Azylis (Chapitre 64)

Quelque chose se fige dans mon cœur lorsque les paroles de la garde noire pénètre mon esprit. Maly ! Je recule de deux pas et me cogne à la table derrière moi. Titubante, sans même avoir conscience de ce que je fais, je me rassois sur la surface de métal dure et contemple pendant quelques secondes mes doigts soudain crispés sur la feuille que je n'ai pas lâchée.

Christian s'approche de moi tandis que Sarah continue de veiller sur la prisonnière, mais avec un regard plus adouci, et demande doucement :

-Azylis, ça va ?

Il pose la main sur mon épaule et je me dégage brusquement. Je relève ensuite des yeux pleins de larmes vers lui et murmure :

-Dé... Désolé. C'est juste que... Il n'y a pas de justice.

Je ne me résigne toujours pas à ouvrir la lettre. J'ai l'impression d'être seule et je repense soudain en un éclair à ma fille disparue. Là, tout de suite, j'aimerai la serrer très fort contre moi pour tenter de tout oublier...

Christian ne répond rien, conscient que tout ce qu'il pourra dire se heurtera à un mur mais la femme -Marie si je me souviens bien du prénom- n'a pas les mêmes préoccupations. D'une voix étrangement dure, les yeux brillants, oubliant soudain l'arme qui la tient en joue, elle m'apostrophe violemment :

-Bien sûr que le monde n'est pas juste ! C'est pour ça que vous vous battez... Pour cela que j'ai rejoins votre armée ! Pour mettre autre chose en place... Et je crois que votre robot y croyait elle aussi...

Christian s'apprête déjà à lui dire sèchement de se taire mais je l'arrête d'un geste, intriguée par quelque chose dans les paroles de la femme.

-Pour vous... les robots sont nos égaux ?

Les yeux un peu plus brillants soudain, elle hoche la tête.

-Oui. J'étais là le jour où vous avez fait un discours après avoir gagné la loterie... Quand vous avez dit qu'enfant on ne devait pas les considérer comme inférieurs à nous. Je me suis revu jouant et riant avec celui de la maison... Et je me suis rappelée ce que j'avais ressenti le jour où mes parents l'avaient envoyé à la casse. Et j'ai attendu. Que quelque chose change... Vous m'avez fait espérer.

Le silence tombe dans la pièce tandis que je sens les larmes se mettre à rouler sur mes joues. C'est l'une des premières personnes qui est d'accord avec moi, complètement et qui ne demande pas d'explication. Parce que c'est normal...

Une larme plus triste que les autres il me semble tombe sur la feuille serrée entre mes doigts. Je relève alors les yeux, soudain certaine de ce que je vais dire, et me laisse de nouveau tomber de ma table.

-Sarah, tu peux accompagner Marie au bureau des enregistrements ?

-Azylis, c'est une garde noire !

-Une ancienne garde noire. Je lui fais confiance.

Je me tourne vers la femme et ajoute pour donner de l'importance à mes mots :

-Je te fais confiance.

Sarah fronce les sourcils mais ne dit rien. D'un geste agacé, elle fait signe à la femme de sortir et la suit de près. Deux minutes plus tard, la porte claque et je me retrouve seule avec Christian. Il me regarde quelques secondes, baisse les yeux sur le papier qui semble me brûler la peau, puis prend calmement la parole :

-Je vais prendre une douche. J'en ai besoin. Quand je reviendrai, tu me raconteras, d'accord ?

Il s'éloigne déjà dans le couloir de l'appartement sans vraiment attendre de réponse mais je l'arrête d'un mot :

-Merci. D'avoir compris que je voulais être seule...

Il me semble que ses épaules se voutent légèrement mais il réussit à répondre d'une voix neutre :

-Ne t'inquiète pas. C'est normal.

Il m'aime toujours... J'enfonce sans m'en apercevoir mes ongles dans mes paumes et m'apprête à ajouter je ne sais pas exactement quels mots lorsque Christian semble deviner ce que je m'apprête à dire et murmure :

-Non Azylis. Ce n'est pas grave. Ça passera.

Et il s'éloigne dans le couloir. Je n'entends que son pas qui décroît tandis que je me fais l'étrange impression que quelques secondes ont suffit à détruire le bonheur d'une journée. Alors, lentement, je me décide à déplier la lettre de Maly après m'être réfugiée dans un vieux fauteuil élimé.

Son écriture est irrégulière et le papier un peu chiffonné par endroit mais tout reste parfaitement lisible. Une boule se forme dans ma gorge tandis que je commence lentement ma lecture.

Adorable, merveilleuse Azylis !
J'ai l'impression d'avoir beaucoup de choses à te dire, mais j'ai à la fois peu d'espace et peu de temps. Pour la première fois de ma vie, je crois que je vais mettre de côté toutes les plaisanteries douteuses qui me viennent pourtant à l'esprit.

Ne sois pas triste pour moi je t'en prie. On se retrouvera... Mais surtout, je te fais confiance pour venir me chercher et m'emmener loin de cet horrible palais ! Je ne crois pas qu'Edilyn me détruise, elle est trop... sadique pour cela...

Je m'appelle Mahaut. La deuxième personnalité que je porte en moi est Lydie.

Changement d'écriture. J'en déduis que mon robot a dû laisser les commandes à la sœur de Thaïs...

J'aime ma famille. Nous te sommes toutes les deux très fidèles, Azylis. Et on compte sur toi pour nous remontrer notre lettre plus tard...

Néanmoins, il y a quelque chose de très important qu'il faut que tu saches : cette mission n'a pas été totalement inutile. Edilyn prépare quelque chose de terrible... Elle possède une nouvelle arme dont j'ignore totalement l'usage. Mais je sais que même l'ingénieur qui l'a construite en a peur... Nous l'avons vu dans ses yeux lorsqu'il nous à ordonné de rejoindre la reine...

Il existe encore une chance pour la rébellion : s'en emparer et la détruire. C'est un petit objet, une drôle de sphère noire, qui tient dans la main. Ne vous en servez pas ! Quelque chose me dit que ça ne te plairait pas Azylis...

Et si ça n'a pas changé, je ne perdrai pas tous mes souvenirs pour rien. La sphère est conservé à l'étage de garde numéro 21. Numéro 21 ! Il faut absolument la prendre... Tu entends Azylis ?

Je redonne les commandes à Mahaut... Elle a peut-être plus de choses que moi à te dire maintenant.

Azylis ! Quand on se revoie, (je ne mets pas "si", tu à remarqué ?), parce que j'y compte vraiment, dis moi combien je déteste Edilyn ! Que je n'oublie pas ma colère...

Caresse de ma part de temps en temps tes deux dragons, particulièrement ma Rebelle que j'adore, et pense à moi au moins une fois par jour.

Ton robot qui espère rester toujours ton préféré,
Mahaut.
Alias, Maly.

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