Chapitre 7: Une mère


-Cookie, dis-je tout bas après un long temps de réaction.

Mon ami imaginaire -pas si imaginaire que ça- durant mon enfance. Ses yeux bleus brillants plus gros que la moyenne, sont toujours aussi chou, par contre je ne me souvenais pas qu'il possédait trois queues.

-Tu m'as toujours appelé comme ça, répond-t-il de sa voix toute mignonne. Mon vrai nom est Ilirissio.

Dans mon souvenir, je l'ai nommée Cookie parce que je l'avais trouvé dans ma cuisine en train de manger les cookies que je cache soigneusement pour les avoir rien qu'à moi. Avare en nourriture? Un peu, je l'avoue. Bref, il ne m'avait jamais parlé de son vrai nom: Ilirissio.

-Comment se fait-il que tu sois là? Le questionnais-je perdu.

-Nous n'avons guère le temps pour des explications, il faut absolument que nous allions chez toi. Dit-il avant de se transformer à nouveau en tigre aux ailes d'anges.

-Monte sur mon dos, ajoute-t-il.

Il y a vraiment un contraste entre sa voix de chipmunk quand il est en chat et sa voix grave quand il est en tigre.

-Attends, il y a des choses que je ne comprends pas.

-Monte, c'est tout.

Je vois bien qu'il n'est pas dans son état normal. Quelque chose le stresse. Je monte donc tant bien que mal sur son dos gigantesque. Je n'ai jamais vu un tigre en face, mais je peux garantir que mon Cookie est beaucoup plus grand que les autres.

-Et je me tiens comment? Dis-je en peinant à serrer sa fourrure beaucoup trop courte.

-Tu ne te tiens pas mais tu ne tombes pas pour autant. Dit-il en déployant ses magnifiques ailes.

Quand il se met à voler, je manque de tomber en arrière. Je regarde le sol à mesure que l'on prenne de la hauteur, quelques plumes blanches de ses ailes tombent en disparaissant en petite lumière. Quand je reporte mon regard vers l'horizon, nous volons à haute altitude. San Diego la nuit est aussi lumineux que le jour, pour cause ses nombreux gratte-ciels flamboyants.

-Est-ce qu'ils peuvent nous voir? Demandais-je en parlant des personnes en bas.

Si j'avais été au milieu d'une foule, est-ce que Octria m'aurait attaquée? Peut-être que cette folle qui lance du feu, aurait bombardée tout le monde.

-Pourquoi Octria est parti soudainement?

Dès que Cookie est apparu, la démone ne lui a même pas jeté un coup d'oeil. Elle est partie si précipitamment, et j'en suis contente, je ne voulais pas finir en poulet rôti.

-Octriana, me corrige-t-il. Parce qu'elle n'a pas le droit de s'attaquer à un familier dans le monde des humains. Dit-il en volant beaucoup plus vite, je m'abaisse légèrement pour éviter que le vent ne me fouette au visage.

-Je suis ton familier. Dit-il avant que je n'ai le temps de lui demandé.

Quand j'ai fait la connaissance de Cookie alias Ilirissio, j'étais loin de me douter qu'il soit imaginaire. Comme tout enfant, pour ma défense. C'est pour cela que sa subite disparition m'avait touchée, c'était mon confident et mon ami. Je me rappelle avoir pleurée, jusqu'à ce que Maria me dise que ce n'était pas réel.

Il atterrit sur le perron de ma maison.

-Maria va bien? Demandais-je honteuse de ne penser à elle que maintenant.

Elle ne travaille pas aujourd'hui. Elle ne voulait pas venir au match pour se reposer. Être médecin doit être fatigant.

Il ne me répond pas, je descends et mes pieds touchent la terre ferme. Nous entrons dans la maison. Quelque chose cloche, j'ai un mauvais pressentiment. Aucune lumière n'est allumée, j'éclaire donc le couloir. Mon coeur commence à battre de plus en plus vite. Je marche doucement, Cookie sur mes talons. Nous n'entendons que ma respiration qui se fait assez forte à travers ce silence pesant.

Quand je pénètre dans le salon et que j'allume la lumière. Je tombe à genoux en plaçant mes mains sur ma bouche pour étouffer un cri. Mes yeux me piquent et je sens mes larmes qui déferlent le long de mes joues. Le salon est littéralement en sang. La bibliothèque qui était occupée par ses nombreux livres de médecine est complètement détruite, les livres étant repartit sur le sol, la télévision éclatée baigne dans une grosse flaque de sang. Les canapés sont retournés et la table basse est en mille
morceaux comme mon coeur en ce moment. Il ne m'en faut pas plus pour comprendre ce qui se passe. Je ne vois son corps nul part, son agresseur a sûrement dû la broyer. Eden m'avait dit qu'on s'en prendrait à mes proches.

-Elle... elle est morte. Dis-je dans un sanglot en apercevant une main inerte au loin, sa main que je reconnaîtrais entre milles.

Je respire de plus en plus fort en hoquetant. J'attrape sa main lentement et la tiens contre mon front. Elle est froide et je sens des gouttes de sang qui coulent sur mon visage se mêlant à mes larmes. J'ai l'impression que cette parti découpé de son corps me rattache encore à elle. Comment peut-on faire ça? C'est inhumain.

Ah oui, ils ne sont pas humains.

-Regarde par là et tu auras des réponses, m'indique Cookie.

Je tourne la tête vers la plante verte, le seul meuble encore intact. Un hologramme, je dirais, apparaît, il représente Maria. Je repose sa main delicatement. Je m'avance en sa direction et le touche, mais il disparaît momentanément sous mes doigts. Je m'arrête donc et écoute.

-Ma chère Alyssa, si tu vois ce message, c'est que je ne suis plus là pour te le dire en face à face.

J'avais l'espoir qu'elle me dise qu'elle est encore en vie. Que tout ça est en fait une blague, de mauvais goût mais une blague pour laquelle j'aurais boudée longtemps. Mais non, elle est morte.

-Je m'excuse d'avance pour tout ce que j'ai pu faire. Sache que c'était pour te protéger. Je sais que ces derniers temps tu fais des rêves assez étranges par rapport à la boîte de Pandore et que tu n'as pas osé m'en parler. C'est moi qui t'ai lancée un sceau pour que tu oublies toutes ces choses qui risques de gâcher la vie que tu mérites amplement.

Alors elle savait mais comment?

-Je voulais renouveler le sceau mais la magie à ses limites, il pourrait y avoir de graves conséquences. La Lune Rouge nous a retrouvées, ils veulent nous tuer et ils ont réussi avec moi...

À sa dernière phrase, je me sens de plus en plus mal. Cookie me caresse la jambe de sa petite patte de chat.

-Autrefois j'en faisais partie en tant que sorcière mais je les ai en quelque sorte trahis en te prenant sous mon aile pour t'éloigner de ce monde et de ses vices. Je voulais te protéger mais je me rends compte aujourd'hui que je ne suis pas assez forte. Ce n'est pas pour autant que je t'abandonnerais.

Elle a donné sa vie pour me protéger.

-Alyssa tu es loin d'être comme les autres, le moins que l'on puisse dire c'est que tu es vraiment unique. Sourit-elle. Il faut que tu brises le sceau qui te retient de la vérité par toi-même et que tu trouves cette boîte de Pandore. Mais surtout ne l'ouvre pas et protège là de tous ceux qui voudront s'en emparer. Ne fais confiance à personne mis à part à Ilirisio.

Je prends une grande inspiration.

-Je n'ai plus beaucoup de temps, car ils arrivent. Je sais que je ne suis pas aussi importante pour toi que toi tu l'es pour moi.

Elle pleure. Elle pense que je ne l'aime pas?

-Mais sache que tu es pour moi ma fille, et je t'aime plus que tout. Je sais que tu prendras les bonnes décisions à l'avenir. J'espère que l'on se reverra même si j'en doute, je te dis tout de même au revoir. Ce n'est pas un adieu puisque je vivrais toujours dans ta mémoire.

Je me sens complètement défaillir, la colère me ronge de l'intérieur. J'essuie mes larmes du revers de ma main. L'hologramme se dissipe.

-Elle ne peut pas me laisser comme ça! Hurlais-je. Pas après ce message-là!

Je monte en furie dans sa chambre et retourne son bureau qui finit propulser dans le couloir. Je ne sais pas d'où je tire cette force. Je casse tout ce que je peux trouver, j'arrive même à faire basculer le lit d'un simple coup de pied. Alors que je m'appétais à m'occuper déchirer tous ses vêtements, Cookie se met en travers de ma route.

-Arrête Alyssa, ce n'est pas la solution.

Je plonge mes mains sur mes yeux en m'accroupissant. Tout est clair désormais.

-Tout ça, c'est de ma faute. Dis-je d'une voix à peine audible.

-Ce n'est pas vrai, tente de me rassurer Cookie.

-C'est ma faute, si je n'étais pas venu au monde. Ce ne serait jamais arrivé. Elle ne serait pas morte...

Je sais que tout est de ma faute. Et pour ne pas en prendre la responsabilité, j'ai rejetée la faute sur Maria. Je m'en veux, putain! Elle est morte à cause de mon existence. Et le pire c'est que je m'en veux à cause de ma peur. Ma peur d'être rejetée. Celle pourquoi je ne l'ai jamais appelée maman, celle pourquoi je ne lui ai jamais dit je t'aime.

-Alyssa, chuchote Cookie. C'est le destin.

Le destin. Le destin. Le destin. Le destin. Le des-tin.

-Et bien le destin, n'a qu'à me rendre Maria! Dis-je en me relevant, mes larmes coulent de plus belle. Tu sais très bien que je suis à l'origine de sa... dispari...

Une horrible migraine me prends de cours, je place mes mains de pars et d'autres de mes oreilles dans le but de l'atténuer en vain. Je crie de toutes mes forces en pleurant, le sol commence à trembler sous mes pieds. Cookie me dit de me calmer mais je n'y arrive pas. J'entends des voix qui me disent que je ne suis qu'un fléau, elles se mélangent dans ma tête.

-Tu n'es qu'un fléau! Tu n'es qu'un fléau! Tu n'es qu'un fléau! Tu n'es qu'un fléau!

Tous les objets autour de moi se retrouvent en lévitation ou entrent en collision avec les murs. Je plisse les genoux et le tremblement se fait de plus en plus insistant. Mon crâne me brûle, la colère ne m'aide pas.
Des petits courants électriques traversent la chambre. Ils jonchent le plafond, les murs et le sol. Tout devient de plus en plus violent.

-Contiens ta colère, Alyssa! S'écrit Cookie.

-J'y arrive pas! Je ne suis qu'un fléau, ils ont raison!

Je sens un coup sur l'arrière de mon crâne, je m'écroule à terre avec tous les objets. Je ferme les yeux et c'est le trou noir....

Mon éternel rêve me fait battre des cils difficilement et je me redresse. Je suis dans mon lit, je jette un coup d'oeil par la fenêtre, il fait jour.

-Tu vas mieux?

Je tourne brusquement la tête pour voir que c'est Cookie qui monte sur mon lit. Tout ce qui s'est passé hier, me revient. Une larme m'échappe.

-Alyssa, tu dois être forte.

Je me lève et fonce à la salle de bain. L'eau froide de la douche me fait un bien fou. Je ferme les yeux en me passant les mains dans les cheveux pour m'en imprégner. Ma décision est prise. Je sors de la douche et me brosse les dents. Je laisse mes cheveux mouillés lâchés et enfile une robe t-shirt grise, suivis de mes nike blanches. Je m'arrête dans la chambre et regarde Cookie.

-Je sais ce que je dois faire, viens avec moi.

-Tu ne manges pas?

-Non, je garde mon ventre vide pour pouvoir dévorer cette Lune Rouge.

Il me regarde ahurit, il doit être surpris de mon ton. Ma voix était fluide et régulière comme si je disais quelque chose de banal.

-Même pas un peu? Insiste-t-il

-Pas pour l'instant.

Je passe à travers le salon qui est complètement nettoyé, une envie de vomir me prends.Je sors directement de la maison avec mon ami.

On dit que la vengeance est un plat qui se mange froid. Ma vengeance, elle, se mangera sans modération et avec ferveur. La Lune Rouge ne s'est pas attaquée à la bonne cible. Néanmoins, ils n'ont pas à s'en faire car ma vengeance est un pas dans leur rédemption vers l'Enfer. Voici le prix du crime pour m'avoir volée ma mère.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top