𝟐𝟏 : Someone's Someone

Troisième personne
Vernon, l'aîné de ce groupe d'amis, celui dont on ne parlait pas beaucoup, voyait également quelqu'un. Sauf que contrairement aux autres, personne n'était au courant, il gardait cela bien caché dans les méandres de son cœur conquis.

Magnifique dans sa tenue, le noiraud arriva le premier à la soirée. Des filles, assises sous les néons colorés, lui firent signe de la main, mais il n'y prêta pas attention. Ses yeux s'agitaient dans tous les sens, il cherchait quelqu'un.

Un sourire prit aussitôt place sur ses lèvres lorsqu'enfin, il l'aperçut : un beau et grand jeune homme aux cheveux sombres et au regard charmeur, tout de blanc vêtu. Sous ses airs durs et sa voix grave se dissimulait une personnalité timide et adorable qui l'avait immédiatement séduit.

Celui-ci lui fit un clin d'œil et l'invita à boire avec lui, ce que Vernon, n'attendant que ça, accepta sur-le-champ. Il se saisit timidement de sa main, et le laissa l'entraîner à sa suite.

Chan et Changbin arrivèrent par la suite. Ils se dirigèrent vers le bar en attendant leurs amis, et Chris commanda plusieurs verres. Il but tellement qu'il finit saoul avant même l'arrivée des autres. Ce n'était pas entièrement de sa faute, il voulait noyer son chagrin dans l'alcool, et Changbin, compréhensif, le laissa faire. Il savait qu'il allait le regretter le lendemain, lorsqu'il aurait une affreuse gueule de bois, mais tant pis.

Hyunjin, Seungmin, Jeongin et Minho arrivèrent en se disputant sur on ne savait quel sujet farfelu. En fait, seul le plus jeune restait silencieux, ne souhaitant pas participer à une énième querelle futile. Hyunjin et Seungmin étaient collés ensemble, Jeongin jetait des regards anxieux vers un Chan ivre, et Minho avait l'esprit ailleurs.

Somme toute, c'était devenu banal pour eux.

Mais ensuite, soudainement, Hyunjin devint affreusement pâle et courut aux toilettes. Seungmin le talonna aussitôt.

— Il tient si mal l'alcool que ça ? questionna Minho, médusé.

Les autres rirent avec lui. Le seul qui aurait pu soupçonner quelque chose était bien trop saoul pour réfléchir à quoi que ce soit.

Lorsqu'un jeune homme châtain débarqua à son tour, l'attention de Changbin changea de destinataire. Il délaissa Chan pour se diriger vers le nouveau venu, qui portait une chemise blanc et noir à manches longues et un jeans troué. Sa chevelure satinée était coiffée sur la gauche de sa tête, et une longue boucle d'oreille en forme de chaîne pendait de son oreille droite. Une série de petits piercings circulaires tavelaient également son pavillon. Rien ne cachait son doux visage constellé de petites taches de rousseur.

— Lix, souffla le noiraud, ébloui par sa beauté. Comment tu vas ?

Celui-ci esquissa un faible sourire gêné, et hocha la tête à l'affirmative. Il n'avait pas l'habitude de ce genre de question.

— Tu n'as pas mis de fond de teint ? demanda Changbin.

Le châtain piqua un fard et voulut dissimuler son visage, mais l'aîné l'en empêcha en agrippant ses poignets fins.

— Eh calme, ce n'est pas un reproche ! Je trouve ça mignon.

Il avait dit « ça » en touchant le nez et les pommettes de son vis-à-vis, et aussitôt, le visage du plus jeune prit une teinte cramoisie.

Changbin enlaça les doigts de Felix entre les siens, et entraîna le jeune homme au bar. Ce contact fit s'empourprer ce dernier, qui se laissa faire de bonne grâce.

Le noiraud lui demanda ce qu'il voulait boire, et celui-ci haussa les épaules, alors il choisit à sa place. Il commanda deux bières et en tendit une au châtain qui s'en empara d'une main vacillante. En effet, le châtain était extrêmement nerveux du fait de se retrouver dans une pièce restreinte avec autant de personnes. Il avait peur des regards, peur d'être jugé. Ce qui le lénifiait un peu, c'était la présence rassurante du noiraud à ses côtés et ses sourires attentionnés. Mais le savoir si heureux de le voir le mettait encore plus en état de stress, c'était la toute première fois que quelqu'un lui témoignait autant d'affection.

Il avait envie de sortir, d'être hors de cette ambiance étouffante.

— Ça va ? Tu veux prendre l'air ?

Felix leva un regard surpris vers Changbin, ce que ce dernier interpréta comme une affirmation. Il le conduisit à travers la foule et l'emmena dehors.

Ils s'assirent au sol côte à côte et le plus jeune frissonna légèrement au contact de l'air du soir, doux mais frais. Il prit une gorgée de sa bière, et cela ne fit que le refroidir encore plus. Instinctivement, il se colla contre le noiraud, et celui-ci sentit fleurir un sourire attendri sur ses lèvres.

Les manches du châtain se retroussèrent légèrement, et son vis-à-vis put clairement apercevoir les hématomes qui parsemaient sa peau pâle. Mais il ne dit rien, de peur de se faire rejeter une fois de plus. Quant à Felix, la petite voix dans sa tête ne cessait de le rabaisser, comme toujours.

Les deux appréciaient la présence de l'autre, et en profitaient au maximum. Ils essayaient chacun de leur côté d'oublier leurs problèmes ne serait-ce le temps d'une soirée.

Seungmin revint bientôt avec une jolie jeune femme, mais ils décidèrent d'aller ailleurs pour éviter d'attirer l'attention de leurs amis.

— Comment tu te sens, Hyung ? demanda-t-il, inquiet.

Hyunjin plaqua sa main sur la bouche de son ami.

— Ne dis pas ça devant les gens ! chuchota-t-il, paniqué.

— Alors Noona, comment te portes-tu en cette soirée ?

— Arrêtes de te foutre de moi !

Seungmin s'esclaffa, et Hyunjin finit par le suivre dans son hilarité, incapable de lui en vouloir.

— Allez viens, Noona. On va s'amuser.

Le noiraud maugréa de mécontentement, mais s'empressa de le suivre.

Chan riait pour tout et n'importe quoi, se déhanchait sur la piste de danse, criait des choses inintelligibles, tout ça sous les regards exaspérés de Minho et Jeongin.

— Il est passé où, Changbin ? bougonna Minho. C'est pourtant lui qui devait s'occuper de ce cas désespéré.

Sans attendre une quelconque réponse de la part du plus jeune, il partit. Jeongin exhala un profond soupir, et alla chercher son aîné pour éviter qu'il ne fasse trop de bêtises. Il trouvait cela étrange qu'il boive autant, lui qui d'habitude, préférait rester sobre. Pour sa part, il était de mauvaise humeur, et voir son ami ivre ne l'enchantait pas vraiment.

— Chan, arrête ça ! cria-t-il lorsqu'il le vit se frotter contre d'autres personnes saoules.

Il le saisit par le bras et le tira loin de la piste, loin de la foule, pour l'empêcher de commettre quelque chose qu'il finirait par amèrement regretter. Le voir aussi proche d'autres personnes le mettait en rogne.

— Jeongin, laisse-moi... je vais bien..., balbutia Chris.

Il se défit de l'emprise du plus jeune, mais aussitôt, il chancela et dut s'accrocher aux vêtements de Jeongin pour ne pas tomber tête la première. Il éclata de rire, et le Maknae soupira d'exaspération.

— Chan, putain ! Qu'est-ce qui t'a pris de boire autant ?!

Jeongin n'attendait pas de réponses de sa part, aussi il continua de le traîner.

— Je voulais... t'oublier...

Le plus jeune s'arrêta net.

— Qu'est-ce que t'as dit ?

Avait-il bien entendu ? Il se tourna vers l'autre, et se mit à paniquer lorsque les joues du blond se couvrirent soudainement de larmes et qu'il se laissa glisser au sol.

— Channie Hyung !

— Pourquoi... je ne voulais pas..., sanglota le blond, mais il m'a foutu dehors...

Jeongin fronça les sourcils. Il pouvait profiter de la situation actuelle de Chan pour lui soutirer des informations. Il savait que c'était mal, mais il avait besoin de savoir, de comprendre. Il s'assit aux côtés de l'aîné et posa une main réconfortante sur son épaule.

— Comment ça ? Explique-moi.

Chris se frotta les yeux tel un enfant et renifla. Jeongin ne put s'empêcher de le trouver extrêmement mignon.

— Je suis j-juste amoureux... mais il n'a pas voulu... j'ai peur... je n'ai plus que Binnie...

Jeongin essayait tant bien que mal de saisir les bribes de paroles que le blond prononçait. Néanmoins, il comprit l'essentiel.

— Comment ça ? De qui t'es amoureux ?

— J-Je peux pas t-te dire... sinon... tu me rejetteras aussi...

— Chan, dit-il fermement, écoute-moi. Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais quoi qu'il arrive, jamais je ne te rejetterais. Est-ce que tu as dit à cette personne ce que tu ressentais pour elle ?

— Non... il ne m'aime sûrement pas comme moi j-je l'aime...

Il ? Jeongin commençait peu à peu à comprendre.

— Chan, t'es amoureux d'un gars ?

— O-Oui...

— « Il t'a foutu dehors » ? Oh la vache. Ton père...?

Le blondinet éclata en sanglots déchirants et le Maknae le prit dans ses bras, compatissant. Il trouvait cela affreux qu'un père ait pu renier son enfant à cause d'une simple orientation sexuelle. Oui, cela le stupéfiait de savoir que Chan était gay, mais il restait son ami.

— « Binnie » ? Changbin le sait ? s'enquit le plus jeune.

Mais Jeongin vit bien qu'il ne tirerait plus rien de son interlocuteur. Il se contenta alors de le serrer contre lui, espérant que cela apaise ses pleurs.

Minho s'ennuyait. Tous ses amis avaient quelqu'un avec qui passer la soirée, mais pas lui. Il lâcha un soupir.

Il allait partir, lorsqu'il crut reconnaître une personne à l'écart. Son visage s'éclaira, et il courut sans tarder vers elle.

— Je t'avais bien dit que tu viendrais ! rit Minho en assénant une petite tape sur l'épaule de Jisung.

Celui-ci ne réagit pas tout de suite, occupé à contempler les glaçons dans son verre.

— Eh oh !

— À vrai dire, je ne sais pas ce qui m'a pris de venir, avoua l'autre. Je n'aurais pas dû. Je vais partir, c'est mieux.

Le plus vieux lui saisit le bras.

— Ah non, pas question ! Maintenant que t'es là, tu restes.

Jisung leva les yeux au ciel avec exaspération. Il se faisait contrôler par un gamin.

— T'as fait un effort dans ta tenue, apprécia Minho en l'analysant sous tous ses angles. Par contre niveau couleur, c'est pas encore ça.

— T'es pas mal non plus.

— Oh putain.

— Quoi ?

— Tu m'as fait un compliment !

Jisung se maudit intérieurement. Il pensait avoir gardé ça pour lui, sauf qu'apparemment, il l'avait prononcé à voix haute.

— Oh my God !

— Ferme-la, persifla le plus jeune.

— Qu'est-ce que tu bois ? s'enquit brusquement Minho sans prendre en compte le ton dur de l'autre.

— Du soda.

— Quoi, sérieux ? Pas d'alcool ?

— Occupe-toi de toi. Si tu veux te pourrir l'organisme avec de la bière, tu fais ce que tu veux. Fous-moi la paix.

— D'accord, d'accord...

Une idée traversa alors l'esprit du plus vieux, et le sourire qui éclata sur ses lèvres était loin d'être innocent. De sa main libre, il ôta le bob du plus jeune d'un geste preste, si bien que celui-ci n'eut pas le temps de réagir.

Minho eut le souffle coupé en découvrant le visage de son vis-à-vis. Ses traits doux et joufflus étaient beaux, mais surtout, atrocement mignons. Ce qui interpela le plus l'aîné, ce fut ses iris orangés qui devinrent gris lorsque Jisung réalisa ce qui venait de se produire.

— Sale gamin, rends-moi ça tout de suite !

Minho lui tira la langue et s'esclaffa.

— Pourquoi ? Tu es bien plus beau sans.

— J-Je...

Ses prunelles devinrent progressivement roses, et lorsqu'il aperçut le regard de son vis-à-vis sur son visage, plaqua sa main sur eux.

— S'il te p-plaît...

Devant le ton suppliant du plus jeune, il céda, sentant la culpabilité l'envahir. Mais au lieu de lui rendre son couvre-chef, il le remit lui-même sur sa chevelure sombre.

— Désolé, s'excusa-t-il. Mais je voulais m'assurer que tu n'étais pas laid.

— J-Je...

Jisung semblait embarrassé et un peu perdu.

— Est-ce que tu portes ça parce que tu te trouves moche ? s'enquit doucement Minho.

L'autre déglutit péniblement. Il allait être obligé de révéler la vérité à son aîné, et cela lui déplaisait fortement.

— P-Pas exactement...

— C'est à cause de tes yeux, n'est-ce pas ?

Seul le silence lui répondit, attestant son hypothèse. Minho s'approcha de Jisung, et, à la grande surprise de celui-ci, le prit dans ses bras.

— Eh, chuchota le plus vieux, ne t'en fais pas. Je ne comprends pas trop ce qui se passe, mais c'est joli.

Profitant du fait que son vis-à-vis ne pouvait pas le voir, le cadet permit à un léger sourire de fendre ses lèvres. Il se détacha ensuite de l'étreinte de l'autre en marmonnant à quel point il était collant.

L'aîné s'esclaffa d'un rire vibrant de joie qui eut le don de réchauffer le cœur du plus jeune.

Jisung était conscient qu'il commençait à tomber sous le charme du jeune homme, mais il refusait de se l'avouer. Et de toute façon, Minho ne ressentirait jamais une chose pareille pour lui, n'est-ce pas ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top