𝟑𝟑 : No Air

Troisième personne
Sans que Jisung ne s'en rende compte, ses pas le menèrent au lycée.

Il s'assit sur le muret de pierre et remonta ses jambes contre lui. Il s'interdit de laisser libre cours à sa tristesse, car après tout, c'était de sa faute. Il était un monstre.

Il ne sut pas combien de temps il était resté ainsi, à ressasser sa vie, et il s'en fichait. Mais soudain, il entendit vaguement des pas qui s'approchaient de lui, et n'y prêta aucune attention.

Lorsqu'une main se posa soudainement sur son épaule, il tressaillit violemment, et releva la tête.

Jisung croisa un regard sombre où ne se reflétait pas la moindre once de peur. C'était Minho, qui lui souriait de toutes ses dents. Sa mâchoire était légèrement de travers et son nez saignait, mais les commissures de sa bouche s'étiraient en un sourire radieux.

— Ça ne te dérange pas si je m'assieds ? demanda-t-il. J'ai hyper mal au dos.

Incapable d'émettre un seul son, le cadet opina du chef, et le noiraud prit place à ses côtés en lâchant un soupir de soulagement. Le plus jeune fixait son ami avec ébahissement, se demandant ce qui lui prenait.

Il venait pourtant de l'effrayer à mort et de lui montrer sa nature sauvage, alors... comment cela se faisait-il qu'il ose l'approcher ?

— Pourquoi t'as pas ton bob ? s'enquit soudainement Minho.

— J-Je l'ai oublié à l'orphelinat, répondit Jisung d'une voix chevrotante.

Le plus âgé était soulagé de constater que son ami avait repris son apparence normale. Il le préférait largement ainsi.

Un silence gênant prit place entre eux. L'un ne savait pas comment aborder le sujet qui le tracassait, et l'autre cherchait désespérément ses mots.

— Pourquoi t'es là ? demanda finalement le plus jeune.

— Bah pour te voir !

— Non, je veux dire... tu ne me détestes pas ?

— Non, Sungie.

— Pourquoi ?

La voix du plus jeune trémulait.

— Je n'en ai aucune raison.

— Si, rétorqua Jisung. Au contraire, tu devrais me haïr, être horrifié par moi.

— Non.

— Alors au moins, tu devrais me craindre.

— Je n'ai pas peur de toi, Sungie.

Jisung secoua la tête avec incrédulité. Ses prunelles étaient d'une teinte bleu nuit tirant sur le orange.

— Toi par contre, reprit Minho, tu as peur, n'est-ce pas ?

Il ne reçut aucune réponse, ce qu'il prit pour une affirmation.

— Pourquoi tu as peur ?

— J-Je... J'ai... Tu... J-J'ai peur que tu...

— Que je...? l'encouragea le plus vieux.

— Q-Que tu... Que... J-Je...

Jisung inspira profondément avant de tout lâcher.

— J'ai peur que tu ne veuilles plus de moi.

Son vis-à-vis s'esclaffa d'un léger rire.

— T'es trop mignon ! Pourquoi je ne voudrais plus de toi ?

— Bah p-parce que je suis...

— Sungie, t'es vraiment adorable, mais si tu ne finis jamais tes phrases, ça va être compliqué de te comprendre.

— J'ai peur que tu ne veuilles plus rester avec moi parce que je suis un monstre, Minho.

Le plus âgé ne dit plus rien. Il posa doucement une de ses mains sur celle de Jisung.

— C'est pas vrai, le réfuta-t-il. Tu n'es pas un monstre.

— Alors comment t'expliques ce que tu as vu ?

— Tu es... unique. Et un peu flippant, j'avoue. Mais tu restes le Sungie que je connais, celui qui est beau, mignon, adorable et gentil, celui dont je suis tombé éperdument amoureux.

Jisung fut touché par le discours de son ami. Il pouvait bien voir que l'amour que lui portait Minho était réel, mais surtout immensément sincère.

Il savait qu'il lui devait des éclaircissements.

— Ma mère est issue d'une lignée ayant le don de métamorphose, qui se transmet de filles aînées en filles aînées.

— T'es pas censé être un gars ?

— T'es pas marrant, souffla le plus jeune avec découragement. Je l'ai quand même hérité, et il s'est altéré. Moi, ça va encore, j'arrive à le contrôler.

— J'ai vu ça, se moqua gentiment Minho.

— C'était un accident ! Mais je n'ai pas souvent perdu la maîtrise, contrairement à mon cousin. Lorsque ma grand-mère l'a découvert, elle nous a séparés, et m'a forcé de prendre le nom de famille de mon père à la place de celui de ma mère.

— C'est qui ton cousin ?

— Hwang Hyunjin.

— Quoi ?! Hyunjin est ton cousin ?!

— Tu le connais ? demanda Jisung.

— Évidemment, c'est mon pote. Mais attends, ça veut dire qu'il est métamorphe aussi ? Ah mais... ça explique beaucoup de choses...

Le silence les enroba à nouveau. Minho avait entrelacé leurs doigts et posé sa tête sur l'épaule du plus jeune, le faisant frémir.

— Tu en es vraiment sûr...? murmura Jisung.

— De quoi ?

— Tu es sûr que tu ne me détestes pas ? Parce que... tu avais l'air tellement horrifié par moi...

Minho ne répondit pas, inquiétant son interlocuteur. Puis, il se releva, et déposa un doux baiser sur les lèvres de son amant.

— Tu m'as fait peur Sungie, normal que j'aie réagi comme ça. Tu crois que je m'y attendais, que mon amoureux se transforme en... je sais pas trop quoi ?

— Tu veux dire, en monstre ?

L'aîné tiqua.

— Arrête voir avec ton monstre là !

— Mais c'est ce que je su...

Jisung n'eut pas le loisir de terminer sa phrase, car son interlocuteur s'était installé à califourchon sur ses cuisses et avait plaqué sa bouche contre la sienne.

Il se mit à mouvoir ses lèvres beaucoup plus sensuellement que la dernière fois, et le plus jeune se retrouva à devoir se retenir au t-shirt de son vis-à-vis. Son autre main s'agrippa à sa chevelure d'ébène, tandis que Minho déposa les siennes de part et d'autre du visage de Jisung.

Leurs corps se rapprochèrent instinctivement, leurs torses se collèrent, et le plus âgé intensifia le baiser. Dans leur échange torride, le cadet ne parvenait plus à réfléchir, surtout que ce contact avec son ami lui provoquait des milliers de frissons. Son cœur battait extrêmement vite, c'était immensément jouissif.

Le plus grand se mit à lécher l'espace entre les lèvres de Jisung, et ce dernier entrouvrit la bouche pour le laisser y introduire sa langue. Elle toucha la sienne dans un contact électrisant, s'enroulant ensemble, et les deux adolescents laissèrent échapper des gémissements étouffés.

Manquant d'air, ils durent finalement se détacher l'un de l'autre.

La respiration saccadée, les deux amants se dévisagèrent en silence. Minho s'approcha et chuchota à l'oreille de son vis-à-vis :

— Tes yeux sont violets Sungie. Je crois que je sais ce que cela signifie...

Les joues de Jisung s'empourprèrent violemment, faisant rire l'autre.

— Tu comprends maintenant ? s'enquit l'aîné. Tu n'es pas un monstre, et je t'aime comme tu es. Et toi Sungie, qu'est-ce que tu ressens pour moi ?

Le plus jeune s'en retrouva en proie à une stupeur mêlée d'hésitation. Il avait peur, peur que Minho le rejette, mais celui-ci le dévisageait comme s'il était le trésor le plus précieux de l'univers. En outre, cette délicieuse sensation qui le parcourait lorsqu'il croisait les prunelles éclatantes de luxure de son Hyung lui faisait comprendre.

Il comprenait enfin qu'il avait des sentiments sincères pour lui.

— Je crois... Je crois que je t'aime aussi.

— Alors, est-ce que tu veux sortir avec moi ?

— I-Il ne vaut mieux pas, tu sais... je pourrais te faire du mal...

— Tu ne me feras jamais le moindre mal, je le sais. J'ai confiance en toi, Sungie.

— Mais pas moi.

— Mais tu as confiance en moi, n'est-ce pas ?

— Oui.

— Alors, réponds à ma question.

Jisung hésitait. Il aimait son ami, ça il en était certain, mais il craignait de lui faire du mal. Il ne s'en remettrait jamais si cela devait se produire. Mais... ne valait-il pas mieux de prendre ce risque ?

— Oui, murmura-t-il finalement.

Un sourire espiègle  éclata sur les lèvres rougies de Minho, et il s'approcha de son vis-à-vis.

— Dis-le plus fort.

— T'es chiant.

— Je sais.

— J'accepte de sortir avec toi.

Leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau, scellant leur union.

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