𝟐𝟗 : Spark
Jisung
— Non.
— Allez !
— Non !
— S'il te plaît !
— Pas la peine de faire cette tête de chien battu, c'est non !
— Allez viens, pour moi !
— Nan mais tu crois vraiment que je vais faire un effort pour toi ?!
Minho perdit son beau sourire.
— Ouais, c'est vrai que tu ne me considères pas comme ton ami, alors de là aller chez moi... laisse tomber.
Aussitôt, je sentis la culpabilité me submerger. Ravalant mon amour-propre, je saisis ses mains entre les miennes.
— Écoute, je suis désolé... s'il te plaît, ne sois pas fâché, je ne le pensais pas vraiment...
Mon vis-à-vis poussa un soupir, mais ne put réprimer un sourire.
— Ça veut dire que tu veux bien y aller ?
— Hmm.
Qu'est-ce que je ne ferais pas pour faire plaisir à ce gamin. Cela m'exaspérait de voir qu'il avait autant d'emprise sur ma personne, mais en même temps, j'aimais vraiment le voir heureux. Il était beaucoup trop adorable. Insupportable, forcené, mais adorable.
Je savais pertinemment que c'était une très mauvaise idée de continuer de traîner avec lui, mais c'était plus fort que moi.
Je détachai mes mains des siennes, mais il en emprisonna une à nouveau, et me tira à sa suite. Il entremêla ses doigts avec les miens.
Le pire, c'était sans doute que j'aimais le contact de sa peau avec la mienne. Je le laissai faire, malgré les regards que nous attirions, malgré les gens qui se méprenaient sur notre relation. Mais de toute façon, qu'est-ce que ça pouvait bien leur faire ?
Cela ne me dérangeait pas tant que ça de me rendre chez Minho, même, ça me convenait. Ne pas devoir aller à l'orphelinat était une véritable bénédiction. La seule raison qui m'avait poussé de refuser, c'était justement pour ne pas devoir rester avec lui. C'était uniquement pour son bien. Pour l'instant, j'étais parvenu à me contrôler, mais je craignais que cela ne dure pas.
Je devais bien l'admettre, j'aimais la compagnie envahissante et intrusive du noiraud, même s'il l'était un peu trop à mon goût.
Mais finalement, cela ne me dérangeait pas autant que cela, il me suffisait simplement d'ignorer ses questions. Il allait sûrement insister, mais finirait par abandonner.
Et puis de toute manière, je savais qu'il n'était pas prêt de renoncer.
D'ailleurs, pourquoi voulait-il que je vienne chez lui, au juste ? Sûr et certain, il avait encore une idée derrière la tête.
Pourquoi avait-il fallu que je me rende compte de ça au moment où nous pénétrions dans sa maison ?
— Maman, je suis rentré ! s'écria Minho.
Il était trop tard pour reculer.
Je le suivis dans le salon, où une femme lisait un livre, affalée sur le canapé. D'une cinquantaine d'années, elle ressemblait néanmoins énormément à son fils, avec son visage affable et son regard pétillant de curiosité. Sa longue chevelure d'ébène parsemée de mèches grisâtres tranchait avec son sourire narquois qui avait tout l'air d'une personne pleine de vigueur.
— J'ai amené un ami.
— Voyons, Minho, tiqua-t-elle. Tu peux me dire que c'est ton copain.
— Quoi ! Non, non, on est juste amis.
J'étais très embarrassé. J'avais envie de quitter ce lieu sur-le-champ. La manière dont me dévisageait sa mère me rendait mal à l'aise, c'était comme empli de sous-entendus indécents.
— Sûr ? s'enquit la femme sur un ton dubitatif.
— Oui, on est amis.
Minho se tourna vers moi, son visage façonné par le doute. J'acquiesçai à sa mère, et elle afficha une moue déçue.
L'envie de revenir en ces lieux me quitta en un instant. Apparemment, la folie se transmettait dans cette famille.
Lui et moi, ensemble ? Un couple ? Jamais. Il ne pourrait jamais aimer quelqu'un comme moi.
J'étais gêné, mais pas parce que cela me dégoûtait, car au fond, l'idée me plaisait bien. Elle m'allait parfaitement, et c'était ça le pire, c'était ça qui me faisait m'empourprer comme jamais.
Minho m'agrippa le poignet et me tira en direction des escaliers.
— Hep, hep, hep, où est-ce que vous allez comme ça ? demanda la femme sur un ton taquin.
— Dans ma chambre, répondit le noiraud d'une petite voix.
— D'acc', je vous prépare le goûter et je vous appelle quand c'est prêt. Faites pas trop de cochonneries !
— Maman !
— D'accord, d'accord, j'ai compris. Amusez-vous bien !
Sa mère était réellement la personne la plus gênante de l'univers. Si Minho finissait comme elle, je ne pourrais pas le supporter.
Attendez. Il était déjà comme elle.
Nous pénétrâmes dans la chambre du noiraud. Ce qui m'interpela immédiatement, ce fut les dizaines de posters qui recouvraient les murs et l'énorme fouillis qui régnait en ce lieu. Pas un centimètre carré de sol n'était recouvert de vêtements ou d'objets.
— Désolé, j'ai pas eu le temps de ranger...
J'exhalai un soupir et pris place sur son lit sans lui en demander la permission. Il s'assit à mes côtés.
— Qu'est-ce que tu veux faire ? s'enquit Minho.
— Partir, maugréai-je.
Il s'esclaffa de son rire cristallin et ôta mon bob. Pourquoi se sentait-il obligé de me le retirer à chaque fois ?
Le noiraud détailla mon visage de son regard étincelant d'allégresse, me rendant affreusement mal à l'aise. Il s'attarda sur mes iris, qui avaient probablement dû prendre une teinte rosée, et ainsi, je décelai une lueur étrange dans ses prunelles.
Il se rapprocha de moi et enfouit sa tête dans mon cou, me pétrifiant sur place.
— Oh my God, sa mère le pamplemousse ! s'exclama-t-il soudainement.
— Quoi ? paniquai-je.
— Tu sens trop bon !
— Euh...
Minho posa une de ses mains sur ma cuisse, et sa chaleur corporelle se propagea en moi.
Attendez, que tentait-il de faire là, exactement ?
— Il faut qu'on parle.
Je le sentais mal. Je cherchai à détourner mon regard du sien, mais j'étais complètement paralysé, piégé par ses prunelles envoûtantes.
— C-Comment ça ? balbutiai-je.
— Jisung... je ne vais pas passer par quatre chemins.
Je déglutis péniblement.
— Tu me plais.
À ce moment précis, je ne parvenais plus à réfléchir clairement. Éberlué, je scrutai Minho la bouche grande ouverte, ce qui le fit s'esclaffer.
Malgré tout, cette révélation me rendit presque euphorique. Une étrange chaleur s'éprit de mon bas-ventre, c'était délicieusement agréable.
La main de mon vis-à-vis remonta le long de mon bras, jusqu'à atteindre ma nuque. Lorsqu'il commença à approcher son visage du mien, mon souffle se coupa. Je ne savais pas quoi faire, même si je voyais bien où cela allait nous mener.
Sa deuxième main atterrit sur ma taille, me faisant frémir. L'écart entre nos deux visages était infime, et Minho finit par le combler.
Nos lèvres se rencontrèrent, et les siennes contre les miennes avait quelque chose d'infiniment réconfortant.
Il ne bougea pas, se contentant de ce chaste baiser, avant de se retirer tout doucement.
Je m'étais souvenu de respirer.
Notre proximité envoyait des décharges à mes hormones, les rendant surexcitées. J'en voulais encore de cette sensation agréable qui me parcourait en frissons incontrôlés.
Je scellai nos lèvres à nouveau, puis, me rendant compte de ce que je faisais, me décollai d'un coup.
« Oh bordel », paniquai-je.
Pendant notre bref échange, ma main s'était retrouvée sur celle de Minho, et il en avait profité pour entrelacer nos doigts.
— Euh... on ferait mieux d'aller manger, ta mère doit sûrement nous attendre, marmonnai-je en me levant.
— Attends Sung, m'implora-t-il en me saisissant le poignet.
— J-Je... suis désolé, je n'aurais pas dû...
— Tu veux dire que... tu regrettes ?
Non. Je ne regrettais pas, mais j'étais perdu. Que ressentais-je exactement pour mon Hyung ?
— J-Je n'en sais rien...
— Écoute, prononça sérieusement le noiraud, prends tout ton temps pour réfléchir. Je ne t'en voudrai pas si tu découvres que ce n'est pas réciproque.
Je hochai la tête et nous descendîmes tous deux dans la salle à manger, enrobés d'un étrange silence.
Je préférai me gaver de cookies et de chocolat chaud plutôt que de réfléchir ne serait-ce qu'une seconde de plus à cette étincelle naissante en moi, ayant une curieuse ressemblance avec des sentiments.
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