Chapitre 24 - L'assaut (2/2)

L'aspirante Harris relâcha le corps flasque du Peon. La lame de son poignard luisait d'un éclat meurtrier et écarlate. Le soldat se recroquevilla sur lui-même, en train d'expirer. La jeune voyante s'accroupit afin de ne pas se prendre une rafale. Avec cette pénombre, il était difficile de discerner tous les ennemis. La cadence des tirs ralentissait, preuve que le combat touchait à sa fin. Elle entendait les créatures démoniaques de Wagner qui s'acharnaient sur les troupes de la sorcière. Celle-ci avait trouvé approprié d'affubler ses peons de l'apparence d'un acteur de série. L'Aspirante Harris n'avait pas goûté à cette initiative. Ces sorciers ne respectaient rien. Elle n'avait pas apprécié de tuer le héros d'une série qu'elle avait aimé regarder.

Toujours accroupie, Harris risqua un coup d'œil sur le théâtre du combat. Le Commandeur Spengler, lui aussi à l'affut, lui fit un signe de la tête. Il saignait au visage ainsi qu'à l'un de ses bras, mais il semblait à son aise. La jeune femme le connaissait : Spengler adorait se battre. Et tuer.

Wagner était resté en retrait. Le mutant avait envoyé ses bestioles en première ligne. L'armée de Sheldon Cooper avait vidé ses chargeurs sur les créatures bondissantes. Celles-ci avaient reçu des blessures mortelles et elles gisaient toutes les trois au sol, agitées de soubresauts ou déjà inertes. Avant d'être vaincues, elles avaient semé mort et panique au sein des troupes ennemies. Après cela, il avait été un jeu d'enfant d'éliminer les derniers soldats valides.

L'Aspirante Harris évalua la situation. L'opposition avait était détruite. Elle se releva et courut vers son supérieur hiérarchique.

– Le périmètre semble sécurisé, Monsieur.

– Beau travail, Harris.

Wagner les avait rejoints. Comparés à eux, impeccables dans leur treillis, il ressemblait à un clochard dépenaillé. Sa chemise sale était sortie de son jeans trop grand. Il planta son regard insoutenable dans celui de Spengler.

– Ça nous a coûté les Griffeurs, des bêtes magnifiques. Et fidèles !

– Qu'est-ce que vous racontez ?

– Ouais, je sais, ça veut rien dire pour toi. Pauvres bêtes.

Une fois encore, le Commandeur Spengler se retint tourner son arme contre l'aberration.

– Ils sont tous morts, en tous cas, dit l'Aspirante Harris, pour que les hommes se reconcentrent.

– Presque tous oui, répondit le Commandeur. Je note onze cadavres, tous numérotés de 2 à 12. J'imagine qu'il reste le premier de cette escouade.

– On s'en fout, cow-boy ! Grouillez-vous, sinon les filles vont s'échapper !

Le sorcier monta quatre à quatre les escaliers métalliques. Il reniflait l'air, surexcité. Harris se demandait si l'odorat avait son importance chez les sorciers. Observer ce vieil homme aux cheveux blancs, avec ses cicatrices, ses brulures, et cette monstruosité qui se tortillait à la place de son bras, rendait la jeune femme mal à l'aise. En cet instant plus que jamais, elle croyait en la mission divine de la Fondation. Éliminer toutes les aberrations.

L'Aspirante Harris espérait qu'ils recevraient l'ordre d'éliminer Wagner, une fois leur mission remplie. Elle accepterait de s'en charger, bien sûr. Mais elle se doutait que le Commandeur rendrait la justice lui-même.

Numéro Un surgit de sa cachette. Il tira sans sommation, un genou à terre. Une balle au moins toucha le tentacule de Wagner. Un gros morceau de chair visqueuse explosa. Spengler et Harris se mirent à couvert, trop heureux de ne pas avoir été touchés. Le soldat bondit sur le sorcier, un poignard à la main. Le tentacule l'intercepta avec violence et le plaqua au sol. Wagner écrasa sa chaussure sur le cou du malheureux, jusqu'à entendre un craquement sinistre.

– Le voilà, ton gars, dit le Sorcier. Et maintenant, allons-y. Il va falloir mériter ton salaire, Spengler ! Pour l'instant, c'est moi qui fais tout !

Son tentacule suintait un liquide qui n'était pas vraiment du sang. Il affronta du regard les deux membres de la Fondation. Il reconnaissait bien Silvio, toujours à s'entourer de petits soldats obéissants. Le boss aimait se constituer des armées de larbins en uniforme. Manque de chance, quand cela bardait vraiment, il avait besoin de lui, un vrai défenseur de la Cause.

Le sorcier visita la fin de l'instance au pas de charge, à la recherche de l'inévitable faille de sortie.


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Notes de l'auteur :

Les options pour Lucy et Margot sont assez faibles. Combattre ou la fuite. Vous le saurez dans le prochain chapitre intitulé "Fracture majeure". J'espère que cet épisode vous a plu, en tous cas^^

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