Chapitre 3 : Maître Muzan

Aujourd'hui, comme tous les autres jours, Yūna s'entraînait avec Akaza. Ils s'entendaient bien tous les deux même si le rouge ne s'ouvrait pas à elle ce qui était normal. Ils avaient seulement une relation de respect, comme un Maître et sa disciple. Cela faisait rappeler à l'Harumi son mentor, Uzui Tengen, il lui manquait terriblement tout comme ses trois femmes.

Un moment, l'entraînement fut interrompu par Doma. Il fusillait la pourfendeuse du regard comme un loup le ferait avec un lapin. Yūna savait alors qu'il était là pour son sang, elle n'avait pas le choix et elle lui tendit son bras.

— Tu comprends vite, toi...~ fit le blond qui l'attrapa par le bras pour la tirer vers lui.

— Tu sais, tu aurais pu attendre la fin de notre entraînement, ajouta Akaza de mauvais poil.

— Je sais, répondit Doma en rapprocha le bras de la noire vers ses lèvres. Mais je suis trop impatient de goûter de nouveau à ce délicieux sang. Il faut dire que Yūna est de sang rare...~

La Deuxième Lune Supérieure, semblait prendre son temps avant de la croquer. Il semblait comme sentir l'odeur de son poignet et enfin il déposa ses lèvres dessus. Ensuite, il fit rentrer lentement et doucement ses cannines dans sa peau claire.

— Aïe ! s'exclama Yūna.

La main de Doma qui tenait le bras de l'Harumi serrait de plus en plus fort. Il semblait en extase à chaque fois qu'il recevait ne serait-ce qu'une goutte de sang dans sa bouche.
Après cela, il retira ses lèvres d'elle et il admira la petite blessure qu'il lui avait faite.

— Maintenant, pars ! ordonna Akaza.

— Mais oui, mais oui, dit Doma qui sourit à Yūna d'un air charmeur.

Le démon aux longs cheveux blonds s'en alla tandis que la troisième Lune se chargea de mettre un bandage à la blessure de l'adolescente.

— Au moins, il est honnête avec notre marché, soupira le rouge.

— Que vais-je faire ? interrogea Yūna.

— Pour le moment, rien. On va se contenter d'attendre que Nakime nous dise si elle sent la présence de tes compagnons dans les parages.

— D'accord...

Plus tard, l'Harumi se retrouvait seule dans le dojo d'Akaza qui était parti quelque part. Le démon ne voulait pas lui dire ce qu'il fabriquait et elle n'avait pas envie de le savoir. La noire se disait que c'était une bonne occasion pour essayer de fuir, elle sortit alors de la zone d'Akaza. Une fois dehors, elle se disait que ce serait déjà difficile, le Château allant dans tous les sens, avec des escaliers sur les murs, des plateformes au plafond, ça donnait la nausée.

Par sa plus grande chance, la fille vit Nakime qui jouait du biwa. Elle était assise sur une plateforme et elle semblait calme comme d'habitude. Yūna prit son courage en mains et elle alla lui parler.

— Nakime ? commença-t-elle en se sentant nerveuse.

Grattant une corde, la démone n'avait point l'air de regarder l'Harumi. Mais elle l'avait entendue car elle répondit :

— Oui ?

Sa voix était calme et posée, elle n'avait pas l'air irritée mais elle ne semblait pas non plus joyeuse.

— Avec ton biwa, tu peux faire téléporter des gens, alors je me disais que...

— La réponse est non.

Yūna haussa les sourcils, Nakime savait déjà ce qu'elle allait lui demander ce qui était normal. L'adolescente ne dit rien, elle baissa les yeux vers le sol.

— Mais pourquoi ? interrogea-t-elle.

— Parce que tu es notre ennemie. Je ne comprends pas pourquoi Akaza et Doma t'ont gardée en vie. On peut très bien se débarasser de tes amis sans toi.

Sentant la rage monter en elle, Yūna regardait à nouveau Nakime mais avec un regard malfaisant.

— Personne ne tuera mes compagnons ! Je ferai tout ce que je pourrais pour les sauver même si je dois y laisser ma vie ! Aucun démon ne me fait peur, pas un seul !!

— Aucun démon, vraiment ?

Cette voix masculine venait de derrière l'adolescente qui se figea. Il y a encore quelques minutes, personne n'était là avec elle à part Nakime. La voix semblait perçante, rien que l'entendre ça lui donnait des frissons à travers sa colonne vertébrale. La noire se retourna doucement et elle vit le Roi Démon : Kibutsuji Muzan.

Les mains de L'Harumi se mirent à trembler, son coeur battait rapidement et elle n'arrivait plus à penser correctement. Ce fut la première fois qu'elle se sentait aussi terrorisée que maintenant.

— C'est bien ce que je croyais, reprit le chef.

Yūna n'avait aucune idée de ce qu'elle devait faire, elle avait vraiment peur de ce que Muzan pourrait lui faire. Il avait fait tellement d'atrocités et c'était lui la cible principale des Pourfendeurs.

— J'ai accepté que Doma et Akaza te gardent comme apât mais jamais je n'accepterai que tu te balades dans le Château comme si tu étais chez toi. Ici, tu n'es qu'un animal en cage qui peut se faire tuer à tout moment. Tu as intérêt à te tenir à carreau, compris ?

Le corps tremblant, la jeune fille sentait que son coeur allait lâcher. Muzan était vraiment doué pour mettre la pression aux autres. Face à lui, elle se sentait toute petite et toute fragile. D'une voix presque brisée, elle répliqua :

— O-Oui... C'est compris...

Sur ces mots, Doma revint de son voyage à l'extérieur. Il voyait Muzan avec Yūna et il sentait qu'elle avait des ennuis. La Deuxième Lune alla alors voir ce qui se passait.

— Maître Muzan, avez-vous besoin de quelque chose...?~

Le Roi Démon regarda le blond, il semblait agacé par la façon dont parlait Doma. En fait, il n'aimait aucun démon ce qui faisait que tous le tapait sur les nerfs.

— J'ai seulement besoin que tu restes avec ta prisonnière. Elle n'a pas à se promener dans le Château comme bon lui semble. À partir de maintenant, tu ne la lâches plus jusqu'à ce que tu en ais fini avec elle ! Si je la vois à nouveau seule, je te ferais la peau, c'est toi qui l'aies ramenée ici ! Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?

— Oui, Maître Muzan. Je ne referai plus de telles erreurs, vous avez ma parole...~

Suite à cela, Doma emmena Yūna dans sa zone du Château. La fille le suivit sans broncher, reprensant encore à sa rencontre terrifiante avec le Roi Démon. La zone de Doma ressemblait à une sorte de sanctuaire, c'était beau et classe à l'intérieur malgré la basse luminosité.

— Dorénavant, commença le blond, tu resteras ici.

— Et si je veux encore m'entraîner avec Akaza ?

— Il viendra lui-même te chercher.

La voix de l'homme semblait plus froide et moins expressive. Cela voulait dire qu'il était sérieux et qu'il ne voulait plus rire.

— Je peux voir dans tes yeux que tu as peur, commenta-t-il.

Yūna détourna le regard, elle se sentait vraiment secouée par rapport à tout à l'heure.

— Tu n'avais jamais vu Maître Muzan auparavant ?

— Non, répliqua la noire. On m'a juste racontée des choses qu'il avait fait, c'était horrible...

Il haussa les épaules. Pour Doma, ce n'était rien, car le sang et la terreur étaient un quotidien normal pour lui.

— Tu n'as pas à t'en faire, Yūna. J'ai promis que rien de mal ne t'arrivera.

En se rendant compte de ses paroles, le blond se retourna et il rougissait légèrement. Il ne comprenait pas pourquoi il se sentait embarassé et puis, ce n'était pas dans ses habitudes de rassurer quelqu'un.

— Ça ne va pas ? interrogea l'Harumi en voyant l'homme se retourner dos à elle.

— Oui, ça va. Je... Je réfléchis seulement.

— D'accord.

Quand il se calma, la Deuxième Lune Supérieure se tourna de nouveau vers Yūna.

— Tu peux t'installer, si tu veux. Akaza ne reviendra pas tout de suite.

Acquiessant d'un hochement de tête, la pourfendeuse s'assied dans un gros coussin géant. C'était vraiment confortable.

— J'ai la tête qui tourne... fit la noire à basse-voix.

— C'est sûrement une chute de tension, dit Doma. Quand je t'ai vu avec le Maître, je pouvais voir dans ton regard et dans ton corps que tu étais pétrifiée de peur. C'est compréhensible que tu ressentes ça envers lui même si moi je n'ai jamais connu ce sentiment de détresse.

— Pour quelqu'un qui ne ressent rien, tu as l'air de t'y connaître.

— C'est parce que j'étudiais les réactions et la psychologie des gens face à des situations précises. Je les imitais également afin de mieux passer inaperçu parmis eux. Maintenant, jouer la comédie me paraît très naturel, je ne le fais plus en réfléchissant.

Yūna le regardait avec tristesse, elle trouvait cela triste que le blond soit dépourvu de sentiments et d'émotions. Elle se posait de plus en plus de questions à son sujet.

— Je suis désolée que tu ne ressentes rien de vrai. Les émotions sont quelque chose d'incroyable à ressentir. Même si on peut souffrir, on a tout de même des moments de joie qui nous réchauffent le coeur. Sans sentiment, nous ne sommes plus qu'une coquille vide. Tu n'as aucun but ? Te bats-tu pour quelqu'un ou pour une valeur ?

— Un but ? répéta-t-il en observant autour de lui comme si il cherchait après une réponse. Non, je n'en ai pas.

— Tu étais humain, avant. Es-tu devenu un démon par choix ou par obligation ?

— Par choix, répondit Doma qui écoutait Yūna avec attention.

La Lune ne s'était jamais montrée aussi attentive envers quelqu'un. Il était sérieux et calme à l'inverse de quand il était avec les autres démons.

— Et tu l'as fait pour une raison, non ?

— On peut dire que c'était pour le fun que je suis devenu Démon. Je m'ennuyais dans mon quotidien d'humain alors je me suis dit que devenir un démon pimenterait ma vie.

— Donc c'était pour cela, tu cherchais à embellir ta vie et à ressentir des choses.

Sans se rendre compte, Doma venait de trouver une réponse à l'une de ses questions : Quelle était le sens de sa vie ? Pourquoi vivait-il ? Il cherchait toujours une réponse sans jamais vraiment la connaître.

— Oui... affirma l'homme. Je crois que c'est ça, oui...

— Je suis sûre que tu peux avoir un jour des sentiments et voir la vie sous un autre angle. Tout le monde a un bon côté, même toi.

— Yūna, merci beaucoup.

La Harumi fut surprise des remerciements du démon. Elle ne savait pas ce qu'elle avait fait pour mériter cela, mais elle se doutait qu'elle l'avait aidé à trouver une pièce d'un puzzle plutôt important.

— J'ai grandi sans parents. Du moins, je les connaissais quand j'étais tout petit. Ils se sont entretués devant mes yeux et j'ai dû grandir seul. Je ne savais pas qui j'étais, ce que je devais faire dans la vie. Mais avoir parlé avec toi m'a été comme une révélation. J'ai maintenant compris que je cherchais depuis le début à ressentir des choses. Je....

Doma cessa de parler, il voyait que Yūna versait des larmes silencieusement en le regardant. Le Démon avait du mal à savoir pourquoi elle était dans cet état.

— Yūna ?

Alors qu'elle ne disait toujours rien, la fille se leva et se jeta dans ses bras pour l'enlacer. C'était la première fois que quelqu'un serrait la Deuxième Lune Supérieure d'une manière si affectueuse et sincère.

— Je suis désolée pour toi... Tu as dû avoir une vie si difficile...!

Il ne la repoussait pas, il se contentait de passer ses mains dans son dos pour la garder contre lui. Étrangement, Doma se sentait bien en sentant la chaleur de l'adolescente contre lui.

— Ce n'est pas ta faute, Yūna. Arrête de pleurer.

— Pardon...

La Harumi se sépara de lui et elle sécha ses larmes sous le regard du plus grand. Doma la voyait maintenant sous un autre angle, il ne la voyait plus comme une simple veine à croquer.

— Ça va mieux ? questionna le blond.

— Oui, oui, je m'excuse de m'être laissée emporter. Je peux être très émotive quand je m'y mets.

Elle lâcha un gloussement, Doma ne disait rien mais il se sentait bizarre face à elle. Il se demandait ce qu'il pouvait bien ressentir. Avant de pouvoir reprendre la parole, Akaza arriva et fusilla le blond du regard.

— Je me doutais bien que c'était toi qui avais emmenée Yūna, lança le rouge. Tu lui as fait du mal ?

— Je vais bien, Akaza ! C'est juste que j'ai eu des problèmes avec le Roi Démon et Doma s'est occupé de tout.

Acquiessant les dires de la noire, Doma se montrait obligé de tout raconter à son compagnon. Akaza comprenait la situation et il n'était pas contre le fait qu'elle reste avec le blond si il ne la blessait pas. Le rouge allait se charger de la ramener de temps en temps avec lui afin de continuer à s'entraîner ensemble. Au final, tout était rentré dans l'ordre, tout le monde repartait sur de bonnes bases.

◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇

Coucou, j'espère que ça vous aura plus !

On se revoit bientôt pour le prochain chapitre !

Bye !

Chapitre suivant : Harumi Yūna.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top