Pour Le Meilleur Et Pour Le Pire 4/7

Pdv Harry

Organiser un mariage sur un autre continent, ce n'est pas une mince affaire, contrairement à ce qu'on peut nous laisser croire dans les films.

Il y a beaucoup de paperasse à remplir, sans compter l'organisation du voyage en lui-même. Cependant, avec l'aide de nos amis, on a réussi à tout boucler dans les temps. Louis et moi allons nous marier plus tôt que prévu, ce qui n'est pas pour nous déplaire. J'avoue aussi que savoir qu'on va démonter les plans de nos parents est une réelle satisfaction. C'est peut-être méchant dit comme ça, mais lorsque je vois tout ce qu'ils ont prévu alors que c'est aux antipodes de ce que nous on aime et de qui on est, j'ai beaucoup moins de scrupules.

- Tu t'en sors ? me demande Louis en entrant dans la chambre alors que je finis de boucler ma valise.

- Oui, oui, ne t'inquiète pas et toi ?

- J'ai fini. J'ai coché tout ce qu'il y avait sur la liste que Lyra et toi m'avez faite, ça devrait aller.

Son ton est légèrement ironique, mais on sait tous les deux que sans cette liste, il aurait oublié la moitié de ce qu'il faut.

Notre vol est prévu pour demain en fin de matinée. Je suis à la fois excité et stressé, un mélange détonnant qui me retourne le bide. Cependant, le sentiment qui prédomine, c'est le bonheur.

Merde, je vais me marier !

Je me redresse après avoir fermé le cadenas et me retourne pour prendre mon homme dans mes bras.

- Prêt à affronter nos parents ?

- Plus que jamais ! s'exclame-t-il, les yeux brillants.

Comme prévu, on n'a rien dit sur nos projets à nos familles. Seules nos sœurs ont été mises dans la confidence pour ne pas qu'elles se sentent exclues. Gemma a tout de suite accepté de prendre Chamallow chez elle pendant notre absence, ce qui nous a ôté un sacré poids, il faut bien le dire. Lottie nous a fait aussi promettre d'organiser une cérémonie laïque à notre retour, juste avant la fête, pour qu'elle puisse participer avec toute la fratrie de Louis. On ne pouvait pas le lui refuser.

Aujourd'hui, on va donc annoncer que le mariage est annulé à nos parents. Je sens que ça va être épique, mais tant pis. Ils n'ont jamais voulu nous écouter lorsqu'on leur a dit qu'ils allaient trop loin, maintenant qu'ils assument leur bêtise. On a quand même calculé notre coup pour qu'ils puissent se faire intégralement rembourser les acomptes. Les seules choses qu'on a gardées, c'est la salle pour notre petite fête de retour, nos costumes que l'on va mettre pour Las Vegas et nos alliances.

J'ai trop hâte d'y être !

On a trouvé un très bel hôtel, en plein dans le centre, pour notre séjour là-bas. Vu les photos, j'ai été surpris par rapport au prix demandé. J'espère juste que ce n'est pas une publicité mensongère. Lyra, Niall, Liam et Illona y séjourneront avec nous jusqu'à ce que le mariage soit entériné par les services de l'État et enregistré par l'ambassade du Royaume-Uni.

Je m'approche de mon fiancé et l'embrasse avec douceur. Mon cœur chavire à ce simple contact. Je suis à deux doigts d'approfondir le baiser, mais je suis interrompu par la sonnette de l'entrée et les aboiements de Chamallow qui doit s'être précipité vers la porte, comme à son habitude.

- Ils sont là, souffle Louis en ouvrant de grands yeux. Laisse-moi cacher ma valise avant d'ouvrir.

Je hoche la tête alors qu'il part en courant dans le salon. Je m'approche de la porte et calme notre chien pendant que mon fiancé fait rouler son bagage jusqu'à notre chambre. Lorsqu'il referme derrière lui et qu'il me montre son pouce, j'ouvre à mes parents qui commençaient à s'impatienter.

- Ah ! Je me suis dit, ça y est, ils ne sont pas là, ils nous ont oubliés ! s'exclame ma mère en riant avant de me faire la bise.

- Ça, ça ne risque pas ! ironise Louis avant de la saluer à son tour.

Elle ne relève pas sa remarque. Depuis le temps, elle le connaît, elle ne fait plus vraiment attention à son franc parlé et, de toute façon, elle l'adore. Un peu trop d'ailleurs, au vu les derniers évènements. Elle entre dans l'appartement tout en caressant Cham' qui saute dans tous les sens.

- Vous auriez dû l'appeler Zébulon, on dirait qu'il est monté sur ressorts ! plaisante-t-elle.

Mon père suit le mouvement et, après nous avoir serré la main, rejoint ma mère jusqu'au salon où je leur propose de s'installer dans le canapé. Le chien vient tout de suite se blottir contre eux, ce qui les fait rire.

- Vous voulez boire quelque chose ? je propose tandis que Louis s'avance déjà vers la cuisine.

- Quelque chose de frais ça serait super, approuve ma mère en posant son sac au sol. Il fait lourd aujourd'hui.

Je jette un coup d'œil à mon homme dans l'espoir qu'il ne dise rien, mais évidemment, c'est peine perdue.

- Il n'y a pas que le temps qui soit lourd en ce moment...

Je me pince les lèvres pour ne pas rire, mais encore une fois, ma mère ignore sa réflexion et lui lance un sourire radieux.

- Qu'est-ce que tu as à nous proposer alors ? lance-t-elle avec décontraction.

Mon fiancé se retient vraiment de lever les yeux au ciel, mais même s'il n'a pas de filtre, il a tout de même été éduqué et il sait qu'il ne faut pas non plus pousser le bouchon.

- On a fait du thé glacé à la menthe ce matin, si ça vous dit, répond-il à la place.

- Parfait ! s'exclame mon père en tapant des mains.

Alors que mon homme s'occupe de sortir les verres du placard, la porte sonne de nouveau, annonçant l'arrivée de ses propres parents. Chamallow recommence son manège, jappant bruyamment pour montrer qu'il est là, tant soit peu que nous l'ayons oublié.

Je vais leur ouvrir et les salue avant qu'ils se joignent à tout le monde au salon. Louis arrive avec un plateau qu'il pose sur la table basse. Il est nettement plus crispé en présence de Mark et Jay. Je pense qu'il a plus de mal à passer au-dessus de ce qu'il s'est passé avec eux.

Je m'approche de lui et lui serre brièvement le bras pour l'aider à se canaliser et ça fonctionne. Il se détend aussitôt en s'installant dans le fauteuil qui fait face au canapé et donc à nos parents, Cham s'allongeant tout de suite sur ses genoux. J'embrasse le front de mon homme puis m'occupe de servir le thé glacé à tout le monde.

- Merci beaucoup, me remercie Johannah en récupérant son verre. Mhm, ça sent bon ! Vous avez eu une bonne idée d'en faire vous-même, c'est bien meilleur que les sodas bourrés de sucre vendus en grande surface.

- Tu sais, on a souvent de bonnes idées, il faut juste savoir les écouter, lâche Louis avant de boire à son verre pour se donner une contenance.

Sa mère plisse les yeux avant de lui demander.

- Ce qui signifie ?

Mon fiancé hausse les épaules sans répondre alors que je me retiens de rire une nouvelle fois. Jay nous observe tour à tour sans comprendre. Alors que Mark change habilement de sujet de conversation en me demandant comment ça se passe au salon, je prends place sur l'accoudoir du fauteuil de Louis. Je passe une main dans le pelage blanc du chien qui soupire de bonheur.

Nous dégustons nos thés glacés tout en discutant de divers sujets sans grande importance pendant un petit moment. Louis ne peut se retenir de sortir deux trois piques bien placées, mais personne n'ose le relancer. Je pense qu'ils ont compris qu'il valait mieux éviter.

Nos parents, sans surprise, ne tardent pas à aborder le sujet du mariage. Je serre les dents et passe aussitôt un bras autour de mon homme pour lui montrer que je suis là et l'aider à ne pas craquer tout de suite. Mark se retourne vers nous.

- Au fait, pour les faire-part...

- Ça tombe bien que tu nous parles du mariage, c'est justement pour cette raison qu'on vous a invité, je le coupe en me redressant pour lui faire face.

- Oh non ! râle aussitôt ma mère. Vous n'allez pas encore nous faire la morale alors qu'on veut juste que cette journée soit parfaite !

- Parfaite pour qui ? s'enquiert amèrement Louis.

- Ne soit pas désagréable ! intervient aussitôt Jay en le fusillant du regard, sauf que cette fois, mon fiancé ne baisse pas le sien et la toise.

- Je n'ai plus quinze ans, tu es ici chez moi, merci de ne pas l'oublier, lâche-t-il d'un ton si froid que j'en ai moi-même un frisson.

Un silence gêné accueille leur échange. La tension devient palpable entre eux.

- Il n'est pas désagréable, j'interviens d'une voix douce, mais ferme, il dit juste ce qu'il ressent.

- Il n'est jamais content, reprend sa mère en soufflant ostensiblement. Ce mariage va être grandiose...

- Ce n'est pas ce que nous on veut, la coupe-t-il aussitôt. On ne veut pas de grandiose ou d'incroyable - il mime les guillemets avec ses doigts - on veut juste quelque chose qui nous ressemble, mais apparemment, ça, vous ne voulez pas le comprendre.

- Où veux-tu en venir ? participe mon père en fronçant les sourcils.

- On vous en a déjà parlé plusieurs fois, mais puisque vous vous entêtez, on a pris une décision, je reprends sans me départir de mon calme.

- Qui est ? s'inquiète aussitôt Jay.

- On annule le mariage, lâche Louis avec un léger rictus en croisant ses bras sur sa poitrine. On ne se marie plus.

Un lourd silence accueille ses mots. Nos mères pâlissent tandis que nos pères écarquillent les yeux de stupeur.

- Quoi ? Mais... mais... vous ne pouvez pas faire ça ! bafouille Johannah d'une voix tremblante.

- Bien sûr qu'on peut ! répond son fils sans se retenir de lever les yeux au ciel cette fois. Regarde, on le fait !

- Mais non ! Vous... vous devez vous marier ! s'exclame ma mère, affolée.

- Tu ne peux pas nous obliger à nous rendre à la mairie, je rétorque en haussant les épaules.

Notre calme contraste totalement avec leur stress soudain. Les rôles se sont inversés et honnêtement, c'est jouissif. Nous voyant camper sur nos positions, ils commencent à parler tous en même temps. Un énorme brouhaha s'élève dans la pièce, on ne comprend plus rien à ce qui se dit. Ma mère a les larmes aux yeux, Jay a les mains qui tremblent. Le moins que l'on puisse dire, c'est que notre annonce les a fait réagir.

- Mais... vous êtes toujours ensemble ? demande finalement Mark, ramenant en même temps le calme.

Ils nous observent tous, suspendus à nos lèvres.

- Oui, je les rassure aussitôt. On s'aime et ça, ce n'est pas près de changer. Ce qu'on ne veut pas, c'est de la mascarade que vous êtes en train de nous préparer.

Un nouveau silence s'installe, beaucoup plus lourd cette fois. Finalement, nos mères se lèvent d'un même geste, le regard qu'elles nous lancent est rempli de reproches.

- Vous êtes des ingrats, lâche la mienne d'une voix blanche. Je ne vous comprends pas !

- Vous devriez réfléchir avant de sortir des âneries pareilles ! renchérit celle de Louis.

- C'est tout réfléchi, réplique durement ce dernier.

- Eh bien, réfléchis encore dans ce cas. Je suis certaine que vous reviendrez à la raison lorsque vous réaliserez ce que vous êtes en train de faire, insiste-t-elle.

Elle soupire en plongeant son regard dans celui de son fils et ses traits s'adoucissent instantanément. Parce que même si elle est franchement casse-pied, elle aime Louis de tout son cœur. À vouloir trop bien faire, elle a dépassé les bornes et je pense qu'elle commence à en prendre conscience.

- Vous vous aimez, vous êtes fait l'un pour l'autre... ce mariage est important... vous allez le regretter... réfléchissez, s'il vous plaît... nous enjoint-elle d'une voix plus douce, presque implorante.

- C'était à vous de réfléchir quand on vous a parlé, répond mon fiancé, la voix étranglée par l'émotion. Maintenant, c'est trop tard. On ne reviendra pas sur notre décision.

- Les délais courent, je ne peux m'empêcher d'intervenir. Vous pouvez encore récupérer vos acomptes, ne traînez pas pour faire les démarches. Il y a eu assez de gâchis comme ça.

Cette fois, ce sont nos pères qui se lèvent et nous regardent comme si on avait perdu l'esprit.

- Vous êtes vraiment sérieux ? demande Mark, incertain. Ce n'est pas un coup de bluff ?

- Non, je réponds aussitôt. On ne s'amuserait pas à vous faire perdre votre temps.

- On y va dans ce cas, souffle mon père, dépité.

L'ambiance est bizarre, un mélange d'amertume, de déception et de tristesse. Ils nous en veulent, je le sais et ils mettront du temps avant de nous pardonner, mais nous aussi il nous faudra du temps pour qu'on leur pardonne. C'est triste d'en arriver là, mais ce n'était plus possible.

Mon père s'approche de ma mère, passe son bras autour du sien et ils se dirigent ensemble vers la porte d'entrée, bientôt suivis par les parents de Louis. Le silence est pesant, les regards lourds de reproches. Même Cham' n'ose pas bouger, nous observant avec inquiétude, comme s'il comprenait ce qu'il se trame.

Après un au revoir expéditif formulé du bout des lèvres, ils s'en vont en claquant la porte comme on vient de claquer leur ego.

- Bon... ça, c'est fait... souffle mon fiancé en s'approchant de moi.

- Je m'attendais à pire, je remarque en passant un bras autour de sa taille.

- Carrément. Ils vont nous tuer quand on va revenir de Vegas...

- Je sais.

- Au moins, on mourra heureux !

J'éclate de rire avant de me retourner vers lui.

- Tu ne regrettes pas ?

- Absolument pas... et toi ?

- Pareil. Ils finiront par digérer...

- Ça va être long quand même.

- J'ai lu, je ne sais plus où, que les parents avaient tendance à se rapprocher de leurs enfants quand eux-mêmes devenaient parents.

- Il y a de l'espoir alors !

On se regarde un instant avant d'éclater de rire.

- Je t'aime, je souffle avant de lui voler un baiser, m'arrachant un frisson au passage.

- Pas autant que moi.

Il ne me laisse pas le loisir de répliquer qu'il m'embrasse de nouveau avec une telle passion, que je sais très exactement comment notre dernière soirée ici en tant qu'hommes célibataires va se terminer et ça me va parfaitement bien. Lorsque nos vêtements commencent à voler dans la pièce, j'oublie la scène qui vient de se dérouler, préférant nettement l'ambiance plus sensuelle qui nous entoure désormais.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top