Céline

  Quatorze heures trente. Cours de français. Je soupire en regardant la classe de troisième endormie devant moi.

  Apparemment, l'histoire d'amour de Marius et Cosette n'intéresse que Camille et Enora, qui dandinent sur leurs chaises, le bras levé, attendant que je leur remette le Saint-Graal : le droit de parler.

  Dans une vaine tentative pour relancer la classe, j'annonce avec enthousiasme que la semaine prochaine, en vue des grandes vacances qui arrivent à grands pas, les troisièmes 6 regarderont l'adaptation filmée du roman de Victor Hugo. Un cadavre aurait eu plus de réaction.

  Si la plupart des regards étaient tournés vers les fenêtres, j'en soupçonnais certains d'avoir sorti leur hand spinner, la nouvelle lubie qui désolait la plupart de mes collègues enseignants.

  Mme Rossini, la principale du collège, avait déclaré en début de semaine, que désormais, chaque élève surpris avec un hand spinner durant une heure de cours, serait sanctionné, et ne pourrait récupérer son précieux jouet qu'à la fin de l'année.

  Malgré la menace, j'entendais dans quasiment tous mes cours le roulement à billes de certains, son à peine audible mais qui devenait vite insupportable après cinq heures.

  Bref, mis à part les deux niaises du premier rang, personne ne semble se passionner pour Les Misérables.

  Il faut dire que moi aussi je rêve d'envoyer voler mes cours et d'aller dehors, où brille un magnifique soleil, plutôt que de rester ici, à faire cours à des gamins qui ne pensaient qu'à une chose: sortir de cette salle où on mourait de chaud. Être à l'extérieur, au soleil, une légère brise rafraîchissant l'air de ce milieu du mois de juin...

  Merde ! Combien de minutes je suis restée là à rêver ? Assez de temps pour que les deux lèche-botte du premier rang aient mal au bras, car elles les ont baissés.

  Alors que je me prépare à ouvrir la bouche pour leur expliquer l'exercice suivant, j'entends la sonnerie qui précède un appel de la vie scolaire.

  Ce qui me surprend, car ils n'ont généralement lieu que durant le temps du midi, au pire sur l'heure de M4. Mais jamais au beau milieu d'une heure de cours de l'après-midi.

  Le son qui suit achève de me sidérer, car je crois ne l'avoir jamais entendu.

  A moins que... Je me pétrifie et sens toute chaleur quitter mes joues.

  Lorsque je croise le regard d'Inès, je devine à son visage défait qu'elle se souvient aussi de la seule fois où nous avons tous entendu cette mélodie.

***

💫Un premier chapitre, un premier point de vue 💫


Si vous voulez découvrir la suite de l'histoire, de la part d'un autre personnage, je vous propose le chapitre 2 🌌

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