𝐏𝐫𝐨𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞 : Upside Down

Dimanche 17 septembre 2000
» Mes filles ont toutes les deux donné naissance à des garçons, alors le don sautera cette génération.

Eomma, prononça lentement Jangmi, une jeune femme d'une trentaine d'années.

Oui ?

Je crois que mon fils est porteur du don.

Seungah, la mère de Jangmi, en resta complètement coi. Elle fixait sa fille, croyant à une mauvaise plaisanterie.

C'est impossible ! s'exclama-t-elle finalement.

C'est mon unique enfant, donc l'aîné, argumenta son interlocutrice.

Je l'admets, mais le don ne se transmet que de mère en fille, tu le sais pourtant.

Je suis sûre de ce que j'ai vu.

Seungah exhala un profond soupir, songeuse.

Très bien, céda-t-elle. Je le surveillerai.

La plus âgée voulut s'en aller, mais sa fille saisit son poignet pour la retenir, étant soudainement appréhendée par quelque chose.

S'il te plaît, la conjura-t-elle, dis-moi que ça n'est pas une anomalie...

Je suis désolée Jangmi, mais si Hyunjin est bel et bien porteur du don, ce n'est pas normal.

Vendredi 22 juin 2007
» Je me suis gravement trompée, car à ma plus grande stupéfaction, mes petits-fils sont détenteurs. Je crains le pire, car seules les filles ont accès au don Hwang. Ils sont les tout premiers garçons à en avoir hérité, et en outre, ils appartiennent à la même génération, ce qui est du jamais vu.
» Je n'ai pas le choix. Pour leur bien, je dois les séparer l'un de l'autre.

Mardi 27 novembre 2007
» C'est ce que je craignais. Le don des garçons est profondément instable et provoque des symptômes aberrants. C'est comme s'il s'était altéré en entrant en contact avec leurs gènes.
» Le fils de ma fille aînée ne se métamorphose la plupart du temps que partiellement, mais il présente des mélanges hybrides qu'il peut néanmoins dompter. Il développe cependant des instincts d'origine animale qu'il ne parvient pas à maîtriser, comme une forte agressivité.
» Quant au fils de ma deuxième fille, son don est anormalement puissant, ses métamorphoses sont aléatoires et particulièrement douloureuses, il ne parvient pas à se contrôler. C'est vraiment alarmant et surtout, dangereux pour sa vie.

Samedi 09 août 2014
Lorsque Hyunjin ouvrit les paupières, il était couché dans un grand lit aux draps immaculés, entouré de machines inusitées. Les infirmières à ses côtés forcèrent des sourires artificiels lorsqu'elles l'aperçurent.

Il remarqua alors que d'énormes bandages étaient enroulés autour de ses avant-bras. Il agita légèrement ces derniers et réprima un geignement de douleur. Pourtant, il n'avait aucun souvenir de sa venue.

La voix de sa grand-mère retentit soudainement dans son esprit : « Hwang Hyunjin, tu as hérité du don familial. »

Puis d'un seul coup, douloureusement, tout lui revint.

Oh ça oui, il le possédait, il avait amplement pu le constater. C'était la pire des malédictions. Elle le faisait souffrir, elle le rendait anormal, elle le rendait seul.

C'était un véritable supplice pour lui, et la veille, il avait voulu en finir une bonne fois pour toute.

Visiblement, il avait échoué.

Hyunjin ? Ta mère est là.

L'adolescent détourna alors la tête en entendant la porte claquer. Il n'avait pas la force d'affronter le regard accusateur de sa génitrice.

Le matelas s'affaissa, signe qu'elle venait d'y prendre place.

Hyunjin, murmura-t-elle doucement, comment te sens-tu ?

Mal, laissa échapper le concerné d'une voix chevrotante.

Il ne chercha pas à mentir, mais il ne put empêcher aux remords de le submerger.

Je suis désolé...

Tu n'as pas à t'excuser, tout est de ma faute. J'aurais dû être plus présente pour toi, j'aurais dû essayer de t'aider.

Sa mère lâcha de faibles sanglots silencieux.

Hyunjin... jure-moi de ne pas réitérer une chose pareille...

Je te le promets, mentit celui-ci.

Le noiraud n'avait pas à se sentir coupable. Sa mère était loin de pouvoir imaginer combien il souffrait. Il voulait juste se reposer, ne plus éprouver ce supplice atroce. Il sentait son cœur cogner tellement fort contre sa poitrine... s'il s'arrêtait de battre, il ne ressentirait probablement plus cette douleur, si cuisante, si nocive.

Il imprima un sourire sur ses lèvres pour rassurer sa mère. Mais c'était un rictus amer, sans aucun apaisement.

C'était déplorable, risible.

Mentir était une chose tellement insupportable.

Mardi 12 août 2014
Hyunjin se trouvait au-dehors, dans le parc. Ses plaies prenaient du temps à cicatriser. Il était dans un état stable, mais néanmoins, il devait encore rester une semaine à l'hôpital, ayant perdu beaucoup trop de sang.

Il prit une profonde bouffée d'air frais et fourra ses mains dans ses poches en lâchant quelques soupirs d'ennuis. Il se sentait affreusement seul, comme d'habitude finalement, mais dans cet endroit infesté de malades et de blessés, il était l'unique adolescent.

Enfin c'était ce qu'il croyait, jusqu'à ce jour, lorsqu'il aperçut un jeune garçon au bras plâtré qui semblait égaré dans l'immensité du jardin.

Il déambulait sans réel but.

Un peu comme l'existence toute entière de Hyunjin.

Quand le brunet le vit, lui assis sur un banc, il s'approcha et demanda s'il pouvait prendre place à ses côtés. Le noiraud, pris de court, opina du chef en silence. Tout ce qui pouvait faire taire les pensées caustiques qui virevoltaient sans cesse dans son esprit était le bienvenu.

Il apprit que le jeune garçon se prénommait Seungmin et qu'il était âgé de treize ans. D'un naturel optimiste et folâtre, il était en somme, l'exact opposé de Hyunjin.

Ils avaient passé une grande partie de l'après-midi ensemble à discuter, jusqu'à ce que le brunet voie ses amis au loin. Il partit les rejoindre, et Hyunjin resta sur ce banc, à les observer.

Cinq amis. Et lui n'en avait même pas un seul, étant trop différent pour pouvoir être compris.

Les adolescents avaient l'air infiniment heureux, des sourires radieux paraissaient sur leurs visages juvéniles. Hyunjin se surprit à les envier. Lui aussi voulait vivre une existence insouciante, loin des problèmes. Il avait seulement quatorze ans, mais était plus tourmenté que n'importe quel adulte.

Le noiraud fut médusé lorsque le petit groupe se dirigea soudainement vers lui. Il s'affola, mais n'eut pas le temps de s'enfuir.

Les gars, voici Hyunjin, le présenta Seungmin.

Ses amis le dévisagèrent avec curiosité. Puis finalement, l'un d'entre eux tendit la main, et le noiraud la serra dans la sienne, flageolante.

Je m'appelle Chan.

Hyunjin apprit ainsi que les autres s'appelaient Changbin, Minho, Jeongin et Vernon. Ils étaient particulièrement gentils et compréhensifs, et il leur en était reconnaissant.

Après son séjour à l'hôpital, il rejoignit la bande et ils devinrent vite inséparables.

Sans le savoir, ces jeunes hommes venaient de sauver la vie de Hyunjin.

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