Chapitre 66: Abandon?

Alyssa

Dès à présent, je pouvais tout à fait comprendre ce que ressentaient probablement les animaux aux zoos. Cette sensation d'être enfermé alors que l'on n'a rien demandé, cette sensation que notre liberté nous a été volé. Cette peine d'être coupé du monde entier. Ce malaise d'être observé comme un spécimen rare. Toutes ces sensations se rapprochaient de ce qu'avaient vécu les captives de la Lune Rouge. Il y en avait surement encore...

Mon dos qui me faisait souffrir était appuyé contre l'un des deux murs miteux de ma petite cellule. Des barreaux lasers rouges constituaient les deux autres murs. J'avais fait l'erreur de vouloir les toucher pour m'échapper, par conséquent ma main droite était en sang et me faisait souffrir. Je ne régénérais pas car d'après l'angoisser, un sorcier puissant avait bloqué cette capacité.

En outre, ma cellule était complètement vide. Je n'avais même pas eu le droit à un futon ou à un quelconque oreiller. Je ne pouvais même pas utiliser mes pouvoirs ici.

C'était la Misère avec un grand « M ».

-Toujours vivante ?

Encore et toujours ce connard d'Angoisseur. Je ne relevais pas la tête pour le regarder. Il ne le méritait pas. Tout ce qu'il méritait était que l'on lui enfonce la tête dans le sol. En ce moment même il fit apparaître des mouches dans la cellule. Je détestais ce genre d'insecte mais j'en avais rien à faire actuellement. En fait si, parce que leurs bourdonnements commençaient doucement à m'agacer. Et quand un des insectes se posa sur ma main gauche, ce fut la mouche de trop.

-Casse toi !

J'avais perdu mon sang-froid et criée.

-Je suis déçu que tu n'essaies même pas de te défendre, fit-il quand il croisa mon regard.

Sa fausse moue triste me tira un soupire. Il est vrai que je me laissais abattre mais je n'avais tout simplement pas le choix. Comment pourrais-je me battre ? Je ne peux plus me régénérer. Je ne peux plus utiliser mes pouvoirs. Et plus important encore, je n'ai plus confiance en moi et je n'ai plus de volonté. Oui c'est cela, je n'avais plus envie de me battre.

Je voulais tout simplement que ma vie se termine toute suite. Je ne voulais plus affronter d'épreuve pour être confronté à des trahisons. Je ne voulais plus que l'on joue avec mon cœur ou que l'on se serve de moi. Merdouille ! Je n'étais peut-être pas humaine mais j'avais le droit d'être comme tout le monde et avoir des hauts dans ma vie et non que des bas !

Je passais une main tremblante dans mes cheveux avant de me mettre à pleurer devant un de mes ennemis. C'était beaucoup trop pour moi. J'en avais plus que mare. L'Angoisseur se mit à rire de son rire le plus jovial, il en avait carrément les larmes aux yeux.

-Putain !Est-ce que tu sais à quel point c'est drôle de te voir pleurer, dit-il entre deux rires.

-Angoisseur, le maître t'attend en haut. C'est mon tour de garde maintenant.

C'était le Passeur qui venait d'arriver. J'essuyai rageusement mes larmes avant de plonger ma tête entre mes genoux.

-Dommage... On se voit plus tard pleurnicheuse, rit l'Angoisseur.

Pleurnicheuse ?Il avait raison, je n'étais devenue qu'une pauvre fille qui ne faisait que s'apitoyer sur son sort.

-Désires-tu boire ou manger quelque chose ?

Je fronçai les sourcils en relevant mon visage en direction du Passeur. C'était le premier à me proposer une telle chose. Je ne décelais dans son regard aucun signe de blague ou d'animosité.

-Pourquoi me demandes-tu ça ?

-Simple courtoisie, répondit-il en haussant les sourcils.

-Courtoisie, répétais-je en ricanant.
On pouvait en effet dire qu'Hadès était le maître de la courtoisie. C'est de l'ironie bien sûr.

-Alors, haussa-t-il les sourcils pour me faire comprendre qu'il attendait une réponse.

-Demandé si gentiment... Dans ce cas, je voudrais bien une bouteille d'eau bien fraîche, minéral je précise et non l'eau du robinet pollué par le calcaire. Ensuite une bouteille de Schweppes citron, ainsi qu'une pizza boisée à patte fine. Hum... J'aimerais aussi une barquette de frittes recouvertes de sauce blanche. En dessert, je voudrais un cocktail à la pastèque. Tu vois le simple, celui avec des glaçons, du sprite et ... de la pastèque. Si je peux le faire moi-même ce serait encore meilleur.

J'étais tout à fait sérieuse. Même si je pouvais survivre sans manger ou boire, j'avais faim. J'avais surtout envie de penser à autre chose et la nourriture était mon amie.

-Je vais voir ce que je peux faire, dit-il avant de partir tout simplement.

Manger me permettra peut-être de me remettre les idées en place et je trouverai peut-être une source de motivation...

-Vais-je avoir la visite de tous les braves, demandais-je à l'intention de la Chasseuse.

-Je remplace seulement le Passeur qui est allé faire tes petites courses.

Le son de ses pattes couinant sur le sol de pierre me fit doucement rire. C'était exactement le même que dans les dessins animés que je regardais plus jeune... Je n'arrivai pas à mettre le nom dessus.

-Je sais, ce n'est pas terrible, rit-elle doucement.

Cette fois je ris pour de bon parce que son rire me faisait penser à celui de Woody Woodpecker. Quand j'arrivai à reprendre mon souffle, j'avais vraiment soif et il me tardait que le Passeur revienne.

-Si je te dis que tu n'as pas l'air si méchante. Est-ce que tu vas t'énerver en essayant de me faire peur ou en faisant semblant d'essayer de me tuer ?

Je faisais bien sûre référence à l'Angoisseur, ce psychopathe très susceptible. J'avais rencontré la Chasseuse au Lac Rose et en ce temps-là, elle ne m'avait pas l'air très commode.

-Ce n'est pas parce que j'ai ri une seconde qu'il faut que tu baisse ta garde, dit-elle, le plus sérieusement.

-Je sais.

-Bien que nous ne seront jamais dans le même camp. Je tenais à te dire que pour ton bien et celui que tous ceux à qui tu tiens, tu ferais mieux de faire tout ce qu'Hadès t'ordonnera. Il peut être très impitoyable et tu n'imagines pas à quel point.

Je me doutais qu'Hadès ne m'avait pas montré sonhorribilité à son paroxysme et j'espérais qu'il ne le ferait jamais. Avoir un père tel que lui était déjà bien suffisant pour me répugner...

-Je peux te poser une question, demandais-je.

-Le Faucheur va bien pour l'instant.

Je fronçai les sourcils un instant, ce n'est pas ce que je voulais lui demander. Cependant étrangement cette information me réchauffa le cœur. Je mentirais si je disais que je n'avais pas pensé à Éden un seul instant. Surtout depuis qu'Hadès m'avait dit ce qu'il avait fait et ce qu'il comptait faire. Mes sentiments étaient mélangés.Était-ce la pitié qui me faisait croire que je l'aimais encore ? Je n'en étais pas sûr.

-Pourquoi es-tu au service d'Hadès ? C'est ça que je voulais te demander. Ma question est peut-être déplacée mais je ne comprends pas comment tu peux suivre les ordres d'un tel monstre... Tu as toi-même dit qu'il est impitoyable et j'imagine que ce n'est pas dans le bon sens.

-On a chacun un passé... fit-elle nostalgique. Il m'a sauvé et pour cela je lui en serais toujours reconnaissante.

-Et savais-tu que ton cher Hades avait fait d'Éden, je veux dire le Faucheur, un orphelin.

Au vu de sa réaction, je devine que non. Son bec d'oiseau s'ouvre en grand. Peut-être qu'elle était elle aussi orpheline et qu'elle se demandait si Hadès en était responsable.

-Tu...

-Mens, finis-je. Non et tu le sais. Tu as toi-même dit qu'il était impitoyable.
Notre discussion s'achève avec le retour du Passeur. Il avait les bras très chargés.

-Tu peux remonter, dit-il en marchant en ma direction sans regarder sa coéquipière.

La Chasseuse partit non sans m'adresser un dernier regard qui voulait dire que notre conversation était loin d'être terminé. Une seconde plus tard, toutes les choses que tenaient le Passeur dans ses bras, se retrouvèrent dans ma cellule, face à moi. Il n'avait même pas eu besoin d'ouvrir la cellule.

-Merci.

Il hocha la tête avant de s'appuyer contre un mur. Je bus la bouteille d'eau d'une traite. Qu'est-ce que ça faisait du bien. Je dévorais ensuite ma pizza, mes frittes et buvaitma boisson à une vitesse hallucinante. C'est lorsque je les finis que je me rendis compte que je n'avais rien proposé à celui qui m'avait nourri.

-Désolée.

Il fronça les sourcils et je ne pus m'empêcher de le trouver tout de même beau. En apparence il avait la trentaine mais véritablement il devait avoir bien plus. Son charme résidait principalement dans sa barbe superbement taillé.

-Je ne t'en ai pas proposé.

-Tu peux te rattraper, dit-il en désignant la pastèque.

La pastèque était déjà préalablement coupée en petit morceau ce qui me facilité la tâche mais ce n'était pas la méthode que j'utilisais habituellement. Je fis la moue.

-Tu peux bien comprendre que je ne peux pas te donner de couteau.

Je n'y avais pas pensé. Je fis tant bien que mal nos boissons avant de lui entendre une à travers les barreaux.

-Alors ?

Pour seule réponse, je n'eus qu'un silence long et frais grâce à ma préparation. Ok... En réalité ce n'était pas gênant. Le Passeur était le genre de personne qui ne parlait pas beaucoup. Mon dos allait un peu mieux mais ma main était toujours d'une douleur incommensurable.

-Je vois qu'on se la coule douce ici.

Je manquais de m'étouffer en voyant le Prêcheur pousser un Eden en mauvais état dans la cellule voisine à la mienne.

-C'est quoi ça encore .

-Ton nouveau voisin. Je ne fais pas les présentations je suppose... Passeur, on monte.

Ils partirent tous les deux nous laissant seuls. Eden était allongé et je ne voyais pas son visage. Une inquiétude sans nom prit possession de mon âme. Je m'approchais des barreaux en disant son nom. Je m'abaissai en ignorant mon dos. Son corps se soulevait doucement au rythme de ses respirations. Ouf. Il était simplement inconscient.

Je me remis doucement à ma place en sirotant ma boisson. Je devais trouver le moyen de partir d'ici quitte à y perdre la vie. Au moins je me serais battu. Je ne peux définitivement pas attendre qu'Hadès décide de me tuer. S'il y a bien une chose que j'ai apprise de toutes les épreuves que j'ai passées pour avoir la boîte de Pandore, c'est que je ne dois jamais abandonner et ce sous aucun prétexte. Comme tout individu je suis unique, mais ma nature me rend bien plus spécial aux yeux du monde.

Je veux rentrer chez moi, retrouver Cookie, Aaron etCarpediem en espérant qu'ils aillent bien. Je veux reprendre mon amitié avec Érica sans avoir peur que des êtres du monde surnaturel viennent la kidnapper. Je veux retourner au lycée et obtenir mon diplôme. Je souris en pensant au fait que je préfèrerais réviser plutôt que d'être ici. Comme toute personne normale en fin de compte. La question qui porte le nom d'Éden se posera plus tard.

Mon ancienne volonté n'était pas assez forte mais celle que je viens de construire est bien plus solide. Je ne pensais pas assez à moi auparavant. Aujourd'hui, je sais ce que je veux.
Récupérer la boîte de Pandore des mains du malade qui me sert de père et rentrer chez moi pour vivre une vie normale. Et un nouveau but vient se mêler à tout cela. Je voudrais
sauver tous les captives de la Lune Rouge.

Il ne reste plus qu'à entrer en action...

~~~

Yo tout le monde! Nouveau chapitre ennuyant mais necessaire. Il fallait voir un peu l'état d'esprit d'Aly :)

🌟Est-ce que la nouvelle volonté d'Aly sera suffisante?

À bientôt pour la suite! :)

L.B.H 💛

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top