Chapitre 17 : Ne restent que des cendres
[Déméter en média, le dessin date un peu mais fallait bien que je vous le présente. Il n'est pas censé être particulièrement beau déjà de base xD Sorry Dem, j't'aime fort <3]
Delkateï ne sut jamais combien de temps il resta ainsi, immobile et muet, allongé dans son lit. Ce temps qui lui échappait coulait entre ses doigts sans qu'il n'y voie la moindre offense, sans qu'il ne cherche à retenir les précieux grains de sable qui tombaient librement.
Il aurait pu quitter ce nid douillet pour profiter de ces instants de paisible solitude. Qui sait, peut-être que l'air frais lui aurait fait le plus grand bien ? Il s'imagina brièvement dans la petite cour de Diolyde, marchant entre la végétation et les murs, profitant de cette promenade pour mettre de l'ordre dans ses idées. Il avait abandonné cette perspective, craignant de croiser la route de quelques curieux qui le questionneraient sur sa mine déconfite.
L'arrivée discrète de Déméter et Jyn extirpa l'Italien de ses pensées macabres. La silhouette longiligne précéda celle, plus commune, de son cadet. Ce dernier s'arrêta net en découvrant le Napolitain étendu sur le matelas, le regard perdu dans le vide. Il prononça, les sourcils froncés :
—Tu es là alors.
—Belle déduction, t'en as d'autres dans le genre perspicace ?
Son homologue tiqua, visiblement peu coutumier de ce genre de répartie. Delkateï s'en voulut instantanément, son camarade restait quelqu'un d'agréable en toutes circonstances et ne méritait en aucun cas une réplique d'une telle méchanceté. Mais le nouvel élève souffrait et tout raisonnement rationnel ne l'atteignait plus, il se défendait à la manière d'un animal blessé, instinctivement.
—Non, lâcha simplement Déméter, du bout des lèvres.
Le Napolitain observa plus attentivement l'adolescent alors que Jyn s'asseyait sans plus de cérémonie. La mine défaite, ses yeux améthyste semblaient secoués d'un trouble partagé avec Jyn, aussi improbable ce constat pouvait-il se révéler. Delkateï n'eut pas le loisir de se pencher sur la question que l'Américain, Déméter, l'interrogeait encore, visiblement plus inquiet qu'il ne l'avait été jusqu'alors :
—Il se passe quelque chose ? On ne t'a pas vu en cours de l'après-midi.
—Qu'est-ce que ça peut te foutre au juste ?
L'Italien toisait son vis-à-vis qui garda sagement le silence. Une décision réfléchie et seyant à la perfection à cet être toujours à la recherche d'un juste équilibre. Les questions n'avaient pas quitté Delkateï, omniprésentes et résonnant à ses oreilles comme une démente litanie. Une torture faisant mourir l'esquisse imperceptible de patience chez le Napolitain.
—On peut peut-être t'aider si tu as des questions, ou au moins te soutenir. Les amis sont là pour ça ?
—Nan, c'est bon. C'est sympa de proposer, mais j'ai juste pas envie d'en parler pour le moment.
Le regard que lui lança Déméter se révéla particulièrement suspicieux, proche de la clairvoyance. Cette même lucidité se lisait dans l'attitude de Jyn alors qu'il retirait le bandeau rubis de ses cheveux longs. Les mèches violettes retombèrent librement sur le front blême de leur possesseur. Sa voix s'éleva soudain, sans préavis :
—Il s'est passé quelque chose.
Les deux autres cillèrent pour des raisons divergentes. Delkateï y voyait un lien improbable avec les précédentes révélations alors que son interlocuteur américain semblait gêné par cette entrée en matière originale et surtout peu subtile. L'absence de tact de Jyn se manifestait à nouveau, instaurant un silence glaçant au cœur de la pièce. Personne ne parvenait à s'y habituer et la chambre elle-même sembla retenir son souffle.
—Quoi encore ? Aaron a largué sa dernière conquête et elle s'en est pas remise ? Un nouveau discours de Kourrage que j'aurais manqué ? Faut toujours que je loupe les trucs importants, vous m'enverrez un message la prochaine fois.
Un petit sourire triste ombra les lèvres fines de Déméter. Il aurait souhaité un événement d'une envergure aussi ridicule. Diolyde était prête à montrer son vrai visage, sans que personne ne s'en doute, une figure sombre qui ne lui appartenait pas. L'adolescent secoua négativement la tête sans trouver les mots pour qualifier sa pensée. Le Finlandais énonça clairement, comme s'il annonçait un fait d'une affligeante banalité :
—Une élève a été retrouvée morte dans une salle du deuxième étage, brûlée vive.
—Quoi ? Tu te fous de ma gueule ?
Le plus âgé resta muet, une expression d'outre-tombe ornant ses traits efféminés et démentant les soupçons de son cadet. Il semblait le défier de remettre en question la véridicité de ses dires. Un frisson parcourut l'épiderme de Delkateï alors que l'atrocité des images s'imposant à son esprit le frappait avec violence. L'inimaginable venait de s'émincer dans son existence et il n'y survivrait pas. Pourquoi fallait-il que de telles atrocités viennent obscurcir le tableau déjà morose de ces dernières heures ?
—J'ai aussi cru à une blague, poursuivit Déméter, bien moins assuré que son camarade. C'est une élève qui a retrouvé le corps, je ne pense pas que la plaisanterie lui aurait semblé drôle.
—Qui ? Qui est-ce qui a trouvé son corps ?
—Eléonore.
Ce nom éveilla un souvenir indistinct chez l'Italien. Celui d'une jeune femme à la peau mâte et très discrète qu'il croisait régulièrement dans les couloirs de l'établissement sans réellement lui prêter attention. Elle se fondait aisément dans le décor, comme en faisant intégralement partie. Peut-être était-ce sa volonté, de faire corps avec Diolyde jusqu'à disparaître aux yeux de ses congénères. Un sort bien étrange.
—Quelqu'un a tué une élève...
L'interprétation de Delkateï, bien que simple, résumait la réflexion de tous. Jyn reprit, à l'étonnement de tous :
—Certains pensent que la fille l'a tuée. Ils la pensent coupable, ces ignares !
Déméter approuva, les lèvres pincées. Il n'était sans doute pas de l'avis exact de son homologue, mais se gardait bien de le signaler. Sage décision de sa part ! Jyn, le Finlandais, nourrissait un mépris tenace pour la majeure partie des représentants de son espèce, ne se lassant jamais de leur répéter leur infériorité qui le répugnait tant.
—C'est possible, non ? s'opposa l'Italien, bien moins désintéressé qu'il n'aura souhaité l'être. Si elle a été retrouvée là-bas, ça peut très bien être elle la coupable. Elle n'a pas la pancarte « innocente » placardée sur le front.
—Non, contra Jyn. Ça ne peut pas être elle. Le criminel se trouve ici, mais ce n'est certainement pas elle !
—Et qu'est-ce que tu en sais ? rétorqua Delkateï, encore sous le choc de ce qu'il venait d'entendre.
Jyn le toisa froidement sans même prendre la peine de formuler une atteinte verbale. Le mépris qu'il dégageait suffisait amplement. Comment pouvait-il se montrer aussi certain ? Sa voix ferme ne laissait possible aucune discussion et le Napolitain se tut, attentif aux propos de ses camarades malgré les apparences. Trop secoué par les chocs émotifs de la journée, il ne songea même pas à provoquer l'autre plus que nécessaire.
—Elle n'en est pas capable, ajouta-t-il, plus pour lui que pour ses semblables qui buvaient littéralement ses paroles.
Déméter déglutit péniblement, cligna des yeux à plusieurs reprises avant d'énoncer, la voix chevrotante :
—On raconte qu'il y avait quelque chose écrit sur le sol, juste à côté de la fille.
—Avec les cendres de son corps carbonisé. Un nom a été inscrit de la main de son assassin.
—Pourquoi ?
—On ne sait pas encore, dit Déméter, précipitamment. Mais ça ressemblait à une signature.
—Et le nom ? C'était lequel ?
L'expression sombre de Jyn s'intensifia davantage, à l'image des paroles sur le point d'être prononcées. Le cœur du Napolitain frappait durement sa cage thoracique, comme s'il voulait s'en échapper. C'en était trop pour lui, trop pour une journée et peut-être même pour une vie. Il n'était pas certain de pouvoir supporter une nouvelle supplémentaire, mais se voyait dispenser du moindre choix. Il encouragea son camarade à poursuivre, haussant un sourcil interrogatif. Le message ne sut passer alors que Déméter semblait tout autant bouleversé, la terreur se lisant aussi clair que de l'eau dans ses prunelles améthystes.
—Par Kyraël, s'entendit articuler l'Italien, dites-moi quel nom bordel !
Déméter recula d'un pas dans la pièce, déglutissant péniblement sous les regards de ses interlocuteurs. Il balbutia, incapable de formuler un semblant de phrase intelligible :
—Je... La personne qui a fait ça, elle a écrit le nom de...
La fin de ses propos mourut dans sa gorge avant même d'exister, comme rattrapée par leur propre atrocité. Par le sens caché et ce que cet événement pouvait annoncer pour les élèves de Diolyde. Jyn acheva, sans que sa voix n'en souffre le moins du monde, aussi calme et détaché que l'on pouvait l'être en cet instant :
—La Sixième zone.
Entrée en scène véritable de la Sixième zone et on rentre vraiment dans l'intrigue, dans la problématique du tome.
Dans le prochain chapitre, on retrouve tout un tas de personnages dont Ludo, Andrew, Laurian, Kourrage et Eran ;3 La partie s'appelle "Connaissance de cause" !
J'attends vos avis, vos votes ou rien qu'un petit quelque chose. Je prends des nouvelles de mes troupes (mdrr XD), tout le monde est en vie ?
Bisous les p'tits !
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