Chapitre 9 : Eveil
[En média, je vous présente Calysta. Une élève de Diolyde qui aura son importance dans l'histoire. Elle était mannequin étant enfant et avant d'intégrer l'école. Le dessin est tout frais d'aujourd'hui x3]
La conscience se formait en Delkateï, jusqu'à lui rendre la pleine possession de ses moyens. L'âme réintégra douloureusement le corps. Un éclair de souffrance alors que son regard recouvrait la clarté. Le monde réel percuta durement le jeune homme.
Le décor, d'abord un peu bancal, se stabilisa rapidement. Une pièce immense où les lits s'alignaient par dizaines, des murs immaculés éclairés par une lumière vive, une odeur légère de propre et de médicaments, à peine perceptible. Tout était blanc et cette absence de couleur agressa les sens de l'Italien qui s'empêcha malgré tout de fermer les paupières sans attendre.
Les souvenirs de son songe se firent moins limpides. Une sensation désagréable, une senteur atroce de charognes et une noirceur peu commune. Les questions arrivèrent, par centaines, dans l'esprit embrumé de Delkateï. Où se trouvait-il ? La réponse, naturelle, lui vint automatiquement : Diolyde... Était-il possible ? Le regard du jeune Napolitain balaya une nouvelle fois la pièce, sceptique. Tout semblait normal. Il s'attendait à quelque chose de plus fort, qui détonnerait avec la triste réalité que le garçon avait connue jusque là. Une volonté simpliste qui sonnait comme une déception.
Il se redressa péniblement, avisant la petite fenêtre qui bordait son lit. Sans se lever, il parvint à entrevoir un aperçu de ce qui l'attendait. Une tour se dessinait tout à gauche et un espace central restreint où quelques élèves flânaient s'étendait juste au-dessous. Plus loin, le château s'ouvrait légèrement sur l'extérieur, un tapis immaculé qui disparaissait à l'horizon à travers une sorte de voile. Delkateï plissa suffisamment les yeux pour distinguer les flocons qui tombaient paisiblement au sol. Le Pôle Nord et Diolyde s'offraient pudiquement à son jugement.
Comment avait-il pu survivre ? Une interrogation légitime pour une âme tourmentée. Il savait que les crashs d'avion étaient rares, mais ne pardonnaient pas. La douleur dans ses membres lui hurlaient qu'il ne s'en était pas sorti sans dommages. Cela sembla pourtant bien dérisoire vis-à-vis de ce qu'il avait vécu.
Un miracle ? Delkateï pourrait bien y croire. La voix féminine qu'il avait entendue confirmait une explication qui n'avait rien de rationnel. Il n'était pas particulièrement superstitieux, mais ses croyances intégraient les aspects fantastiques de ce monde. Il n'avait jamais été confronté à de pareils événements, de ceux défiant l'imagination. Une preuve bien réelle d'une force supérieure dont il n'avait jamais douté. Une révélation brutale que Delkateï absorbait, malgré ses parts d'ombres.
Soudainement, la porte s'ouvrit dans un bruit sourd. Une jeune femme fit son entrée de manière précipitée. Elle s'arrêta après un demi-pas et son regard automnal accrocha celui du Napolitain. Elle jura :
—Merde, désolée !
Un début de migraine l'accompagna, manquant d'arracher une grimace au blessé. Elle était belle, fut la première pensée cohérente qui l'effleura, aussi idiote soit-elle. Elle n'en demeurait pas moins véridique. Une chevelure de flammes léchait des épaules graciles et dorées. La peau hâlée offrait un contraste saisissant avec les taches de rousseur qui parsemaient l'intégralité de son visage. Une finesse dans ses traits donnait toute l'harmonie à son minois.
—Je... Tu es le nouveau ?
L'appellation peu flatteuse ne fut pas relevée. Delkateï se redressa assez difficilement avant de répondre, de son éternelle voix rauque :
—C'est moi.
Un début de conversation peu engageant, fade et sans intérêt. Le jeune Napolitain n'avait jamais été très bavard, surtout lorsqu'il s'agissait de tenir un dialogue plat et vaguement inutile. La froideur naturelle de son vis-à-vis ne sembla pas gêner l'adolescente qui poursuivit, sans une once de timidité :
—Tu vas bien ? Il parait que vous avez dû atterrir d'urgence à cause des perturbations météo. Je ne pensais pas que c'était aussi grave que ça, tu as l'air vraiment mal en point.
Delkateï digéra difficilement cet afflux de parole, d'un redoutable enthousiasme. Visiblement, la vérité n'avait pas été transmise aux élèves de Diolyde. Un mensonge au goût amer, le premier qu'il rencontrait, mais certainement pas le dernier. Il fronça inconsciemment les sourcils avant de répondre, sans réelle conviction :
—Oui, ça va. T'es la première personne que je vois.
—Oh, alors une infirmière ne devrait pas tarder. Sylvie n'est jamais loin.
Un silence s'installa tandis que le sourire éclatant de la jeune femme fanait. Elle passa distraitement ses ongles manucurés dans ses mèches rebelles. Delkateï ajouta alors, un peu brusquement :
—Je suis arrivé ici quand exactement ?
—Il y a deux jours, dans la nuit si je ne me souviens bien. Laurian a déjà rejoint sa chambre, il est moins amoché que toi, répondit-elle avec un petit sourire en coin.
Le Napolitain secoua la tête, incrédule. Son regard parcourut encore une fois la pièce, d'une ridicule banalité. Il répéta alors :
—« Amoché » ?
—Oui... Enfin, ne le prends pas mal ! Ce n'est peut-être pas le mot juste pour te décrire. Tu as seulement l'air épuisé, c'est tout.
C'était véridique ! La fatigue de Delkateï ne se révélait pas uniquement physique, elle était morale avant tout. Comme si la course qu'il avait menée plus tôt avait eu un impact sur lui. Les souvenirs se tenaient juste là et même si le temps les rendait moins nets, ils restaient inscrits au fer rouge. Le soupir s'échappa des lèvres sèches du jeune homme sans qu'il ne s'en doute. Une sincérité proche du désarroi.
—Mais bon, tu es arrivé et c'est l'essentiel. C'est toujours une grande nouvelle quand quelqu'un arrive à Diolyde. Tu vas être le centre de l'attention générale pendant un moment !
Delkateï savait par avance qu'il allait détester cela. Tous ces regards fixés sur sa personne comme s'il n'était qu'un vulgaire objet, une source d'intérêt factice. Une nouveauté dans une routine obligatoire qui inspira le dégoût immédiat du jeune Italien. Il roula des yeux, désabusé et murmura, plus pour lui que pour sa future camarade :
—Bienvenue à Diolyde...
—Tu dois avoir hâte de visiter l'école. Je me souviens le jour de mon arrivée : je n'ai pas pu me retenir, j'ai séché mon premier cours de la journée pour voir ça de mes propres yeux.
Delkateï n'aurait pas eu le loisir de répondre même si, par hasard il l'aurait souhaité. L'adolescente reprenait déjà :
—Tu ne seras pas déçu, crois-moi ! Diolyde est vraiment magnifique, je n'ai jamais rien vu de tel. C'est immense et on peut même s'y perdre les premières fois, mais c'est un cadre exceptionnel. C'est une sorte manoir donc un peu vieillot à première vue, c'est ce que j'en pensais au début, mais au final ça a vraiment son charme. Et puis, il y a aussi...
—Calysta !
Une voix en provenance de l'extérieur et une nouvelle apparition coupa le flot de paroles. La jeune femme cessa son éloge et se tourna vivement en direction de la sortie. Moins réactif, le Napolitain se contenta de suivre les événements, sans intérêt particulier. Un garçon se tenait sur le seuil de la porte. De taille imposante, des cheveux blonds en brosse et de grands yeux qui mangeaient son visage jovial. Il semblait sympathique à première vue, une lueur amusée au fond du regard. Sans plus attendre, il vint se poster aux côtés de la rouquine en passant son bras de manière possessive autour de sa taille.
—De retour parmi les vivants ? Bonne arrivée à Diolyde. Delatai, c'est ça ?
Un maigre sourire étira les lèvres de la dénommée Calysta. Voulues ou non, les paroles avaient presque quelque chose d'humoristique. Delkateï le corrigea, sans trop de méchanceté :
—Delkateï. On a vu mieux comme arrivée, je pense.
L'autre pouffa légèrement alors que le beau visage de la jeune femme s'illuminait à nouveau.
—Tu as raison, mais tu es en un seul morceau et c'est l'essentiel, pas vrai ?
—J'imagine que j'ai eu de la chance pour cette fois, marmonna le Napolitain, sans trop y croire.
Le blond replaça une mèche rousse de Calysta derrière son oreille. Une attention particulière qui ne laissait aucun doute sur la relation que liait les deux adolescents.
—Tu sais, ici on ne croit pas vraiment à la chance ou même au hasard. Remercie plutôt les Dieux, il faut imaginer que c'est grâce à eux si tu es arrivé jusqu'ici.
Une remarque sérieuse que le ton du jeune garçon démentait. Il reprit, dans une grotesque imitation :
—Comme dirait ce bon vieux Kourrage : « Les Dieux sont toujours là. Ils sont notre destin et ne laissent pas leur place aux coïncidences, tout a un sens à Diolyde. »
La gorge de Delkateï se noua soudainement. Ces mots faisaient écho à ses futiles pensées. Diolyde était manifestement le théâtre de bien des mystères, mais cette réflexion lui sembla bien inappropriée. Le blond éclata dans un rire franc et communicatif alors que Calysta le rabrouait gentiment :
—Arrête ça Jo. Kourrage a toujours raison, c'est la sagesse incarnée. Bon, il est peut-être un peu vieux jeu et ses leçons de morale sont souvent longues, mais Diolyde ne pourrait pas avoir meilleur directeur. Ne l'écoute pas Delkateï, il raconte n'importe quoi !
L'adolescente gratifia son homologue d'un grand sourire alors qu'elle échangeait un coup d'œil complice avec le dénommé Jo. Le Napolitain fronça les sourcils sous les assauts d'une migraine plus que coriace. Lui qui appréciait le calme par-dessus tout, il aurait donné n'importe quoi pour rester seul en cet instant. Aucun bruit et une cigarette, simplement cela.
—Ça va, je rigole. Tout le monde l'aime bien, Kourrage. Avec ses discours interminables après le repas et ses mots compliqués. Pour comprendre quelque chose, c'est mission impossible ! lança Jo, hilare.
—Ce n'est pas si incompréhensible. Ne te fais pas passer pour plus con que tu ne l'es ! rétorqua Calysta, toujours sur le ton de la rigolade.
—Ouais, si j'ai bien capté : vous vous coltinez un vieux qui ne sait pas parler correctement et qui vous fait chier avec ses discours à deux balles.
La répartie de Delkateï laissa après elle un silence médusé. La psychologie n'avait jamais été le point fort du blessé. Son état n'aidait en rien, ainsi que le besoin de nicotine. Sa patience déjà bien restreinte avait atteint ses limites et il comptait bien le faire comprendre. Les deux adolescents qui lui faisaient face n'étaient pas désagréables en soi, mais le Napolitain était tout sauf enclin à la conversation.
La réaction fut tardive, mais tout aussi étonnante. Si Calysta ne sut quoi répondre, son vis-à-vis fut plus productif. Il rétorqua, sans se dépourvoir de son éternel rictus :
—C'est ça, à peu de choses près. Il est attachant, faut pas lui enlever ça.
—Génial... raya Delkateï, ses yeux roulant dans leurs orbites.
La porte s'ouvrit doucement, émettant une plainte significative. Un silence respectueux s'installa alors qu'un homme d'âge mûr se tenait sur le seuil. Kourrage.
Chapitre de taille moyenne (dans le sens où on dépasse pas les 2000 mots quoi XD).
Bon, pour ce chapitre : Del n'est pas mort, comme vous pouvez le constater. Comment est-ce possible ? J'introduis deux nouveaux personnages ainsi qu'un aperçu rapide de Diolyde. Calysta et Jo, et un certain Kourrage qui va signer son grand retour !
Qu'en pensez-vous ? Une impression sur ces élèves ou sur n'importe quoi d'autre ? J'attends bien-sûr vos avis avec impatience et je vous invite à voter, tout ceci m'est d'un grand soutien :)
Je vous dis à samedi les poneys !
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