle.

-Bien sûr que non ! Je cesserai d'être ta star préférée sinon ! Et je ne veux pas perdre ma bonne à tout faire...

-Assistante !... Assistante à tout faire !

Son éclat de rire se perd dans le vent tandis que je m'accroche aux écailles de différentes teintes, ayant la curieuse impression de laisser sur le toit derrière nous la moitié de ma vie.

Car nous le savons toutes. Ma mère quand elle m'a regardée, et maintenant Camille qui rit derrière moi pour évacuer le stress dû au vol et qui a dû entendre ou deviner notre destination.

La zone vers laquelle je me dirige est la plus dangereuse...

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