Chapitre 3
Nous venions d'entrer dans une grande salle.
Partout se trouvaient des ordinateurs directement reliés à une énorme machine à l'intérieur de laquelle passait un tapis roulant. Les ordinateurs ne comportaient ni claviers, ni souris. Il y avait simplement, devant chacun d'entre eux une tablette avec des traces de mains posées à plat.
Dans un fauteuil, à côté de l'énorme machine se trouvant au font de la salle, se tenait un homme. Il me parut tout d'abord avoir la trentaine, puis, je m'aperçus qu'il devait être à peine plus vieux que moi.
Il dégageait une telle aura et une telle assurance que je n'eus pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir pourquoi je le vieillissais autant.
La fille qui se trouvait à ma droite n'avait pas hésité un seul instant sur l'âge du jeune homme. Au moment même où nous étions rentrés dans la salle elle l'avait fixé d'un regard rempli de convoitise.
Il se leva et s'approcha du groupe. Il nous regardait avec l'ennui d'un élève qui a fait trois fois le même exercice.
Je me dis que c'était probablement le cas.
Lorsqu'il arriva en face de nous, j'aperçus, du coin de l'il, le petit garçon qui se trouvait dans la cellule à côté de la mienne avoir un mouvement de recul. Je pouvais le comprendre. Cet homme aurait fait peur à bien des adultes.
Il avait des cheveux noirs, courts avec une mèche tombant devant ses yeux.
Ses yeux...
D'un gris orageux.
Il portait un tee-shirt à manche longue extra moulant fait dans une texture qui m'était jusque-là inconnue et qui faisait ressortir ses muscles, il avait des mitaines fines et un pantalon aussi moulant que son tee-shirt ainsi que des petites baskets légères et discrètes. Il portait deux couteaux et un truc que je ne connaissais pas a la ceinture. Le tout en noir.
-Bon, commença-t-il, je vous ai vu vous battre avec la porte et vous m'avez l'air nuls. Vous allez devoir travailler si vous souhaitez remonter dans mon estime. Vous allez commencer par créer vos tenues. Je vous conseille de le faire intelligemment car vous ne la changerez qu'une fois par mois.
Ma voisine écarquilla les yeux à cette annonce.
-Pourquoi voudrions nous remonter dans votre estime ? demanda un jeune homme insolent.
Un sourire en coin étira les lèvres de l'homme.
-Parce que seuls dix d'entre vous pourront redevenir libres. Dix que je choisirai en fonction de l'estime que j'ai de vous.
La trentaine que nous étions déglutit avec peine.
-Allez vous asseoir, ordonna-t-il.
Je fus la seule à réagir. N'ayant pas envie d'aider la fille à ma gauche je pris le petit garçon à ma droite qui était paralysé et je l'emmenai s'asseoir à côté de moi.
Il me suivit sans broncher.
Il devait avoir à peine neuf ans, il avait des cheveux châtains lui tombant en mèches éparses dans les yeux d'un noir de nuit. Le fait que je bouge permit au reste du groupe de sortir de sa torpeur et tous s'éparpillèrent dans toute la salle. Il y avait de nombreux adolescents et quelques jeunes adultes. A mon grand énervement la fille s'installa à ma droite. Elle avait des longs cheveux châtains et des yeux verts émeraude. Elle était en chaussure à talon et en petite robe d'été.
C'était une pétasse.
Ça se sentait à des kilomètres.
Tous attendaient les instructions, assis devant un ordinateur, mais je savais qu'il n'y en aurait pas.
C'était un test.
Le premier d'une longue série.
Je posai mes mains sur les marques et l'écran s'alluma aussitôt.
Il était proposé tous les habits possibles et imaginables dans les modèles déjà existant. Pourtant je préférais créer ma propre tenue. J'eus vite terminé. Et lorsque j'eus finis, j'envoyai mon modèle à l'imprimante 3D comme il me semblait évident de procéder. Je ne remarquai qu'après avoir levé les yeux que j'étais la seule à avoir fini.
Pour être plus exacte, j'étais la seule à avoir commencé.
Les autres avaient posé leurs mains sur les machines mais leurs écrans ne s'allumaient pas. Ils semblaient lutter contre l'ordinateur lui-même. Je regardais ma voisine et, pendant une fraction de seconde son écran s'alluma. Il s'éteignit avant qu'elle ne sache ce qui s'était affiché. Je finis enfin par me tourner vers mon voisin.
Le petit suait tellement il se concentrait. Et je pouvais, de là où j'étais, sentir la fureur qui émanait de lui. Je passai ma main dans ses cheveux pour le rassurer. Il sursauta et me regarda avec de grands yeux.
-Comment t'appelles-tu ? Demandai-je
-Kilian.
-Tu veux que je t'aide ?
Ses yeux se mirent à briller à ma proposition.
-Tu peux faire ça ?
Je ne répondis pas et posa mes mains par-dessus les siennes. Elles étaient tellement petites !
L'écran s'alluma tout de suite et je vis la lueur brillant dans les yeux de Kilian se transformer en admiration. Je lui souris et lui montrais comment fonctionnait la machine, comment créer de nouveaux vêtements en choisissant la forme, la texture et la longueur de chaque partie. Il était émerveillé. Il me demanda ce que je lui conseillais et je me permis de créer des vêtements moulants et légers et des chaussures avec amortis. Je lui laissais la liberté de choisir tout mais il me demandait toujours conseil et suivait ceux que je lui donnais.
Au final il se retrouva avec une tenue quasi-identique à la mienne. Après avoir fini, je me levai et lui fit signe de me suivre. Nous allâmes jusqu'à l'imprimante.
L'homme (qui ne nous avait toujours pas donné son nom) était assis sur une chaise et lisait un livre. Il leva la tête lorsque nous arrivâmes.
-Ça fait quinze minutes que les premiers vêtements sont sortis de l'imprimante. Pourquoi ne pas être venu les chercher ?
Je savais qu'il ne fallait pas qu'il sache que j'avais aidé Kilian. Je voulu me résoudre à mentir mais le regard de l'homme me tenait prisonnière. Je luttai quand même contre le gris de ses yeux et finis par dire :
-Je conseillais ce garçon sur ses choix vestimentaires.
Le jeune homme se leva. Il mesurait au moins 15 centimètres de plus que moi et je le trouvais trop grand. Il me fixa un instant comme s'il voulait lire à travers moi, puis dit d'une voix froide :
-Bienvenue à l'Institut McKnigth.
Il prit les deux piles de vêtements derrière lui et en tendit une à chacun d'entre nous.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top