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1 mois plus tard...

- Madame Ana Jara Martínez écope de quinze années de prison ferme pour viol.

Ana s'effondre en larmes. Je pourrais être heureux qu'elle paie pour ce qu'elle m'a fait mais me remémorer tout ça ne me donne même pas envie de sourire.

- Madame Chiara Parravicini écope de vingt années de prison ferme pour viol avec circonstance agravante, la victime étant sous l'emprise de drogue.

Je suis ça aux yeux de tous : la victime. Celui qui s'est fait violer et agresser par ses camarades. Ça affole les médias et plein de groupes de soutien ont été créés pour moi. Pourtant je ne suis pas plus important que chaque victime de viol. Mais ceux qu'ils veulent, tous ces journalistes et ces chaînes télé, c'est être regardés et faire le buzz. Ils n'en ont rien à faire de ce que moi je ressens.

- Monsieur Lionel Ferro écope de vingt années de prison ferme pour viol avec circonstance agravante, l'agression étant causée par la bisexualité de la victime.

Et là ils disent clairement que c'est parce que je suis bi qu'il m'a violé, alors qu'il l'a juste fait parce que les autres l'ont fait.

- Monsieur Pasquale Di Nuzzo écope de deux années de prison ferme et trente mille euros d'amende pour harcèlement sexuel et moral. Monsieur Agustín Bernasconi écope de deux années de prison ferme et trente mille euros d'amende pour harcèlement sexuel et moral.

Et ainsi il énumère le nom de ceux qui m'ont harcelé durant tout ce temps. Mais s'il savait toutes les personnes oubliées, qui ne m'ont pas seulement harcelé mais aussi touché et insulté. Il est impossible de punir tous les gens qui te font du mal et c'est ce qui rend la vie injuste, mais il faut avancer avec.

- J'aimerais maintenant passer au cas du témoignage déposé hier. Faites entrer l'accusé.

Je regarde mon avocat en fronçant les sourcils. De qui s'agit-il ?

- C'est Valentina Zenere, me dit il dans un chuchotement. J'étais censé vous en parler seulement je n'ai trouvé ni le temps ni le bon moment.

Je regarde immédiatement derrière et croise le regard de la blonde. Elle me fait un sourire qui me donne froid dans le dos.

- Qu'est-ce que tu fais...?

- T'en fais pas.. On va prendre du plaisir tous les deux...

- Me touche pas, dis-je en enlevant sa main de sous mon jeans.

- Laisse-toi faire putain ! ordonné-t-elle en me poussant sur le lit.

Au même moment j'entends un "clic" d'appareil photo. Je tourne ma tête et vois une personne.

Je cligne des yeux plusieurs fois et me recincentre sur ce qu'il se passe devant moi. Valentina et son avocat s'assoient et l'audience commence.

- J'appelle le premier témoin Emilia Sánchez à la barre.

Mon cœur se serre. Qu'est-ce qu'Emilia peut-elle bien faire en témoin ? Ce qu'il s'est passé ne la concerne... oh mon dieu...
Elle s'assoit et mon avocat se lève, pour commencer à lui poser des questions.

- Mademoiselle Sánchez, dans votre témoignage vous dites avoir été témoin de l'agression de monsieur Ruggero Pasquarelli ici présent. Pouvez nous nous raconter ceci ?

Mon cœur se serre de plus en plus et une atroce envie de vomir me prend. Elle jette un petit coup d'œil vers moi pour observer ma réaction mais je reste impassible, même si au fond de moi des tas d'émotions se mélangent.

- J'ai pas seulement été témoin, j'y ai participé et je suis prête à en assumer tous les frais.

Mon pouls s'accélère et ma nausée ne fait que d'augmenter. Elle y a participé.

- Racontez-nous tout ça.

- Nous étions à une soirée. Ruggero pensait que j'étais en Italie à ce moment là mais j'étais bien ici. En fait le plan était monté de toute pièce. Ruggero venait d'arriver à Buenos Aires et Valentina a fait genre de vouloir devenir son amie pour l'emmener à cette soirée. Il ne voulait pas du tout mais elle l'a convaincu. Comme il voulait s'intégrer, elle a accepté. Elle l'a emmené à cette fameuse soirée et c'est là que je suis intervenu. J'ai mis du GHB dans son verre et Valentina lui a donné. La drogue a fait son effet et une fois qu'il était assez faible... on l'a emmené dans une chambre...

Elle a de plus en plus de mal à raconter tout ça. Et moi j'ai de plus en plus de mal à écouter ce qu'elle a fait. La fille que j'aimais m'a trahi. Alors que j'avais confiance en elle.

- J'ai observé la scène et ai pris des photos. Elle l'a déshabillé alors qu'il essayait de se débattre. Seulement, il était trop faible à ce moment là... Elle se sentait dominante et elle avait le dessus sur lui. Elle l'a... Désolée pour mes paroles crues mais.. elle l'a sucé...

Elle pleure, mais putain ses larmes ne sont que des mensonges, comme ce qu'elle m'a dit pendant deux ans. Elle disait m'aimer et elle a participé à mon viol. Elle ne m'a pas aidé, au contraire. Elle m'a trahi. Elle a fait le pire. Je ne veux pas entendre la suite, je veux juste m'enfuir.

- J'ai fait plein de photos... Je les ai encore...

Je laisse échapper un sanglot et quelques regards se posent sur moi, même le sien. Chaque mot est un coup de poignard dans mon cœur. Le sentiment de trahison est pire qu'horrible.

- L'a-t-elle pénétré ? demande min avocat.

Elle hoche la tête et je prends mon visage entre mes mains.

- Elle a mis ses doigts...

Arrêtez. Arrêtez s'il vous plaît. Mon cœur crie à l'aide mais je sais qu'ils vont continuer.

- Il n'a pas crié à ce moment là... Il avait perdu conscience...

Et confiance aussi. Comment refaire confiance à une personne après ça ? C'est impossible. Ma vie est finie désormais. Je ne peux pas vivre avec ça.

- Vous avez donc pleinement participé au viol de Ruggero Pasquarelli ici présent.

- Oui, j'ai participé au viol de Ruggero Pasquarelli.

J'ai été con putain.

Ouais j'ai été con.

- Je n'ai rien à ajouter.

Mon avocat retourne à sa place, à côté de moi. Il me demande tout doucement si ça va mais j'ignore sa question. Est-ce que j'ai l'air d'aller ? Y a-t-il une seule raison pour que j'aille bien ? Non. Ça ne va pas et ça n'ira pas.
Valentina est alors appelée à la barre, et je devine que mon état sera de pire en pire. Si ça continue je vais dégueuler devant tout le monde..
Mon avocat prend à nouveau la parole.

- Mademoiselle Valentina Zenere, avouez-vous avoir violé Ruggero Pasquarelli?

- Non. Elle ment. Ça ne s'est pas passé comme ça.

- Expliquez-nous votre point de vue.

- Nous étions à une soirée et il a beaucoup bu. Je ne sais pas ce qu'elle a pu mettre dans son verre par contre. Ensuite ça a commencé à devenir chaud et on est allés dans une chambre. Emilia était d'accord étant donné qu'elle ne ressentait rien pour lui. On a donc fait notre affaire et elle a pris quelques photos. Ruggero et moi étions d'accord.

- Prenez pas de photos..

- J'ai besoin de souvenirs mon beau.

- Lâche-moi...

Ma respiration se coupe. Putain, je l'étais pas ! Je ferme les yeux et essaye de me calmer, mais rien n'y fait. J'ai envie d'hurler tout ce que je n'ai pas eu la force de hurler cette nuit là. Je veux qu'elle regrette, et pourtant elle est fière de son acte, je le sais.
Mon cœur me crie de tout lui sortir. Je meurs d'envie de voir sa petite gueule se décomposer.
Mes poings se serrent et mes ongles se plantent dans ma paume.

- Il avait envie de moi.

- Vous a-t-il dit clairement qu'il voulait coucher avec vous ?

- Non, mais il me l'a fait comprendre. En plus il bandit.

- Êtes-vous au courant qu'un homme peut avoir une érections dans forcément être excité ? Elle peut être due au stress par exemple. Le stress de se faire violer !

- Objection ! intervient l'avocat de Valentina. Il l'accuse sans preuve concrète !

- Accordée.

- Putain, juré-je entre mes dents.

- Je reprends. Savez-vous, mademoiselle Zenere, qu'un homme ayant une érections n'est pas forcément consentant à un rapport sexuel ?

- Oui, je le sais. Mais là il l'était.

- Pourtant il ne vous l'a pas dit clairement. Peut-être vous êtes-vous trompée. Vous avez mentionné le fait qu'il avait consommé pas mal d'alcool. Il n'était sûrement pas lui-même.

- Mais il a la majorité sexuelle. Il est en mesure de savoir s'il veut coucher avec moi ou non.

- Et voulait-il réellement coucher avec vous ?

NON !

Tous les regards se braquent sur moi. Est-ce que je viens réellement de penser à voix haute ? Est-ce que je viens réellement de craquer ? Oui. Bon eh bien autant finir ce que j'ai commencé.
Je me lève lentement, alors que tout le monde me scrute. Tous ces yeux posés sur moi et mon corps sont difficiles à supporter, mais je reste fort.

- Je ne voulais pas coucher avec toi. J'avais une copine que j'aimais, et même bourré je n'aurais pas pu la tromper. Tu joues du faut que je ne me souvienne pas de cette nuit, sauf que je m'en souviens désormais. Je t'ai répété plein de fois d'arrêter mais tu m'as dit qu'on allait prendre du plaisir. Tu m'as violé et après tu m'as harcelé avec tous les autres. T'es pas innocente Valentina. T'es celle qui a tout déclanché. Et même si tu n'avoues jamais m'avoir violé, j'ai assez de preuves contre toi pour que tu plonges pour au moins deux ans. Il est temps que tu prennes tes responsabilités maintenant, et que tu assumes tes actes.

***

- Madame Valentina Zenere écope de vingt années de prison ferme pour viol avec circonstance agravante, la victime étant sous l'emprise d'alcool et de drogue, harcèlement sexuel et cyber harcèlement. Madame Emilia Sánchez écope de sept ans de prison ferme et de soixante-quinze mille euros d'amende pour non assistance à personne en danger, usage de substances illicite sur une personne non consentante, divulgation de photos intimes à l'encontre de la victime et cyber harcèlement.

Est-ce qu'après ce procès je me sens mieux ? Non. Je me sens encore pire.

Je me suis fait violer putain.

Ce chapitre a vraiment été difficile à écrire, il représente un peu ce que Ruggero ressent envers ceux qui lui ont fait du mal et... Vous avez compris.

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