Les profs allaient être contents aujourd'hui. Ces êtres aux joues creuses, aux sourires forcés et aux cernes signifiant la fatigue de corriger des copies pleines de traits rouges pourront enfin mettre ce fameux « Abs » sur la liste d'appel. Rien que cette abréviation qui signifie l'absence d'un ou de plusieurs élèves peut les faire sourire. Grand bien leur fasse !

Ce matin-là, juste avant de pousser les portes du réfectoire, nous avions décidé, Hector et moi, de sécher. Certes ce n'était pas la meilleure idée que nous avions eue mais nous n'avions pas eu envie de nous coltiner notre professeur d'Histoire et l'air irrespirable de sa salle qui nous oppressait chaque jeudi après-midi.
Alors nous avions prétexté auprès d'un surveillant que nous allions manger à l'extérieur de l'établissement. Notre lycée était clairement incompétent : personne ne vérifiait jamais pourquoi leurs élèves sortaient ? Mais j'avais déjà la réponse. Ils s'en fichaient et voulaient juste que l'État crache l'argent du mois, et en même temps, ça se comprenait. Ce n'était pas pour nous déplaire, à Hector et moi.

Maintenant, nous étions libres. Libres de parler comme de se taire. Libres de nos mouvements sans être regardés et jugés par les autres élèves. Libres de sentir que la vie pouvait vous sourire rien que quand un rayon de soleil glisse sur votre peau.

Nous avions quatre heures.

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NDA: Et voilà, premier chapitre de cette nouvelle! J'espère vraiment que vous allez apprécier. Au passage, c'est la chanson en média qui m'a inspiré (surtout pour le titre au départ, l'histoire est venue après).