Chapitre 52: La forêt amazonienne


-Non.

Je le repousse, non sans rougir, si bien que mon teint doit être le reflet de la couleur d'une belle tomate. Si par "ça", il entend faire ce que je pense qu'il pense, je ne suis pas d'accord. Premièrement nous sommes en couple seulement depuis une semaine. Et deuxièmement, nous nous trouvons en plein milieu de la forêt amazonienne, qui sait ce qui pourrait montrer le bout de son nez.

-Non?

Il fait mine de replonger sa tête sur mon cou, mais je l'arrête en le retenant par les épaules.

-Oui, c'est bel et bien un non! On ne fait pas ça lors d'un soi-disant premier rendez-vous, qui n'en ait même pas un en plus. On ferait mieux de se mettre à la recherche de l'indice.

Bien qu'une petite partie de moi était un tout petit peu tenté, ma partie raisonnable s'impose et je lui tiens tête. Et qui sait comme c'est difficile face à Eden...

-Tu ne penses tout de même pas que je voulais qu'on baise contre cet arbre, même si j'en ai envie, il y a des lycanthropes qui rodent dans les parages et des ennemis pourraient débarquer à n'importe quel moment, je préfère préserver notre intimité, rit-il alors que je baisse les yeux gênés. Je voulais juste qu'on se caline un peu tout en discutant.

La honte... À cet instant j'aimerais être une autruche pour plonger ma tête dans le sol et ne plus jamais en ressortir.

-Eh bien... on n'a pas le temps, bafouillais-je en reprenant la route animé par son rire grave.

-Tu ne sais pas ce que tu rates.

-Mais tu sais ce que je risque de rater?

-Quoi?

-L'indice, donc magnes-toi petit démon.

-Je n'ai rien de petit.

-Ok.

Mes pieds s'arrêtent devant une étendue d'eau sombre. Un marécage. Je retire la feuille qui s'était coincée dans mes cheveux et observe d'un air défaitiste ce marécage. Il ne manquait plus que ça! On ne peut pas le contourner sous peine de perdre trop de temps vu sa superficie. Et on ne peut pas sauter, vu sa largeur.

-Prête à salir tes précieuses bottes, sourit-Eden.

Pourquoi je ne le survole pas? Tout simplement parce que depuis mon retour, je n'arrive plus à faire apparaître mes ailes qu'elles soient féeriques, démoniaques ou les deux. Par contre mes yeux n'ont pas retrouvé leur couleur habituelle, toujours aussi... comment dire... original. Une minute!

-Toi tu peux voler, porte-moi s'il te plaît, implorais-je à mon copain.

-Désolée mais je ne suis pas en capacité d'utiliser ce pouvoir car je n'aurais pas assez d'énergie pour plus tard.

-Et tu penses que je vais te croire?

-Non, mais nous n'allons pas choisir la facilité même si ça ne me plaît pas de traverser ce truc.

-Tu es sérieux?

Je jette un coup d'oeil au marécage et distingue grâce à mon oeil gauche de petits poissons, des algues et même des têtards. Rien de bien méchant. Mais il est hors de question que je me mouille pour passer.

-Puisque je suis un minimum gentil, je vais te porter sur mes épaules pendant que je traverse.

-C'est vrai, l'interrogeais-je les yeux pleins d'espoir.

Il hoche la tête et me fait signe de venir m'accrocher à lui. Il s'agenouille et je monte sur ses épaules en m'agrippant à ses cheveux. Je lâche un petit cri de surprise lorsqu'il se redresse brusquement et que ma queue-de-cheval s'emmêle aux branches d'un arbre.

-Eden, grognais-je.

-Pas fais exprès.

Il se met à avancer et je crois bien que j'ai légué un bon nombre de mes cheveux à cet arbre... Ses longues jambes s'enfoncent dans l'eau du marécage et j'entends des petits bruits caractéristiques de crapauds au loin. Le niveau de l'eau est tel que les talons de mes chaussures la touche, je relève directement un peu plus mes jambes en grimaçant.

-Tu pourrais avancer plus vite. Je ne le sens pas.

Nous avons dépassé plus de la moitié du marécage mais j'ai un mauvais pressentiment alors je sonde les eaux avec mon oeil gauche. Pas de crocodile, c'est rassurant.

-T'as bien raison.

Avant que je n'ai pu lui demander en quoi, je me sens brusquement basculer en arrière. Mon cri qui ressemble à un couinement s'évapore lorsque mon corps se retrouve immergé dans l'eau. Quand j'arrive à me lever en recrachant cette eau degueulasse, la première chose que je vois est Eden mort de rire bien arrivé sur la terre ferme et la seconde mes vêtements totalement mouillés. Le salaud!

-Tu trouves ça drôle, m'énervais-je.

Je ne lui laisse pas l'opportunité de répondre car d'un geste de main je fais leviter un peu d'eau du marécage à la vitesse de la lumière en plein dans son magnifique visage. Il tousse fortement en se tenant le ventre. Bien fait. Je sors difficilement de l'eau avec mes vêtements qui me colle à la peau. Mon sac à dos est tout autant trempé, heureusement que je n'ai pas emmené mon téléphone. En revanche ma casquette est toute sale.

-C'était pour rire, tente de se justifier Eden tandis que j'essors le bas de mon polo en me forçant à ne pas regarder mes pieds.

-C'est bizarre, je n'entends aucun rire à moins que tu ne considère les crapauds comme morts de rire.

-Ne le prend pas comme ça, dit-il en retirant un truc étrange de mes cheveux.

-Je le prends comme je veux! Merci pour ce rafraîchissement, je suis plus apte à chercher ce que je veux!

-A...

-C'est bon, on continue, dis-je sèchement en reprenant la marche.

Nous nous enfonçons un peu plus dans cette forêt aussi belle que chiante. J'ai cru avoir une attaque lorsqu'un serpent trônait tranquillement sur un arbre. Les animaux exotiques sont jolis tant qu'ils ne sont pas trop prêt à mon goût même si d'après Eden, je ne risque absolument rien. Je m'arrête immédiatement lorsqu'un hurlement digne d'un loup retentit. Depuis quand y a-t-il des loups en Amazonie?

-C'est tes amis les lycans, répond Eden à ma question silencieuse. On dirait qu'ils ont trouvé quelque chose.

Sans je n'ai le temps de réagir, Eden me soulève en plaçant un de ses bras dans mon dos et l'autre sous mes jambes.

-Mais qu'est-ce que...

Et il s'envole en dépassant tous les arbres se rapprochant du ciel qui semble infini. Puis il survole la forêt , me faisant profiter du paysage magnifique. Les courants d'eau sont tout simplement époustouflants. L'envol des oiseaux l'est d'autant plus, surtout avec leur chant comme arrière plan.

-C'est plus rapide pour les rejoindre.

-Tu aurais pu faire la même chose pour le marécage. Ça aurait été plus rapide.

-Mais moins drôle, sourit-il. Je n'aurais pas pu découvrir cette nouvelle expression qu'à fait ton visage.

Je lui tire la langue en lui administrant une légère tape sur l'epaule. Je hurle lorsqu'il me lâche d'un coup dans les airs avant de me rattraper quelques secondes plus tard.

-Ne fait plus ça, dis-je calmement.

J'ai bien cru que j'allais me fracasser le crâne.

-Faire quoi?

Je décide de ne pas entrer dans son jeu et d'admirer le paysage en m'accrochant fortement à son cou.

Quelques minutes plus tard, il atterrit sur la terre ferme, devant une Carpediem et un Aaron qui caressent un énorme 
serpent jaune. Tranquille...

-Vous êtes enfin là. Vous vous êtes baigner dans un marécage ou quoi, glousse Carpediem.

Avec la chaleur et notre petit tour dans les airs, nos vêtements ont plus ou moins séchés mais on remarque clairement ce qui a bien ou se passer. Surtout grâce ou à cause de l'odeur...

-Oui, vous avez trouvé quelque chose, demandais-je.

-Regarde par toi-même, me dit Aaron en pointant du doigt un gigantesque buisson entouré d'arbres tout autant géant.

Je m'approche en fronçant les sourcils puis poussent les branches du buisson pour voir ce qu'il peut cacher. Un immense temple, d'une forme triangulaire couleur terre. Il est si bien caché par les arbres, que je ne l'ai même pas remarqué en étant à plusieurs mètres du sol. Incroyable.

-Ce temple n'est pas connu des humains, car seules les créatures surnaturelles peuvent le voir à cause d'un charme, nous informe Aaron.

-Qu'est-ce que t'attends, dit Eden.

Je souffle un bon coup avant de me mettre en quête de monter la centaine de marches. Aaron restant en bas pour monter la garde vu de terre. Eden déjà en haut pour monter la garde vue du ciel. Il n'a pas voulu me monter avec lui sous prétexte que je pourrais manquer des petits details. Carpediem s'est arrêté au milieu des escaliers pour avoir un bon poste. Je me retrouve seul à monter les trois dernières marches.

-Enfin, soupirais-je.

Je rentre dans la petite pièce où se trouve un petit autel. À peine mon pied a-t-il franchit l'entrée que le sol se met à trembler. Les dalles en pierre marron qui composent le sol se mettent à briller d'une lueur orange me faisant vivement fermer les yeux. Une vague de fraicheur agréable me traverse. Quand mes paupières s'étirent à nouveau, un jaguar mesurant dans les trois mètres se tient avec une distance raisonnable face à moi. Ma première réaction plutôt étonnante est de ne pas bouger, je ne sais plus où j'ai vu ça mais je sais qu'il ne faut pas faire le moindre geste face à un prédateur. Je pense que cette technique ne marche que pour les chiens... Je respire vite et la pression monte. Comment je peux avoir peur de ce jaguar alors que je n'ai rien éprouvé face à un lion géant? Les lois de la logique me jouent des tours...

-N'aie pas peur, dit le jaguar alors que mes yeux se focalisent sur ses crocs. Je ne mords pas.

Ses yeux brillent de la même lueur que les dalles il y a quelques instants.

-Je suis le roi de la forêt amazonienne et c'est avec moi que tu dois passer l'épreuve pour espérer avoir le troisième indice. Je me nomme Langundo et je suis aussi le gardien de l'indice situé dans la forêt amazonienne.

-Je suis...

-Je sais qui tu es alors sans plus de présentation, je vais te lancer l'épreuve. Ce n'est pas que je suis pressé mais un long sommeil regorgeant de douceur m'attend.

J'acquiesce en me retenant de sortir une remarque bien sentie et retire ma casquette de ma tête pour l'accrocher à mon sac.

-En quoi consiste l'épreuve?

-À chasser mon dîner.

Je le regarde comme s'il était l'animal le plus étrange qu'il m'a été donné de rencontrer. Il a sûrement sa place avec les jumeaux Alexios et Alexius, hippocampe et lion.

-Je plaisante. Ecoutez bien l'intituler, je déteste me repeter et nous allons sûrement être interrompus car des âmes noires approchent. 

Âmes noires? Ne me dites pas que...

-Les hommes d'Hadès, demandais-je.

Comment auraient-ils fait pour connaître la position de l'indice alors que celui que nous avons récupéré au Lac Rose est en autre possession? Nous auraient-ils suivis? Aaron n'était donc pas parano quand il disait qu'il sentait une présence rodée aux alentours de la maison...

-Exact. Ouvrez bien grand vos oreilles. C'est une énigme très simple, elle consiste à tester votre bonté. Si vous la ratez, vous mourrez.

Je n'ai pas le droit à l'erreur.

-Je vous écoute.

Je ne me laisse pas distraire par tous les bruits de fond qui reflètent le combat qui se déroule en extérieur.

-《Le mal réside en chaque individu, cependant chaque individu n'est pas le mal. Ce mal peut conduire n'importe qui dans les ténèbres les plus profondes. 》 Qu'est-ce qui permet de contrer ce mal? Réponse Ala lumière. Réponse B: rien. Réponse C: L'amour et tout ce qui s'y rapporte. Réponse Dla magie.

-Sérieusement?

J'ai l'impression de jouer à money drop sauf qu'au lieu de miser de l'argent sur quatre traps, c'est ma vie que je mise sur une seule. Super...

-Vous avez huit minutes terrestres pour répondre, ajouta Langundo.

D'instinct, mon regard se porte à mon poignet où sont représentés à la suite trois tatouages reflétant les indices que j'ai trouvé. Le dernier comporte, huit colonnes composées chacunes de huit traits tirés. Ce tatouage m'était apparu directement après le flash. 

-Parce que ça a commencé, demandais-je stressé.

Il detourne le regard vers un sablier que je n'avais pas remarqué. Le sable coule.

-Il ne vous reste que sept minutes et quarante-deux secondes.

Le potentiel temps qu'il me reste à vivre si je n'énonce pas la bonne réponse... 

~~~

Salut tout le monde! J'espère que vous avez aimé ce chapitre, il y a une nouvelle épreuve :)

🌟À votre avis quelle est la bonne réponse? Pourquoi?

À la semaine prochaine pour le découvrir! 

L.B.H💛

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top