Chapitre 22
J'avais fini de libérer ma magie et il ne s'était presque rien passé. Après tout ce que j'avais fait et risqué pour la contenir j'en étais presque déçue.
Je ne comprenais pas. Ma magie était surpuissante, comment se pouvait-il qu'il ne se soit rien passé, ? Et comment Peter pouvait-il avoir réussi à contenir ma magie à l'intérieur du dôme sans problème ?
Je me relevai et m'avançai vers Peter ce qui, étant donné que le sol avait été complètement remué, n'était pas chose aisée.
-Laisse-moi sortir maintenant.
-Tu oublies le mot magique...
-Abracadabra, murmurai-je entre mes dents serrées.
Il secoua la tête et poussa un long soupir.
-Je suppose que dans le cas présent ça fera l'affaire...
Il fit un mouvement de la main.
En apparence rien n'avait changé mais quand je tâtai devant moi pour chercher la surface invisible, ma main ne toucha que de l'air.
Je fronçai les sourcils, je m'attendais vraiment à ce qu'il me tende un piège.
-Tu sembles surprise que je te libère, remarqua-t-il avec sarcasmes.
-Pas du tout.
-C'est ça... Tu peux partir puisque tu sembles si pressée de ne plus m'avoir dans ton champ de vision.
Il avait raison, c'était la seule chose que je souhaitais : ne plus le voir, et pendant plusieurs jours, si possible...Mais je ne voulais ni mourir ni faire du mal à mes amis, et il avait dit être capable de me sauver.
Alors je ne bougeai pas.
L'ironie de la situation le fit sourire encore plus.
Je le haïssais plus que jamais maintenant que je savais qu'il fût le seul capable de me sauver.
-On va changer d'endroit, dit-il, ça va être amusant.
Je levai un sourcil. Il avait réellement l'air de s'amuser ce qui était assez étrange venant de Peter.
Il se retourna et disparut entre les arbres.
Je le suivis. Pourtant, je ne le trouvai pas là où il aurait dû être.
J'avançai de quelques mètres, me retournai ; il n'était nulle part.
-Tu te fiches de moi, murmurai-je.
-Pas du tout, je tiens ma promesse.
Comment sa voix pouvait-elle avoir résonné dans ma tête, Peter était un Pyrokinésiste pas un Télépathe.
Mais en y réfléchissant un peu plus, il s'était passé pas mal de chose étrange pendant les dernières heures qui pouvaient me faire penser qu'il n'était pas ce que tout le monde croyait.
-Je n'ai vraiment pas envie de jouer !
Je ne savais pas où il était, j'avais donc envoyé mes pensées tout autour de moi. Ma phrase se propagea comme se serait propagée une onde.
-Tu n'es pas obligée de crier.
-Où es-tu ?
-Ce sera ton premier entraînement ! Retrouve-moi, je ne bouge pas.
Je ne répondis pas : mieux valait que je lui adresse le moins possible la parole, même lorsqu'il n'était pas là.
Je fermai les yeux et me concentrai sur mon ouïe.
Au début le moindre son se répercutait dans ma tête avec la force d'un hurlement. Puis, peu à peu, je réussis à isoler les certains sons. Je fis taire les sons parasites tels que le bruissement des feuilles ou le sifflement du vent.
Je me concentrai sur les sons réguliers afin de repérer les battements de cœur de Peter.
J'entendis un mulot passer, une chouette s'envoler mais ne trouvai pas Peter.
J'atteignis bientôt les murs de l'Institut mais il restait introuvable.
Comment pouvait-il avoir caché sa présence ? J'aurais dû pouvoir entendre ses battements de cœur peu importe la situation.
A moins, bien sûr, qu'il fût retourné à l'intérieur de l'Institut, mais ça m'étonnât beaucoup.
Je sondai une deuxième fois à l'entour pour vérifier que je ne l'eusse pas manqué par mégarde mais le résultat fut le même. Nul.
-Bon, tu te dépêches un peu ! Je ne vais pas passer la nuit ici !
-Comment fais-tu ça ?
-Tu es au courant que ta question n'est vraiment pas très claire ?
-Tu devrais quand même pouvoir y répondre...
-Réfléchis deux secondes : personne ne peut faire taire les battements de son cœur, c'était donc bien pensé de ta part de chercher à entendre les miens pour me trouver. Mais si mon cœur ne fait plus de bruit tu ne crois pas qu'il y ait des conséquences ?
Evidemment ! Il venait de me donner le moyen de le localiser et je me trouvai complètement ridicule de ne pas y avoir penser plus tôt.
Je refermai les yeux et me reconcentrai. Cette fois, les bruits parasites allaient m'être d'une grande aide !
Je sondais les jardins et fini par trouver Peter. Une seule zone était entièrement silencieuse sur environ un mètre. Peter avait fait en sorte que je ne puisse plus entendre les battements de son cœur mais en contrepartie, sur une certaine distance tout autour de lui, il n'existait plus aucun son. Je ne savais pas comment il avait réussi cet exploit. Je ne savais même pas qu'il était possible de faire une chose pareille... Mais il l'avait fait.
Je me dirigeai vers la source de silence.
Je trouvai bientôt Peter assis sur un rocher en train d'allumer et d'éteindre une flamme au creux de sa main.
-Et bien ce n'est pas trop tôt, dit-il, j'ai failli m'ennuyer.
-Tu n'es pas un Pyrokinésiste, murmurai-je.
-Bien sûr que si. Entre autres.
-Et qu'est-ce que c'est exactement « Entre autres » ?
-Ça, c'est un secret...
Je décidai de rester coite. Il valait mieux ne pas augmenter mon niveau d'énervement au-delà de ce que j'étais capable de gérer à cause d'une discussion stupide. Je ne savais pas ce qui m'énervait tant chez lui, des cas comme lui on en rencontre tout le temps, mais quand ça venait de lui je m'énervais dans le quart de seconde.
-Bon ! Tu t'es plutôt bien débrouillée après que tu as eu la solution, donc on va passer à autre chose.
Il me fixa un instant et un sourire étira doucement ses lèvres.
-Quoi ?
-Retourne-toi.
Je fronçai les sourcils mais ne bougeai pas.
Il fit un cercle dans l'air avec son doigt afin d'épargner sa salive.
Je me retournai et ne compris pas tout de suite pourquoi il me l'avait demandé.
En fait je ne découvris pourquoi que lorsque j'aperçus un arbre qui m'était familier ; c'était le bouleau qui avait fait renaître certains de mes souvenirs quelques heures auparavant.
Je me retournai pour regarder Peter.
-Qu'est-ce...
-Les souvenirs sont puissants, et certains objets nous les rappellent malgré nous, parfois les souvenirs qui nous reviennent ne sont même pas les nôtres. Ça arrive à certains humains, mais nous autres magiciens, sommes beaucoup plus sensible aux ondes dégagées. C'est de là que viennent certaines impressions de déjà-vu.
-Comment sais-tu que les souvenirs associés à ces arbres sont particulièrement importants pour moi ?
-L'aura que dégage ce bouleau est extrêmement puissante, c'est pour cette raison que tu l'as captée tout à l'heure. Le reste n'est que déduction, tu semblais vraiment concernée quand les souvenirs t'ont envahie.
Je m'approchai lentement de l'arbre, comme si j'avais peur de l'effrayer, puis tout en douceur, je posai ma main sur son écorce rugueuse pour la deuxième fois de la nuit. Il ne se passa rien, je n'entendais que mon cœur qui battait avec une telle force qu'il semblait vouloir sortir de ma cage thoracique.
-Ferme les yeux, dit Peter.
J'obéis.
-Concentre-toi sur l'arbre et l'énergie qu'il dégage, tu dois oublier jusqu'à ton existence. Seul ce que l'arbre te montre a de l'importance.
Petit à petit, je réussis à faire abstraction de tout ce qui m'entourait, de toutes les pensées qui me traversaient l'esprit. Seul deux bruits persistaient : la voix de Peter, telle un écho lointain et les battements de mon cœur, plus puissants que jamais.
Et lorsque je parvins à basculer dans les souvenirs, ces deux bruits, les seuls choses qui me raccrochaient encore à la réalité, s'estompèrent.
Je me retrouvai de nouveau en face du fameux banc. Il y avait quelques personnes qui se promenaient dans le parc mais ils m'étaient tous inconnus.
-Oh s'il te plait, s'il te plait papa !
Je connaissais cette voix. Je me retournais.
Une petite fille au long cheveux blond et au regard azur, accrochée au bras de son père le suppliait.
L'homme souriait. Il prenait visiblement un grand plaisir à l'entendre.
Il la souleva et la prit dans ses bras comme si elle ne pesait rien.
-Non, Em, tu auras un chien quand tu seras assez grande pour t'en occuper toute seule.
-Mais je peux m'en occuper toute seule !
-Ecoute ton père Emma.
La petite fille se retourna avec un grand sourire en entendant la voix.
Elle sauta des bras de son père et se précipita sur la jeune femme avant de se jeter dans ses bras.
-Maman !
La petite famille semblait être aussi heureuse qu'elle aurait pu l'être. Pourtant, les deux adultes, pendant une fraction de seconde, se regardèrent avec une telle inquiétude et une telle tristesse que mon cœur se serra dans ma poitrine.
Ma mère se pencha vers la petite Emma :
-Tu ne voudrais pas aller te promener ma chérie, ton père et moi avons des choses à nous dire qui ne sont pas pour quelqu'un de ton âge.
Emma junior fit une étrange grimace en fronçant son nez et ses sourcils :
-D'accord, murmura-t-elle.
Elle partit se promener sans rechigner davantage.
Les deux adultes s'assirent sur le banc.
Ils se regardèrent un instant puis Dereck prit une grande inspiration avant de se lancer :
-Que s'est-il passé, Mae ?
Elle secoua lentement la tête, le regard empli de tristesse.
-Il a dit qu'il ne pouvait rien faire, que c'était au-dessus de ses capacités. C'était notre dernier espoir.
Elle s'effondra dans les bras de son mari, meurtrie.
-On va trouver un moyen, je te le promets. On la sauvera.
-J'espère que tu as raison.
Le souvenir s'estompa à cet instant. Les émotions présentes dans les souvenirs semblaient tellement réels. Je ressentais la douleur de mes parents comme si elle était mienne. Je n'avais pas tout compris au problème mais n'avais qu'une envie, m'effondrer et pleurer.
Je me retournai lentement. Peter était toujours là. Il ne savait pas ce qui s'était passé mais voyait bien que je souffrais.
-Euh...Je crois qu'on a fini pour aujourd'hui...
Il était tellement mal à l'aise que dans d'autres circonstances j'aurais éclaté de rire. Mais j'avais la sensation que plus jamais je n'aurais envie de rire, et c'était affreux. Je me sentais vide. Je savais que mes parents parlaient de moi, mais je n'en savais pas plus.
J'avançai de quelques pas hésitants. Plus je m'éloignais du bouleau plus le sentiment de tristesse qui m'avait envahi disparaissait.
J'essayai de sourire mais ni à arrivais pas.
-Je retourne me coucher, murmurai-je à l'intention de Peter.
Il hocha la tête mais ne dit mot.
Je parcourais le chemin jusqu'à ma chambre en sens inverse sans faire attention. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, je ne me trompai pas une seule fois de direction.
J'entrai de nouveau dans ma chambre et m'allongeai sur mon lit. Je me demandai ce qu'il pouvait m'être arrivé pour que mes parents soient plongés dans un tel désespoir.
Je m'endormis sans avoir trouvé de réponse.
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