- Ce n’est pas une blague. Je vais vraiment devenir prêtre.

Louis est totalement stupéfait, pour ne pas dire sur le cul. Il ne peut imaginer que ce garçon, si beau et désirable, puisse vouloir entrer dans les ordres. L’information met un certain temps à s’imprimer dans son esprit. Il fronce les sourcils en répétant pour s'assurer qu'il a bien compris, n’arrivant toujours pas à y croire :
- Tu veux... Devenir prêtre ? Toi ? Mais pourquoi ? Enfin tu es… Ce n’est pas ce que je. Enfin. Tu es si… ça n’a aucun sens.

Harry acquiesce en silence à son flux de paroles incompréhensible. Il regrette déjà son aveu. Mais il est persuadé qu’une personne aussi sincère et vraie que Louis mérite la vérité. 

Le mécheux semble enfin réaliser la portée de ses mots et ce que cela implique. D’un geste brusque, il se lève, renversant sa chaise au passage dans un grand fracas. Il ne semble pas s’en préoccuper, trop obnubilé par ce qui a été dit par l’homme en face de lui. Il considère cette révélation comme une trahison, un couteau planté dans le dos.
Il se voyait déjà gémir son nom. Harry, cela roule si bien sur la langue.

Sa voix tremble lorsqu’il lance :
- Mais c'est un putain de gâchis. 

Puis il prend la fuite juste après avoir prononcé cette phrase, ne pouvant en supporter plus.

Harry ne cherche pas à le retenir. Il se demande juste ce qu’il est entrain de faire, s’il prend véritablement la bonne décision.
C’est la deuxième personne à lui tourner le dos après qu’il ait révélé sa vocation. L’avis de Louis ne devrait pas avoir autant d’importance pour lui, mais il ne peut nier que c’est presque aussi douloureux que le regard fuyant de sa mère.

Pourquoi faut-il sans cesse qu’il déçoive les gens ?

Une larme solitaire roule sur sa joue et il ne cherche pas à l’essuyer.

Harry revient au café le lendemain. Il s’installe à la même table que la veille et ne peut s’empêcher d’être déçu de ne pas y voir Louis. Pourtant, il sait qu’il ne devrait pas l’être. Il a juste cru qu’il pouvait se faire un nouvel ami, trouver un soutien et une oreille attentive dans ce joli garçon.

Un petit bout de papier glissé sous la sucrière attire son attention. Il y déchiffre :
Harry, j’aimerai que l’on recommence tout depuis le début et que l’on apprenne à se connaitre. T’as l’air d’être un gars bien. Désolé pour ma réaction brutale, j’ai juste été surpris. Laisse moi-t’offrir un verre pour me faire pardonner ? Je serai là à 18h10 (si mon crétin de patron me laisse sortir à l’heure). Louis ou le meilleur vendeur du monde.
Ps : c’est ma sœur qui tient le café, elle connait plein d’anecdotes terriblement gênantes sur moi, ne te prive pas.

Harry ne met pas longtemps à se décider, il sait qu’il veut revoir Louis. Même si ce drôle de gars bouscule ses habitudes et lui retourne complètement le cerveau.

La fameuse Lottie ne se prend pas la tête et partage allégrement tout ce qui pourrait mettre son frère dans une mauvaise posture. Harry rit aux éclats face aux clichés de Louis bébé bavant de partout puis sourit tendrement en voyant les photos où le mécheux s’exhibe fièrement en tenue de football boueuse.

Le soir venu, Louis et Harry se retrouvent autour d’une bière bon marché offerte par la maison. Ils commencent à se sourire timidement, puis échangent des banalités avant de glousser timidement. Harry est terriblement heureux et ses yeux brillent fort.

Ils n’évoquent pas une seule fois la vocation d’Harry et Louis prie pour que ce stupide caprice lui passe.