Partie unique
La musique qui s'échappe de la salle de danse du quatrième étage est le seul bruit qui brise le silence du bâtiment. Dans la dite salle, Wooyoung danse. Il sait qu'il devrait rentrer et dormir. Il ne saurait pas dire avec exactitude quelle heure il est, mais il a entendu les portes se fermer une à une à mesure que les autres rentraient chez eux. Il sait qu'il serait plus raisonnable pour lui de faire comme eux, de dormir au moins quelques heures avant de commencer sa prochaine journée. Mais il est incapable de s'arrêter.
Quand il danse, Wooyoung n'a plus l'impression de subir ses pensées. De s'épuiser à suivre son esprit qui saute d'idées en idées, en permanence. Quand il danse, il est seulement Wooyoung. Il y a juste son corps, la musique et le mouvement qui en découle. Quand il s'écroule sur le sol, essoufflé, la douleur dans sa poitrine fait taire pour quelque temps celle de son esprit.
La musique continue de raisonner en arrière-plan, tournant en boucle, mais il n'a plus la force de se lever l'éteindre. Il se contente de fixer le plafond, en profitant du calme qui l'entoure. Il détaille les carrés du faux plafond et les taches qui les constellent en se demandant comment elles sont arrivées là. L'effet de l'épuisement n'est malheureusement pas infini et les pensées refonds progressivement leur apparition dans l'esprit du jeune homme. Wooyoung sent son cœur se serrer de nouveau, appuyant sur sa poitrine. Il tente de se relever tant bien que mal. Ses jambes refusent de lui servir d'appui. Tremblant, il se place de nouveau au centre de la salle, recommence à compter les temps, près a répéter sa chorégraphie une fois de plus. Il ignore les messages de son corps qui lui signal qu'il n'est plus capable de danser aujourd'hui, du moins pas sans se blesser. Il ne peut pas s'en empêcher, il en a besoin. Certains jours il ne supporte plus le brouhaha dans son esprit ni l'impression constante que sa tête va exploser. Aujourd'hui est un de ces jours.
Les premiers tours qu'il esquisse sont un peu tremblants, il manque de finir par terre à plusieurs reprises. Puis son corps prend le relais pour enchaîner les mouvements qu'il connaît par cœur. Par miracle ou par habitude, rien ne vient interrompre son équilibre fragile, pas même le sol qui semble l'attirer de plus en plus à chaque réception. Rien ne vient interrompre son équilibre jusqu'à ce qu'il se retrouve étendu par terre, une douleur cuisante irradiant sa cheville.
Il n'essaye pas de se relever. Il sait qu'il en est incapable. Il se contente de fermer les yeux et de se concentrer sur la douleur en espérant que le sommeil vienne le cueillir. Il ne sait pas combien de temps il reste étendu là sans bouger. Une torpeur bienfaisante s'étend petit à petit tout ses muscles et commence à engourdir son esprit. Au milieu de ce brouillard, il distingue vaguement le bruit d'une porte qui s'ouvre, accompagné de la voie de San :
- Wooyoung ?
Le jeune homme tente de répondre à son ami, mais sa bouche pâteuse et sa gorge sèche l'en empêche, lui rappelant qu'il n'a rien bu depuis plusieurs heures. San ne lui laisse pas le temps de parler et continue en se penchant au-dessus de lui :
- Pourquoi t'es pas rentré ? Il est une heure du matin.
Ce que Wooyoung aime avec San c'est qu'il n'y a jamais de jugement dans sa voie quand il s'adresse à lui. Il pose juste des questions sans arrières-pensées.
- Passe-moi ma bouteille, se contente de répondre le plus jeune.
Son homologue hausse les sourcils avant de s'exécuter. Il s'assoit en face de lui, attendant patiemment que son ami ait retrouvé sa voie pour lui répondre. La douleur dans la cheville de Wooyoung s'est un peu apaisée, laissant les voix reprendre leurs places dans son esprit, une fois de plus. Il repose sa bouteille, et toujours sans un mots va se glisser dans les bras de San.
- J'avais besoin de danser, fini-t-il par répondre, la voix cassée.
La main de San se glisse dans ses cheveux, le rapprochant de son torse.
- Tu n'arrives pas à te calmer ?
Si ses amis sont tous plus ou moins au courant que Wooyoung a du mal à cohabiter avec ses pensées, San est l'un des seul à réellement comprendre l'ampleur que cela peut prendre.
- J'ai réellement l'impression que si je m'arrête de bouger trop longtemps, j'arriverai plus à juguler tout ce qui se passe dans ma tête. Quand je perds le contrôle, j'ai l'impression d'être au milieu d'un débat où chaque pensée essaye de s'imposer plus que les autres. C'est assourdissant, et au final, je n'arrive même pas à savoir ce que je pense.
San se contente de l'écouter en jouant avec les mèches qui tombent sur sa nuque. Wooyoung a toujours aimé le calme de San. Être dans ses bras et écouter son cœur battre à le même effet sur l'esprit du jeune homme que trois heures à s'épuiser en dansant. Alors que ses yeux commencent à se fermer, il sent les bras de son ami se desserrer et son corps s'éloigner du sien. Il s'apprête à protester quand il sent que San l'attire de nouveau à lui, l'invitant à s'allonger à ses côtés.
Wooyoung en profite pour s'appuyer contre lui et poser sa tête sur son torse. Le bras de San dans son dos reprend son jeu distrait dans ses cheveux. Le plus jeune ferme enfin les yeux et se laisse porter par les battements du cœur de son ami.
Un battement
Les pensées semblent moins bruyantes qu'avant et son cœur cesse de battre de façon frénétique dans sa poitrine.
Cent battements
Les pensées disparaissent lentement. Il prend conscience de la main de San qui caresse sa nuque et des frissons agréables que ça fait naître dans son dos.
Cinq Cents Battements
Son esprit est enfin vide et la voie de San fredonne sa chanson préféré envahi l'espace. Un soupir de bien-être passe les lèvres de Wooyoung.
Mille battements
Wooyoung n'est plus très sûre de là où il se trouve. Il sait juste qu'il se sent bien. Son esprit lui paraît envahi de coton et un sourire étire ses lèvres. Il perçoit vaguement la voix de San et doit faire un effort monstrueux pour comprendre ce qu'il lui dit.
- Bonne nuit Woo. Je t'aime.
Wooyoung sent une chaleur agréable envahir son corps. Il aimerait lui dire que lui aussi, il l'aime. Plus que ce qu'il pensait possible. Mais avant qu'il puissent formuler sa pensée à voix haute, il se sent définitivement glissé dans le sommeil.
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