Chapitre 2 : Espoir et promesses

[Le dessin en média est de moi et représente Delkateï ;3]

 Le soleil déclinait lentement derrière l'horizon, annonçant la fin de cette chaude journée d'automne. Dessinant les lueurs du crépuscule, maintenant tout proche. Naples était une ville italienne, capitale régionale gorgée d'histoire. Elle était surtout très peuplée, davantage même que Rome si l'on comptait sa banlieue.

Sa banlieue, avec les problèmes que l'on y associait, souvent synonyme de préjugés. Les quartiers que l'on préférait éviter. Par peur de quoi ? De la misère, de la violence ou simplement de la réalité ? En définitive, on finissait toujours par détourner le regard, optant pour l'ignorance plutôt qu'à la culpabilité.

Ces jugements, les jeunes qui y vivaient cherchaient à les laisser de côté, à les oublier tant qu'ils le pouvaient encore. La vie ne les avait pas gâtés et eux-mêmes ne se cachaient pas pour le dire, pour le cracher aux visages des dirigeants de Naples. Aux visages de tous ceux qu'ils jugeaient responsables de leurs malheurs, à la face du monde qui semblait bien se foutre de leur gueule !

Laurian Flaby aurait sans doute voulu imiter les autres, passer rapidement son chemin sans un regard, mais il n'en avait pas le droit. Il masquait son malaise, ce dégoût probable et pourtant tellement compréhensible. Il savait exactement où il allait, à peine lançait-il des regards furtifs de temps à autre. L'odeur y était atroce, épouvantable et devant lui se déroulait une scène des plus désolantes. Des jeunes du quartier se trouvaient affalés, certains à même le sol où gisaient des cadavres de bouteilles. Ils étaient une demi-douzaine et peu d'entre eux devaient être en âge de consommer de telles substances.

Laurian n'avait en cet instant qu'une seule envie : rebrousser chemin et quitter cet endroit au plus vite. C'était lâche. Oui, incroyablement lâche, mais voilà sans doute ce que beaucoup auraient fait. Mais lui ne le pouvait pas, pour plus d'une raison d'ailleurs, alors il se résolut à prendre son courage à deux mains. Il se racla la gorge, annonçant par la même occasion sa présence, aussi indésirable soit-elle.

La réaction ne se fit pas attendre, tous les regards se braquèrent sur lui. Des yeux embrumés, hagards, qui laissaient envisager sérieusement que ce qu'ils fumaient n'était pas de simples cigarettes. L'ancien footballeur ravala le moindre commentaire. Un des adolescents se leva et s'approcha dangereusement du plus âgé, une bouteille à la main. Il le dévisagea, sans pudeur et de haut en bas, s'attardant inutilement sur les béquilles. Finalement, il lança, acide :

—Tu veux quoi le vieux ? Désolé, on partage pas ici !

Laurian réprima un sourire qui lui venait naturellement. Était-ce l'insulte ou l'interprétation ridicule quant à sa venue qui donnait à rire ? Il répondit, pacifique :

—C'est gentil à vous de proposer, mais ce n'est effectivement pas l'objet de ma venue.

L'autre fronça les sourcils, ses yeux foncés traduisaient à présent une méfiance caractéristique. Le trentenaire décida d'éviter de jouer avec le feu et annonça la raison de sa visite sans plus de cérémonie :

—En fait, je cherche un certain Delkateï Lytaël !

Un sourire se dessina sur les lèvres de l'adolescent, alors qu'il se retournait pour lancer à la cantonade :

—Hé ! Del', on dirait que t'as de la visite !

Ledit Delkateï haussa les sourcils, tira une dernière bouffée de son joint avant de l'écrasa soigneusement au sol. Il était jeune, très jeune même. La quinzaine, tout au plus. De grande taille et plutôt bien bâti, sa peau légèrement hâlée par le dur soleil italien contrastait avec ses cheveux blancs comme neige.

Quand il se redressa, Laurian se tendit à se méprendre : s'il devait exister une perfection en ce monde, elle serait certainement les deux prunelles qui le fixaient en cet instant. D'un bleu profond, acéré comme des lames, l'alcool n'en avait masqué aucun attrait. L'iris un ton plus foncé semblait se fondre dans cet océan glacé. Ces yeux si particuliers pouvaient lire en lui comme dans un livre ouvert, Laurian en demeurait certain. Ils pouvaient tout voir, tout déceler, tous les secrets et même l'unique vérité. Mais l'ancien footballeur connaissait ce regard, il lui paraissait familier et c'était sans doute le plus grisant.

—Qu'est-ce que vous m'voulez ?

La voix s'éleva rocailleuse, froide, dangereuse. Il se dégageait de lui une force sonnant comme un avertissement. Il ne s'agissait pourtant que d'un adolescent, en prise à des substances illicites, mais pas encore un adulte. L'autre répondit alors, sur le même ton, à peine moins arrogant :

—Je souhaiterais te parler.

Son interlocuteur leva un sourcil, l'encourageant à sa manière à poursuivre sous les ricanements des italiens. Laurian se trouva forcé de préciser ce qui lui semblait être une évidence :

—Seul à seul ! Je voudrais te parler seul à seul, c'est important.

L'agacement se lisait sur les traits de Delkateï, il se sentait partagé entre l'envie d'envoyer balader ce gêneur et celle, toute aussi forte, de le suivre par pure curiosité. Au fond, malgré son attitude et le mépris affiché, il n'était pas vraiment rassuré. Peu de gens se risquaient à venir jusqu'ici, les visiteurs étaient souvent synonymes de gros ennuis. Cet homme qui se donnait manifestement beaucoup de mal pour rester neutre n'avait pourtant rien d'inquiétant et son infirmité le rendait tout sauf dangereux.

Pour cette ultime raison, le jeune italien choisit d'accéder à la requête de son ainé. Avant quoi, il vida une dernière canette sans quitter son interlocuteur du regard. Il le suivit alors, sans faire d'histoire, bien sagement, mais prêt à déguerpir au moindre accrochage. Ils marchèrent ainsi quelques minutes, abandonnant les rues les plus sombres de la banlieue de Naples. L'ancien athlète décida finalement de s'arrêter devant un petit terrain de football où de jeunes enfants se disputaient une partie endiablée.

Delkateï observait la scène, indifférent et visiblement ennuyé. Laurian avait plus d'une fois réfléchi à une quelconque entrée en matière. Le moindre mot de travers pouvait tout gâcher, il en avait conscience. Il lâcha, au bout de quelques instants de flottement :

—Le foot ne te manque-t-il pas ou est-ce que tu préfères jouer en secret ?

Le regard de l'interpellé se durcit, il tiqua, mais garda ses lèvres hermétiquement closes.

—Ils ont l'air de bien s'amuser là-bas, ça ne te fait pas envie Delkateï ?

—Comment vous connaissez mon nom ?

La question avait fusé, rapide et intransigeante. Elle fit sourire en coin Laurian, amusé, il y avait un air de menace dans la voix rauque. Badin, il rétorqua :

—Crois-moi, j'en connais bien plus sur ton compte que ton nom !

Il jouait avec le feu et en avait conscience. Delkateï l'observa, le visage impénétrable derrière ses cheveux trop longs. Il siffla entre ses dents :

—Qui êtes-vous ?

—Quelqu'un qui s'intéresse à ton potentiel.

Il évitait volontairement la question et cela énervait grandement l'adolescent qui le fusillait du regard. Si ses yeux avaient la capacité de brûler, le trentenaire ne serait plus qu'un amas de cendres fumantes, cela ne faisait pas un pli !

—Je vous ai demandé qui vous êtes !

Le plus jeune accentua exagérément toutes les syllabes, impitoyablement. L'alcool le rendait impulsif, bien plus qu'à l'accoutumée. Laurian prit alors la sage décision de cesser ce badinage :

—Je me nomme Laurian Flaby, j'étais un joueur de classe mondiale il y a encore quelques années. J'entraîne maintenant une équipe d'excellence à Diolyde.

Ce n'était pas l'exacte vérité, mais le trentenaire n'eut pas le loisir de culpabiliser. Ses explications n'étaient apparemment pas à la hauteur des attentes de l'adolescent qui enchaina immédiatement :

—Et qu'est-ce que vous foutez ici ?

—Tu n'en as vraiment aucune idée, Delkateï ?

—Faut croire que nan ! railla l'Italien qui perdait petit à petit le peu de patience qui lui restait.

—Je n'entraîne pas seulement l'équipe SuperNova, je suis aussi une sorte de chasseur de talents pour l'école Diolyde. Je vais à la rencontre d'une poignée de personne aux capacités exceptionnelles venues de tous les horizons.

Delkateï tentait de faire le tri dans toutes les informations qui lui étaient données. Leur absurdité ne lui rendait pas la tâche plus aisée, l'alcool et la drogue non plus.

—Attendez ! Je comprends rien à vos conneries. C'est quoi cette histoire d'école, d'équipe Supertruc et de foot ?

Les explications risquaient d'être longues, d'autant plus que son futur protégé se trouvait sur la défensive et peu enclin à la conversation.

—Écoute petit : je te dois quelques explications, j'en suis conscient et j'ai bien l'intention de te les donner. Mais ce n'est pas exactement l'endroit approprié, tu ne crois pas ?

Delkateï se rembrunit encore davantage, se contentant de toiser ce gêneur avec tout le mépris qu'il lui inspirait. Le plus âgé reprit, sans attendre une potentielle réponse du jeune homme :

—Tu veux bien m'accompagner chez toi, que l'on puisse en discuter ensemble calmement ? Il faudra aussi que j'en touche un mot à ta mère par la même occasion.

—Ma mère ? Pourquoi ? Quelqu'un vous a parlé de ma mère ?

—Je connais en réalité Joy depuis des années, mais je t'expliquerai ça plus tard, d'accord ?

La confusion de l'adolescent ne pouvait être niée, elle se lisait sur son visage, au plus profond de ses yeux si particuliers où se déroulait un combat intérieur des plus partagés. Ce type pouvait se révéler le plus grand menteur que cette Terre ait porté et il était comme cela, Delkateï : méfiant. Il s'agissait de ce que cette putain de vie avait fait de lui ! Il ne faisait confiance à personne, ne connaissant que trop bien la perfidie humaine et les dégâts qu'elle pouvait faire.

Malgré cela, un sentiment étrange naquit dans les entrailles du jeune napolitain. Une voix dans sa tête l'encourageait à accorder sa confiance à l'homme en face de lui, juste pour cette fois. Une impression d'importance, de devoir à accomplir parfaitement indescriptible. Comme si ce choix déterminerait celui de toute une existence, comme si elle reposait entre les mains de ce dénommé Laurian. Comme si tout allait enfin changer !

—Suivez-moi ! 


Heyyy !

Et le deuxième chapitre est en ligne avec l'apparition (tant attendue) de mon protagoniste : Delkateï. N'est-il pas adorable ? XD

L'intrigue se forme un peu et la suite ressemblera plus à ça. Bien-sûr, le premier chapitre y est lié (clin d'oeil à Laurian d'amour ;3).  Il est pauvre en informations mais sert surtout à placer le contexte et mon protagoniste, Delkateï. J'attends encore une fois vos avis et ce, avec beaucoup d'impatience. 

Je posterai la suite samedi prochain, je suis décidée à prendre un rythme régulier dans mes publications. 

Kiss sur vous ;3

Jade ~

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