Pleine Lune - Chapitre IV

Chapitre 4

J-44. Je me réveillais dans ma chambre chaque jour un peu plus angoissée que le précédent. C'était comme si mon instinct était constamment en alerte me prévenant d'un danger. C'était épuisant d'éprouver tout le temps cette peur sous-jacente sans pouvoir rien y faire. La veille j'avais pu parler à Hailey elle avait pu me dire seulement que les faux jumeaux irlandais étaient gentils, et qu'ils adoraient la pomme de terre, je crois ? En fait à ce moment elle s'est mise à divaguer et je n'ai pas réussi à la ramener sur le sujet. Elle a juste pu me rajouter qu'ils lui parlaient souvent de pommes de terre et que c'était très important pour eux sans compter qu'ils avaient une réelle obsession pour le manque de nourriture.

Bon à partir de là, je crois que je peux facilement m'avancer sur eux sans trop prendre de risque. Je suppose qu'ils sont les sorciers légendaires du 19ème siècle, ils ont dû vivre pendant la grande famine qui avait ravagé l'Irlande entre 1845 et 1852. Pour garder un si fort traumatisme sur le manque de nourriture comme m'avait vaguement expliqué Hailey c'est qu'ils ont dû expérimenter la grande famine, de plus ils sont irlandais ce qui renforce mon idée première. Sans compter qu'un traumatisme vient quand on est humain, quand notre peur de la mort nous rend complètement irrationnel au point de prendre des mesures supplémentaires drastique pour ne plus jamais revivre cette situation... Et je pense que même en étant immortels ils ont gardé cette peur du manque.

Je sortis de la douche en réfléchissant quand Hailey me surprit, j'étais profondément dans mes pensées et je ne m'attendais pas à la voir de si beau matin.

« Coucou ma puce, tu me laisses m'habiller et on se rejoint dans le salon ? » lui dis-je affectueusement.

Je lui faisais face en serviette devant ses yeux amusés. Elle hocha la tête et partit comme une fusée.

J'enfilais un tee shirt blanc avec une chemise à carreaux rouge que je laissais ouverte pour nouer les deux extrémités, je sautais dans un jean avec une paire de bottines et je la rejoignis dans le salon.

En arrivant devant elle, je vis son regard s'illuminait et elle tapa la place sur le canapé à côté d'elle.

« Je pense que je peux mieux t'aider finalement » me dit-elle tout sourire

« Tu sais je peux voir des choses en touchant les gens mais tu m'as dit un jour que je pouvais surement faire l'inverse avec, je peux t'inviter là-dedans » ajouta-t-elle en se tapant le crâne.

C'était loin d'être une mauvaise idée mais je ne savais vraiment pas sur quoi j'allais tomber une fois dedans... Après tout je ne savais rien du passé d'Hailey...

« Tu serais d'accord ? » lui demandais-je

Pour seule réponse elle hocha la tête frénétiquement de haut en bas en prenant ma main dans les siennes. Elle ferma les yeux et je baissais mes défenses.

« Pense à un souvenir et il faut que tu t'y accroche toi peu importe ce qu'il se passe ce souvenir doit devenir ton phare. »

« Ok »

Je fermais les yeux moi aussi et comme je le pensais elle m'emmena avec elle dans les tréfonds de ses souvenirs. C'est comme si soudain j'étais dans une autre dimension, j'étais au-dessus de ce qui semblait être une très grande étendue d'eau comme un océan. Je flottais naturellement alors qu'à ma droite se déroulait une scène entre la mère biologique d'Hailey et elle. L'eau était calme, je décidais donc de ne pas m'arrêter là, mon but n'était, en plus, pas de fouiner dans sa tête mais bien de rechercher des informations précises. Je ne m'y attardais pas mais je retins quand même l'endroit pour ne pas me perdre.

Plus j'avançais, plus l'océan se déchaînait quand je fus propulsée malgré moi dans un de ses souvenirs. J'étais comme devant un film, je ne pouvais que regarder. La mère d'Hailey donnait le bain à sa fille, il était tard mais les deux rigolaient aux éclats tandis qu'Hailey jouait à envoyer de l'eau pour embêter sa mère.

« Une blague, une blague, UNE BLAGUE ! » réclama-t-elle soudain en faisant des grands yeux de biche.

Sa mère ne put évidemment résister et soupira avant de sortir sa vanne. Elle regarda Hailey de façon dramatique, toussa pour se préparer mais ne dit rien et juste au moment où Hailey allait réclamer elle ouvrit la bouche ce qui tua dans l'œuf toute protestation de la petite.

« Que font un groupe de dinosaure qui n'arrive pas à se décider ? »

Hailey se concentra, ria et se secoua dans le bain pour que sa mère continue.

« Un tirajosaure »

Hailey se retînt de rire avec d'exploser en larmes.

« Tu sais que tu es la seule à rire à mes blagues. » affirma-t-elle pragmatique

La petite se calma en regardant soudain gravement sa mère.

« C'est scandaleux ! Tes blagues sont les meilleures du monde ! »

« Rho merci mon cœur »

Et elle déposa un grand baiser sur le front de sa fille. Un grand bruit dans le salon se fit entendre alors la jeune femme sortit sa fille du bain, l'aida à enfiler son peignoir avant de voir ce qu'il se passe.

« Tu ne bouges pas, sous aucun prétexte ! » lui dit-elle avec un ton autoritaire

Sa voix avait beau être ferme elle la regardait comme si elle était la plus belle chose au monde. Hailey s'inquiéta soudain, elle fronça les sourcils et regarda un long moment sa mère, je sentis qu'à ce moment c'était comme si le temps s'était arrêté pour elle. Puis la situation fût vite hors de contrôle, avant même que sa mère fasse quelques pas en dehors de la salle de bain Hailey s'habillait déjà tandis que de l'autre côté sa mère tomba nez à nez avec Lisbeth.

« Je suis désolée Catherine, j'ai besoin de ta fille. Vois-tu j'ai cru pouvoir battre mon démon mais je ne suis visiblement pas assez forte ou pas assez saine d'esprit ou peut être les deux ? Quoi qu'est-ce que tu dis ? Non je suis forte, ce n'est pas une question de force. Bon laissez-moi réfléchir deux secondes. Oui je disais j'ai besoin de ta fille, tu es la seule des sorcières légendaires à avoir eu une descendance et comme je n'ai pas pu battre mon démon, il a légèrement pété un boulon comme moi, haha. Non moi ça va merci et toi ? Bref. Il me faut une monnaie d'échange de qualité car tu vois je suis une vampire maintenant mais mon démon n'est pas du tout chaud à l'idée que je ne meurs jamais tu vois le topo ? Mais oui tu vois, tu es intelligente, toi tes pensées tournent rond, pas les miennes. Tu vois dans ma tête ca fourmille comme si des dizaines de personnes me parlaient en même ce qui est extrêmement fatiguant parce que les voix s'énervent croyant que je ne les écoute pas donc elles crient toujours un petit peu plus fort tu vois ? C'est waouh parfois tu vois je me sens débordée, vraiment. Qu'est-ce que tu dis ? Je parle trop ? Mais vous parlez tous en même temps en plus je dois réfléchir, organiser mes pensées et parler vous êtes marrant parfois. Ils sont drôles hein ? Il est l'heure de quoi ? Désolée Cathy apparemment il est l'heure que je me taise et que je tue ta fille. Qu'est-ce qu'elle était mignonne au passage. Pas aussi belle que la mienne. Elle arrive, je suis impatiente. Ma fille. Je fais tout ça pour toi, bébé. »

Lisbeth ressemblait à une folle. Tout ce monologue elle l'avait fait avec elle-même comme une demeurée. Je l'avais vraiment cassé... Mais mon œil fut attiré par Hailey qui était arrivé sur la gauche de sa mère, bien trop loin d'elle pour qu'elle puisse faire quoi que ce soit avant que Lisbeth fonde sur elle, du moins c'est ce que je pensais avant que sa mère se téléporte devant sa fille au moment du coup fatal. Elle prit tout le choc et Lisbeth ne sembla même pas remarquer le changement puisqu'elle la déchiqueta en mille morceaux. Hailey bien trop choquée en tomba dans le sang de sa mère, les yeux dans le vide, elle semblait absente avant qu'un frisson violent la parcoure. Elle avait les yeux rivés sur un bout de crâne avec des cheveux. Elle ne bougeait plus, ne clignait plus des yeux, je pouvais même percevoir que ces respirations se faisaient de moins en moins souvent. J'en fus moi-même choquée pour elle. Mes horreurs sont une chose mais les faire subir à une enfant en plus d'un carnage pareil c'est innommable.

« Changement de plan le zombie, viens par là. » lui dit-elle en la prenant dans ses bras.

Elle lui fit boire son sang avec de lui casser sèchement le cou. J'en fermais les yeux de dégoût, tandis qu'Hailey pendait sur l'épaule de Lisbeth. Le souvenir s'arrêta aussi brusquement que sa mort pour reprendre au moment où Hailey reprit connaissance.

« Bon ça s'est fait. Je n'ai plus qu'à transférer l'esprit de ma fille dans ce corps et le tour est joué. Mon démon aura l'âme de la seule fille d'une sorcière légendaire je crois que ça suffira en plus je devais faire un sacrifice, miss fleur bleue m'a aidé. Mère et fille que demander de plus, hein tout le monde ? Vous en pensez quoi ? Je ne suis pas une ratée pour une fois. Je vais faire revenir ma fille et tout sera comme avant. Parfait comme avant. Parfait. Parfait. Tout sera parfait. Peut-être que je pourrais épouser Dan, il est beau, fort et je crois qu'il m'apprécie. Si je peux être appréciée ! Non je ne suis pas moche, si je m'arrange un peu je peux être parfaitement présentable. Une fille présentable peut très bien parler toute seule je ne vois pas le problème. Il n'y a pas de problème, ok ? PAS DE PROBLEME. NON. Non. Aucun. Rien. Pas. De. Problèmes. Tout va bien. »

Au bout d'un long moment elle jeta Hailey au sol comme un vieux sac à patates alors qu'elle était à moitié morte, à moitié consciente. Je ne pouvais rien faire alors que j'en crevais d'envie... Savoir que c'était son histoire me rendait malade. Bien sûr je m'en doutais un peu mais comment imaginer l'ampleur de cette horreur.

Le souvenir s'arrêta brusquement et je fus reprojeter sur cette mer désormais calme. Je me concentrais sur ce que je cherchais. J'avais envie de sortir et de la prendre dans mes bras mais quand je fis demi-tour pour regarder à peu près où se trouvait le premier souvenir je vis que la tempête était derrière moi mais surtout que le souvenir était solidement attaché avec des chaines et des cadenas. Je soupirais tout en me frottant les yeux. Il fallait que je continue pour nous. Pour la sauver. Pour espérer lui donner une meilleure vie.

« Je t'en fais la promesse Hailey, un jour je te guérirai. »

Et je continuai mon chemin. Je jetai un coup d'œil sur ce qui me sembla être un millier de souvenir avant qu'un retînt particulièrement mon attention. Deux personnes, fille et garçon qui se ressemblait beaucoup, étaient penchés au-dessus du lit d'Hailey. C'était vraisemblablement l'heure du coucher. Je choisis ce souvenir en m'y engouffrant. J'étais soudain debout devant son lit observant son visage. Elle semblait si innocente... Bientôt elle allait vivre un enfer mais elle était pour l'instant heureuse. Elle me semblait légèrement moins âgée je ne saurais pas vraiment dire de combien mais ce qui est sûr c'est qu'elle n'était absolument pas fatiguée.

« N'une histoire, N'une histoire » réclama-t-elle en frappant des mains.

« Ok » dirent en chœur les jumeaux.

« Je t'en prie » dit la fille à son frère.

« C'est l'histoire, d'une famille de paysans qui habitaient en Irlande, c'est une très belle île, l'une des plus belles du monde selon nous. Mais je m'égare, cette famille avait un lopin de terre loué par l'Etat. Ils n'étaient pas riches, mais vivaient juste assez avec les ressources en pommes de terre que leur fournissait leur terre. Cependant un matin, le père se leva avec son fils pour le travail quotidien et il découvrit toutes ses récoltes ravagées. Comme ça. En une seule nuit tout le travail accomplit sur les terres était réduit à néant. Le père se rendit vite compte que nous n'étions pas les seuls, tout le monde avait perdu les ¾ de leurs récoltes. Ce père n'avait jamais voulu cultiver de céréales ce qui impliquait que cette famille était désormais ruinée, il ne pouvait même pas payer la taxe sur leur maison. Toujours aussi brutalement toute la famille dût prendre le minimum et partir pour la seule chose qui pouvait les sauver de la pauvreté et de la famine, le nouveau monde, « l'american dream ». Mais sur la route, la mère qui n'avait rien dit jusque-là sentit soudain des douleurs terribles au ventre. Nous n'avions pas mangé depuis des jours et elle s'effondra devant nous, impuissants face à sa douleur. Cette famille qui ne pensait qu'à sa survie laissa la mère là et continua son chemin, vers le port d'embarquement le plus proche. Après un long chemin, le père sourit en voyant le bateau et s'effondrât à son tour. Le frère et la sœur ne pouvait désormais compter que l'un sur l'autre. Ils embarquèrent donc sur ce bateau espérant vivre la grande aventure en Amérique. Le voyage se fit toujours sans nourriture malgré quelques vols par ci par là il n'avait pas mangé à leur faim depuis ce qui leurs semblaient être une éternité. Un soir pendant qu'il dormait dans des grands dortoirs de fortune avec des centaines d'autres personnes il se rendit compte que sa sœur n'était pas avec lui. Il se leva et la trouva sur le pont en train de regarder l'horizon. Il sourit en s'accoudant au montant de la porte. Sa sœur était sa moitié son âme sœur. Quand elle souffrait, il souffrait aussi, il commençait une phrase sa sœur la finissait, alors quand sa tête tomba à plusieurs reprises de fatigue il ne s'inquiéta pas mettant ça sur le compte du long trajet qu'ils avaient parcouru sans vraiment manger jusqu'à ce que la puissance de sa tête se fit plus forte ce qui la fit basculer à l'eau. Il courut malheureusement trop tard elle flottait sur l'eau, il ne voyait que son dos et à ce moment-là quelque chose se déclencha en lui. Un bouillonnement, il refusait de vivre sans sa moitié. Alors il rassembla toutes ces forces restantes prit une corde et descendit pour aller chercher sa sœur. Il la récupéra, et lui fit cracher toute l'eau qu'elle avait bu mais elle était toujours inconsciente alors il resta avec elle dans leur couchette au chaud espérant que son tout se réveille. Il se promit qu'elle se réveillerait et un matin elle se retourna et prit son frère dans ses bras. Et c'est à ce moment qu'il sentit une différente énergie résonner entre eux. Comme le grondement de la mer agitée, un vrombissement assourdissant mais tellement satisfaisant. Quelque chose de nouveau s'était déclenché en eux, et peu importe ce que c'était, ils allaient le découvrir mais pas seul, plus jamais l'un sans l'autre. Jamais. Et ils atteignirent enfin le nouveau monde plus que jamais, en vie. »

« C'est drôlement triste comme N'histoire » se plaignit Hailey

« Toutes les histoires ont un seul but. Arriver à leur fin, peu importe le déroulement. C'est le cycle de la vie. » répondit sa soeur.

Et le souvenir s'arrêta là. Je suppose qu'Hailey s'était endormie, j'en savais un peu plus sur eux mais pas tant que ça finalement, puisque je connaissais désormais leur histoire, comment ils ont supposément déclenché leurs pouvoirs mais pas comment ils ont battu leur démon. J'étais toujours dans le flot des souvenirs d'Hailey, mais je savais que je n'allais voir que des choses qui ne me regardent absolument pas et qui risque de me mettre en colère alors que j'ai besoin de tout mon calme. Lisbeth n'avait certainement pas dû être tendre avec elle, le temps qu'elles ont passées ensemble... Je me décidais donc à faire demi-tour, le chemin allait être rude je voyais à peine son souvenir il allait pourtant falloir que je m'y engouffre pour espérer sortir de son cerveau. Je marchais ce qui me sembla être une éternité entre ses souvenirs quand il fallut que je m'y résolve. J'étais perdue. Les images semblaient soudain se mélanger, je ne retrouvais absolument pas mon chemin. Hailey ne pouvait m'être d'aucune aide, quand je sentis quelque chose m'attirait c'est en regardant derrière moi que je vis une énorme tornade, elle se rapprochait bien trop vite pour que je ne fasse quoi que ce soit et en moins de temps qu'il en faut pour le dire je tourbillonnais dans son œil.

Je ne pouvais absolument pas voire où m'emmener cette tempête jusqu'à ce que je sois propulsée sur les fesses devant 9 sorciers et sorcières assis sur 9 chaises placées en arc de cercle dans une grande salle qui semblait, à première vue vieille. Je regardais autour de moi impressionnée par la taille du bâtiment, cette salle ressemblait à un tribunal, les sorciers étaient assis devant moi alors qu'un comptoir en bois clair nous séparait, juste derrière mon dos 5 rangs de bancs emménagés circulairement m'empêchaient de faire le moindre mouvement. Les murs étaient sobrement recouverts d'un marron clair qui ne faisait que renforcer la dominance de couleur. Aucun tableau n'ornait les murs. J'avais clairement la trouille jusqu'à ce que mon regard se pose sur une silhouette au fond de la salle devant une des deux portes de sortie. Je reconnue tout de suite à qui appartenait ce long corps robuste. C'était Dan. En un regard il me donna un peu d'assurance.

« Bonjour Alice, je ne pensais pas qu'une sorcière de ton calibre soit aussi facile à trouver. » me dit la première sorcière.

Mon regard suivit automatiquement le son de sa voix, je pus constater que cette première sorcière asiatique semblait être la plus vieille pourtant je ne pourrais pas lui donner d'âge. Son visage était fin ne trahissant aucune expression, ses yeux bridés m'observaient calmement. Mes sentiments étaient bien trop partagés entre la peur et l'émerveillement d'être devant les 9 sorciers et sorcières les plus puissants du monde littéralement. Avant toute chose je remis un semblant de barrière mentale pour ne pas être trop à leur merci après tout je ne savais pas du tout s'ils avaient accepté de nous aider ou s'ils se fichaient complètement de notre sort. Je fermais les yeux et joignis mes mains dans mon dos pour amorcer une partie du sort qui était incomplet sans accessoires donc provisoire.

Quand je rouvris les yeux mon regard balaya la pièce pour voir si quelqu'un avait bougé mais un des sorciers à la peau mat, me regardait en souriant, il semblait réellement intrigué alors que je ne pus détacher mes yeux de ses cicatrices noires qui longeaient ses pommettes. Ces marques étaient aussi grosses qu'un point. Je fus malheureusement interrompu dans ma contemplation par la première sorcière.

« Relève toi je t'en prie, nous ne te voulons aucun mal. Je m'appelle Akira, je suis la plus vieille des sorcières. »

Elle me tendit sa main sans me quitter des yeux, je me levais en m'approchant de leur long bureau et pris sa main dans la mienne avec assurance pour me redonner un peu de contenance. Je tournais ensuite la tête vers les deux sorciers que je reconnus sans mal les deux irlandais.

« 'Llo, moi c'est Allister et ma sœur s'appelle Ler. On est spécialiste des sorts à deux. » me dit-il avec assurance.

Je lui serrais la main en ouvrant la bouche pour la première fois.

« Je sais qui vous êtes. »

Lui sourit comme s'il n'en attendait pas moins de moi alors qu'elle me regarda en serrant les bras, l'air profondément ennuyée d'être là. Elle me serra tout de même la main sans même me regarder. Je continuais mon tour de table pour me retrouver devant la cubaine.

« La spécialiste des morts... » lui dis-je

« Dyanelis pour les intimes » me chuchota-t-elle en souriant de toutes ses dents.

Je la reconnaissais bien avec son sourire, aussi joviale que dans mon souvenir. Je lui serrais la main quand arriva le tour de ce mystérieux homme avec ses cicatrices. Il m'hypnotisait complètement, ses cheveux noires et raides étaient négligemment coupés au bol, la noirceur de ces cheveux mettait en valeur ses yeux dorés qui en me regardant semblaient voir absolument tout en moi. Sa carrure était large sans être vraiment musclé, malgré que ma contemplation se heurta à 3 colliers qui se superposaient sur son torse presque nu. Mon regard s'arrêta à ses vêtements, vêtu d'un large marcel qui laissait dévoiler ses longs bras, à mon grand regret je ne pouvais rien voir de plus. En me voyant le détailler, son sourire s'agrandit.

« Kenaï, spécialiste d'outils en tout genre. Je suis l'armurier ici » me répondit-il

Son petit sourire ne le quitta pas ce qui me fit chavirer le cœur. Quelque chose m'attirait chez lui, quelque chose d'inexplicable. Mais je dus me résoudre à lui serrer la main, je pus donc remarquer qu'il avait de grandes mains puissantes et rugueuses, je suis sûre que s'il mettait sa main sur mon visage on ne me verrait plus. Je dus tout de même passer aux filles russes.

« Illia et Anastasia, ravie de vous rencontrer, en personne » les devançais-je

« Salut Alice » me dit Anastasia

« Hey » rajouta Illia

Je leurs serrais également la main avant de passer à ce qui ressemblait à deux moines bouddhistes. Je m'approchais d'eux mais aucun ne me parla.

« Tu peux attendre longtemps ils ont fait vœu de silence » me prévînt nonchalamment Illia.

Ils me prirent quand même la main mais je n'en sus pas vraiment plus. Je me retrouvais ensuite tout près de Dan, je le voyais un peu mieux mais l'expression que je vis sur son visage me perturba. Il semblait contrarié profondément plongé dans ses pensées. Son regard croisa le mien l'espace d'une seconde, avant qu'il détourne les yeux rapidement.

« Yo ! » lui dis-je en levant ma paume vers lui avec un petit sourire.

Malheureusement, il ne le vit pas. Je me demandais ce qui avait pu lui arriver. Maintenant un peu plus sûre de moi sachant qui j'avais en face de moi je m'adossais au comptoir du premier rang de banc spectateur.

« Pour ceux qui ne me connaisse pas, je m'appelle Alice Parker. »

« La chasseuse de vampire. » m'interrompis Illia

« Ouais, ce n'est plus d'actualité. Mais vous avez dû entendre parler de mon combat avec Lis et de sa revanche. »

« J'hésite encore à savoir si tu le méritais ou pas d'ailleurs. » me coupa sèchement Ler.

« Là n'est pas la question. Il y a un peu plus d'un mois maintenant j'ai accueilli chez moi deux vampires, Dan et Elijah avec Hailey. Je ne sais pas comment elle s'appelait avant mais c'est la fille de votre sorcière disparue. »

Des hoquets de stupeur se fit entendre alors que je croisais mes bras sur ma poitrine.

« Lis l'a transformé en vampire. Son but étant de mettre l'âme de sa fille dans ce corps et de vendre l'âme d'Hailey à son démon en échange de sa liberté. Inutile de rajouter qu'elle a complètement perdu la boule. Quand vous m'avez trouvé j'étais dans les souvenirs d'Hailey, j'ai pu voir le soir de son enlèvement et Lisbeth n'est pas belle à voir, elle se parle toute seule comme si des voix lui parlaient, elle y répond à voix haute. Je ne savais même pas que les vampires pouvaient être atteints de troubles mentaux. »

« Si, il y a eu des rares cas. Certains vampires sont avantagés par leur nature humaine d'autres plongent plus profondément dans leur folie... » me répondit la doyenne Akira.

« Je ne me suis pas résolue à laisser cette petite à la rue même si je ne peux concrètement rien faire au vampirisme, je les ai aidés à se cacher et Lisbeth le sait elle est en chemin mais pour l'instant les bois autour de chez moi l'empêche d'avancer. Au-delà de ça, il y a quelque chose que je ne comprends pas. Il va falloir que vous m'expliquiez la vraie histoire des démons. Parce que depuis que je me suis renseignée le mien ne me lâche plus, j'ai l'impression que plus je cherche moins il apprécie. Et je n'aime pas particulièrement sa compagnie. »

« Bien. Je crois que tu es prête après tout. Suis-nous, nous allons aller au salon, ce sera beaucoup moins formel. » me répondit Akira.

Tout le monde se leva et j'attendis Dan pour passer.

« Ça ne va pas ? » lui chuchotais-je

Il tourna la tête vers moi, mon cœur se serra. Je pus le voir mettre un masque, sourire et me dire :

« Tout va bien. »

Il me tendit le bras pour que je passe avant lui à la porte. S'il ne voulait pas me dire je n'allais pas insister... Je regardais autour de moi mais tout me paraissait refait à neuf dans une vieille maison, le parquet semblait d'époque car il grinçait sous nos pieds alors que les murs étaient repeints en blanc avec des bandes verts très foncés. Tout était ensorcelé dans le maison ce qui me fit sourire. Les lumières s'allumaient en un claquement de doigt et s'éteignaient quand on quittait la pièce. Un couloir desservant des chambres je suppose nous emmena vers l'entrée où trônait en plein milieu un magnifique escalier qui donnait accès à l'aile est et ouest. Cet escalier en marbre était recouvert de haut en bas d'un tapis vert foncé qui rappelait avec goût les bandes sur les murs. Mon regard passait du dos de Kenaï à la décoration. Il me semblait un peu plus grand que Dan et plus large, derrière moi il pouvait facilement poser sa tête sur la mienne et encore devoir se pencher pour le faire. Nous avons continué tout droit sans prendre l'escalier pour s'engouffrer dans la première pièce à droite de la porte d'entrée. Ler et Allister allumèrent le feu ensemble et ils s'assirent tous sur les nombreux canapés et fauteuils de la pièce. Je ne voulus pas m'assoir et je décidais de rester debout adosser à la cheminée qui me réchauffait agréablement le dos. La pièce pourtant pas si grande comportait 3 canapés club et 2 vieux fauteuils vieillis. Les murs étaient sobrement peints en blanc alors que de belle dorure encadrait des emplacements vides et des moulures habillés le haut de la pièce et le plafond, un mur seulement était resté en pierre, celui du fond et une immense horloge y trônait. Quelques meubles habillés la pièce, dont une desserte remplie d'alcool en tout genre m'appelait juste à côté de moi. Comme si Kenaï avait deviné mes pensées il se leva et mon regard, le suivit avec attention quand il me frôla pour se servir mon cœur eu quelques ratés.

« Un amérindien qui boit du whiskey ? » m'amusais-je

Je faisais tout pour faire bonne figure mais je devais être aussi rouge qu'une tomate.

« Personne n'est parfait » me dit-il tout en me jetant un regard accompagné d'un magnifique sourire en coin.

D'ici je pouvais sentir son odeur, un mélange de bois, de terre... Il sentait la forêt, ce qui me fit sourire mais il prit mon sourire comme réponse et il se rapprocha de mon oreille.

« Ne reste pas trop devant la cheminée tes joues sont déjà toutes rouges »

Et sa main effleura ma joue avant de me tendre un verre de son breuvage qui, à l'odeur devait être un très bon et vieux whiskey. Sous son contact j'eu la vague impression de me liquéfier sur place mais je repris mes esprits et prit les devants, mon regard perdu par la fenêtre où j'aperçus le Caracal de Dan courir dans tous les sens en criant de joie.

« D'où vient-on ? D'où proviennent nos pouvoirs ? »

J'avais l'impression d'avoir lâcher une bombe dans le silence de la pièce. Akira se lança en première.

« Ça remonte à la nuit des temps, l'homme aillant toujours l'ascendant sur la femme, elles cherchèrent un moyen de se rebeller. De régner sur les hommes. Elles avaient compris que les plantes pourraient les aider à s'améliorer pour surpasser les hommes. Deux femmes sortirent du lot, l'une parlait au mort tandis que l'autre pouvait maitriser les 5 éléments. Elles ont été appelées Aglaé et Héléna, elles comprirent vite qu'à deux elles seraient plus forte. Cependant Lucifer et Belphégor voyant que ces femmes arrivaient à développer un tel pouvoir décidèrent de faire un pacte. Le premier qui arrive à avoir l'âme de sa « sorcière ». Chacun en choisit une et les filles pensant développer de plus grands pouvoirs acceptèrent d'être asservis par un démon. L'une se servit de la puissance de son démon en faisant le bien autour d'elle de là est née la magie blanche, elle-même comprit que ça ne servait à rien d'avoir un rapport de supériorité avec les hommes ils devaient vivre côte à côte dans la paix. Lucifer la laissa faire intriguer par tant de bonté, elle donnait sans jamais attendre en retour. Mais Aglaé elle en fit tout autre chose... Elle se laissa complètement posséder par son démon qui la modela à son image et elle devînt l'ombre d'elle-même, lui faisant faire des choses toujours plus horribles à ses congénères au nom de la magie en chuchotant simplement à son oreille. Elle créa les vampires et les loups garous lors d'expériences ratées. Helena en entendant parler de ce retournement dans le village voisin décida d'aller résonner la seule personne qui l'avait jamais comprise. Mais ce qu'elle vu dans le village c'est le chaos à l'état pur. Une ville complètement à feu et à sang, des vampires poursuivant des hommes mi-homme, mi- loups. En arrivant devant elle, Aglaé la reconnaissant donna sa vie pour sauver Héléna qui allait se faire attaquer par un vampire derrière elle. Morte de chagrin Héléna décida de rompre son pacte avec le démon mais il la maudit pour que toutes les générations de sorcières soit asservis par un démon, pour que les humains n'oublient jamais le chaos qu'à engendrer leur soif de pouvoir. Nos pouvoirs sont une malédiction. C'est pour ça que nous avons eu nos démons malheureusement seul une sorcière ou sorcier par siècle peut vaincre son démon. Je crois que tu es l'une d'elle. »

Je la regardais tout en digérant l'information. Moi ?

« Il doit y avoir erreur, j'ai renoncé à mes pouvoirs il y a des années. Je... Enfin j'ai une peur bleue de mon démon. Je suis paralysée devant lui. C'est... Je... C'est impossible. »

« Où est Kyuubi ? » me demanda soudain Akira

Les têtes se tournèrent toutes vers elle, tandis que je détournais les yeux.

« Je... Je ne sais pas. Ça fait un moment que je n'arrive pas à le trouver... »

« Tu es métamorphe ? » me demanda Kenaï

Sa question resta en suspens alors qu'Akira me posa une question des plus inattendues. J'avais à peine digéré l'histoire des sorcières qu'une autre bombe était lancée.

« Je suppose que tu ne sais toujours pas d'où il vient... Nous connaissions ta mère. Elle a refusé de faire partie des sorcières légendaires, elle avait d'autres desseins... Quand tu as quitté la maison comme votre famille en a la tradition, elle a donné sa vie pour sceller Kyuubi en toi. Elle était spécialiste dans la manipulation des démons. C'était d'ailleurs assez drôle comment elle faisait faire tout et n'importe quoi au sien. Mais comme tu le sais un sort aussi important demande un sacrifice qui l'est tout autant, elle a fait ça pour qu'il ne t'arrive rien puisqu'elle a fait en sorte en le scellant qu'il te protège coûte que coûte. Si tu veux mon avis elle a dû faire ce sort avec tellement d'amour que le démon en est imprégné et c'est pour ça qu'il n'a jamais rien fait contre ton intérêt, peut-être même qu'une partie de son âme s'est mélangée à celle du démon. Cependant, je ne sens pas l'aura de Kyuubi c'est étrange, je devrais le sentir, au moins un peu s'il est en toi, d'où ma question... »

Je ne l'écoutais plus. J'eu soudain la tête qui tourne et j'entendis tout en fond tandis qu'un énorme acouphène prenait toute la place. Alors elle était morte à cause de moi. Je posais mon verre gauchement sur la cheminée et m'excusai sans même entendre le son de ma voix clairement. Je sortis de la pièce pour aller directement dehors, fis quelques pas dans le jardin avant de m'effondrer en criant de toutes mes forces. Je voulais que cette douleur sorte, la douleur d'avoir la mort de sa mère sur ses mains, je frappais le sol de mes poings créant d'énormes cratères autour de moi. Le sang de mes phalanges, devenue douloureuse, se mélangeait avec la terre sur la pelouse autrefois impeccable. Ce n'était pas mon habitude d'être aussi instable et violente mais c'est comme si toute ma vie n'avait été qu'une succession d'échecs et de meurtres. J'avais perdu toutes les personnes les plus importantes de ma vie, à cause de moi.

« C'est ma faute. MA FAUTE ! » criais-je entre deux sanglots.

Quand je sentis deux auras approcher une prison de racines m'entoura. Je ne demandais rien, je n'avais pas besoin, mon pouvoir réagissait tout seul. J'arrivais à peine à respirer entre mes sanglots, mes larmes, mes cris. Et puis une voix à peine audible se fit entendre :

« Tu sais quand j'ai eu 16ans ma tribu toute entière a été assassiné par les américains. Enfin à l'époque c'était les colons. Ils ont prétendu être nos amis jusqu'à ce qu'un jour pendant que les hommes étaient en chasse, ils assassinent toutes les mères, tous les enfants, un par un. Mais moi j'étais en balade au bord de la rivière, je façonnais une nouvelle arme. Je n'ai rien entendu ni les cris de ma mère, ni ceux de mes frères, encore moins ceux de mon père quand ils se sont faits tuer à leur retour au camp. Si j'avais été là, je serais mort avec eux, c'était ma destinée j'en suis persuadé. Alors quand je suis retourné au camp, seul quelques colons étaient encore là se saoulant sur les cadavres de ma famille tout entière, mes amis, et toutes les personnes que je connaissais. Alors j'ai mis toute ma haine, ma rage, ma colère, ma culpabilité du survivant dans cette seule et unique flèche. Mes pouvoirs se sont déclenchés là. La flèche leur a tous trancher la gorge avant de revenir se planter à mes pieds. Tu n'es pas la seule à avoir l'impression d'avoir les mains sales... » m'avoua Kenaï.

Je ne sentais désormais plus que son aura à lui. Ma cage se résorba et les racines revinrent à la terre. Il me prit immédiatement dans ses bras, son souffle régulier et le rythme de son cœur eu raison de moi, me calmant peu à peu alors qu'il restait silencieux. Il n'y avait rien à dire de plus.

« Je suis désolée pour la pelouse. » lui dis-je un moment après, pas vraiment fière.

« Elle en a vu d'autres, t'inquiètes » m'assura-t-il en souriant

J'étais tellement bien dans ses bras. Comme je l'avais imaginé il devait se courber pour me prendre dans ses bras en étant à peu près à ma hauteur de tête. Il donnait une impression rassurante, de calme et de plénitude. J'aurais presque pu imaginer, pour un peu plus, de m'endormir là.

« C'est gentil à toi vraiment mais il faut que j'y aille. Me coucher-là ne résoudra absolument pas mes problèmes. Et ils sont plus qu'urgent. Hailey a son destin entre mes mains, je vais faire en sorte de ne pas merder, encore. » lui dis-je en me relevant brusquement rattrapée par la réalité.

« Ça va aller ? » me demanda-t-il inquiet

« Il faut bien » lui répondis-je en accélérant le pas, sans me retourner.

Je ne devais penser qu'à Hailey, nous étions à un peu plus d'un mois de l'arrivée supposée de Lisbeth et à part des potions je n'avais rien. Je fis soudain volte-face tout en marchant.

« Merci pour le whisky, il était très bon ! »

Kenaï me sourit d'un sourire inquiet et préoccupé. Tout en retrouvant le sens de la marche, j'ouvris la porte pour me retrouver nez à nez avec Dan. Je n'avais pas vraiment le temps pour son humeur alors je fis comme lui.

« Tout va bien. » en souriant.

Il se décala pour me laisser passer tandis que les sœurs russes me prirent les bras pour me montrer ma chambre, en rigolant que je devais avoir un énorme monstre vert en moi pour taper et tout casser à la moindre contrariété. J'avoue que je n'adhérais pas vraiment à leur raccourci mais je n'avais pas envie de me prendre plus la tête. Ma mère, Rick, Coleen, ils sont morts c'est ainsi. J'avais fait mon deuil de Rick, Coleen j'étais toujours en train et ma mère je ne sais pas... Je pensais peut-être naïvement qu'elle vivrait éternellement en tout cas je ne me serais jamais douter qu'elle serait morte pour moi juste après mon départ... Nous marchions toujours quand je reçue un violent coup dans le poitrail qui m'empêcha de respirer une seconde. Avant que ma vision ne se brouille je pus identifier d'où provenait la main et c'était celle de Dyanelis.

« Excuse-moi, mais tu vas avoir besoin de toutes tes forces pour te battre. » me dit-elle

Et soudain j'étais avec elle en moi. Nous cherchions toutes les deux, Kyuubi.

« Tu fais quoi d'habitude tu le siffles ? » me demanda-t-elle en souriant

Je frottais le haut de mon buste encore douloureux en la regardant comme si elle venait de me sortir la pire des idioties.

« Ça fait mal, t'es au courant ? Et ce n'est pas un chien, c'est lui qui se montre. »

« Ouais ouais. Je suppose que tu as cherché déjà longtemps par ici. Je pense qu'il doit être dans ton cerveau. A mon avis, Lisbeth a dû te le sceller pour se protéger, elle est assez forte pour ça. As-tu eu des épisodes où tu ne contrôlais pas tes mouvements, ton écriture, ton langage, ton attention, te sentais-tu désorientée ? Ou des souvenirs qui sont revenues subitement ? »

Je ne voyais absolument pas où elle voulait en venir mais je lui répondis quand même.

« Il y a quelques temps j'ai eu un souvenir très étrange. J'ai vu une scène chez moi alors qu'à ce moment dans la vraie vie j'étais à mon travail... Ce n'est du coup pas vraiment un souvenir à moi et pourtant je l'ai vu. Cependant c'était à la fois mélangé avec des souvenirs à moi. »

« Ok, je sais où on va alors suis moi. »

Elle se mit à courir comme si elle savait mieux que moi le chemin. Au bout d'un long moment et après un long silence, j'eu le souffle coupé. Nous nous sommes retrouvés dans une immense pièce qui ressemblait à une galaxie, des milliers de points blancs virevoltaient au-dessus de nous c'était magnifique. Je me rendis compte que j'avais réellement arrêté de respirer alors je pris une grande inspiration et une douleur lancinante dans la poitrine arrêta tout sec ma tentative.

« C'est quoi cet éclair ? » lui dis-je abasourdie

Je l'avais vu passer l'espace d'une demi seconde même pas.

« Tu as eu mal quand tu as inspiré, non ? L'éclair, c'est la réaction de ton cerveau. » me répondit-elle

Alors je ne rêvais pas, cette galaxie c'était mon cerveau. J'en étais bouche bée mais je ne voyais absolument pas le rapport avec Kyuubi et je dû regarder quelques secondes Dyanelis avec surprise pour qu'elle daigne lever le voile.

« Le flash que tu as eu, je suppose qu'il n'a pas été comme un souvenir, tu n'as pas pu en échapper tant qu'il n'a pas été fini ? C'est bien ce que je pensais. Je crois sérieusement que c'est Kyuubi qui t'a montré un mélange de tes souvenirs et des siens pour te donner des indices sur l'endroit où il est scellé. »

J'étais soufflée. Il savait plus de choses que moi et en plus il pouvait communiquer avec moi aussi bien, même scellé. Ces pouvoirs étaient de plus en plus fort, ils ont dû grandir avec les miens après tout, nous améliorant l'un l'autre, ce qui m'emmenait à cette question :

« Qu'adviendra-t-il de lui quand je ne serais plus là ? »

« Nous ne le savons pas. Tu es la seule à avoir réussi à le contrôler, à peu près. » me répondit honnêtement Dyanelis

C'est vrai que je ne le contrôlais pas complètement du tout. Nous observions ces points blancs sous fond de rouge, orange, violet et bleu alors qu'un minuscule trou noir attira mon attention.

« Bien joué ! C'est mon tour maintenant » me félicita Dyanelis

Elle se concentra, joignit ses mains devant elle avant, croisa ses derniers doigts ne laissant droit et joint que les pouces, index, et majeurs comme une arme en quelques sorte avant de ramener violemment tous ces doigts toujours joints sur sa poitrine. Elle fit ça jusqu'à ce qu'une énorme tête sortît en hurlant du si petit trou noir. Il ne ressemblait pas du tout à la vision qu'il m'avait montré jusque-là du petit renard mignon. Tout était surdimensionnée, je pouvais reconnaître nos couleurs enfin les couleurs que je lui emprunte quand je me transforme et c'est tout... Je le regardais ébahi se débattre de toutes ses forces pour sortir. Il ne me faisait pas peur à l'inverse de Dyanelis qui semblait surprise de sa taille. Quand il sortit enfin, son regard croisa la mien et il se calma aussitôt. Il s'assit devant moi alors que mes larmes commencèrent à couler, je caressais le triangle qu'il avait sur la tête. Je me souviens que ma mère m'avait très jeune appris le langage des symboles qui me fascinait.

« Le triangle est le signe de l'harmonie, la proportion, l'équilibre, la sécurité, la puissance, l'amour et la sagesse. Ce doit être les qualités d'une bonne sorcière. Si l'un des sept manques tu flancheras. »

Je m'agenouillais devant mon démon la main toujours sur sa tête.

« Alors c'est bien toi maman... C'est toi qui après toutes ses épreuves me rend toujours plus forte ».

Comme seule réponse le démon mit sa patte sur mon buste. J'en pleurais à chaudes larmes tandis que je répétais à voix haute ce que me disait ma mère à chaque fois en faisant ce geste.

« Tu entends comme je t'aime ? »

Alors c'était vrai... Une partie d'elle était toujours vivante en lui donc... en moi... Brusquement nous nous sommes retrouvés projeté en bas des escaliers. Nous n'avions rien mais moi Kyuubi se battait pour reprendre sa place me laissant instable avec la sensation d'être sur le point de me transformer.

« KENAÏ ! Il ne faut pas qu'elle se transforme maintenant, elle n'en reviendra probablement pas ! Il essaye d'avoir le dessus sur elle. »

Je l'entendis arriver en courant et s'agenouiller devant moi. Il prit mon visage entre ses grandes mains et essaya de me sortir de ma torpeur.

« Alice, écoute-moi, il faut que tu lui résistes, ne part pas avec lui. Il y a peut-être un peu de ta mère en lui mais c'est avant tout un démon. Tu es forte, tu peux le faire ! Après tout je n'ai jamais rencontré de sorcière avec deux démons aussi seine d'esprit que toi. Ne le laisse pas prendre possession de toi, bats-toi, c'est toi qui décide quand tu te transformes ce n'est pas à lui de choisir. »

J'étais secouée par de violents spasmes ayant alors l'impression de lutter pour juste avoir la bouche hors de l'eau. Je sentis brusquement son souffle chaud contre mon oreille.

« Restes avec moi. J'ai besoin que tu restes pour me remontrer ses jolies joues rosies par l'intimidation de la proximité, ce joli bégaiement dû à la confusion de ton regard dans le mien, et ces sublimes yeux qui semblent me déshabiller du regard sans vergogne... »

Et soudain tout s'arrêta ce fût le noir complet.

Je me réveillais à la nuit tombée, la tête sur l'épaule de Kenaï, entourée d'une couverture chaude, devant un feu à l'extérieur. Tout le monde parlaient de son côté même Dan semblait fleurter avec Dyanelis. Il prit ses mains dans les siennes et elle sembla surprise.

« Comment tu fais ça ? » entendis-je

Mais je sentis la main de Kenaï me frotter le dos ce qui me fit frissonner de bien-être et détourner mon attention. Il se pencha pour me regarder un peu inquiet.

« Merci ne sera bientôt plus suffisant » lui dis-je en reprenant le contrôle de ma tête laissant mes yeux plonger dans les siens.

Il sourit avant de me pincer les joues avec ses mains de géant.

« Aïe ! Ça fait mal ! »

Il approcha son visage du mien sans me quitter des yeux, mon cœur battait de plus en plus fort rendant ma respiration horriblement saccadée.

« Qu'est-ce que tu es mignonne quand tu rougis ! J'aime assez l'effet que je te fais. » me répondit-il extrêmement satisfait de lui.

Je rassemblai tout mon courage pour lui répondre et m'empêcher de prendre son visage entre mes mains pour l'embrasser, goûter ses lèvres...

« N'as-tu jamais entendu que le renard faisait un très mauvais compagnon pour un loup ? »

Il sourit en baissant les yeux vers le sol avant de relever des yeux pleins de malices et me répondre avec un sourire en coin :

« C'est ce que j'ai entendu dire. Rusé, fourbe mais je n'ai jamais entendu parler d'une renarde alors le loup stupide ne se méfie pas. »

Son visage était toujours aussi près du mien et j'appréciais ça. Je souris à sa répartie.

« Très mauvais choix. Une renarde n'est pas ce qu'il y a de plus fidèle en période de famine. Oh et le loup est un animal diurne, je crois ? »

J'eu simplement à me lever et fermer les yeux une seconde pour me transformer en renard. Ça me démangeait trop, je sautais partout en glapissant. Qu'est-ce que ça fait du bien, j'avais l'impression d'avoir oublié la sensation de liberté qu'on éprouve une fois en animal. Je courus un peu plus loin, sous le regard attentif du groupe, une fois à une certaine distance et quand je vis que Kenaï se donnait la peine de se déshabiller, je criai avec un son très aigu, un long whaaaaaaa comme pour l'appeler. D'après mes souvenirs d'écoles, les loups et les renards atteignent des vitesses de pointe similaire ce qui me laissait très enthousiaste sur ma capacité à le battre. Quand je fus certaine qu'il m'avait prise en traque je courus le plus vite possible. J'étais la plus fine, et la plus petite donc la plus agile, ce qui me donnait un avantage certain pour voir et éviter les obstacles plus vite. Je me tapis soudain dans l'ombre pour regarder de plus près à quoi il ressemblait une fois en loup. Il avançait tout doucement en regardant à droite à gauche, il était immense je pouvais me mettre sous lui comme un poisson en frôlant à peine son ventre. Ces yeux dorés scintillaient dans le noir tandis que j'avais le ventre au ras du sol je l'observais de l'intérieur d'un tronc creux. J'en sortis en rentrant les griffes pour ne pas faire de bruit. Je le contournais discrètement et me mis sous son ventre en laissant traîner ma queue contre son flanc pour qu'il me repère. Il sembla surpris et essaya de regarder gauchement sous son ventre ce qui le déstabilisa. Il s'avachit lourdement sur le flanc tandis que je me dressais sur lui victorieuse, le piétinant d'excitation.

J-43. Je me réveillais dans ce qui semblait être ma chambre pour le moment. Le soleil pointait à peine à l'horizon, je m'étirais avant de me lever pour prendre une douche. Des vêtements étaient déposés sur la commande. Oui... Disons que mon excitation à me transformer, hier m'a couté une tenue entière. Seule mes bottines ont survécu. Génial Alice, je te félicite. Je pris donc une douche, en insistant bien sur mes cheveux pleins de terre. J'enfilais ensuite mes fringues. Une petite chemise blanche transparente, avec par-dessus un pull blanc oversize carrément confortable, un jean délavé skinny et ma paire de bottines. Je me regardais dans la glace en me donnant facilement 5ans de moins. Je me touchais la ride du lion qui commençait à arriver avec toutes ses histoires...

« Seules les rides confèrent à la femme son caractère et sa personnalité. » entendis-je derrière moi.

Je me retournais pour voir Dan me regarder attendrit.

« Tu parles. Je vois juste de l'inquiétude, de l'angoisse. Ici juste au coin des lèvres, je vois deux fossés... »

Il s'approcha de moi avec sa démarche féline, ses pas étaient aériens, il mit une main sur ma bouche pour m'empêcher de continuer. Quelle habitude agaçante.

« Alors que moi je vois, juste là, entre tes deux yeux, les restes d'une mère qui fait de son mieux pour protéger ses enfants. Ici, je vois des sourires, des rires sans compter, comme 2 magnifiques parenthèses. »

Il avait laissé ses doigts trainaient sur mon visage tout en parlant. Juste en l'écoutant je me sentais un peu plus belle alors que ça n'avait aucun sens. Nos visages étaient imperceptiblement de plus en plus proche mais à quoi je jouais, bon sang.

« Bon anniversaire chaton. » me félicita-t-il

Et il m'embrassa avec une douceur folle, ces lèvres me donnaient l'impression d'être du coton contre les miennes. Je me laissais faire alors que ma tête me rejoua quelques flashbacks.

« Dans ce cas-là, je demande quelque chose en échange de ses informations, chaton. Embrasse-moi. ». La première fois où il m'a appelé chaton, notre câlin au coin du feu après qu'il m'est sorti de... Mais si tout ça était vrai alors ça veut dire que je ne rêvais pas que j'avais vraiment été en face de Dan mais qu'en plus ce que je considérais comme le pire cauchemar de ma vie était réel...

« Alors... Tout ça... C'était réel ? » lui demandais-je en le regardant avec des yeux effrayés.

Il prit mes joues entre ses mains et colla son front au mien. J'étais tétanisée.

« On le savait chaton qu'elle serait folle furieuse, je veux dire, tu vois, plus que d'habitude mais je ne pensais pas qu'elle avait autant de pouvoir. J'en ai parlé un peu à tout le monde et c'était bien un sort, apparemment elle est très bonne en sort d'illusion, ce qui lui permet de gérer, même à distance sans parler de sa réserve d'énergie qui l'aide irrémédiablement. Autrement dit elle doit être très en colère de rester bloquer dans les bois. »

Etrangement il ne semblait pas inquiet, alors que moi j'étais morte d'inquiétude.

« Comment tu peux être si calme ? » lui demandais-je

Son front froid était toujours contre le mien, je pouvais sentir sa respiration contre mes lèvres. D'aussi près c'est vrai que Dan était beaucoup moins grand que Kenaï mais d'ailleurs qu'est-ce que je faisais là au juste avec Dan ? On se déteste et l'instant d'après il m'embrasse et se soucie de moi. Décidément la vie avait décidé de me compliquer la tâche de A à Z. Mes pensées furent immédiatement stoppées par sa réponse.

« D'autres préoccupations. » me répondit-il simplement avant de se détacher de moi.

L'effet de recouvrer mon oxygène ne vînt pas, au contraire, j'avais l'impression d'en manquer. Pourquoi est-ce qu'il devait me faire cet effet ? Beaucoup trop de questions se bousculaient dans ma tête. J'étais sur le point de m'éprendre de Kenaï qui est parfait pour moi, il comprend ce que j'ai vécu, il est attentif, je ne crois pas me tromper si je dis que je lui plais alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que cet idiot devait venir bouleverser l'attraction que je ressentais pour Kenaï. Je sortis de la chambre sans un mot en aillant l'impression de laisser un bout de mon être avec lui. J'avançais dans le couloir, descendis les escaliers mais ne vît personne. Je ne sais pas vraiment où ils étaient je sentais seulement l'aura de Dyanelis.

Je trainais ma peine jusque dans la cuisine pour me préparer quelque chose à manger ou je finirai aussi épaisse qu'une chips. J'avais envie de cuisiner en plus, je ne sais pas vraiment si les autres avaient besoin d'un repas en tout cas moi oui alors je commençais à fouiner un peu partout pour trouver les ustensiles adaptés afin de préparer des crêpes ! Ma mère m'en faisait tellement quand j'étais petite que la recette était gravée dans ma mémoire, ce qui me valut une pâte certifiée sans grumeaux en plus du même goût inégalable. De plus j'avais l'occasion de rendre un petit peu hommage à cette magnifique cuisine qui ne devait honnêtement pas souvint servir. Pourtant elle était magnifique, un énorme frigo démarrait la ligne prenant bien un quart du mur, suivi de meuble de rangement en bois très moderne, énorme four encastré avec pleins de boutons, tout cela prenant la moitié du pan de mur le reste était clairement et simplement du plan de travail, j'avais la place de mettre le bazar ! Mais je m'en abstiendrai, évidemment. Et comme pour clouer le spectacle de cette cuisine de maître un énorme îlot central avec des plaques de cuisson trônait en plein milieu. Des chaises de bar avaient même étaient installés, je suppose donc que le principe était de rester avec la personne qui cuisine. Un tantinet méfiant comme procédé tout de même. Le nombre de rangements étaient tout aussi impressionnant. Il devait y avoir une dizaine de tiroirs, le même nombre de porte peut être même un peu plus, cette cuisine donnait d'autant plus le tournis une fois qu'on sait qu'elle n'est quasiment jamais en service.

Quelques crêpes plus tard, je sentis Kenaï revenir dans la maison... Bon il allait falloir que je fasse avec de toute manière, je ne pourrais pas l'éviter éternellement et l'éviter pour quoi en plus ? Est-ce que j'avais peur de quelque chose ? Ce n'est pas en l'évitant que je pourrais régler ça. Parce que concrètement j'étais devant un choix cornélien. Ma main ou ma jambe. Je dirais que Dan est ma main, il est toujours là pour moi, attentionné mais parfois horriblement agaçant (je ne vois pas non plus le rapport avec la main mais bref.) et Kenaï ma jambe, bon ça devient ridicule ces comparaisons bizarres. Ils me plaisent tout les deux, de deux manières différentes. Est-ce que je me vois avec un vampire ? Ahah. Non. Est-ce que je me vois avec un sorcier immortel, qui habite je suppose très très loin de moi parce que je ne sais pas s'ils sont obligés de vivre ensemble mais je n'ai pas restauré ma maison pour rien et en plus je serais dans une ville que je ne connais, et puis il me verra vieillir et je ne sais pas pourquoi mais cette idée me terrorise alors qu'avec Dan je m'en fiche. Et soudain mon fil de pensée fût brisé par le souffle de Kenaï dans mon cou, des frisons me secouèrent et une vague de chair de poule se propagea du sommet de mon crâne à mes orteils. Ces deux gars me rendaient dingue, c'est certain.

« Salut toi... Mmmmh j'avais oublié à quel point la nourriture pouvait sentir bon » me chuchota-t-il au creux de l'oreille.

Son timbre de voix beaucoup plus rauque que Dan (pourquoi est ce que tu les compares constamment ?) me faisait carrément de l'effet pour être plus claire disons que si j'étais un homme je ne pourrais pas le cacher. Ses mains agrippèrent ma taille comme si elles en connaissaient déjà le chemin. Quelle sensation apaisante de se retrouver lover dans un si grand gaillard, je me sentais en sécurité. Mon cerveau tourna encore à plein régime, faisant un tableau des pour et des contres de Dan et Kenaï, oui j'en étais rendu là alors que j'étais toujours dans ses bras mais je ne pouvais pas m'arrêter de penser et d'angoisser. Est-ce que ce que je faisais était mal ? Non je ne sors avec aucun des deux. Oui mais d'un autre côté on a vu mieux niveau honnêteté. Je suis qu'une sombre garce indécise qui s'amourache de deux garçons en même temps... C'est bien ma veine. Encore une fois sa voix rauque me sortit de mes pensées mais cette fois je sursautais ce qui le fit sourire contre ma joue.

« Tu as l'air tendu » murmura-t-il

Puis il passa sa main dans mes cheveux tout en me retournant pour que je puisse lui faire face.

« J'ai de quoi effectivement » lui répondis-je en essayant de lui sourire du mieux que je pouvais.

Il ne fût malgré tout pas dupe, je n'arrivais pas à le regarder en face aillant l'impression avec l'un comme l'autre de trahir chaque fois l'autre ce qui me mettait, en plus de mes problèmes, dans un profond sentiment d'embarras mélangé avec du désir. Je soupirais et il ne lui en fallu pas plus pour que ses doigts se posent sous mon menton et qu'il me force à le regarder. Il n'y avait pas besoin de mot, une fois qu'il avait capté mon regard il caressa mon visage avec un seul doigt, très lentement, mon corps tout entier était sous son emprise tandis que je fermai les yeux, honteuse d'afficher si évidemment mes sentiments, ce qu'il jugea le bon moment pour déposer un baiser sur mes lèvres. Je ne pourrais pas avoir de mots pour ce qui s'est passé à cet instant, c'est comme s'il y avait eu un feu d'artifice dans mon cerveau et qu'au même moment une vague de honte s'était abattue sur moi. Les crêpes devinrent une raison pour arrêter cette torture dans tout les sens du terme.

« Excuse-moi, je suis, enfin, j'ai, tu vois ? Tout ça c'est... »

Je n'arrivais pas à placer un mot devant l'autre, à former une phrase digne de ce nom. Sujet, verbe, complément Alice, ce n'est pas si compliqué, courage. Il déposa son index sur mes lèvres un susurrant un léger chuuu.

« Je comprends. »

Et il détacha son emprise et sa place à mes côtés, pour se poster face à moi un peu plus loin, il s'accouda au plan de travail et se mit subitement à parler de tout et de rien, de ces souvenirs de nourriture, et tant d'autres choses. J'en vins même à rire, alors que je n'aurais pas cru ça possible. Il flirtait avec moi c'est évident mais pour une raison que j'ignore je me sentais mieux. Peut être plus consentante et je sentais clairement que je pouvais me cacher derrière l'excuse du « on fait que discuter » ce qui me paraissait un bon slogan pour me voiler la face. Bon je le sais maintenant les triangles amoureux c'est pas pour moi et j'en ai eu assez dans cette vie. Tout ça c'était trop de sentiments contradictoires pour un si petit cœur. Il continua à parler, je lui répondais parfois, quand je n'étais pas dans mes pensées et il s'en contenta du moins il ne me forçait pas à faire la conversation ce qui m'allait très bien. Une fois ma cuisine terminée, nous nous sommes mis à table pour déguster mes super crêpes et elles étaient comme dans mon souvenir, aussi délicieuse. Kenaï était unanime, c'était les seules et uniques meilleurs crêpes qu'il n'avait jamais mangé !

Le reste de la journée je la passais à clairement éviter Kenaï, je m'étais donc finalement retranchée dans le petit salon, devant la cheminée qui brûlait, assise par terre la tête sur mes genoux. Je me fis surprendre par la porte qui s'ouvra soudain.

« Te voilà enfin toi ! » s'exclama Dyanelis.

« Je n'ai pas vraiment bougé de la journée. » lui répondis-je le timbre de voix sans vie.

« Oh ça ne va pas fort toi, raconte-moi tout »

Elle s'assit à côté de moi et je sentais son regard faire des allers retours entre moi et le feu de cheminé.

« Tu t'es déjà retrouvé entre deux garçons ? » lui demandais-je avant de me rattraper immédiatement

« Enfin non, je veux dire, pas dans ce sens-là, pas au sens physique à proprement parlé, tu vois ? Rhô qu'est ce que je me sens bête, quand il s'agit de parler de mes sentiments j'ai l'impression d'avoir 12ans et demi. »

« Tu n'as pas une préférence ? » me demanda-elle comme si c'était aussi simple.

« Je suppose que non ou alors mon cerveau me le cache, ce qui serait cruel. Bon sang quand je suis avec l'un j'ai l'impression de trahir l'autre et inversement. Je n'apprécie pas du tout cette situation, je ne me sens pas honnête et jamais en possession de mes moyens c'est comme si soudain j'étais aussi utile qu'une larve. »

Dyanelis rit franchement alors que je n'en avais vraiment pas le cœur.

« Bon. Qu'est ce que ça te ferait si tu arrêtais avec l'un des deux et que tu mettais les choses aux claires avec l'autre ? »

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