Raphaël

  En écoutant d'une oreille distraite le discours presque chuchoté d'Inès, que chacun des élèves présents à la formation connaît sur le bout de ses doigts, je soulève une table, pour la poser contre l'armoire.

  Théo et Yanis comprennent mon intention et se lèvent sans bruit, en amenant leur table avec eux.

  Une fois une petite dizaine de tables empilées, j'estime la barricade suffisamment grande et fait signe aux autres élèves sortis de leur torpeur.

  Le groupe de filles qui d'habitude font les belles, les pétasses, Maeva, Célia & CO, sont en pleurs, se serrant les unes contre les autres comme si le fait de se faire un câlin pouvait améliorer leur situation.

  Je leur fais signe de s'allonger dans un coin de la salle, en boule, les mains sur la nuque. Elles obéissent en silence, et bientôt, les élèves soit nous aident à faire une barricade autour du coin, soit se mettent en position fœtale par terre, en état de choc.

  Mais soudain, Zoé se met à hurler comme une possédée, la conne ! Elle ne se rend même pas compte qu'elle va tous nous faire butter en agissant comme ça !!

  Heureusement, Hugo accomplit sa deuxième tâche avec application et l'assomme proprement avec le pied d'une chaise. Zoé pousse un gémissement puis s'effondre. Je me précipite et la rattrape juste à temps.

  Je la mets dans le coin avec les Pétasses, qui, malgré leur état lamentable à cause du mascara qui a dégouliné sur leurs visages, la mette machinalement en position fœtale derrière elles, protégeant son corps des leurs.

  Une fois la barricade du coin terminée et tous les élèves ainsi que la prof mis à l'abri, je me remémore la liste de Mr Jérôme :

.Fenêtres et volets fermés : check

.Lumière éteinte : check

.Porte fermée à clef : check

.Armoire + tables devant la porte : check

.Toute la classe dans un coin : check

.Barricade avec tables + chaises devant les élèves : check

.Vérifier que tout le monde est là : ...

  Oh merde... Je me sens blêmir, et regarde Océane et Léa et je souffle abasourdi par mon égoïsme et ma stupidité :

"Emilie ..."

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