Azylis (Chapitre 61)

-Alors Christian ta journée ?

Il se laisse tomber dans un vieux fauteuil sans répondre en se contentant de pousser un long soupir.

Nous sommes seuls dans l'appartement que j'ai réservé d'office pour moi, Sarah, Christian et Maly quand elle reviendra, et il regarde quelques secondes autour de lui avant de poser ses yeux sur moi. Je suis assise sur une table, les jambes dans le vide, et je me sens malgré moi très fatiguée. Je n'ai pas bien dormi cette nuit... Savoir Maly dans ce palais infernal me retournait l'esprit.

Christian doit deviner à quoi je pense car il semble se forcer à prendre la parole pour me faire le contrendu de sa journée.

-Ça c'est passé comme hier. J'ai pris pas mal de gardes extérieures pour m'occuper et j'ai ramené un certain nombre de nouvelles recrues...

-Intéressantes ?

-Une en particulier. Elle savait tirer... Mais je n'ai aucune idée du degré de confiance qu'on peut lui accorder.

-Tu lui as donné quoi comme ordre de mission alors ?

Le visage de Christian s'éclaire alors d'un sourire avant qu'il ne réponde avec amusement, les yeux fixés droit devant lui.

-Pour le moment elle est chargée de notre service personnel.

-Christian ! Tu veux dire que c'est elle qui nous montera nos repas, et tout le reste ? C'est du gâchis !

Il secoue la tête et fixe alors son regard sur le mien avec un visage de nouveau parfaitement neutre.

-Pas d'accord Azylis. Je veux avoir le plus de gens possibles armés dans ton entourage car s'il y a des traîtres, c'est toi qu'ils chercheront à atteindre en premier... Donc pour le moment cette fille est ton garde du corps si elle ne fait pas de faux pas. Simplement je veux tester son degré d'obéissance... Au premier coup d'œil, je me suis dit que c'était une tête brûlée. Et si elle n'arrive pas à se contrôler pour porter des plateaux-repas, alors elle n'obéira jamais à un ordre !

Je continue pendant quelques secondes de balancer mes jambes devant moi avant de relever la tête et de dire :

-Je crois que tu as raison... Mais me voilà bien curieuse de rencontrer ta tête brûlée ! Comment a-t-elle appris à tirer ?

-Elle n'a pas voulu me le dire. Ce qui m'inciterait plutôt à lui faire confiance d'ailleurs car si c'était une traîtresse elle aurait eu une histoire bien préparée... Enfin, on verra tout ça demain. Que fait Sarah en ce moment ?

Voyant mon regard malicieux, Christian lève les yeux au ciel avant de murmurer avec cependant un petit sourire au coin des lèvres :

-Pitié Azylis ! Ne me ressors pas la phrase "ah, tu as enfin remarqué que c'était une fille géniale..."

Je rétorque avec un nouveau sourire qui achève de me détendre un peu plus :

-Comment fais-tu ? Tu lis dans mon esprit ?

-Non, pire ! Je te connais...

Je m'apprête à répliquer mais la porte de l'appartement s'ouvre alors brusquement, donnant directement sur le petit salon où nous nous trouvons. Contre toute attente, j'espère apercevoir le joyeux visage de Maly. Mais ce n'est pas elle.

Pourtant, je saute au bas de la table devant nos deux nouveaux arrivants. Christian s'est tendu de la même façon. Sarah fait entrer devant elle une femme sous la menace d'une arme et lui désigne d'un mouvement de tête un fauteuil dans un angle.

La femme s'y laisse aussitôt tomber et je la dévisage pendant quelques secondes. Elle a une quarantaine d'années, des traits creusés par le doute, mais aussi une certaine dureté de caractère facilement devinable. La porte de l'appartement est refermée et je me tourne vers Sarah qui ne quitte pas sa prisonnière des yeux.

-Sarah, qui est-ce ? Pourquoi l'avoir amenée ici ?

Ma jeune sous-lieutenante laisse échapper une grimace de colère avant de me répondre, toujours sans détacher un seul instant son regard de la femme :

-C'est une garde noire... Elle a été reconnue par certains de nos hommes.

Christian et moi nous tournons aussitôt de nouveau vers l'inconnue qui ne réagit pas sous la pression de notre double regard incendiaire. Ce qui signifie qu'elle sait parfaitement réagir et qu'elle a dû effectivement subir l'entraînement de fer des gardes noirs...

Je m'avance pourtant en avant et Sarah s'exclame :

-Azylis, elle est dangereuse ! Je ne l'ai pas exécutée sur place comme je voulais le faire parce que tu l'interdits mais...

Je la coupe doucement mais fermement :

-Alors laisse-moi gérer la situation Sarah.

Je me tourne ensuite de nouveau vers l'inconnue et demande :

-Comment vous appelez-vous ?

-Marie.

Elle ajoute ensuite précipitamment, de peur que je ne lui laisse plus une seule occasion de prendre la parole :

-J'étais certaine que vous m'accueilleriez ainsi... Alors j'ai attendu pendant longtemps avant d'oser quitter les gardes noirs. Mais j'ai quelque chose qui devrait vous prouver que je suis de votre côté...

Je tressaille et demande aussitôt :

-Qu'est-ce que c'est ?

La femme rétorque alors d'un ton neutre :

-Promettez-moi d'abord que même si ce n'est pas suffisant, vous ne me tuerez pas...

Christian prend la parole d'une voix neutre :

-Vous n'êtes pas en position de force. Et je croyais que les gardes noirs n'avaient pas peur de mourir ?

Mais la femme ne l'écoute même pas. Elle garde les yeux fixés sur moi et j'incline lentement la tête avant de répondre :

-Quoi qu'il arrive, je ne laisserai personne toucher à un cheveu de votre tête, vous avez ma parole. Que vouliez vous nous montrez ?

Elle répond en désignant l'arme de Sarah toujours braquée sur elle :

-Je vais devoir fouiller dans ma poche gauche...

J'aimerai lui faire tout de suite confiance mais je sais que ni Christian ni Sarah ne l'accepteront. Je pousse un soupir et m'approche de la femme avant que les autres aient pu réagir :

-Je vais prendre ce que vous voulez me donner dans votre poche, d'accord ? Qu'est-ce que c'est ?

-Un papier...

Un début de curiosité s'empare de moi et je plonge la main dans sa poche. Mes doigts rencontrent tout de suite la fine bordure d'un papier plié en quatre et je le sors rapidement de sa veste. Je m'éloigne ensuite de deux pas, et demande avant de l'ouvrir, les yeux rivés sur ceux de l'ancienne garde noire :

-En quoi est-il important ?

-C'est la lettre que votre robot a écrite juste avant d'être intégralement effacée...

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