Episode III : Mission de sauvetage (P1)
Partie 1 : Vrai ou faux ?
Précédemment : Jayko et Zaélia étaient entre les mains du terrible Raïzeer, pris au piège, servant de cobayes pour de mauvaises expériences. Mais oublions l'Inspecteur Jayko quelque temps, il n'est guère utile désormais.
Changement de décor complet.
Découvrons désormais un autre endroit de l'Univers, un petit havre de paix et de sagesse, chéri et protégé par le Gouvernement Intergalactique. Voici une petite galaxie perdue dans l'Ouest de notre vaste Univers, protégé par trois trous noirs qui rendent son accès difficile et la téléportation dangereusement compliquée à réaliser.
Voici Aiglionia, la galaxie des Aiglions.
Nous sommes sur la septième planète du Rapastaurus, le système solaire particulier d'Aiglionia, Vaustor. Elle est respectivement séparée d'une moitié jaune et noire rejoignant sur les deux faces deux éclairs aux couleurs croisées. L'une des quatre plus imposantes planètes du système est reliée à deux plus petites planètes, Bloya, bleu marine et turquoise, et Roya, rouge et orange. Plus exactement, nous nous trouvons dans la plus grande métropole et capitale de celle-ci, Vostar.
Les bâtiments sont spéciaux, originaux, dont la particularité de ces derniers est d'être arrondi. Il y a des arcs de cercle, des loopings, des dômes, des cratères, longs et larges, sur l'ensemble de cette immense ville. Les couleurs majoritaires sont le gris bleuté, le bleu turquoise, et les couleurs pâles de manière générale. Tout brillait, tout resplendissait.
Une toile d'araignée de cristal violet se dessine dans la ville – et sur l'ensemble de la planète –, prenant son origine au centre de celle-ci ; c'étaient les lignes du Spiiiddryl, un transport en commun ultra-rapide au-dessus des rails à aimants en lévitation. (Un tramway futuriste qui vole au lieu de glisser, quoi !)
Tenez, écoutez les paroles robotisées d'un guide aiglion devant un groupe d'enfants d'origines hétéroclites venant des quatre coins de l'Univers lors d'une sortie scolaire sans doute, décrivant la galaxie, sur la place aux bâtiments stylisés et extravagants :
« Oh ! Voici Aiglionia, la Galaxie des Aiglions, les Homo Sapiens Sapiens évolués, composée de leur énorme et majestueux soleil bleu et de notre immense et resplendissant Rapastorus, comme nous l'appelons. Le Rapastorus est le système planétaire d'Aiglionia, toutes reliées entre elles par d'immenses tunnels d'argent, formant un ovale quelque peu difforme. C'est-à-dire huit merveilleuses planètes, qui ont alors toutes un sens de rotation similaire, ou presque. Les planètes des quatre points cardinaux, les plus imposantes, sont elles-mêmes reliées à la plate-forme au centre de la galaxie, sous notre soleil bleu, par de grand escalier d'or. Cette terre pure, protectrice, où se trouve l'Autel sacré et le Temple des Anciens où se déroulent le Conseil de ces derniers... Les Anciens, ces Aiglions qui respectent loyalement et sincèrement les traditions ancestrales et maintiennent l'ordre et la paix d'une main de fer en partageant nos valeurs fondamentales : Pacifisme, Altruisme, Patriotisme. »
De la fumée blanche s'échappait d'un des tubes, montant jusqu'aux grandes habitations civiles, une fenêtre était ouverte. C'était la seule. Un tout jeune majeur vivait ici, entendant ces paroles descriptives d'Aiglionia à longueur de journée, dans ce modeste et simple appartement aux alentours du Musée d'Astronomie Officiel du Rapastorus (MAOR).
Le jeune homme sirotait paisiblement un doux cocktail bleuté à la paille, tout en feuilletant le journal holographique de la région, confortablement allongé dans un moelleux canapé rouge style bonbon. Il y eut un bruit d'onde étrange, créant une rupture dans cet ambiance musicale métallique. Puis un second.
Il sortit un appareil en forme de triangle de sa poche, une surprise totale se visualisa distinctement sur son visage face à ce qu'il y lit. Le jeune homme sauta du canapé, se dirigea vers la source d'eau, se lava le visage, et se coiffa en deux secondes chrono.
En quelques secondes, il arrangea ses courts cheveux rouges en arrière, frotta ses yeux jaunes et violets, dont le blanc virait quelque peu au rouge. Il s'appliqua un produit pour masquer ses cernes sur son teint bronzé qui traduisait ses folles soirées et donc ses courtes nuits ainsi que ses imperfections ; effleurant ainsi son nez non rectiligne avec une narine disproportionnée par rapport à l'autre et recouvrit ses fines lèvres gercées de stick à lèvres.
Il poursuivit sa lancée précipitée en plongeant dans sa garde-robe, cet immense dressing du futur, et ressortit avec un costume bleu marine basique non repassé et enfilé à l'arrache. Il était visiblement pressé.
Il y eut un troisième bip étrange, s'ensuivit par une série de bruitages bizarres. La lumière de l'appareil en dessous de l'immense écran plat de télévision transparent s'alluma. Un géant calamar bleu turquoise tachetée de jaune fluo avec de grosses pinces de crabes, habillé en noir, apparut - enfin en hologramme.
Le jeune homme, précédemment calme, détendu, et joueur, était désormais sérieux, anxieux, et se tenait droit comme un I, les mains croisées, limite avec une goutte de sueur sur la tempe.
L'être humano-céphalopode prit enfin la parole, prenant une voix claire et audible. Le traducteur automatique se chargeait de la compréhension des deux interlocuteurs.
— Phylastère Jayko, salutation. Ici, l'Eclaireur Fiyalen, l'un des trois Associés d'Oswald de la OSC.
— Juste Phylas'..., répliqua-t-il en maugréant tout bas, presque honteusement, avant de réaffirmer avec un peu plus d'assurance. Bonjour Monsieur Fiyalen, dites-moi, ça faisait longtemps... comment allez-vous ?
Le calamar balaya la question d'un geste désinvolte de la pince, son sourire diplomate ne quittant aucunement son faciès.
— Monsieur Jayko, il est temps pour vous de reprendre du service. L'OSC a besoin de vous, c'est le Directeur qui me charge de vous confier cette tâche des plus délicates.
— Oh, que se passe-t-il, chef ? questionna le petit Aiglion dont on pouvait percevoir clairement la crainte dans la voix.
Phylas le savait, si Fiyalen avait besoin de lui en urgence... c'était que quelque chose ne tournait pas rond. Quelque chose de grave. Sinon, pourquoi aurait-on besoin de lui...?
— L'heure est grave !! Nous avons reçu un appel de détresse de votre grand frère, l'Inspecteur Jayko, sur Veernatuss, provenant d'un lieu inconnu de l'OSC. Il s'est passé quelque chose, et Oswald craint énormément que l'on s'en prenne à ses agents, surtout ses plus prodigieux.
Le visage de l'Aiglion se décomposa quelque instant, laissant paraître son choc, avant de reprendre son sérieux professionnel. Il devait se montrer fort ; il devait se montrer prêt à réaliser les missions que l'on lui confiait et sauver son frère !
Il devait être digne de lui et de sa notoriété.
— Bien, chef. Dès que possible, je décolle, je vais retrouver mon frère. Je vous le promets, déclara le jeune homme aux cheveux rouges, se voulant sûr de lui, ses yeux pétillant de détermination. Je suis prêt à reprendre du service...
— Je suis heureux de l'entendre, faites vite M. Jayko Junior, retrouvez nos espions et ils vous guideront vers votre vaisseau.
Phylas hocha la tête en guise de compréhension. Fiyalen le salua :
— Phylastère Jayko, le temps vous est compté, l'OSC est derrière vous, vous avez tout mon courage.
Ensuite, sur ces mots, l'écran redevint noir et la télécommunication toucha à sa fin.
*
Un sentiment bizarre l'anima soudainement lorsqu'il se préparait. Cela lui était étrange de remettre son plastron de protection fin et moulant sous sa tenue civile, de ranger ses outils dans sa tenue spéciale, de recouvrer de la totalité des fonctionnalités de sa Super Orange Aïgo... Parallèlement, il en ressortait un certain mal-être : sera-t-il à la hauteur des espérances ? Pourra-t-il retrouver son grand frère ?
Pour autant, il ressentait également une profonde fierté. Il se sentait puissant, il se prenait pour un héros : il avait le devoir de retrouver son grand frère, une légende quasiment mythique, sain et sauf.
L'Univers comptait sur lui. Phylas fera tout pour y arriver !
Le jeune Aiglion ne mit pas longtemps à trouver le vaisseau que l'OSC lui avait préparé : Un imposant vaisseau rouge dernier cri. Il sauta dans le cockpit, entra les coordonnées de déplacement, et hop, direction l'hyper-espace !!
Retournons à Veernatuss, et plus exactement à l'Éternel Impossible Parc !!
La vitesse de la lumière était hyper pratique, elle permettait de parcourir des centaines de millions de kilomètres dans tout l'Univers en quelques jours. C'était d'un gain de temps énorme. En outre, au sein de l'hyper-espace, tout était plus sûr, risque carrément moindre d'être attaqué par des pirates.
En moins d'une semaine jour pour jour, Phylas avait mis pied à terre à l'Impossible Parc.
Il avait bondi d'Halosfert en Halosfert – contraction rapide de Halo de Transfert –, en suivant un itinéraire précis, ce qui lui avait permis d'arriver en si peu de temps. Les Halosfert sont d'immenses cadres métalliques disposant d'un réceptacle de lumière qui sont reliés les uns aux autres, dispatchés dans les Galaxies pour faciliter les voyages, loin des planètes pour encaisser chaque taille de vaisseau , nettement plus rapides que l'hyper-espace, permettant de gagner du temps pour voyager aux autres quatre coins de l'Univers. Toutefois, les Halosferts étaient placés dans des grands axes généraux, ce qui forçait généralement, tout de même, à faire un peu de route au sein de son vaisseau.
Voilà, il avait choisi le meilleur chemin pour arriver à la planète orange en le maximum de temps. Son enquête allait pouvoir commencer, pour le meilleur mais surtout pour le pire.
L'imposant vaisseau rouge se posa sur le gigantesque parking de l'élogieux et somptueux lieu méconnu des services secrets. Phylas s'expédia hors du cockpit en exécutant un salto avant, atterrit droit comme un i, et se dirigea vers l'entrée du parc.
Une queue à perte de vue, ce parc était décidément si prisé. Fort heureusement, Phylas avait prévu, il avait déjà pris son ticket d'entrée premium, lui évitant ainsi d'attendre et gagner un temps précieux. À l'inverse de son frère, Phylas était beaucoup plus loyal et terre à terre, il n'allait pas essayer de berner les portiques d'entrée avec un tournevis sonique pour passer gratuitement... Nan, il préférait payer une place et réaliser sa mission, ce qui comprenait de ne pas utiliser ses gadgets !
Il effectua quelques réglages sur sa Aïgo, sortit d'une des poches intérieures de sa veste brune son appareil triangulaire et débuta ses recherches. Le jeune Aiglion déambulait dans les rues du parc, l'air rêveur : son environnement le déconcentrait, il était tenté par toutes les douces petites choses qui défilaient sous ses yeux.
De ce fait, Phylas s'était retrouvé en haut d'une montagne russe étrange, portant diverses friandises imposantes dans ses mains à ne plus savoir quoi en faire, quelques minutes après ! Phylas, ce petit enfant dans ce corps de jeune adulte, avait craqué, et ce ne fut pas la seule attraction qu'il se permit de faire. Haha, mais qu'est-ce que le jeune homme hurlait d'excitation dans ces manèges à sensation forte !
Il s'enfonça si profondément dans le parc qu'il finit par s'y perdre. Comme on dit, c'est en arrêtant de chercher que nous trouvons ce que nous désirons, non ? Phylas entra dans une maison hantée dans le Nord du parc, un endroit qui l'avait intrigué. Enfin, son appareil triangulaire avait bipé à maintes reprises en s'approchant de l'endroit. Le cadet Jayko avait enfin réussi à retrouver la trace de son grand frère...
Il dénicha des souterrains mystérieux, très légèrement éclairés. Phylas s'équipa alors d'une lampe torche et s'engouffra à l'intérieur, sombrant dans les profondeurs de la planète.
Ensuite, il arriva dans une salle entièrement plongée dans l'obscurité. Sa lampe torche vacillait, perdant anormalement de l'énergie. L'angoisse le saisit soudainement, Phylas n'était pas des plus confiants dans le noir complet. Il entendit des pas, puis un grattement persistant sur les murs, si bien qu'il en sursauta quelques fois. Phylas crut bien que quelque chose venait de le frôler.
L'instant suivant, la lumière apparut dans la pièce. Une longue pièce vide de souterrain, trois immenses piliers soutenaient la voûte.
Mais surtout... Un homme se tenait à son opposé, la main sur la poignée qui servait d'interrupteur. Un homme habillé d'une longue veste grise, portant un chapeau gris, ainsi que des gants noirs.
— Al...? commença Phylas, perdant les mots.
Le mystérieux homme se tourna vers lui, et se rapprocha sereinement. Quoi que, il notait tout de même une démarche un peu bizarre.
— Oui, Phylas, c'est moi, l'Inspecteur Jayko, confirma-t-il en souriant, tapotant l'épaule de son petit frère pour le mettre confiance.
— Mais... Mais... Oswald m'a chargé de te retrouver, tu as envoyé un appel de détresse, où étais-tu ? Et que se passe-t-il ici ? Euuuuh... questionna Phylas, encore perplexe, ne s'attendant pas à retrouver son grand frère de sitôt, surtout dans de telles circonstances.
— Oh, ça alors...! Ben j'ai retrouvé Raïzeer avec la coéquipière de l'agent secret disparu, Zaélia Rasslior. Il nous est tombé dessus et nous a kidnappé. Avec mon immense fourberie, j'ai réussi à m'évader ! Ils sont à ma recherche, je dois retrouver Zaélia avant qu'il ne soit trop tard et arrêter Raïzeer la Terreur ! expliqua Jayko, très expressif, presque vantard, accompagné de grands gestes théâtraux.
Mais où était passée la modestie légendaire, longtemps dite forcée, de la part de notre Inspecteur d'exception qui « n'effectue que son travail » ?
— Waouuuh ! T'es vraiment un génie, mon frère ! s'exclama le jeune Aiglion aux cheveux rouges, d'une admiration presque surjouée, et reprit d'une voix curieuse. Tu penses savoir où ils la retiennent prisonnière ?
— Oui, j'ai eu le temps de bien explorer les souterrains, j'ai repéré quelques pièces. Allons-y, je te guide, lança Jayko, de sa voix courageuse et sereine.
— Bien, je te suis, répondit-il simplement.
Phylas suivait docilement Jayko qui le guidait dans de nombreux tunnels, découvrant des pièces mystérieuses qui devaient contenir d'importants secrets mais aucune trace d'organisme vivant, et encore moins de... Zaélia Rasslior... avait-il dit, c'était ça, son nom ?
Toutefois, dans la pénombre, ils perçurent un mouvement vif et discret. Jayko sortit sa lame et l'enfila dans l'endroit sensible du petit être mi humain mi requin, rapide et efficace.
Ils continuèrent à explorer les souterrains, et deux sbires leur tombèrent dessus, furieux. Ils dégainèrent leur lame et leur pistolet. Ils ne firent qu'une bouchée de leurs ennemis. Les suivants subirent le même sort. Voir pire, tellement pire.
Le jeune agent renouvellement appelé détectait une fatigue anormale provenant de son grand frère qui se tenait le dos, mais il n'en tint pas vigueur, si heureux de le retrouver, comme au bon vieux temps.
— Phylas, plus nous avançons, plus nous rencontrons d'ennemis, tu sais ce que cela signifie ? évalua l'Inspecteur Jayko, effectuant le rôle de l'initiateur.
Il tourna la tête des deux côtés, l'air quelque peu hagard, avant de formuler sa réponse.
— Comme dans les jeux vidéo, c'est que nous nous rapprochons du boss, et donc de notre but !! s'exclama-t-il, avec une exaltation plus ou moins mesurée.
— Exactement, tu as bien appris. Zaélia Rasslior doit être proche, confirma l'homme d'une grande vertu, son propos étant accompagné de certains bruitages bizarres.
Les deux frères Jayko arrivèrent devant une grande porte blindée, bleue et blanche, plongée dans la pénombre, éclairée par des tubes de lumière verte bioluminescente. Jayko se positionna devant l'écran et se mit à tapoter ses doigts sur le clavier holographique orangée qui venait d'apparaître.
En un temps qui parut extrêmement court à Phylas, l'Inspecteur ingénieux réussit à hacker le service et ouvrir la porte. Elle s'ouvrit en un coulissement vif et franc, dévoilant une pièce à la lumière blanche éclatante. Il y avait des blocs blancs, des grandes machines, qui devaient contenir un grand nombre d'informations et de fichiers informatiques... Mais ce qui retient le plus l'attention de nos deux protagonistes fut l'immense sphère orangée positionnée dans ce socle bleu et reliée par de gros câbles vers le plafond... où était retenue la fameuse Zaélia Rasslior, la coéquipière de l'agent disparu !
Cette femme brune, enchaînée, au visage creusée, allongée maladroitement sur le sol, paraissait sacrément faible et mal en point. Son visage exprimait une fatigue et une douleur particulièrement intense. Récente.
— Elle est là ! s'exclama l'Inspecteur Jayko d'une voix cristalline, sincèrement déterminé à la sortir de là.
— Oui, libérons-là ! confirma Phylas, essayant de partager la même détermination que son aîné, plus sur la réserve.
Jayko bidouilla les systèmes, vérifiant qu'il n'y avait pas d'alarme ou de quelconque piège.
— Sors ton pistolet laser, on fait tout péter ! lança Jayko, fou allié.
Phylas eut un instant de réflexion qui le laissa perplexe.
— Mais, grand frère, c'est pas très discret... ça va nous attirer des ennuis, tu ne trouves pas ?
— Maiiiis non, enfin ! La pièce est insonorisée, et puis après on s'en va, répliqua Jayko d'un ton apaisant, usant de cette assurance qui ne le quittait jamais.
Mais c'est totalement inconscient !! s'écria le jeune cadet, bouche bée.
Les mots ne restaient que sous forme de pensée, incapables d'arriver jusqu'à ses lèvres.
Suivant son grand frère auquel il vouait une confiance aveugle, les deux membres de l'OSC dégainèrent leur pistolet laser, dont la couleur était spécifique à leur Aïgo, et tirèrent sur le haut de la sphère qui vola en éclat.
Plusieurs explosions, déclenchant des bruits stridents, se firent retentir, aveuglantes. Une importante fumée foncée se propagea dans la pièce lumineuse, les Aiglions voyaient mieux que les humains, mais cela ne les empêchait pas de tousser grandement.
L'Inspecteur Jayko et Phylas retrouvèrent Zaélia Rasslior, et ils la soutenaient par les épaules. Elle toussait et grimaçait atrocement.
Phylas effectua les premiers soins sur l'inconnue brune, ce qui sembla quelque peu l'apaiser. Ils se reposèrent dans un petit coin plus ou moins caché des regards, même s'ils savaient que le danger courait toujours.
— C'est mieux que rien... murmura Phylas, peu sûr de lui.
— C'est très bien, répondit Zaélia, sèchement. Je ne vais pas mourir !
— Elle va mieux, tu as bien fait Phylas, intervint l'inspecteur Jayko, affectueux et protecteur.
Phylas se sentit rassuré, avec le sentiment d'avoir retrouvé son grand frère...
Désormais trois, ils continuèrent leur périple dans les souterrains mystérieux de l'Impossible Parc.
Oui, ils étaient perdus.
Oui, Jayko voulait éliminer Raïzeer et reprendre sa revanche et cela lui donnait une raison supplémentaire de rester, enfin c'était ce qu'il disait à Phylas et Zaélia.
Les deux personnes que Phylas devait secourir racontaient leur périple, leur rencontre, les informations qu'elles avaient apprises, tout paraissait vraisemblable et cohérent.
Plus les pièces défilaient, plus Phylas avait l'impression de s'éloigner de la surface, et étrangement, plus ils rencontraient d'ennemis à tête de requin...
Sortant d'un n-ième combat infernale et éprouvant, l'Inspecteur Jayko dirigea la troupe avec quelques mètres d'avance, agissant de manière de plus en plus décalée de la version qu'il connaissait de lui. Avait-il changé tant que cela depuis ces longs mois d'absence ? Qu'avait loupé Phylastère ? Ou était-ce un personnage pour sa mission ?
Alors, torturé, Phylas en profita pour partager ses doutes avec Zaélia Rasslior, une inconnue qui lui paraissait beaucoup plus digne de confiance que son grand frère qu'il connaissait par cœur.
— Za... Zaélia Rasslior c'est ça ? commença Phylas, maladroitement, un sourire penaud sur le visage.
— Oui, c'est ça, mais appelle moi juste Zaélia, je ne suis pas une dame encore ! Je dois avoir le même âge que toi ! lança la jeune brune, complice, un sourire malicieux sur les lèvres.
— Tu connais bien l'Inspecteur Jayko ? Pour dire vrai, je le trouve assez étrange... Depuis que je suis ici je suis mal à l'aise, j'ai l'impression que quelque chose ne tourne pas rond... se confia-t-il, sans détour.
— Et bien, j'attendais que tu m'en parle, Jayko est un chic type dont j'ai vite analysé le comportement... Et du peu que je le connaisse, que ce soit perso ou sa réputation qui le précède, il n'est plus comme avant, expliqua Zaélia, prenant conscience du terrain dangereux dans lequel ils étaient.
— Il refuse que je le touche, qu'on se chamaille, et ses réactions ne lui ressemblent pas. Je le crains que ce ne soit pas lui, et qui que ce soit cette créature, elle nous emmène vers un piège...
— Nous devons l'arrêter avant qu'il soit trop tard ! Avant qu'il se doute que nous savons !
En même temps, un grand bruit retentit non loin d'eux. Bouuuuuum !!! Trois hommes-requins bleu et gris, de la même taille qu'eux, débarquèrent et les attaquèrent. Nos héros furent pris de cours, déstabilisés par la vivacité et l'effet de surprise de leurs assaillants.
Jayko fut éjecté contre un mur, gisant au sol pour le combat. Zaélia fut entraînée dans un combat en un contre un, lui donnant du fil à retordre, ne s'étant toujours pas correctement remis des traitements infligés par Raïzeer ; mais fort heureusement, elle triompha.
Vous l'aurez compris, les deux autres sbires, les plus agressifs et furieux, accablaient Phylas qui peinait alors dangereusement. Il crut bien finir sur le carreau, car le jeune Aiglion avait beau être fort, ses ennemis l'étaient tout autant. Cependant, le jeune cadet était malhabile et désorganisé, ayant la nécessité de retrouver ses réflexes perdus depuis de longs mois. Ces défauts purent lui être fatale. Manquant de chance, leurs lames l'effleurèrent à plusieurs reprises, et en outre, il se prenait des coups par manque de concentration qui le déstabilisait considérablement.
Au fil des moments de luttes coriaces, Phylas termina au sol, les deux sbires sur lui, faisant tout son possible pour les repousser avec ses pieds et ses bras. Il réussit à repousser le second avec ses jambes, et à écorcher le premier qui cherchait à l'étrangler.
Zaélia lui porta secours, courant jusqu'à lui, sans peur, et ôta la vie du premier en lui brisant la colonne vertébrale en un mouvement vif et franc. Radical. Ce fut, accompagné par ce geste héroïque exceptionnel que Phylas se releva pour achever le second avec son épée laser retrouvée.
Ils se rapprochèrent de l'Inspecteur Jayko, commençant à reprend conscience, et se laissaient choir contre le mur, épuisés mais soulagés.
Zaélia paraissait énervée, mais Phylas ne savait pas pourquoi elle semblait si irritable et mal à l'aise, observant tout autour d'elle, peu sereine. Il aurait aimé savoir ce qui la travaillait, mais Jayko se leva d'un bond et l'invita à rejoindre la petite salle d'à côté, ce petit placard de vieux livres insignifiants.
— Phylas, je peux te parler seul-à-seul s'il-te-plaît ? demanda-t-il, poliment de sa voix sage et posée habituelle.
— Bien sûr ! répondit le petit frère, du tac-au-tac, avec sa voix enjouée tout autant habituelle.
Le jeune Aiglion aux cheveux flamboyants lança un dernier regard à la singulière brune et rejoignit son grand frère qui ferma la porte pour un entretien privé.
En marchant, Jayko entourait l'épaule de son petit frère, mais il n'y ressentait aucun sentiment de protecteur ou d'affection. C'était particulier.
Ils se dirigèrent au fond du petit placard et Jayko posa son postérieur sur la table, débitant avec sa gestuel habituelle, Phylas se mit en face, se reposant sur une étagère pleine à craquer de documents.
— Phylas, tu ne trouves pas que Zaélia est étrange ? demanda-t-il, alors d'une voix tout à fait sérieuse.
— Euh... Je sais pas, je la connais pas ! répliqua l'Aiglion aux cheveux flamboyants, perplexe.
— Je pense que c'est elle, la taupe, continua l'Inspecteur sur la même lancée.
— Ah bon ? T'es sûr ? questionna le cadet Jayko, qui commençait à douter. Je la connais pas, mais toi tu la connais un peu mieux que moi, après tout...
Jayko lui mettait le doute, mais Phylas ne devait pas se laisser avoir, il devait garder son sang-froid et jouer le jeu. C'était vrai, son grand frère lui paraissait étrange, mais il ne pouvait pas non plus faire confiance à cent pour cent à une inconnue qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Il devait être sûr de son choix, pour ne pas faire une terrible erreur qu'il regrettera alors toute sa vie.
Il appuya sur sa Aïgo à l'aveuglette, choisi certains modes, et activa un analyseur. Il devait confirmer la nature de l'Inspecteur renommé. Phylas s'approcha de lui, et réussit, au fil de la discussion, à toucher son grand frère.
Oui, il paraissait beaucoup plus faible et moins musclé.
Oui, sa peau réagissait positivement à l'analyseur, mauvais signe.
Phylas, grâce à ses observations, savait qu'il n'avait affaire qu'à un usurpateur.
Dans un geste vif qui surpris le clone, Phylas dégaina un poignard et le fit coulisser dans sa poitrine.
— T'es pas mon frère, imposteur... susurra Phylas, d'un air menaçant, démontrant sa colère d'avoir été berné.
Un sang jaune-vert visqueux et abject, tel des détritus, coulait abondamment du corps de l'homme à l'effigie de l'Inspecteur Jayko. La vérité était confirmée à Phylas, puisque le sang des Aiglions est rouge pigmenté d'un bleu brillant, spécifique à leur espèce. Et elle seule.
Le clone hurla de douleur, n'effectuant aucun acte de résistance tellement il était surpris et faible. Néanmoins, pour ses derniers souffles, un air malicieux et mauvais se dessina sur son visage et se poursuivit dans son ultime parole :
— Phylastère Jayko, j'aurais pensé que tu m'aurais dénoncé bien plus rapidement que cela... L'OSC a bien fait de t'écarter de leurs projets ambitieux...
Sur ses mots, Phylas se retira du sosie, et le vit tomber au sol. Raide mort. Il resta dubitatif face à ce qu'il venait d'accomplir, sombrant dans un silence durant quelques minutes pour diriger ces dernières informations ou le couteau que l'on remuait encore dans sa plaie...
Le jeune Aiglion détacha la Red Aïgo du bras droit de l'imposteur, qui elle, était la véritable – vu que l'organisme qui la tenait n'était plus vivant, elle se détacha sans peine. Les fonctionnalités précédemment bloquées l'étaient toujours.
Ensuite, une fois remis de ses émotions, les yeux encore brillants, le petit frère Jayko sortit du placard et retrouva Zaélia Rasslior.
Dès qu'elle l'aperçut, la jeune brune sortit de sa phase étrange et le rejoignit en un bond, un sourire affectueux sur les lèvres, des yeux exprimant tout de même une certaine crainte.
— Alors, Phylas, qu'est-ce qui s'est passé ? Oh, mais ce sang sur ton uniforme ! Tes yeux, tu as pleuré ?!
— J'ai tué l'imposteur...! Mais c'était mon frère...! Enfin en apparence...
Phylas était encore sur le choc de ce qu'il venait de faire. Zaélia, sous ses airs de durs, fut tout de même touchée par le jeune Aiglion du même âge qu'elle. Elle le prit dans ses bras et le consola, compréhensive.
— Ne te prends pas la tête pour ça, tu as fait ton devoir, mon ami. Et puis, ce n'est pas ton frère que tu as tué, mais un imposteur qui se faisait passer pour lui !! le rassura-t-elle, avec une voix d'une douceur infinie.
Une fois calmé, Zaélia lui annonça, fièrement :
— Bon, Phylas, ne fais pas l'enfant, relève-toi. Tu as une mission à accomplir ! Retrouvons l'Inspecteur Jayko, toujours aux mains du plus terrible criminel de l'Univers !
Il acquiesça, souriant inconsciemment car elle avait raison. Ses paroles le remotivèrent.
Allez, c'était reparti pour un tour !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top