Chapitre 1- Lexi
- Lexi? N'oublie pas de prendre ta capsule ce matin!
- Oui maman, dis-je les yeux posés sur le petit papier jauni coincé entre mes mains.
Je ne pouvais que le relire des centaines de fois, comme si la logique de celui-ci surgirait et ferait en sorte que ce mémo soit sensé. Mes sourcils se froncèrent, signe d'incompréhension. Aucune explication. Ce papier ne contenait qu'une petite ligne :
Ne prend plus cette capsule, Lexi!
- Tessa
Tessa était cette crapule que les villageois avaient extirpés autrefois. Celle qui avait été ma seule amie. Pourquoi voudrait-elle que je le fasse? Cette capsule est aussi vitale que boire ou manger! Était-ce ce qu'elle avait fait pour développer le virus? Pourquoi ne l'a-t-elle pas mentionnée quand l'on se rejoignait dans le pré? Devrais-je faire ce qu'elle dit? Suis-je prête à accepter les conséquences qui suivront?
Je m'étais habillée à la va-vite, sans trop porter d'attention à l'agencement de mes habits. Cela ne m'importais peu de toute manière. Je ne pensais qu'à ce petit bout de papier. Usé par le temps. Jauni par l'attente.
Je l'avais trouvé dans notre passage secret préféré, quand nous étions enfant. Avant sa contamination, elle venait souvent découcher chez moi, même si c'est interdit par la loi. Mes parents nous l'interdisait, alors elle passait par ce petit conduit d'aération. Ils ne s'en sont jamais aperçus.
Ce petit passage menait directement à ma chambre et ressortait sur le côté de ma maison, juste en face de la sienne. C'était un conduit ordinaire, métallique et rond, mais pour nous, l'imagination faisait son chemin. Je n'y étais pas retourné depuis le jour fatidique. Pour plusieurs raisons. Je n'étais pas prête à me remémorer tous ces souvenirs, mais surtout, je suis maintenant trop grande pour m'y faufiler. Des excuses sans importance.
Cette nuit, j'avais fait un rêve assez étrange. Tessa s'échappait d'une cage gardée par les hommes qui l'avait enlevé cette nuit-là. Elle se faufilait ensuite à nouveau dans notre petit passage secret.
Elle était amochée. Elle me suppliait de l'aider. Son regard empli de craintes et de douleurs reste imprégné dans ma mémoire.
Habituellement, je ne fais pas tout un cas de mes rêves, mais cette fois, j'avais décider d'aller y jeter un coup d'œil. On ne sait jamais. C'est ce qui m'a amené à trouver ce morceau de papier.
Quand l'avait-elle mise là? Était-ce avant le jour où ils l'ont emmenés? Si oui, pourquoi ne me l'a t-elle pas dit de vive voix? Comment avait-elle réussis à le mettre là sans que je ne la voit? Nos maison sont si proche. Comment savait-elle qu'elle devrait m'avertir avant qu'ils l'emmène? Comment savait-elle qu'ils allaient venir pour elle? Pourquoi avais-je tant de questionnement? Elle était supposée tout me dire.
En y pensant, elle ne m'avais jamais mentionnée ce qui l'avait rendu « malade ». Pourquoi ne lui avais-je jamais demandé? Peut-être étais-je trop distraite par ses histoires palpitantes? Je saurais jamais.
Trop d'incompréhension se bousculait dans mon crâne. Je fus tellement décontenancée par cette subite trouvaille que je parti à l'école sans avaler cette capsule si importante. Le destin avait choisis pour moi. J'en subirai les conséquences.
La route fût brève, trop même. J'avais l'impression que plus je réfléchissais, moins il y avait de logique qui rattachais le tout. Je me remémorais sans cesse la tournure des événements qu'avait vécu Tessa. Voulait-elle que je finisse comme elle? Je n'ai plus jamais eu de nouvelle d'elle depuis que les gardes l'avaient embarqués ce jour-là. Avait-elle survécu? Juste l'idée qu'elle soit gravement blessée ou morte avait suffis pour appeler les larmes qui sommeillaient en moi. Qu'avaient-ils fait d'elle? Était-elle seule? Avait-elle pu rencontrer d'autres personnes comme elle? L'avaient-ils guéris?
Elle me manquait sévèrement! Depuis son départ, je m'étais renfermée comme une huître. Je ne voulais plus que personne ne m'approche. Je ne voulais plus d'amis. Je ne voulais encore moins entendre parler de garçon! Tout me rappelait trop ma meilleure amie.
Les conversations les plus populaires qu'on engageait, avant son infection, n'étaient qu'autours de garçon ou de potins. Vous me direz que c'est ce que faisait des adolescentes normales. Effectivement, nous étions normales.
Elle avait une joie de vivre bien à elle. Vers la fin, elle ne vivait plus, mais survivait. Son secret pesait lourd. Les changements sur elle étaient drastiques. Elle les vivaient bien. Les effets du virus l'enthousiasmait. Les mensonges qu'elles devaient racontés devenaient plus gros. Ces parents fermaient les yeux. Ils s'accrochaient à l'image de la jolie et innocente Tessa d'autrefois. Moi, je la voyait changer. Autant vers le mensonge récurrent que l'épanouissement. Elle était tenaillée. Elle remettait toute sa vie en question.
Elle me racontait que la base de notre société n'était qu'illusions et hypocrisies. Elle me disait qu'avec ses nouvelles facultés elle avait l'impression de vivre dans la fiction qu'était l'époque, enseigné de manière à être irréaliste et dystopique. À cette réflexion, une sensation d'ironie faisait grandir un rictus aux coins de mes lèvres. Aujourd'hui, la loi était instaurée pour améliorer nos vie, pour éviter de commettre les mêmes erreurs que nos ancêtres. Ils croient réellement avoir changé les choses au mieux. Je crois plutôt qu'ils ont amené notre société en périclitation.
Je ne voyais même plus les corridors vitrés défiler de chaque coté de moi. Mes larmes brouillaient ma vue. Je devais avoir l'air folle, affichant un sourire noyé de larmes. Des camarades de classes me dévisageaient. Leurs regards m'étaient plus que familier. Les mêmes que jadis. La période de ma vie où je m'en préoccupais encore. Celle où j'aurais évité d'être aux centres des potins. Aujourd'hui, cela m'est complètement égale. Je ne me coucherais pas en pleurant pour cette raison certain.
J'étais si habitué a cet endroit que j'aurais pu me rendre à mon cours annuel sur le virus, les yeux fermés. Je devais passer par la cafétéria et par des salles de classes à perte de vue jusqu'à la dernière, la mienne. Il est temps que je finisse cette période de ma vie. Que je parte enfin d'ici. Pour aller où? Loin.
Chaque année, tous les habitants sans exception, doivent se rendre dans une salle pour recevoir les informations sur le virus. Ce sont toujours les mêmes locaux pour tous. Ce sont toujours les mêmes paroles qui nous sont dites, toutes les années. Je peux réciter le monologue sans en oublier un mot. Barbant, mais obligatoire.
À peine installé sur ma chaise de classe, je reçus un mémo sur mon bureau tactile. Je mis mon empreinte digitale, en plein centre de celui-ci, pour entrer dans ma session comme un robot sur pilote automatique. Peu de temps après, le fond d'écran ennuyant de l'école se reflétait dans mes pupilles.
Ma réflexion sur Tessa était si profonde et saisissante que je faillis ne pas assimiler ce que ma mère m'envoyait. Il a fallu que je le relise une dizaine de fois pour comprendre ce que j'avais fait. Un hoquet se faufilait entre ma langue et mes dents, droit vers la sortie. Des têtes se retournèrent. Je m'étais concentrer à relire le message, croyant avoir mal lu.
Reviens à la maison tout de suite Lexi! Tu n'a pas pris ta capsule! Dépêches-toi avant que les symptômes commencent!
À peine ai-je eu le temps de commencer à paniquer que les deux surveillants se postèrent à leurs endroits habituels, autrement dit, devant l'unique porte de sortie. Le T.S.P., tableau simulateur de professeur, s'ouvrit quelques instants plus tard. Mes yeux s'ouvrirent si grand que l'on aurait pu croire qu'ils puissent se décrocher de mes orbites et rouler sur le plancher comme dans certains clichés de film d'horreur. Je sentais les battements de mon cœur résonner dans mes tempes, ma respiration s'accélérer, en plus de devenir saccadé. Je sentis mes poils se dresser le long de ma colonne. Qu'allais-je faire?
Je savais que si j'attendais trop longtemps avant de prendre ma capsule, les effets du virus prendraient possession de moi. Si cela arrivait, je risquait gros. D'un autre côté, c'était comme si la vie m'avais envoyé un signe. Dilemme! Écouter Tessa, ou continuer ma petite vie de solitaire habituelle. Mon hamster était au galop dans sa petite roue. Je devais sortir d'ici au plus prompt. Serait-il trop tard si j'attends après les cours? Certainement. Voyons Lexi réfléchis! Il fallait que je trouve une diversion pour détourner l'attention des gardes de sur moi. Impossible. S'il m'attrape à sécher le cours obligatoire sur le virus, je suis passible d'emprisonnement. L'autorité ne lésine pas là-dessus. Cherche une solution et vite.
Je n'entendais plus rien autour de moi. Mon cœur était comme un géant haut-parleur dans mes oreilles. Je luttais pour que la panique ne prenne possession de mes actes. Je mentirais si je disais que je ne m'étais pas en train de m'imaginer un scénario de fuite, en boucle. Cela ne prendrait pas deux minutes que les gardes m'auraient rattrapés et livrés aux autorités. J'écoperais d'une bel peine d'emprisonnement, ainsi qu'une belle vie ruinée.
Ding, ding, vous avez un nouveau message! Identifiant inconnu.
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Bonjours a tous! Bienvenue sur le premier chapitre d'insensé! J'espère qu'il vous a plu.
Comment trouvez vous ce début? Que pensez-vous que Lexi va faire?
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