Le comprendre
Petit "chapitre" de transition cette semaine. Bonne lecture à vous ;)
Et je vous redonne le lien vers la fic de madame Barjy : https://www.fanfiction.net/s/12730318/1/A-contre-sens
Bonne lecture à vous :)
Une semaine plus tard, V grommela en se plantant deux fois de suite dans le remontage de son Sig Sauer. Un exercice qu'il pouvait d'ordinaire accomplir les yeux fermés et les mains dans le dos. Visiblement pas ce jour-là...
En vérité, il n'arrivait pas à se sortir ce damné flic de la tête. Son odeur, ses foutus yeux noisette, l'épaisseur massive de son corps, son entêtement, sa rage... Oui, cette rage qui le rongeait depuis l'intérieur et le nourrissait d'un feu inextinguible. Un peu malgré lui, V enviait les gens capables de ressentir et d'incarner leurs émotions avec une telle intensité. De faire corps avec ce qu'ils éprouvaient.
S'il devait vraiment être honnête, il serait contraint d'admettre que le peu qu'il avait vu de Butch le fascinait. V admirait le courage, sous toutes ses formes, même les plus stupides et les plus bornées. Et peut-être bien que le flic rentrait dans cette catégorie avec sa manie de foncer tête baissée, même sur des évidences aussi solides que des rocs.
À aucun moment V n'avait senti de peur en lui. De la surprise, de la remise en cause, du doute, de la méfiance, oui. Tout ça et plus encore. Mais de la vraie peur ? Comme chez tous ces omégas qui tremblaient et rasaient les murs en l'apercevant ? Pas une once.
De quoi le faire planer. Haut et fort s'il devait en croire son érection alors qu'il repensait à la manière dont Butch l'avait menacé de son arme, le premier soir. Or V ne bandait pas pour les omégas. Jamais. Même au plus fort de leurs chaleurs. Son père l'avait bien conditionné. Ou déconditionné suivant les points de vue. Ses tortures et ses sévices avaient atteint leur objectif premier : rendre V parfaitement insensible à l'appel des phéromones.
Sauf face à Butch...
La seule fois de sa vie où il aurait apprécié de parvenir à se contenir, son instinct d'alpha lui revenait en pleine face. Son père avait fait un tellement bon boulot que V devait se rappeler de force que cette réaction était normale. Biologique. Qu'il ne devait en concevoir aucune honte. Tout comme Butch ne devrait jamais avoir à rougir des élans imposés par son corps.
Dépité, il balança son flingue sur l'établi avec un juron étouffé. Cela lui valut un regard surpris de Rhage qui, par il ne savait quel miracle, était parvenu à bosser sur ses propres armes en fermant sa gueule.
_V, ça va pas ?
_Non, rien. Je pensais à un truc...
_Un truc gonflant, j'imagine.
_Ouais. On peut dire ça comme ça.
V attrapa un chargeur qui n'avait nul besoin d'être vérifié et l'examina minutieusement. On n'était jamais trop prudent. Rhage, suspicieux, reposa le fusil à pompe qu'il était jusque-là en train de briquer avec amour.
_Ça a un rapport avec les quatre jours où on t'a pas vu ?
Pas si con que ça finalement, le blondinet. V hésita.
_Ça se pourrait.
Un soupir résigné échappa à Rhage.
_Je vais devoir te tirer les vers du nez un par un ou tu vas te décider à me dire ce qui coince ? Peut-être que ça expliquera pourquoi tu es revenu en empestant la frustration et les phéromones de chaleur.
_Ha, t'as senti ça...
_Le manoir entier l'a senti, s'esclaffa Rhage. Peut-être même que les murs l'ont senti aussi. Alors ?
_J'ai ramassé un oméga dans une ruelle pendant ses chaleurs. Comme il n'était plus en état de se démerder tout seul, je l'ai planqué au Commodore le temps que ça passe.
Rhage siffla, sincèrement ébahi.
_Bah dis, c'est que tu deviendrais chevaleresque. Ça te ressemble pas.
_Et c'est bien ce qui m'inquiète, ricana V qui se leva, observant distraitement Z et Phury occupés à s'entraîner un peu plus loin.
Le tabouret de Rhage pivota et V sentit les yeux bleus d'ordinaire trop candides lui perforer le dos.
_Et ?
_Et rien. Ça lui a passé et je l'ai renvoyé chez lui. Fin de l'histoire.
_Hum hum. C'est pour ça que tu tournes comme un fauve en cage depuis une semaine ? Tu l'as baisé et ça te travaille ? Ta légendaire maîtrise de toi aurait-elle failli ?
_Je ne l'ai pas baisé, gronda V, agacé, tout en repensant à l'ampleur de la pulsion qui l'avait saisi lorsque Butch s'était frotté à lui dans la ruelle.
Puis plus tard, au Commodore, alors que le flic articulait de longues litanies de suppliques désespérées. Ce manque à combler. Ce besoin qui avait réveillé l'instinct de V, plus puissamment que jamais. Au point qu'il avait dû sortir précipitamment de l'appartement pour ne pas craquer.
Les deux faces d'une même médaille.
Complémentarité.
Connerie, oui...
_Mais t'en avais envie, pigea finalement Rhage après un temps d'arrêt. Et c'est ça qui te démange.
_Ta gueule, Hollywood.
_Ha ça, ça veut dire que j'ai raison, se rengorgea son frère d'armes. J'sais pas moi... Rappelle-le, paye-lui un verre...
_Rhage, c'est pas comme ça que ça marche, soupira V, amusé malgré lui.
Sauf qu'Hollywood ne plaisantait pas. Il le fixa, à la fois débonnaire et mortellement sérieux. Un drôle de mélange, même pour Rhage.
_Et pourquoi pas ?
_Alpha, oméga, tout ça. Tu percutes ?
_Conneries, mon frère, répondit le guerrier en reprenant son nettoyage. Si t'étais un mec normal, ce serait même une très bonne raison de le revoir. Les alphas baisent les omégas, ça te revient ? Mais, bon, je t'accorde que t'es pas comme tout le monde. Ceci étant, tu es aussi le premier à dire que cette histoire de castes, c'est de la couille en barre. Agis en conséquence. Le mec t'intéresse, tu fais ce qu'il faut pour que la réciproque soit vraie. T'es même pas obligé de le revoir pour baiser. Enfin ce que j'en dis... Je suis qu'un bêta, mais y a des moments, ça m'évite de penser avec ma queue...
Interpellé, V se retourna pour observer son frère. Étonnant que la voix de la sagesse provienne de Rhage, toujours prompt à rigoler et à se foutre de tout. Pourtant, en dépit de son QI de génie, il manquait à V une qualité qui abondait chez son vis-à-vis. Dont il débordait même.
La simplicité.
Rhage ne cherchait jamais midi à quatorze heures. Avec lui, le chemin le plus court était toujours la ligne droite, que ça passe ou que ça casse. Tout l'inverse des stratagèmes alambiqués dont V était coutumier.
D'autant que pour une fois, ça ne serait pas si mal que tout se déroule facilement. Même si V savait que ça n'était qu'utopie. Il soupira lorsque son frère le gratifia d'un sourire goguenard et empli de défi.
_Tu vois, je ne dis pas que des conneries...
à suivre
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