Ysa (Chapitre 59)

Je jette un coup d'œil à la glace de mon appartement. Mon pantalon et ma tunique seront pratiques pour ce que je m'apprête à faire... Et je n'ai pas oublié mon sac à dos avec mes nombreux gadgets.

-Miaouuuu...

Je me retourne vers la porte du salon derrière moi et esquisse un sourire avant de lâcher en direction de la boule de poil :

-Désolé le chat mais je t'abandonne encore pour quelques temps... Le distributeur d'eau et de nourriture automatique est toujours branché...

J'hésite puis pose mon sac avant de le rejoindre et de m'agenouiller devant lui. Avec un sourire amusé, je caresse doucement ma jolie bestiole qui émet un ronron de plaisir.

Je me redresse ensuite, reprends mon sac que je pose sur mon épaule, puis me dirige d'un pas calme vers la porte d'entrée.

-À bientôt !...

Mon chat se contente de pousser un nouveau miaulement d'indignation à l'idée d'être ainsi abandonné. Sans un mot de plus, je sors de chez moi et claque la porte avant de me diriger rapidement vers l'ascenseur.

À peine suis-je dans le tube de verre vétuste -les immeubles plus modernes ou plus luxueux sont tous pourvus d'une salle de transfert- que la cage métallique commence à s'élever dans les étages tandis que je me mets à réfléchir pour tenter de remettre un peu d'ordre dans mon esprit.

Mais je n'arrive pas à grand chose si ce n'est à sentir les battements de mon cœur s'accélérer tandis que je me rapproche du haut de la tour et à me calmer un minimum.

Lorsque je sors sur le toit, la plus grande des plateforme de l'immeuble, je trouve à quelques mètres devant moi sur ma gauche, Idwin appuyé contre un aéronef aux couleurs aciers.

Je m'approche de lui avec un grand sourire et lance :

-C'est ça l'engin que tu m'as déniché ? Je ne t'avais pas demandé un bolide non plus...

Il hausse les épaules avec son éternel sourire calme et rétorque :

-Ça c'est le mien, ton aéronef est juste derrière.

Je jette un coup d'œil dans la direction qu'il me désigne avant de hausser un sourcil.

-Heu, on est d'accord, les deux aéronefs sont exactement identiques n'est-ce pas ?

Il hoche la tête :

-Ça se pourrait bien.

Je lève alors les yeux aux ciel puis esquisse un fin sourire avant de reprendre la parole.

-Merci d'être venu. Tu es sûr de ne pas vouloir ?...

-... Me joindre à toi ?

Il se rapproche brusquement de moi et pose ses yeux bleus dans les miens avant de dire doucement :

-Je n'aime pas l'idée que tu ailles là-bas mais je sais très bien que maintenant que tu es décidée, rien ne te feras changer d'avis... Mais avant de te rejoindre il me reste une dernière chose à faire.

Je recule d'un pas, fronçant très légèrement les sourcils, et murmure doucement :

-Idwin, je ne veux pas t'obliger à rejoindre les rebelles pour moi...

-Mais je le ferais avec plaisir. Je crois qu'il est temps que je fasse comme toi et que je choisisse mon camp. Même si je dois être contre mon père...

Je le dévisage un instant puis demande le plus calmement possible :

-Alors qu'est-ce qui te retiens ? Qu'est-ce que tu dois faire de si important ?

Idwin devine à mon intonation que je doute de lui et il s'approche de nouveau et me saisit le poignet presque brutalement.

-Ysa ! Tu doutes de moi au point de me prendre pour un lâche ?

Je dégage mon poignet d'un geste brusque et réponds :

-Idwin, n'importe qui se poserait la question...

Il inspire alors profondément et détourne les yeux.

-Excuses-moi. C'est juste que j'aurai aimé que toi, tu ne te la poses pas.

Je garde le silence, touchée malgré moi par sa voix, et il poursuit sans me regarder :

-Je sais comment me venger. Je sais comment détruire la reine...

-Idwin...

Mais il lève un bras pour m'interrompre et je me tue. L'inquiétude m'empêche de penser à autre chose que ce qu'il vient de me dire et je me décide à tout de même poursuivre :

-Tu te mets en danger... Inutilement. Si tu veux détruire la reine, rejoins les rebelles.

-Non. J'ai trouvé un groupe de gens qui vont m'aider à réaliser ce que je veux faire. Crois-moi, on en entendra parler pendant longtemps...

Je recule d'un pas sans m'en apercevoir avant d'avouer :

-Je ne suis pas certaine que ce soit bien. Tu ne me diras rien de plus n'est-ce pas ?

Il secoue la tête mais esquisse un franc sourire en me tendant la main :

-À très bientôt alors Ysa ?

Je serre ses doigts sans répondre, esquisse un sourire, puis avance sans me retourner, mon sac en bandoulière, avant de grimper dans l'aéronef. J'échange avec lui un dernier regard puis appuie sur les différentes touches et l'appareil ne tarde pas à décoller. Je prends rapidement de la hauteur et, quelques minutes plus tard, la tour que je viens de quitter et Idwin sont loin derrière moi.

J'ai le cœur à l'envers et je ne sais plus où j'en suis mais je me force à veiller aux paramètres de l'aéronef. Que s'est-il passé pour que je change aussi vite ? Moi qui ne me préoccupait auparavant de personne d'autre que moi-même...

Me voilà prête à m'engager dans une bataille qui n'est pas la mienne... Je me reconcentrer sur la programmation du trajet et grimace. La seule façon de rejoindre les rebelles, c'est de gagner le lieu des combats... L'ouest d'Ivy. Mais c'est assez vague comme description...

Je scrute les routes, les tours, et ne tarde pas à apercevoir les premiers signes des combats qui devaient faire rage il y a moins de quelques heures encore ici.

Des tours à moitié détruites, de gigantesques arbres calcinés... La grande route ? L'unique avenue au sol d'Ivy ? Elle est couverte de débris en tout genre et paraît drôlement accidentée. Mais c'est sûrement là que j'ai le plus de chance de trouver les rebelles.

Après tout, c'est la trêve, ils n'ont pour le moment pas besoin de se cacher... Et ils doivent se débrouiller pour que les nouveaux volontaires puissent les trouver...

J'inspire un grand coup et actionne une touche de l'aéronef qui plonge alors vers le sol.

Lorsqu'il touche terre et s'immobilise, je reste quelques secondes silencieuse avant d'hausser les épaules pour moi-même, de m'emparer de mon sac, et de sortir rapidement de l'engin.

À peine ai-je mis pied à terre au milieu des gravats qu'une voix retentit derrière moi :

-Halte ! Ne bouge pas... Retourne-toi.

Je m'exécute, mains en l'air par prudence, et me retrouve face à deux hommes armés et couverts de poussière. L'un d'eux s'avance d'un pas vers moi, son pistolet pointé sur ma poitrine, et demande :

-Que viens-tu faire ici ? Le mot de passe ?

Aïe. Un mot de passe ? Je maudis silencieusement tout ce qui m'entoure avant d'inspirer de nouveau. Il faut bien que je me décide à leur répondre...

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