Émilie
J'ai peur.
Non je n'ai pas peur, je suis terrorisée. Je ne crois pas avoir déjà avoir eu aussi peur.
Je suis cachée dans une armoire dans la vie scolaire. "Si j'aurais su, j'aurais pas v'nu" me semble plus que jamais approprié.
Si jamais j'avais su ce qu'il m'arriverait, jamais je n'aurais accepté d'apporter cette putain de liste à la vie scolaire.
Saloperie de Pronote qui était en panne ! Tout ça c'est à cause de ce foutu site de merde ! Bon je jure beaucoup là quand même. Mais merde, je vais sûrement mourir ! A quatorze ans !
Je suis arrivée avec la liste des absents en main, et c'est Eric et Marjorie qui étaient "de garde" comme je le dit.
J'ai donné le bout de papier à Marjo et je m'apprêtais à partir quand j'ai vu quelqu'un au portail.
En fait ils étaient trois, et une de ces personnes s'est approché de la borne qui permettait l'authentification des gens qui voulaient entrer et a sorti un flingue de son manteau.
Il a tiré trois coups, juste trois coups. Et c'est de ça, de ces trois petits coups que tout est parti.
Après trois balles dans la tronche, le système de sécurité était HS. Eric, a immédiatement appuyé sur un bouton rouge et une légère musique s'est déclenchée.
Je me suis demandé si c'était bien le moment de pousser la chansonnette, mais je me suis souvenue de ce que m'avait dit mon Raph :
"Si un jour, il se passe quelque chose et que tu entends une légère musique, ne t'inquiète pas, je te protégerais."
Et là ? T'es où Raphaël ? T' avais promis de me protéger ! Pourquoi tu n'es pas avec moi, dans cette armoire !
Bref, suite à la mélodie, j'ai vu tous les volets se fermer, aussi bien ceux de la vie scolaire que ceux des salles de cours.
J'ai pensé à mon Raph, qui devait coordonner la classe là-haut avec les autres ASSEC et je me suis mise à paniquer. Mon inquiétude a atteint son paroxysme lorsque Marjorie m'a dit de la suivre sans faire de bruit.
On a passé la petite porte au fond de la salle pour arriver dans un minuscule bureau en désordre. Là, Eric a fermé la porte à double-tour, a poussé une armoire devant la porte, et m'en a désigné une autre. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait alors, il m'a acculé dans l'espace clos et a fermé la porte. J'ai protesté et demandé ce qu'il se passait et sa réponse m'est venue très distinctement :
"Terroristes"
Voilà où j'en suis. Coincée dans une armoire.
J'arrête de parler de bouger, de parler. Ce n'est que quand je commence à voir des points noirs danser devant mes yeux, que je me rends compte que je m'étais retenue de respirer. J'inspire un grand coup et sens la claustrophobie arriver à grands pas.
Je m'apprête à demander à Marjo de m'ouvrir, lorsque j'entends des pas dans la vie scolaire. Ma phrase me rentre dans la gorge.
Soudain, un bruit sourd me fait sursauter : quelqu'un essaye de défoncer la porte ! A force de coups de feu dans le verrou, ils finissent par entrer. J'entends leurs voix :
"Alors, dit une voix masculine, terrifiante et tellement mielleuse qu'elle ferait dégueuler un ours, qui donc est caché dans cette pièce ?
-Dylan, on perd du temps ici, tire dans le tas et puis on se casse !
-Gabrielle, je croyais pourtant qu'on s'était mis d'accord quand on avait cinq ans: je suis l'aîné ?! Donc ?
-J'écoute, j'obéis et je la ferme..., répond la femme d'une voix lasse et morne
-Bien, dit une voix traînante, on pourrait peut-être continuer ce pourquoi on est là non ? A moins que vous vouliez continuer à vous disputer comme deux gamins ?"
Un grand blanc suit cette phrase, et je peux presque imaginer l'échange de regards entre ceux que je suppose être frère et sœur.
Je pourrais presque pouffer si cette scène se passait à la télé dans une série à la con, et pas à trois mètres de moi.
J'entends un bruit, qui ressemble furieusement à une mitraillette qu'on recharge, et me mets à trembler. Je m'assois et serre fort mes jambes contre moi avec mes bras.
Lorsque je pose ma tête sur mes genoux, je sens que mes yeux sont humides. Bon, une fois dans ma vie, j'ai bien le droit de pleurer non !
Je pense à mes parents, au fait que j'aimerais tellement pouvoir leur parler une dernière fois... Et sens dans ma poche l'Iphone X, dernier cadeau en date de mes parents.
Je les ai tant détestés petite, leurs boulots de banquier et d'avocate, qui les retenaient jusque tard le soir. Qu'est-ce que j'aurais donné à huit ans, pour avoir un câlin de mes parents le soir !
Mais à cet instant précis, je les bénis de faire un boulot, certes très chiant, mais extrêmement bien payé. Je sors le résultat de la culpabilité de ma mère et pose mon pouce sur la zone de reconnaissance à empreintes.
Je sais bien que les ASSEC et les profs nous ont toujours répétés qu'il ne fallait jamais utiliser les portables dans cette situation, sur le moment je ne pense qu'au fait de demander de l'aide à mes parents.
Alors que je réfléchis, je me rends compte que l'écran est resté noir. Cela peut signifier deux choses. Petit un : mon portable est déchargé (alors que je l'ai chargé toute la nuit ? Peu probable), petit deux : il est éteint.
Le problème, c'est que lors de l'allumage, le portable émet une sonnerie, oh, pas très forte, mais qui dans ma situation actuelle, risque de signer l'arrêt de mort de deux personnes en plus du mien.
Bref, je suis dans la merde.
***
Dites-moi ce que vous en pensez, n'hésitez pas, soyez sincères ! ⭐
La suite est en cours d'écriture, exprimez vous pour que ça aille plus vite 💫
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