9• Hector
— Darya, je ne voulais pas te...
— Chut. T'es pardonné, a-t-elle assuré en m'intimant le silence d'un sourire.
Les oiseaux piaillaient tout en battant des ailes. L'olivier de Bohème et son parfum de jasmin m'emplissaient les narines. Le vent soufflait sur nos peaux. Le rouge s'est répandu sur mes joues telle une infection. J'étais bien, heureux.
C'est peut-être ça être libre, se sentir bien. Non, n'ai-je pas raison ? Tant que l'on est heureux, n'est-on pas libre ? Darya pense-t-elle la même chose ? Peut-être qu'elle croit que la liberté n'existe pas. Tant pis, c'est son opinion et je ne la contesterai pas.
Tellement étais-je absorbé par mes pensées que j'en avais oublié là où j'étais assis. Je me suis redressé, ai retiré mes mains de l'herbe jaunie et ai retourné mes poignet pleins de marques de brins d'herbes secs. Darya, elle, se fichait bien de ses poignets et observait droit devant elle. Des passants traversaient la rue, souriant pour la plupart.
— Eux aussi, ils ont leur propre définition de la liberté, tu crois ? a-t-elle demandé en remettant à sa place une mèche blonde qui s'était évadée de l'arrière de son oreille.
— Certainement. Et tant mieux pour eux, non ? Comme ça, ils sont contents en fonction de la liberté qu'ils se sont eux-mêmes accordés.
— On peut s'accorder une liberté à soi-même tu penses ? Tu crois que moi, je m'accorde plus ou moins de liberté que toi ? Mais est-ce que tu t'intéresses à ceux qui ne croient pas en cette liberté ?
Trop de question d'un coup. Mon cerveau n'a pas pu toutes les traiter en même temps. Ce genre de questionnements sur le sens de la vie n'est jamais simple à résoudre.
— Darya, moi j'y crois en cette fameuse liberté. Libre à toi de ne pas y croire, ai-je décrété sans répondre à ses interrogations. Tu es libre de penser ce que tu veux.
— Finalement, t'es plutôt ouvert d'esprit. Hein, Babouchko ?
Un grand sourire a écrasé son visage et, sans raisons, certes, on s'est pris dans les bras. Nous avions simplement envie de nous étreindre.
Les quatre heures de liberté venaient de s'achever.
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