Harry prend la décision d’aller faire un tour dans le quartier, il n'est pas capable de supporter le regard déçu de sa propre mère.

Il échoue dans un mignon petit café de la place Carnaux. Il sirote, songeur, un thé au citron. Il repense à ce que sa mère lui a dit. Il revoit sans cesse son air affligé et dépité. Cela ne cesse de tourner dans son esprit, comme une toupie qui refuserait de se stopper. Il remet tout en question et finit par se demander s'il a pris la bonne décision. 

Mais a-t-il une influence sur ce que son cœur choisit ? Il n’est plus sûr de rien.

Tout à coup, comme par magie, le vendeur loquace de la bijouterie débarque dans le bistrot. Il a toujours l’air aussi heureux de vivre, au vue de l’immense sourire qu’il arbore. Il s'installe tranquillement en face du bouclé comme si cela coulait de source, que c’était prévu et qu’ils se connaissaient depuis toujours.
Evidemment, Harry est surpris et espère qu’il lui faut juste un renseignement ou de l’argent. Peu importe tant que cet énergumène ne reste pas avec lui plus d'une poignée de secondes. Il tente donc de désamorcer le silence qui s’installe par de l’humour, même si ce n’est pas son fort : 
- Je vais finir par croire que tu m'espionnes.

Un clin d’œil joueur lui répond. Le petit mécheux a l’air si sûr de lui et bien dans ses baskets, Harry l’envie tellement. Et son humeur maussade reprend alors le dessus.

Ne réussira-t-il jamais à faire quelque chose dans sa vie ? Quelque chose d’autre que décevoir ses proches.

- Qu'est-ce qui te tracasse petit cœur ? lui lance le charmant vendeur.

Harry est peut-être un peu trop désespéré ou un peu trop attiré par l’homme aux yeux bleus, quoi qu’il en soit, il déballe son sac. Et il décrit en détail la réaction de sa mère à ce garçon sorti de nulle part.

En échange de l’écoute attentive du mécheux et de sa gentillesse enfouie sous une couche de sarcasme, Harry lui offre un thé vert.
Et Louis parait ravi de ce compromis.

Ils ont fini par s’échanger leurs prénoms au détour de la conversation.

Finalement, Louis met les pieds dans le plat en demandant :
- Mais qu’est-ce que tu as bien pu lui dire pour qu'elle se mette dans un tel état ?

Harry hésite, se mord la lèvre et se demande s’il doit céder. Puis il craque face au doux sourire de Louis.

- J’ai décidé d’entrer au séminaire en septembre.

Louis se met à rigoler de façon hystérique :
- Ok j’avoue qu’elle est drôle, et puis je l’avais bien mérité, je n’aurai pas dû t’embêter comme ça au magasin. T’es un petit rigolo toi.

De sa voix profonde et lente, Harry reprend :
- Ce n’est pas une blague. Je vais vraiment devenir prêtre.