Chapitre 5 : Aimé Ou Utilisé ?

Depuis quelques jours, Akaza avait remarqué le changement de comportement chez Doma envers Yūna. Le démon aux longs cheveux blonds semblait plus expressif et joyeux avec elle. La Troisième Lune Supérieure pensait au début qu'il s'agissait seulement d'un coup monté afin de gagner la confiance de l'Harumi. C'était faux, plus les jours passaient et plus Akaza trouvait que les sentiments de son compagnon étaient vrais.

Un soir, la Deuxième Lune Supérieure voulut emmener son otage manger quelque part à l'extérieur. Même si Doma ne mangeait jamais la nourriture des humains, il tenait à faire plaisir à la jeune noire. Yūna s'entraînait avec Akaza, la session avait commencée il y a maintenant deux heures et la pourfendeuse s'était bien améliorée au corps à corps. Doma arriva dans le dojo du rouge, il les regardait silencieusement mais Akaza s'interrompit en voyant le démon.

— Qu'est-ce que tu veux ? interrogea la troisième Lune Supérieure.

— Je vais te voler Yūna pour ce soir.

— Et pourquoi cela ?

Le blond ne répondit pas, il ne voulait pas partager ses idées avec lui, ne l'appréciant pas réellement.

— Tu crois que je n'ai rien remarqué ? fit Akaza. Tu tournes autour de Yūna alors que c'est notre prisonnière, tu as oublié notre but ?

La Harumi comprenait parfaitement où voulait en venir le rouge, elle observait Doma qui était silencieux et avait un air sérieux sur le visage. La Deuxième Lune lâcha un soupir et dit :

— Je ne veux pas perdre plus de temps que cela. Je n'ai pas à me justifier sur mes décisions.

Sa voix et sa façon de parler étaient froides. Il n'était plus le démon qui passait son temps à charier ses compagnons, Akaza voyait bien qu'il avait changé ou du moins qu'il avait cessé de faire le clown.

— Bon, d'accord, fit la Troisième Lune. Je suppose que Yūna est fatiguée et je ne peux pas la garder avec moi indéfiniment.

La fille aux cheveux noirs remercia Akaza pour l'entraînement et elle suivit le blond. Grâce à Nakime, encore une fois, ils purent sortir facilement et rapidement du Château Infini. Yūna se sentait beaucoup mieux dehors, elle pouvait enfin respirer tranquillement l'air frais du soir.

— Où allons-nous ? questionna-t-elle intriguée.

— Je vais t'emmener manger quelque part.

— Oh, merci ! Mais tu n'as pas peur qu'on attire l'attention ? Je veux dire... Tu es un démon.

Lui affichant un sourire sincèrement rassurant, le blond répliqua :

— Pas de soucis. Je peux facilement me fondre dans la masse, personne ne verra que je suis un démon, surtout si je me comporte comme un humain.

La Deuxième Lune Supérieure attrapa la main de l'adolescente et il l'emmena vers un petit restaurant situé dans un village loin du Château. Ça ne leur prit que une heure pour y arriver. Depuis l'extérieur, la pourfendeuse pouvait déjà sentir l'odeur qui provenait des cuisines. Son estomac se mit à gronder.

— Ça fera longtemps que je n'ai plus mangé correctement et surtout de bonnes choses, s'extasia Yūna en réfléchissant déjà à ce qu'elle choisirait comme plats.

— Profites-en alors ! Je veux que tu manges bien et... Je veux te rendre heureuse...

En avouant cela, la deuxième Lune Supérieure semblait timide et il détournait même le regard. Yūna préférait ne rien dire à ce sujet et ils entrèrent à l'intérieur. Les deux cherchaient une table éloignée des autres et qui n'auraient que deux places, Doma voulant éviter un maximum d'attirer les regards.

Une fois installés à table, la Harumi regardait la carte du menu, elle bavait presque à la lecture de tout ce que le restaurant proposait. Son ventre se mettait à gargouiller, ce qui fit rire le démon.

— Tu as vraiment faim, commenta-t-il.

— C'est normal, tu ne me donnais que un pain par jour pour me nourrir. Je meurs de faim...

Les yeux de la fille exprimaient une certaine tristesse et une certaine douleur. Ce n'était pas facile pour elle de vivre dans de telles conditions. La noire mangeait tellement peu que ça lui arrivait de faire des malaises lors de ses entraînements avec Akaza.
En y repensant, Doma se sentait mal de l'avoir maltraitée. Il commençait à l'apprécier sincèrement alors il ressentait de la culpabilité.

— Prends tout ce que tu veux, dit la Deuxième Lune Supérieure. J'ai assez pour payer tout un menu.

— Merci, Doma ! Je vais commencer avec un bol de ramens, s'il te plaît !

L'homme hocha la tête et il fit venir un serveur afin de prendre commande. Le temps d'attente était infernal pour la Harumi, ayant l'impression d'attendre depuis un siècle.

— Je vais mourir de faim... se plaignit-elle en soupirant d'impatience.

— Tu ne vas pas mourir. Et si c'était le cas, je te ferais devenir une démone.

— Je passe mon tour, je ne veux pas me nourrir de chaire humaine et encore moins devoir me cacher du soleil.

— Le soleil est un handicap, effectivement, mais tu vivrais pour l'éternité.

Yūna n'avait tout de même pas l'air de vouloir devenir une mangeuse d'Hommes. Elle tenait à son humanité et à ses camarades.

— Pourquoi voudrais-tu me faire devenir comme toi si je venais à périr ?

— Parce que je t'apprécie, c'est juste ça.

— Tu m'apprécies ? répéta la pourfendeuse avec étonnement même si elle s'en doutait déjà.

Il hocha la tête et il ne la regardait plus dans les yeux. Doma semblait avoir du mal à assumer cela, ayant l'habitude d'être solitaire et de dévorer toutes les femmes qu'il croisait.
En se rendant compte que la Deuxième Lune portait une certaine affection envers la Pourfendeuse, cette dernière eut une idée. Elle allait se servir de ses sentiments afin de pouvoir retourner auprès des siens.

— J'avoue que moi aussi je t'apprécie, répondit-elle en faisant comme si elle était timide de le dire.

— Ça fait plaisir à entendre, répliqua-t-il.

Après que les ramens soient arrivés, Yūna se jeta dessus pour les mangers. Elle mangeait rapidement et avec faim, ça se voyait à quel point elle manquait de nutrition. Le fait de la voir se nourrir ainsi faisait que le coeur du blond se déchira, se rendant de plus en plus compte d'à quel point il la faisait souffrir.

— Mange bien, Yūna. Tu l'as mérité après tout ce que tu as enduré.

Lui souriant, l'adolescente continuait à manger avec le plus grand des plaisirs. Elle n'était pas gourmande habituellement, c'était la première fois qu'elle se sentait capable de manger énormément.
Voulant utiliser Doma dans le but de s'enfuir, Yūna s'arrêta de manger et elle dit :

— Hum... Je... Tu veux qu'on partage ?

La Deuxième Lune Supérieure afficha un air de surprise, il n'aurait jamais douté que sa prisonnière voudrait partager son repas avec lui. Malgré le fait qu'il appréciait son geste, il rétorqua :

— Merci beaucoup, ça me va droit au coeur. Malheureusement, je ne mange pas la nourriture des humains. Depuis que je suis devenu un démon, je n'aime plus que le sang. Le reste me semble mauvais.

— Je vois. Y a-t-il vraiment que le sang que tu aimes ? N'y a-t-il pas autre chose que tu aimes ?

— Non.

Yūna trouvait cela dommage. C'était quelque chose de plaisant à ses yeux de pouvoir goûter à diverses choses. Les démons, eux, n'aimaient que le goût de fer du sang humain. C'était vraiment triste de se nourrir que de cela.

— Bon, d'accord, fit Yūna en regardant son bol qui dégageait une délicieuse odeur.

Une fois terminé, la jeune fille se décida de son dessert. Elle avait pris une crêpe avec deux boules de glace à la mangue et de la chantilly avec quelques fruits. Tout cela était assez gourmand, Yūna n'était pas encore calée, se sentant capable de manger toute son assiette entière.

Le démon l'observait manger, il regardait chaque détail d'elle. Ses yeux bleus qui étaient illuminés par la joie de manger ce qu'elle aimait, ses longs cheveux noirs ainsi que ses mains fines et délicates qui tenaient les couverts. L'homme sentait son coeur battre dans sa poitrine, il avait un noeud à l'estomac et il se sentait légèrement nerveux.

Sentant son regard sur elle, l'Harumi leva les yeux vers son ravisseur et avala le bout de crêpe qu'elle mâchait.

— Qu'y a-t-il ? demanda l'adolescente. Ça ne va pas ?

— Ne t'inquiète pas. C'est juste que je suis content de te voir pleine de joie. Je ferai dorénavant plus attention à ta santé, c'est important que tu sois entre de bonnes mains qui te nourrit correctement.

— Merci beaucoup, Doma.

Lorsque la Pourfendeuse termina de manger, le démon laissa de l'argent sur la table et ils s'en allèrent directement du restaurant. Il devait être deux heures du matin, maintenant. Ils marchaient dans la forêt et Yūna lançait quelques regards au démon qui regardait droit devant lui.

— Doma... fit doucement la noire.

Les deux s'arrêtèrent de marcher, la Deuxième Lune Supérieure se tourna vers l'Harumi en se demandant ce qu'elle comptait lui dire ou lui demander.
Rougissant légèrement, elle s'approcha de lui et prit délicatement ses mains dans les siennes. Ce geste faisait rougir Doma à son tour, se sentant un peu plus nerveux.

— Tu sais, je ne t'en veux pas pour ce que tu as fait. Je comprends que ça fasse partie de ta nature et que tu n'as pas eu une vie facile.

Prenant une pause, la jeune pourfendeuse ne rompait point le contact visuel avec l'homme. Elle le regardait d'une manière qui saurait le faire fondre et capter son attention. Doma semblait attentif à elle.

— Grandir sans parent, sans émotion, sans personne pour t'épauler et vivre dans la violence et le sang... Ça doit être terrible.

La manière dont elle le disait, sa voix douce et son regard, tout cela faisait monter les larmes aux yeux du démon. Il se sentait comme si il était compris et aimé, ça lui faisait du bien de l'écouter mais ça lui faisait remonter de lourds souvenirs.

— Tu peux compter sur moi pour t'aider, Doma. Je veux vraiment que tu deviennes meilleur et que tu connaisses la joie et l'amour.

Remontant sa main jusqu'à sa joue, Yūna sécha en douceur les larmes de la Lune. Elle voulait le mettre en confiance, c'était un succès car il baissait totalement sa garde. Doma fermait les yeux dans le but de profiter de la tendresse de la fille.

— Merci... dit-il d'une voix basse. Tu es la seule à me comprendre, tu es la seule à être là pour moi. S'il te plaît, ne me laisse plus seul...

— D'accord, rétorqua la noire. Je ne t'abandonnerai pas, en revanche...

Le blond ouvrit les yeux et il regarda la Harumi, attendant qu'elle termine sa phrase.

— On serait tellement mieux tous les deux loin des démons et du Château Infini. Imagine toi et moi vivant tous les deux loin de Muzan, loin de la guerre.

Cette idée faisait vraiment envie à Doma, il voulait passer le reste de sa vie avec elle. Il l'aimait tellement.

— Je voudrais bien... répliqua-t-il. Mais Maître Muzan me retrouverait si facilement et il nous ferait la peau à tous les deux. Je ne veux pas te perdre, Yūna...

— Je comprends. Alors commençons par quelque chose de plus simple, d'accord ? En attendant de trouver tranquillement une solution à cela, je vais retourner au Q.G. des Pourfendeurs et toi au Château Infini. Tu vas leur dire que tu as été attaqué par surprise par tous les Piliers et que le combat s'avérait compliqué au point que tu devais t'enfuir sans moi. On se verra tous les soirs à la même heure à cet endroit-ci et on trouvera une solution pour être ensemble. D'accord ?

La pourfendeuse espérait au fond d'elle qu'il morde à l'ameçon et qu'il accepte. Est-ce que Doma allait se rendre compte de la supercherie ou alors allait-il suivre son coeur ? Yūna restait silencieuse, son coeur battait un peu plus rapidement à cause de la peur mais le démon ne prit pas longtemps avant de répondre :

— D'accord, on peut faire ça. Je te laisse repartir et on se voit ici tous les jours à vingt heures.

— Ça me va.

Alors qu'ils allaient se séparer, la Lune aux longs cheveux blonds se rapprocha un peu plus de la noire pour l'enlacer avec amour. Il voulait la sentir encore un peu contre lui avant de la quitter, il se sentait mal de ne plus la revoir toute la journée mais il voulait qu'elle se sente bien. Doma déposa ses lèvres sur la joue de l'Harumi, son baiser étant très affectueux. Yūna rougissait et elle se laissait faire, c'était agréable.

Ils se séparèrent ensuite, allant chacun de leur côté : Doma au Château Infini et Yūna se précipitant au Q.G. des Pourfendeurs. Elle avait hâte de retrouver ses compagnons, ça faisait cinq semaines qu'elle avait été prise en otage, elle se sentait libérée, elle se sentait libre.

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Coucou, j'espère que ça vous aura plus !

On se revoit bientôt pour le prochain chapitre !

Bye !

Chapitre suivant : Retour.

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