Chapitre 12 : Nouveaux visages
[En média, Eole que j'aurais déjà pu vous montrer au chapitre dernier. Voilà sa petite tête de noeuds que j'adore (notez le favoritisme) ;3]
Delkateï était resté allongé ainsi de longues minutes. En proie à un accès de paresse irrépressible et virulente. Le regard perdu au plafond, il laissait ses pensées dériver sans même en être témoin.
Le temps défilait lentement, comme un ballet doux et langoureux là où les grains de sable s'écoulaient un à un. Le jeune Napolitain sourit à cette simple pensée, la solitude le rendait bien philosophe. Coupant court à la moindre réflexion parasite, il se redressa enfin. Les paroles de Kourrage s'étaient éveillées en lui, faisant écho à une envie cernée de crainte. Il devait absolument appeler sa mère et la rassurer ;
Un téléphone portable avait été mis à la disposition de l'adolescent, au sommet de la pile de vêtements à son nom. Un modèle ancien démodé depuis longtemps, mais pratique. Songeur, Delkateï le fit tourner quelques fois dans sa paume avant de composer le numéro inscrit sur un morceau de papier. La sonnerie retentit plusieurs fois, au gré d'une attente proche de l'insupportable. La voix de sa mère s'éleva alors, bien reconnaissable et empreinte d'une angoisse maternelle :
—Delkateï ?
Le dénommé s'offrit le luxe d'un sourire. Un rictus rare et spontané que la retenue ne put contenir tout à fait.
—C'est moi, maman.
—Kyraël tout puissant... Dis-moi que tu vas bien ?
—Oui, je vais très bien, arrête un peu de t'inquiéter.
L'Italien entendit clairement Joy soupirer alors qu'il avait volontairement occulté la vérité. Il ne pouvait que s'imaginer la réaction de sa génitrice si des échos de l'accident lui parvenaient.
—Et toi ?
—J'étais terriblement inquiète pour toi, souffla-t-elle, tout contre le combiné.
—Désolé de ne pas t'avoir appelé plus tôt, s'excusa Delkateï, tout aussi bas.
Sa mère était certainement la seule personne pour qui il acceptait de prononcer ces mots. Un exemple qui démontrait, encore une fois, tout l'attachement que le jeune homme avait pour sa génitrice.
—Ce n'est rien, concéda-t-elle, bien que sa nervosité ne laisse présager le contraire. J'étais juste... très inquiète pour toi.
Le silence s'installa, le temps d'une pensée. Juste assez pour donner à Delkateï le loisir de culpabiliser. Évidemment que Joy s'était fait du souci, elle n'avait jamais été séparée de son fils et voilà que ce dernier s'envolait vers son avenir. Sans elle. Une décision difficile et douloureuse, une plaie nouvelle pour cette trentenaire qui en portaient déjà bien trop pour son jeune âge. Elle se reprit rapidement, chassant les larmes qui avaient envahi ses yeux et que son enfant ne saurait voir, clamant d'un ton plus enjoué :
—Mais ce n'est rien. L'essentiel, c'est que tu ailles bien. Raconte-moi comment est Diolyde. Je veux tous les détails !
L'adolescent inspira profondément, réalisant qu'il ne s'en sortira pas d'une parade. Il se lança alors dans de longues descriptions de cet étrange établissement, omettant volontairement certaines informations qui risquaient d'alerter sa mère.
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L'appel s'était éternisé presque une heure. Un laps de temps durant lequel Delkateï exposa à sa génitrice tout ce qu'il pouvait. Il dut mentir, embellir certains détails dont il ne savait rien, mais Joy avait paru satisfaite. Finalement, l'Italien avait raccroché après avoir promis de donner de ses nouvelles régulièrement.
Le jeune homme se réinstalla sur le matelas, portant son bras à sa poitrine dans une grimace. Le calme de la pièce l'enveloppait de manière aussi rassurante que paisible. Une chaleur agréable et cernée de solitude. Le blessé ne pouvait qu'en profiter.
Le silence fut néanmoins brisé par des sons étrangers venant de l'extérieur. Des pas et des discussions diverses lui parvenaient comme en écho.
Lorsque la porte s'ouvrit en fracas, Delkateï ne bougea pas d'un iota. Quatre jeunes hommes s'engouffrèrent dans la chambre, le sourire aux lèvres. Leur homologue se redressa lentement avant de les dévisager. Eole était parmi eux et semblait plus détendu, moins détaché. Ses yeux éclairaient son visage finement dessiné comme deux lunes jumelles.
—Hé ! Mais voilà le fameux Delkateï !
Le dénommé se tourna vivement vers l'auteur de cette exclamation. Il s'agissait d'un adolescent dont la tignasse vermeille se dressait en mèches d'un rouge flamboyant. La masse était impressionnante et semblait défier les lois de la gravité. Dans son regard dansait une lueur malicieuse, brillant au centre d'un visage charmeur à la peau tannée. Il s'approcha de son vis-à-vis à grandes enjambées avant de le saluer d'une bourrade amicale :
—Salut, moi c'est Aaron. Bienvenue à Diolyde et dans notre humble demeure.
Le jeune homme ponctua ses dires d'un mouvement circulaire désignant l'ensemble de la pièce. Un sourire étirait ses lèvres, comme pour souligner sa facilité déconcertante à s'exprimer sans la moindre once de timidité.
Un deuxième élève s'avança, moins assuré que son prédécesseur. Ses cheveux vert émeraude suivaient le geste, frôlant ses épaules à chaque pas. Deux prunelles améthyste le fixaient balayées par les cils de ses yeux tombants, une honnêteté y perçait tout clairement. Il accusa Delkateï d'un regard entendu avant de lui lancer, sans brusquerie :
—Déméter. Bienvenue parmi nous.
Une salutation simple, mais polie et efficace. Le jeune adolescent aurait certainement pu être décrit ainsi au quotidien. Un équilibre s'émanait de sa personne comme un parfum, délicat et rassurant. Sans trop en connaître la raison, l'Italien sentit naître une poussée de sympathie pour ledit Déméter.
Finalement, le dernier s'étant tenu en retrait jusqu'alors s'avança. Delkateï fronça les sourcils à la vue de son apparence, pour le moins originale. Une peau pâle, et des yeux turquoise surmontés d'un trait d'eye-liner. De multiples piercings cernaient son visage maigre et anguleux. Au-dessus de celui-ci, un bandeau rouge relevait des cheveux fins et violets foncés qui descendaient jusqu'au bas de son dos. Sa silhouette grande et longiligne ne trahissait plus le moindre mouvement. Il semblait également plus âgé que ses autres camarades, la gravité de ses traits accentuant cette impression.
L'inconnu dévisagea Delkateï un long moment, sans rien ajouter de plus. Un frisson parcourut la colonne vertébrale de ce dernier qui s'efforça de demeurer imperturbable. Ce garçon, pour une raison qu'il ignorait, lui faisait froid dans le dos. La voix d'Aaron se fit alors entendre, communicative et hilare :
—Et lui, c'est Jyn. Tu te sens prêt à nous supporter ? Enfin, je dis plutôt ça pour eux. Moi, ça devrait aller.
Le Napolitain haussa le sourcil. L'enthousiasme de son homologue ne manqua pas de le déstabiliser. Il répondit, plus maladroitement qu'à l'ordinaire :
—J'devrais m'en sortir.
—Pas sûr que tu dises la même chose demain, répliqua Déméter, un sourire timide naissant sur ses lèvres fines.
—La nuit n'est que blessures, y survivre est le plus grand des fléaux.
Delkateï accusa le choc. Ces propos avaient été prononcés par Jyn, avec autant de naturel qu'il était envisageable. Son visage n'avait souffert d'aucun changement, la même expression outre-tombe y siégeait. Un silence tomba, alors que les adolescents se dévisageaient, gênés. À l'étonnement du Napolitain, ce fut Eole qui réagit le premier, en annonçant simplement :
—On devrait descendre, le repas va être servi.
Cela manquait cruellement de naturel, mais le malaise empêcha quiconque d'en faire la remarque. Comme un seul homme, ils opinèrent. Les quatre adolescents déposèrent leurs affaires scolaires sans un mot. Le trouble se lisait dans tous les regards alors que Jyn restait imperturbable. Même l'Italien obtempéra, suivant le mouvement du petit groupe. Il ne savait pas encore que ce genre de répartie était monnaie courante de la part de l'élève.
Aaron lui ôta ce doute alors que ses camarades quittaient déjà la pièce en quête du repas du soir :
—T'en fais pas pour Jyn, il est comme ça. C'est le plus vieux et c'est aussi un peu notre voix de la raison. Il en sait beaucoup sur absolument tout, mais il est surtout du genre pas pessimiste.
—J'ai cru remarquer, commenta Delkateï, emboîtant le pas au garçon qui se dirigeait à son tour vers la sortie.
—T'as l'air costaud, tu devrais passer la nuit, reprit l'autre, sur le ton de la plaisanterie. Allez, on se dépêche avant qu'ils n'aient tout mangé !
Je vous écris d'Italie, bonjour de là où on meurt littéralement de chaud.
Le fameux chapitre aux nouvelles têtes. Comment vous en sortez-vous ? Plutôt bien ? Plutôt mal ? Je croise les doigts même si je pense faire un rappel pour éviter les pertes.
Petit appel d'une Joy très inquiète et l'arrivée soudaine des camarades de Del. Que pensez-vous d'eux ? Un chouchou, un coup de coeur totalement incontrôlé ?
Pas de chapitre la semaine prochaine vu que je serai toujours en vacances. Un peu de repos pour mon cerveau !
Bisous de la piscine ~
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